• Aucun résultat trouvé

La marginalité de la notion ‘objet’ dans la pensée psychologique moderne

Section I : L’inter-médiation dans les processus cognitifs d’une activité

Chapitre 4 : L’intermédiaire, outil, source et ressource dans l’activité

4.1. La marginalité de la notion ‘objet’ dans la pensée psychologique moderne

Comme Grégori souligne, « l’analyse des objets n’est pas encore chose courante en psychologie, car ceux-ci sont toujours décrits en tant que partie du réel toujours-déjà-là, pour utiliser une expression de Varela (1989) » (1999, p. 79). Cependant, depuis cent ans,

plusieurs orientations, notamment l’orientation pragmatiste en philosophie et en sociologie, ont préparé un terrain intellectuel et culturel pour souligner et explorer l’indissociation de la conscience et de l’action.

En 2002, Blandin constate que les objets restent ignorés des sciences humaines. Notre culture matérielle s’étale dans toutes sortes de supports et ce sont les indices de valeurs matérielles qui sont appelées à mesurer le degré de développement de notre société. Selon Millerand (2002), un mouvement qui est dû principalement aux apports des recherches effectuées en psychologie et en anthropologie cognitives, avec les courants de l'action située, de la cognition située et de la cognition distribuée, ainsi qu'en anthropologie des sciences et des techniques, s’installe dans une perspective qui vise à repenser la place des objets dans des processus de communication au sein des sciences humaines et sociales.

4.2.La polysémie de la notion d’objet : particularités et évolution d’une notion

On peut observer un renouveau de l’analyse des objets et des outils dans la recherche sociale contemporaine. En sociologie cognitive, on montre l’importance du caractère distribué des processus cognitifs non seulement au niveau social, mais également au niveau des objets et des artefacts mobilisés dans et autour de l’action (Conein, Jacopin, 1993). En sociologie des sciences, les travaux de Latour en sont un autre exemple. Cet auteur qui a été l’avocat le plus éloquent de la réinsertion de l’objet, envisage l’objet physique, l’artefact comme élément central de la conduite humaine et des relations sociales. En ce sens, il thématise ce qu’il nomme l’interobjectivité en insistant sur les caractères social et historique qui marquent tout objet (Latour, 1994). Ce sont certainement Latour (1988, 1992), Callon et Latour (1992) qui ont fortement plaidé pour une (ré)intégration du monde matériel dans les actions sociales.

Un autre sociologue, Erwing Goffman, a rappelé l’importance des objets dans les interactions interhumaines en soulignant que l’esprit est situé chez les individus et incorporé dans les institutions et les pratiques. Pour lui, c’est un environnement avec des ressources disponibles qui constitue le cadre et ce dispositif cognitif et pratique d’organisation des expériences sociales nous permet de comprendre les actions quotidiennes.

Est-ce qu’on peut approcher en psychologie les êtres humains dans leur contexte dans lequel ils évoluent sans tenir compte des dimensions sociales et matérielles ? Est-ce qu’ils vivent dans un monde sans objets ? Quoique la question des objets soit devenue actuelle, elle reste toujours controversée.

Vygotski, en posant les premières bases de la théorie de l’activité a souligné l’importance de considérer les outils par la notion de médiation. Ces « outils » mentionnés par Vygotski sont aussi bien les outils « externes » que les outils dits « psychologiques » (comme les concepts, le langage). Ainsi, les outils modifient l’étendue et la structure d’une activité et influencent en même temps la structure des processus mentaux.

En psychologie de l’activité cognitive des sujets humains en interaction, la question se pose du rôle que les artefacts, préexistants et élaborés en cours d’interaction, jouent dans l’engendrement du processus de conception (Brassac, 1997b). Nous pensons que les objets (matériels et symboliques) manipulés par les concepteurs sont des prétextes à interactions et qu’il faut les prendre en compte dans l’analyse parce qu’ils prennent part aux actions cognitives finalisées et aux mécanismes de coordination entre les acteurs. Nous les considérons dans leur dimension

communicative en observant l’évolution des interactions qu’ils ont suscitées auprès des concepteurs.

Brassac (2000) a présenté l’œuvre de Meyerson, un auteur parfois oublié, qui défend l’importance de la production d’artefacts comme clé de la compréhension du psychisme. Ce dernier a souligné que les êtres humains sont les seuls animaux à ne pas être en prise directe sur le réel, physique ou humain et, que l’homme « n’agit que par le moyen d’intermédiaires, de médiateurs, d’instruments matériels ou d’instruments mentaux (…) les signes » (Meyerson, 1987, p. 105). Ceci nous nous montre le rapport du sujet au monde, c’est-à-dire un rapport qui est « de l’ordre de la projection de la pensée, de la chose psychologique en une matérialité tangible, en un artefact manipulable, en un objet » (Brassac, 2000, p. 4). En conséquence, Brassac réclame que « si l’artefact joue un rôle si considérable dans l’engendrement des dynamiques de constructions cognitives dont sont porteurs les humains en action, alors s’impose la nécessité de donner un statut d’analyse à la notion d’objet (dans le même sens que l’ont fait les sociologues de l’usage pour leur discipline) en psychologie » (ibidem, p. 4).

Néanmoins, depuis un certain temps, de plus en plus de chercheurs travaillent sur cette entité particulière qui existe ou qui est créée dans une situation et qui peut avoir des qualités de médiation. Aussi assiste-t-on aujourd’hui à l’utilisation d’une pléthore de termes pour la désigner. Nous allons en rendre compte dans la partie à venir et parcourir l’ensemble de ces vocables utilisés pour désigner cette entité qui nous occupe.

4.2.1. L’objet

Selon les différentes visions de l’utilisation de l’objet et de la signification qu’attribue chaque discipline à cette entité, nous trouvons une abondance de termes et de définitions. En premier lieu, il s’agit de dresser un panorama rapide de la polysémie des vocables et des notions employées. Ce travail de définition doit nous permettre de comparer des inventaires, de trouver des points de convergence et de faire émerger des points de passage entre des niveaux d’abstraction.

Les notions qui nous occuperont seront l’objet, la chose, la trace, l’empreinte, l’artefact, l’instrument, le quasi-objet et l’objet-frontière. La tâche n’est pas facile, car un des problèmes de cette polysémie provient de la traduction de ces termes utilisés dans des domaines et des espaces culturels très différents (en angl. object, goal,

tool, instrument, en all. Objekt, Sache, Ding, Gegenstand, Werkzeug,…). Certains

termes racines peuvent également apparaître comme termes complémentaires dans d’autres expressions, par exemple objet, objet intermédiaire, objet-vision. De plus, la langue russe possède deux mots, ‘objects’ et ‘predmet’, qui tous les deux sont traduits en anglais par ‘object’. Kaptelinin (2005), souligne que Léontiev a utilisé le terme de predmetpour parler de l’objet de l’activité. Néanmoins, le vocable ‘Objekt est utilisé pour parler d’entités matérielles qui existent indépendamment de l’esprit, alors que predmet est pris pour signifier un objectif, un contenu d’une pensée ou d’une action.

Selon le Vocabulaire Européen des Philosophies, « le concept d’objet est aussi ancien que la philosophie elle-même » (2004, p. 867). Néanmoins, Platon et Aristote ne disposaient pas de vocable autonome. Le terme d’objet est absent de l’original grec et ce sont les traducteurs qui l’introduisent en projetant « notre vocabulaire latin hérité de la philosophie médiévale » (ibidem, p. 867). Il y a toute une panoplie qui se cache

derrière ce vocable: « Chose, Erscheinung, Es gibt, Etre, Gegenstand, Intention, Perception, Phénomène, Réalité, Représentation, Sein, Sujet, Tatsache, Vérité,

Vorhanden» (ibidem, p. 867). Quoique le latin connaisse également le substantif

masculin objectus pour signifier « ce qui se met devant », un « obstacle », l’invention du substantif neutre « objectum » correspond à une nouvelle exigence conceptuelle. Mais au fil des temps, l’objet ne reste pas seulement l’obstacle interposé, mais sera reconnu « comme le thème propre de l’acte de connaître » (ibidem, p. 869).

En résumant les dimensions de ces définitions et en les élargissant aux emplois quotidiens, l’objet est quelque chose qui se présente à la vue, qui affecte les sens, mais il peut également être quelque chose qui se présente à l’esprit, un objet de réflexion, une représentation imaginée, un mode de représentation structuré permettant de décrire un élément par ses caractéristiques et par ses relations avec d’autres objets.

Selon la norme ISO 1087 1990 : 1, le terme d‘objet est défini comme « élément de la réalité qui peut être perçu ou conçu’ - Les objets peuvent être matériels (par exemple : moteur) ou immatériels (par exemple : magnétisme). Il est intéressant à noter que même un vocable comme l’objet est le fruit d'un compromis entre des membres d’un comité rédacteur (ici le TC 37) de l'ISO. Comme de telles conventions demeurent marquées par différentes influences, elles ne peuvent satisfaire tout le monde, mais ces normes sont suffisamment générales pour que chacun s'y retrouve.

Du côté de la psychologie, des relations de l’individu à l’objet sont décrites depuis longtemps. En psychanalyse, l’objet apparaît comme instrument qui est nécessaire à l’assimilation de l’expérience humaine ; c’est un objet de « désir » (Freud, 1962) qui exerce un certain attrait sur un sujet. Winnicot (1969) a déjà parlé d’intermédiaire entre le monde extérieur et le monde intérieur d’un sujet en proposant « l’objet transitionnel ». Dans sa leçon du 15 décembre 1975, Meyerson a traité la question de la notion d’objet. L’auteur souligne que « le huitième caractère de l’Homme est la construction de la notion d’objet, plus exactement des notions de l’objet » (2000, p. 129). L’objet constitue une unité structurale et une cohérence interne des parties. Il est délimité par un contour et une surface enveloppante et peut être perçu de divers côtés. Nous avons affaire chez Meyerson d’un objet perçu.

En psychologie cognitive, c’est l’instrument cognitif qui fait fonction de mémoire externe et qui facilite le processus de l’action. Or, comme a souligné Bruner, la relation à l’objet fait partie des « premiers universaux » (1983, p 218), dans le développement de l’enfant, notamment dans le développement du langage. Pour cet auteur, qui s’appuie également sur Vygotski, ces relations constituent les pivots qui articulent le réel et l’imaginaire, le registre utilitaire et le registre symbolique ainsi que l’individuel et le social.

En conclusion, on peut dire que la notion d’objet est polysémique, une caractéristique qui peut créer des malentendus et des ambiguïtés. Le terme ’objet’ est utilisé dans plusieurs registres, à savoir dans l’usage, dans la relation, il devient tantôt motif ou cause, tantôt il représente le thème de travail (l’objet d’étude) pour devenir même le résultat d’un processus en tant que finalité. Il peut être essentiellement oral, matériel ou symbolique. Lors de la traduction du vocable ‘objet’, les tensions entre les différentes dimensions du concept s’agrandissent encore et deviennent des sources d’incertitudes majeures. De ce fait, il est important de bien différencier l’objet en général, l’objet d’étude et l’objet en tant que visée ou finalité d’une action (qu’on trouve par exemple dans la théorie de l’activité) ainsi que l’objet-outil.

4.2.2. De l’empreinte à la trace

Quand des individus ou des objets laissent sur leur passage une marque dans le cadre d’une action, on utilise le terme d’empreinte. Le Petit Robert (2006) nous renseigne que la trace estce à quoi on reconnaît que quelque chose a existé, ce qui subsiste d’une chose

passée et que l’empreinte peut être une marque en creux ou en relief laissée par un

corpsou unemarque profonde, durable. Donc, ils existent des témoins d’une action qu’on

peut emmener à une action suivante. La trace peut être une chose physique, matérielle aussi bien qu’une idée. On peut créer des traces ou suivre des traces créées. A ce moment, il faut qu’elles circulent et pour cela il faut disposer de supports, c’est-à-dire d’objets. Selon Vygotski (1997), l’outil (en all. «Werkzeug», en angl. «tool»), est une trace vers le monde et le signe une trace vers le psychique.

La traçabilité est utilisée dans le domaine de la gestion où des acteurs du terrain sont intéressés d’expliciter, notamment par l’écriture et la gestion informatique (recensement) de méthodes et de procédures, le plus souvent instrumentalisées. Cette dimension va de pair avec les dimensions de la précaution et du risque afin de sécuriser les flux d’information d’une part et d’ autre part de servir en tant qu’objet de contrôle. Selon les besoins ou les usages futurs, le type de la trace peut être bien choisi. Parfois, la trace peut s’inscrire dans une quête de mémorisation d’expériences ou de pratiques. De cette manière, les acteurs se donnent la possibilité de faire perdurer une activité et de contrarier les limites de la mémoire humaine. Néanmoins, une trace peut devenir obsolète dans le cas où les acteurs n’y prêtent plus d’intérêt. Ce fait montre la fragilité de la validité d’une trace et de ses consistances dans le temps.

4.2.3. La chose, de l’entité matérielle à la relation sujet-objet

Le Vocabulaire Européen des Philosophies nous explique que le terme ‘chose’ (en

all. Ding, Sache, en angl.thing) s’applique à tout ce qui est et même, à tout ce qui

n’est pas. On parle de quelque chose qui n’existe pas ou même de rien. Les auteurs montrent la polysémie et l’extrême indétermination de ce mot qui renvoie aussi bien « à la consistance objective et solide de l’être qu’à la pensée et à la représentation » (Cassin, 2004, p. 219).

La catégorie de la chose a été appréhendée par Mead. Mais pour cet auteur, la chose physique ne se trouve pas dans le monde avant l’acte perceptif qui le produit, donc l’action de l’individu est nécessaire. C’est à travers l’agir qu’on donne une matérialité à la valeur d’objet. La chose qui peut être un objet animé ou non devient un élément d’une autre notion développée par Mead, « l’autrui-généralisé » (cité par Brassac, 2005, p. 10).

4.2.4. Le mobile

Un terme qu’on ne rencontre guère dans notre domaine est celui de mobile. Selon le Petit Robert (2006), il s’agit de quelque chosequi peut être mû, dont on peut

changer la place ou la position, mais également de quelque chosedont l’apparence

change sans cesse et plus vieilli,ce qui fournit une impulsion, un mouvementou

encorece qui porte, incite à agir.

Il est intéressant qu’on trouve dans cette définition des dimensions qui nous sont chères, à savoir le processuel et la dynamique, des caractéristiques qui ne sont pas liées à la matérialité physique.

C’est Latour qui a introduit cette notion en 1989 en parlant de « mobiles immuables et combinables » dont la circulation et l’accumulation expliquent l’écart entre sciences occidentales et ethnosciences.

En revanche, le terme est bien ancré dans la vie quotidienne dans le concept du téléphone mobile, avec ses connotations d’instrument à travers lequel on établit des liens de communication par ondes radio et de mobile avec lequel on peut se déplacer d’un endroit à un autre. Suite à l’usage actuel intensif de ce terme, nous préférons utiliser un autre vocable dans l’étude de l’espace interhumain. Etant polyvalent, il aurait pu aider à sortir du dilemme des différents sens de l’objet (objet-thème, objet-artefact, objet-vision, objet-finalité, objet intermédiaire).

4.2.5. Du matériau à l’artefact à différents statuts

Alors qu’en sciences de l’éducation on utilise le terme d’artefact, quand il s’agit des études à propos de processus d’apprentissage liés à des supports informatiques, le terme de matériau est employé pour parler de l’ensemble de documents, d’outils, de ressources fournis par le formateur dans une situation didactique et qui seront mis enœuvre dans le dispositif proposé. « La maîtrise préalable des matériaux doit être suffisamment assurée pour permettre d‘engager l‘activité; elle requiert donc une évaluation diagnostique des compétences des sujets » (Meirieu, 2004, p. 187). En anthropologie, la notion d’artefact désigne « toute chose ayant subi une transformation, même minime, d’origine humaine » (Rabardel, 1995, p. 59). De cette manière, on souligne que ce phénomène a des origines humaines, c’est-à-dire, qu’il s’agit d’un élément artificiel. Mais on ne restreint pas la signification aux choses matérielles (du monde physique) et on élargit la notion aux systèmes symboliques qui peuvent aussi être des instruments (ibidem, p. 59) ou des concepts qui peuvent être retravaillés continuellement (Cole, 1990, p. 91). Dans sa note de bas de page, Clot précise que « nous utilisons le concept d’artefact pour désigner de façon neutre toute chose finalisée d’origine humaine. Les artefacts peuvent aussi bien être matériels que symboliques. Un artefact peut avoir différents statuts pour le sujet et notamment, celui qui nous intéresse ici, le statut d’instrument lorsqu’il est moyen de l’action pour le sujet » (1999a, p. 245). Ainsi, nous dépassons la simple appréhension de la dimension matérielle.

Selon McDonald et al., Dewey a fait pareil en 1939 en élargissant le sens conventionnel de langage : « language is made up of physical existences ; sounds, or marks on paper, or a temple, statue, or loom. But these do not oprate or function as mere physical things when they are media of communication. They operate in

virtue of their representative capacity or meaning» (2005, p.115).

L’artefact peut aussi bien être l’intermédiaire entre les acteurs que l’intermédiaire entre des phases d’un processus. De plus, le degré de son abstraction peut changer (des objets palpables vs des idées). Pour illustrer notre propos de la visualisation des différentes facettes, nous allons nous inspirer de la classification de Wartofsky qui peut nous aider à montrer les différents niveaux. Il ne s’agit de vouloir créer ni une nouvelle hiérarchie, ni une valorisation de niveaux, mais il s’agit simplement de montrer qu’il existe différents genres d’objets pouvant jouer le même rôle ou des objets à différents rôles influençant les processus d’interaction.

dissociant cette notion en trois grands domaines. Pour sa classification, il se base sur la façon comment la médiation de l’activité humaine est en relation à la représentation. En ce qui concerne les artefacts, les outils et les instruments, il affirme :« The two fundamental forms of activity are the making of things, and social interaction. These activities, especially in their integral relation to each other, are the requisits for our existence, day-to-day, and from one generation to the next. The making of things is essentially related to the production and use of tools, as social interaction is essentially related to the production and use of language. Tools and language, then, become the basic artifacts by means of which the human species differentiates itself from its animal forebears ; and it is therefore in analysis of these basic artifacts that a theory of the genesis of representation needs to be developed » (cité par MCDonaldet al,2005, p.114).

Pour Wartofsky, les artefacts primaires (tools as objects) sont utilisés directement dans l’activité dans la production de signification. Les artefacts secondaires sont des représentations (maps, diagrams) utilisées pour préserver et transmettre des pratiques, des modes de travail et des capacités. « Secondary artefacts are therefore representations of such modes of action, and in this sense they are mimetic, not simply of the objects of an environment which are of interest or use in this production, but of those objects as they are acted upon, or of the modes of

operation or action involving such objects »(Wartofsky, 1973, p. 202).

La troisième catégorie n’est pas reliée directement à l’activité. Elle reste dans un

« off- line loop », et l’artefact influence de manière indirecte les actions « by

mediating changes in modes of perception and thereby the modes of action. Tertiary artefacts change the way we act by changing the way we perceive the world » (Wartofsky, 1973, p. 202). Le troisième niveau concerne le monde imaginé ou possible qui peut exister aussi bien sous forme de théories scientifiques que sous forme de jeu. Selon Cole (1999), Wartofsky a étendu le rôle des artefacts culturels (immatériels) et il a ouvert une nouvelle piste pour analyser des activités complexes qui impliquent plus qu’un niveau d’artefact.

Wartofsky comprend la perception comme développée historiquement et extérieure à l’action. La perception et l’action sont deux faces de la même pièce et constituent