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Le distribué de l’activité collective

Section I : L’inter-médiation dans les processus cognitifs d’une activité

Chapitre 2 : L’activité collaborative, une activité située et distribuée

2.3. Le distribué de l’activité collective

Comment la cognition peut-elle être distribuée entre différentes personnes ? Peut-on s’imaginer qu’elle est même distribuée entre les acteurs et les objets de leur environnement ? Ce sont ces deux interrogations qui servent de soubassement pour cette partie. Nous allons examiner quelles sont les conséquences au niveau théorique de cette manière de penser la cognition et comment un tel cadre théorique peut nous servir pour notre démarche à décrire l’activité collaborative.

En premier lieu, nous illustrons la mouvance vers le collectif au sein de disciplines très diverses. Dans un deuxième temps, nous exposons l’idée de Hutchins (1995) qui propose que dans notre culture, les artefacts servent, à travers leur utilisation finalisée, à mettre à disposition du savoir qui dépasse de loin les capacités cognitives d’un individu. En réfutant l’acceptation classique de la cognition, la cognition est ici considérée comme un phénomène distribué entre les acteurs et les éléments de la situation. En troisième lieu, nous relevons les limites de l’approche de la cognition distribuée pour terminer avec son apport pour notre travail.

2.3.1. Introduction

Vu que nos sociétés sont confrontées à des problèmes socio-scientifiques de grande ampleur, « les scientifiques sont invités à décloisonner leurs institutions et leurs disciplines, à travailler ensemble sur des problèmes et des questions qui se posent ou qui risquent de se poser à la société » (Vinck, 2000, p. 28). Et ce ‘travailler ensemble’ est devenu un credo mobilisateur dans de multiples domaines, que ce soit dans le domaine de la recherche, de la politique, de l’éducation ou dans celui des sciences du management. Des termes comme partager, coopérer et interagir sont évoqués afin de favoriser ce processus du ‘travailler ensemble’. Une conséquence de la démarche est la création de connaissances et d’intelligence collectives.

Le ‘travailler ensemble’ ne se limite pas seulement au monde des humains, mais on le retrouve également dans le monde de l’animal. Des études réalisées par des éthologistes (Bonabeau, 1999) montrent que certains comportements collectifs des insectes sociaux sont auto-organisés. Cette auto-organisation caractérise des processus au cours desquels des formes et des structures émergent au niveau collectif, à partir d’une multitude d’interactions simples entre insectes, sans être codées explicitement au niveau individuel. Des recherches interdisciplinaires entre des chercheurs en éthologie et en cognition animale et des chercheurs de l’intelligence artificielle s’appliquent aujourd’hui à tout un ensemble de problèmes scientifiques et techniques.

En philosophie, des chercheurs comme Lévy (1994) nous offrent des perspectives intégrant les conditions nécessaires au développement d’une intelligence collective. À cet effet, il se réfère à Serres qui montre à l’aide d’une analyse d’un stade de football comment un système collectif (ici les joueurs et les spectateurs) peut être doué d’intelligence. Au sein de la communauté scientifique, ce sont surtout les informaticiens et les ergonomes qui se préoccupent non seulement d’étudier, mais également de modéliser ce phénomène.

Comme c’est la collaboration au sein d’un groupe de travail qui nous intéresse, nous allons nous tourner vers les recherches ayant leur focus sur des petits collectifs humains. À cet effet, nous nous inspirons d’un paradigme qui s’est développé dans les dernières décennies pour étudier les usages permettant de conceptualiser et d’analyser des activités complexes, incluant des acteurs en interaction et des artefacts au sein de groupes ou d’équipes de travail. C’est ce paradigme qui nous aide à penser l’étude des fonctions des artefacts à la lumière des courants de la pragmatique et des approches cognitives, en particulier, à partir de l’hypothèse d’une ‘cognition distribuée’.

Comme nous avons précisé dans la partie antérieure, c’est la re-présentation qui nous intéresse et notamment en situation. Lorsqu’on veut réfléchir aux relations complexes entre les artefacts et les humains dans les actions collaboratives, il est nécessaire d’expliciter d’une part les mécanismes qui sont à la base de ces relations et d’étudier d’autre part, quels peuvent être les observables à partir desquels ces mécanismes sont publicisés, voire matérialisés dans nos analyses. C’est la notion de la ‘cognition distribuée’ qui nous intéresse à double titre : en premier lieu l’arrière-fond théorique et deuxièmement la démarche méthodologique.

Des auteurs issus de différentes disciplines (Norman, 1993a, Greeno, 1993) soulignent l’importance de rendre compte des activités cognitives dans des situations « naturelles » et signalent avoir sous-évalué le rôle fonctionnel joué par les représentations externes de l’environnement et ne pas avoir considéré les aspects socio-culturels. C’est dans le programme de recherche de la « cognition distribuée » que nous trouvons des pistes intéressantes. Comme Grison le mentionne dans son travail sur les généalogies de la cognition située, ce courant a été incité « par la « psychologie anthropologique » issue de Wundt qui concevait les processus supérieurs comme étant d'origine culturelle (cf.Wundt, 1916 ; Roberts, 1964), et par la sociologie phénoménologique d'Alfred Schütz » (2004, p. 31). Grison met en avant deux approches originaires de cette mouvance du distribué. D’un côté, il souligne l’approche de Vygotski, et à sa suite de Léontiev, « qui intègre les objets dans sa vision du système complexe formé par l'activité psychologique » (ibidem, p. 31). En distinguant deux types d'instruments, ces deux chercheurs soulignent que la réorganisation de la cognition individuelle se fait soit par des instruments techniques transformant les objets eux-mêmes soit par des instruments psychologiques, comme l’écriture, les algorithmes de calcul ou les cartes. Pour Grison, on retrouve l’idée des instruments psychologiques également dans les notions des « inscriptions » de Latour (1985) et de l'« artefact cognitif » de Norman (1993a).

D’un autre côté, Grison cite l’approche de Schütz en affirmant que celui-ci a été « le premier à développer explicitement dès les années 1940 un modèle du social mettant l'accent sur la « distribution de la connaissance » entre les individus et les objets culturels » (ibidem, p. 31). Contrairement aux chercheurs se réclamant des travaux de Vygotski, Schütz, s'est peu intéressé aux « systèmes d'amplification cognitive » (ibidem, p. 31). Pour lui, il s’agit de « stocks de connaissances « socialement dérivées », intersubjectives » (ibidem, p. 31) qui sont mobilisés par les

individus dans des contextes situationnels précis. Issue d’un côté de la sociologie phénoménologique d’Alfred Schütz et se prolongeant dans une version plus sociologique, Cicourel a développé dans les années 70 la notion de cognition sociale. En développant une vision décentralisée et flexible, cet auteur montre que des individus qui travaillent en coopération, résolvent des problèmes en assemblant des connaissances diverses.

Pour Ogien et Quéré (2005), la vision de Cicourel est une de deux versions de cette approche. Il s’agit du pendant de la cognition sociale issu de la sociologie. La deuxième version est plus anthropologique et dépasse le simple fait de différences de connaissances entre des membres d’un groupe. C’est Hutchins qui lève la limitation sociologique dans les années 90. Pour cet auteur, il s’agit d’une distribution des processus cognitifs dans un système de représentations qui se développe dans un environnement comportant des artefacts et des objets avec les individus. Comme Grison (2004) souligne, c’est le livre de Hutchins, Cognition in the Wild (1995) qui a produit un tournant dans l’acceptation de la notion de « cognition distribuée » et cette approche constitue actuellement un programme de recherche se développant aussi bien en ergonomie, en psychologie du travail que dans le domaine de l'éducation. C’est cette deuxième version de la cognition distribuée que nous allons présenter dans la prochaine étape.

2.3.2. L’idée de Hutchins

Dans les années 80 (1987), Edwin Hutchins, anthropologue cognitif à l’Université de San Diego en Californie, s’est intéressé avec ses collègues au problème de la description des mécanismes de cognition des groupes dans le cadre de l'étude de tâches réelles complexes. Il est arrivé à proposer une méthode en s’inspirant des activités d’un équipage de navigation d’un grand bateau en train d’entrer dans le port et en étudiant cette manœuvre lente et périlleuse qui nécessite la collaboration sans faille et l’expérience de tout l’équipage. Un deuxième terrain d’étude lui est fourni par des manœuvres similaires dans des cockpits d’avions. Tous ces travaux de recherche ont mené à une approche d’une cognition incarnée dans son contexte d’émergence.

Pour Hutchins, il faut considérer la cognition comme distribuée entre les agents et les éléments de la situation. Avec ses études de cas, l’auteur a voulu « comprendre que l’activité cognitive ne réside pas seulement dans le cerveau individuel, mais dans le système qui inclut des humains, des artefacts et des objets » (Hutchins, 1994, p. 451).De cette manière, il situe la cognition au niveau des interactions entre les membres d'une communauté d'acteurs en train d’effectuer une tâche ou d’interagir dans un environnement donné. De plus, la communication n'est pas approchée comme un simple processus de transfert de connaissance d'un acteur à un autre, mais elle renvoie à la création d'une nouvelle connaissance collective qui n'est pas forcément intégrée en totalité par chacun des membres du groupe.

L’auteur précise son approche : «All human societies face cognitive tasks that are beyond the capabilities of any individual member. Even the simpliest culture contains more information than could be learned by any individual in a life-time, so that tasks of learning, remembering, and transmitting cultural knowledge are inevitable distributed. The performance of cognitive tasks that exceed individual abilities is always shaped by a social organisation of distributed cognition. Doing without a

social organisation of distributed cognition is not an option» (Hutchins, 1995, p.

Ainsi, dans le cadre théorique de la cognition distribuée, l’emphase est-elle mise sur le fait que le processus cognitif n’est pas un processus uniquement mental, mais qu’il s’appuie sur un rapport au monde environnant, constitué d’entités concrètes, matérielles et sur un rapport étayé sur la mobilisation corporelle de l’entité cognitive. Selon Brassac (2003a), cette vision non internaliste conduit donc tout naturellement à prendre en compte le rôle crucial de l’objet dans ce mouvement d’externalisation. Lorsque Hutchins étudie l’opérateur en train d’agir, il montre la fonction constitutive du cadran du tableau de bord pour son activité. Le processus est distribué en même temps sur l’entité humaine (corps et système nerveux central) et sur ce dispositif technique. Ce dernier est par conséquent considéré comme configurant (shaping) le processus cognitif. Ainsi, dans ce champ d’étude, l’objet est au centre de la réflexion sur la cognition.

De même, les capacités individuelles ne peuvent être élargies que si on prend recours aux connaissances socialement organisées. Et c’est pour cela que les artefacts jouent un rôle très important, en tant que porteur de ce savoir. Ils peuvent jouer un rôle utilitaire (par exemple le levier de commande des volets), mais également un rôle cognitif (l’anémomètre et la carte de vitesses). Comment la cognition peut-elle être répartie à l’extérieur dans l’environnement et quel est le rôle joué par l’environnement entre les acteurs et les artefacts comme entités cognitives ? Selon Hutchins, on peut les appréhender comme aide-mémoire, comme aide-communication et /ou comme aide-cognition. Ainsi, il ne s’agit pas seulement de différences de connaissances entre des individus dans le groupe, mais d’une distribution des processus cognitifs dans des systèmes incluant des artefacts, des objets et des individus.

Hutchins propose également de changer l’unité d’analyse en se focalisant sur un système fonctionnel et non sur un esprit individuel. D’après lui, la distribution cognitive doit être analysée selon trois dimensions : sociale (distribution entre les membres du groupe qui réalisent l’activité tout en prenant en considération la structure hiérarchique et l’organisation de l’équipage), représentationnelle (coordination entre des structures internes et des structures externes) et temporelle (distribution dans le temps). A cet effet, l’auteur propose une méthode relevant de l’ethnographie cognitive. Comme pour lui la complexité nécessaire n’est garantie que dans des situations réelles, il pratique une observation participante et minutieuse de tous les déroulements des actions et procède à des interviews très denses des membres des équipages de ces objets empiriques. Ainsi, il ne réduit pas l’unité d’analyse aux propriétés cognitives des pilotes, mais il prend en considération le cockpit dans son ensemble en tant que système cognitif. Pour montrer la complexité d’interdépendance entre les individus et entre les individus et les artefacts dans leur activité collaborative, Hutchins procède en se fondant sur des enregistrements très précis de tous les acteurs qui participent à la tâche. De cette façon, il déplace l’analyse de la cognition, traditionnellement étudiée en mode fermé en laboratoire, dans le contexte « in the wild» (Hutchins, 1995) où elle s’opérationnalise. Ainsi, il veut dépasser le niveau d’analyse individuel, classiquement adopté en sciences cognitives en soutenant que l’environnement fait partie des supports et des acteurs de la cognition ; il étudie comment les opérations entre les éléments d’un système fonctionnel sont agencées, organisées et coordonnées.

2.3.3. Les limites de l’approche de la cognition distribuée

La critique la plus fréquemment formulée à l’égard de cette approche est qu’on y accorde la même importance aux choses qu’aux humains et qu’on y tient les

humains et les choses conceptuellement équivalents, un peu comme dans la dyade humain-machine de la science cognitive traditionnelle, sauf que l'ampleur du système s'est élargie pour inclure un ensemble collaboratif de personnes et d’artefacts. Effectivement, le modèle de la cognition distribuée soutient la primauté de l’organisation sociale d’activité sur la cognition individuelle dans l’évaluation de la performance collective. Il s’agit d’une situation où plusieurs expertises sont appelées à être exprimées en parallèle. Des solutions émergent en tant que cognitions qui sont co-construites, co-élaborées, partagées et donc distribuées et sur les acteurs et sur les artefacts en présence.

Le défi de l’approche de la cognition distribuée consiste à arriver à intégrer des concepts issus des sciences sociales et de la gestion, en pratiquant une analyse cognitive des états de représentation. En particulier, il s’agit de combiner des théories de niveau macro avec des détails d’un niveau micro (une description de l’intersubjectivité entre deux personnes dans l’espace temps de deux secondes) et de trouver un niveau approprié d’analyse et d’explication du problème en question. Hutchins explique qu’une tâche est un objectif momentané temporaire d’un système nécessitant des actions simultanées des acteurs. Comme on prend en compte différents artefacts, une coordination entre les acteurs et l’emploi des artefacts s’impose. C’est cette coordination entre les différents éléments qui mène à la configuration de tout le système en fonction d’un objectif. Ainsi, en cumulant une séquence d’activités, on obtient un flux d’activités qui provoque une reconfiguration permanente du système. « The active functional system thus changes as the task changes. A sequence of tasks will involve a sequence of functional systems, each

composed of a set of representational media» (1995, p. 95). Donc, la connaissance

se manifeste au sein de la structure changeante du système, pendant que les individus ne mettent qu’à disposition les structures internes, nécessaires à une coordination des structures externes des systèmes. De cette manière, appréhender dans son ensemble le cockpit d’un avion permet de se distancier de l’idée de la cognition individuelle du pilote.

Néanmoins, le défi consiste à bien déterminer le niveau d’analyse et à argumenter ses choix, car on pourrait également prendre l’avion dans son ensemble, ou tout l’aéroport comme unité d’analyse. Ainsi, Buber (2000) critique la démarche de Hutchins dans le sens que l’auteur ne tient compte que de situations naturelles et qu’il évite la recherche au laboratoire. De plus, on peut arguer que les situations sur les bateaux et les avions se caractérisent par un cadre extrêmement contraignant, comportant des procédures et des directives très strictes. Etant très sévère, on peut remettre en question la notion de ‘cognition in the wild’. Il n’est pas facile, mais crucial, de bien distinguer entre un niveau individuel et un niveau collectif de la manière dont se produisent les processus cognitifs. Les activités finalisées décrites par Hutchins se déroulent dans leur ensemble dans les cerveaux des uns et des autres en interaction avec des instruments de bord (sonar, radar,…). On reste ici dans une tâche finalisée bien hiérarchisée et la cognition distribuée s’intéresse à des groupes socio-techniques bien délimités où on observe les flux d’informations. Dans le cadre de la coordination très synchronisée entre les acteurs, on pourrait plutôt parler d’un traitement des informations par les personnes, les équipements techniques et les interactions. Ainsi, la cognition devient une propriété d’un système considéré dans son ensemble.

Dans la même veine, Quéré affirme que cette théorie est formulée et développée comme une théorie computationnelle et que pour Hutchins, « la cognition revient à un traitement de l’information » (1999b, p. 8). L’intérêt de Hutchins s’inscrit dans la

propagation d’états représentationnels par des médias de représentation différents. Par ailleurs, pour Quéré, avec cette approche, « on reste très dépendant du modèle auquel on cherche à s’opposer » (ibidem, p. 9). La cognition reste un ensemble d’opérations intellectuelles.

De la même façon, Grison s’interroge sur le rapport qu'entretient la cognition distribuée avec le cognitivisme. Pour lui, le vocabulaire « computationnel », employé par Hutchins et les notions utilisées par d’autres chercheurs comme « flux d'informations » et « représentations de connaissances » sont ambiguës. « Il y a pourtant incompatibilité entre les conceptions de la cognition constructivistes et « historico-culturelles » à l'origine de la distributed cognition d'une part, et le fonctionnalisme cognitiviste d'autre part » (2004, p. 31). Pour nous psychologues, il s’avère important de bien définir ce qu’on entend par cognition, esprit, représentation et connaissance et de bien clarifier quels principes peuvent décrire les conduites des groupes de travail à un niveau psychologique plus général.

Au début, Hutchins décrit la cognition comme étant distribuée, mais il ne tient pas compte de l’incarnation de la cognition, comme s’il se détournait du corps de l’individu. Dans les travaux plus récents, l’auteur contrarie ces interprétations et essaie de replacer les corps des individus pensants au cœur des activités. De nombreux chercheurs se sont inspirés de l’approche de Hutchins pour élargir la démarche et pour l’utiliser dans d’autres domaines. De cette façon, des notions voisines ont été mises au point. De plus, de multiples applications pratiques ont été développées se basant sur ses recherches. Autrefois, en introduisant des displays digitaux dans les avions de ligne, il n’était plus possible d’inférer entre la vitesse actuelle, désirée et nécessaire. Incité par les recherches de Hutchins, on a aujourd’hui intégré « des indicateurs digitaux qui modélisent le fonctionnement des displays analogues à travers une représentation avec des aiguilles » (Buder, 2000, p.12, c’est nous qui traduisons). Ainsi, la notion de cognition distribuée est devenue un cadre de référence pour analyser et pour conceptualiser des situations complexes.

2.3.4. L’intérêt et les apports de l’approche de la cognition distribuée

Par ses outils théoriques, l’approche de la cognition distribuée nous offre des pistes de réflexion pour étudier l’activité collaborative dans notre travail de recherche. Nous en retenons plusieurs dimensions que nous voulons creuser ultérieurement : l’importance de l’interaction, la coordination entre des agents différents d’un système, le rôle des artefacts, la perspective historico-culturelle et la méthode d’analyse.

En situant la cognition non pas au niveau individuel mais à l’intersection d’agents d’un système fonctionnel se développant de manière dynamique en fonction des potentialités du moment, Hutchins a intégré la dimension sociale et culturelle dans la représentation de la cognition et il souligne que la cognition se situe plutôt à l’intersection de processus culturels. Cette manière de penser nous permet de mettre le focus sur les relations qu’entretiennent les individus avec les artefacts dans un environnement donné, un environnement qui suscite des potentialités et, par là, augmente de façon significative l’imprévisibilité des actions de l’activité en