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1.2 La mythologie hindoue

1.2.5.2 Le Mahabharata

Le Mahabharata est le plus long des deux poèmes sur lesquels portera notre étude ; en effet, dans sa version la plus complète, il fait plus de huit fois la longueur de la Bible. Selon Jean-Claude Carrière, qui a relevé l‟énorme défi de transformer cette œuvre en une pièce de théâtre, « les Indiens avaient raison quand ils nous disaient : "Mahabharata is good foryou" » (Jean-Claude Carrière, 2001, p 271).

L‟auteur va même plus loin dans ses propos et affirme qu‟aucun autre peuple au monde n‟est aussi étroitement lié à une œuvre poétique. Il considère en outre qu‟il ne faut pas parler du, mais des peuples indiens : « Ils sont si divers dans leurs langues, dans leurs

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Josette Rey-Debove et Alain Rey, Le nouveau Petit Robert, op cit, p 798

87 VASUDEV, Aruna, La femme : vamp ou victime ? dans Guy Hennebelle (sous la direction de) CinémAction, Les Cinémas indiens, Paris : Éditions du Cerf, 1984, p 171

cultures, tous ceux qui aujourd‟hui constituent la République indienne, que je me demande parfois si le Mahabharata n‟est pas le vrai ciment qui les unit »88.

En cela, J.C. Carrière considère le Mahabharata comme étant le fondement même de l‟Inde. Et de fait, les écoles de danse, de chant et de théâtre puisent les histoires qu‟elles mettent en scène au sein du poème épique, lequel est la source de nombreuses créations artistiques, que ce soit en Inde ou dans le Monde. Comme nous le verrons au fil de notre recherche, « innombrables sont les films qui ont illustré tel ou tel exploit ; sans parler de la peinture, de l‟art populaire, des enseignes des boutiques, des marques déposées, des sigles »89

.

Comme c‟est le cas pour la majeure partie des textes sacrés en Inde, il est difficile de dater le Mahabharata. Néanmoins, d‟après Jean-Claude Carrière, les premières formes écrites en sanscrit apparurent sans doute, trois ou quatre siècles avant notre ère. Leur rédaction se poursuivit pendant sept ou huit cents ans, et la forme « définitive » ne fit son apparition qu‟au IVe ou au Ve siècle de notre ère.

L‟écriture de cette œuvre titanesque a pris un temps considérable, et au fil des années, de nombreux ajouts furent apportés au récit premier. Selon J.C. Carrière, des variantes de toutes sortes se sont multipliées jusqu‟au XXe

siècle, établies en fonction des provinces, des traditions, des interprètes et des collèges de rédacteurs. Par ailleurs, notons que le poème ne fut découvert pour la première fois en Europe, qu‟au XVIIIe

siècle.

L‟auteur du Mahabharata reste inconnu et certaines personnes soutiennent qu‟il s‟agit d‟une œuvre collective comprenant différents récits. Mais d‟autres théoriciens, à l‟instar de Georges Dumézil, pensent que le poème est né d‟un seul auteur et qu‟il s‟agirait d‟une « œuvre organisée, où les détails posés dans les premières scènes trouvent un rappel à la fin, où l‟évolution de chacun des personnages est précise, où l‟écriture poétique est cohérente, où le dessein d‟ensemble, surtout, n‟est à aucun moment perdu de vue »90

.

Ce que nous pouvons affirmer c‟est que le poème comporte un narrateur Ŕ le sage Vyasa qui autrefois entreprit de composer « le grand poème du monde » (Jean-Claude Carrière, 2001, p 276). Comme le souligne le spécialiste de l‟Inde, cela soulève plusieurs questions auxquelles il est difficile, voire impossible, de répondre : Vyasa correspond-il à un auteur réel, à un Homère indien ? Ou n‟est-il qu‟une simple invention ?

88

Jean-Claude Carrière, op cit, p 271 89Ibid, p 272

Dans le poème c‟est pourtant bien lui qui narre toute l‟histoire et, au grand étonnement du lecteur, prend même part aux événements. Dans cette histoire, il est à la fois narrateur et acteur. Vyasa, également appelé le « fils du brouillard », raconte son histoire à un jeune enfant ainsi qu‟à Ganesha. Ce dernier, le dieu à tête d‟éléphant, prend tout en note à l‟aide de sa défense droite (selon la pièce de J.C. Carrière mais la défense gauche selon l‟image ci-contre).

Par ailleurs, cette épopée regroupe plusieurs mythes expliquant aussi bien la création de l‟humanité que sa destruction. Le titre de l‟œuvre signifie d‟ailleurs « La Grande Histoire de l‟Humanité »91. En effet, maha, en sanscrit, signifie « grand » et aussi « total ». L‟expression Maha-raja par exemple, désigne un grand roi. Bharata signifie hindou, et par extension l‟homme en général.

L‟histoire principale raconte une guerre divisant les Pandava (qui représentent le bien) et les Kaurava (qui représentent le mal) ; deux camps issus d‟une même famille.

Les cinq frères Pandava doivent faire face à l‟armée de leurs cousins, les cent frères Kaurava. « Le Mahabharata […] raconte en détail la préparation, puis le déroulement d‟une grande bataille fratricide, à l‟intérieur d‟une même famille. Cette bataille est d‟autant plus redoutable que, des deux côtés, quelques héros possèdent une arme dévastatrice, qui s‟appelle

Pasupata, laquelle, si elle est lancée, peut détruire toute vie dans l‟univers »92. Ce conflit fratricide sera repris par certains films de notre corpus, notamment le célèbre Deewaar (ou

Deewar), de Yash Chopra, sorti en 1975. Nous établirons un parallèle entre les personnages principaux du film et les personnages mythologiques du poème épique.

Dans la partie précédente, dans laquelle nous avons traité du rapport de l‟Inde au temps, nous avons passé en revue les quatre âges (ou yuga). La fin d‟un cycle complet se caractérise par la destruction de l‟Univers, permettant à celui-ci de mieux renaître. L‟histoire du Mahabharata se déroule à cet instant précisément : entre le quatrième yuga d‟un « grand

yuga » (en l‟occurrence, le kali yuga, désignant le yuga le plus mauvais) et le premier du

91 CARRIERE, Jean-Claude, Le Mahabharata, Paris : Éditions Belfond, 1989, p 10 92 Jean-Claude Carrière, Dictionnaire amoureux de l’Inde, op cit, p 278

Jean-Claude Carrière, Dictionnaire amoureux de l’Inde,

« grand yuga » suivant, qui représente une sorte d‟âge d‟or (le krta yuga). Ce passage dans le poème épique est symbolisé par la descente sur Terre d‟un avatar : Krishna.

Selon Alain Daniélou, Krishna est le seul à être considéré comme une incarnation totale de Vishnou, dont le devoir est de maintenir l‟ordre sur la Terre. Ainsi, lorsque cet ordre est menacé pour les hommes, ou en d‟autres termes, lorsque « les formes de la connaissance essentielles pour l‟accomplissement de [la] destinée [de l‟homme] viennent à faire défaut, sont hors d‟atteinte »93

, le dieu est contraint de rendre cette connaissance accessible, et par là même, de donner lieu à une nouvelle révélation. Tout comme le héros des films de notre corpus trouvera en certains personnages des guides et des mentors, Arjuna aura Krishna pour mentor.

C‟est ainsi que dans le Mahabharata, Krishna Ŕ l‟incarnation de Vishnou Ŕ apparaît peu de temps avant la destruction de l‟Univers et instaure le savoir, la connaissance, pour permettre la venue de l‟âge d‟or.

Un chapitre de l‟œuvre, intitulé la Bhagavad Gita, met en scène une conversation très intéressante entre Krishna et Arjuna. Ce texte peut constituer une œuvre à elle seule tant elle est riche en enseignement. Ce célèbre chapitre raconte qu‟au moment décisif de la bataille, Arjuna Ŕ prince Pandava et archer exceptionnel de son état Ŕ demande à son cocher Krishna, d‟arrêter leur char au milieu des deux armées pour qu‟il puisse regarder les visages ennemis et contempler ceux contre qui il s‟apprête à livrer bataille.

Le récit se poursuit, expliquant qu‟à cet instant précis, le temps s‟arrête pour les deux personnages. Arjuna se met alors à douter de la nécessité de faire couler un tel bain de sang : « le sang qu‟il [Arjuna] doit faire couler, c‟est celui qui circule dans son propre corps […] » (Alain Porte, 1992, p 11). Mais Krishna lui enseigne l‟importance et le besoin de « détruire » ce monde pour qu‟après, ce dernier puisse renaître, meilleur qu‟avant. Il lui montre la voie de la sagesse et de la connaissance en lui révélant sa véritable identité divine.

Krishna est donc l‟instructeur, le mentor, et Arjuna le disciple. « Au terme d‟une longue introspection orale des fondements mêmes de la vie, avec, au cœur, la vision terrifiante de toutes les formes coulant comme le Gange au fond d‟un cratère incandescent, Arjuna sera guéri de ses vertiges et de son aboulie. Il se relèvera prêt à combattre » (Alain Porte, p 13).

93 Alain Daniélou, op cit, p 252

Par ailleurs, notons aussi que l‟image du char est symbolique et nous la retrouverons dans le film évoqué précédemment, Deewaar. Selon la valeur métaphorique que lui attribuèrent les Indiens il y a longtemps, le char est l‟image de l‟homme : « les chevaux, ce sont les sens. Les rênes, c‟est la pensée. Le char lui-même représente le Moi. Le cocher, c‟est la conscience individuelle, ce qui discrimine et décide. Enfin, le passager du char, c‟est l‟âme » (Alain Porte, p 14).

De ce fait, Vishnou, en tant que représentant de la conscience individuelle et image de l‟Esprit ultime à travers Krishna, enseigne à son disciple Arjuna comment atteindre la sagesse et dépasser le stade de l‟ignorance : « L‟ignorance est, pour la connaissance, un voile opaque, et plonge ainsi les créatures dans la plus noire confusion » (Alain Porte, p 54).

Après cette parenthèse sur les personnages de Krishna et d‟Arjuna, revenons sur l‟intrigue principale du Mahabharata. Pour étudier les films indiens reprenant certains des mythes de ce poème épique (comme celui des frères ennemis), il est essentiel de saisir les grandes lignes de l‟intrigue principale et d‟expliquer brièvement le rôle des différents personnages.

Au début de ce chapitre, nous avons noté que le narrateur, Vyasa, était à la fois conteur et acteur dans ce poème. En effet, c‟est lui qui est à l‟origine de cette histoire mythique du seul fait qu‟il engendra deux fils qui devinrent tous deux rois : le roi Dhritarashtra, aveugle de naissance, et le roi Pandu.

Pandu était sous le coup d‟une malédiction lui interdisant d‟être l‟amant de chacune de ses deux épouses, Kunti et Madri. Mais Kunti obtint d‟un sage, le pouvoir de concevoir un enfant du dieu qu‟elle-même invoquerait ; pouvoir qu‟elle transmit à la seconde épouse, Madri.

Ainsi Kunti donna naissance à Yudishsthira94, Bhima et Arjuna, conçus

respectivement avec les dieux Dharma (la Loi), Vayu (le Vent) et Indra (le Ciel). Madri, quant à elle, donna naissance aux jumeaux Nakula et Sahadeva avec les dieux Ashvin. Lorsque le roi Pandu meurt, il laisse derrière lui cinq fils, les Pandava, qui portent son nom mais qui, en réalité, ont été engendrés par des dieux.

Précisons à ce stade que Kunti s‟était déjà servie de son pouvoir lorsqu‟elle était jeune et qu‟elle avait donné naissance à un fils conçu avec le dieu Soleil. Ce fils, nommé Karna, fut

abandonné par sa mère dans les eaux où il fut recueilli par la femme d‟un cocher. Cette histoire est importante car, durant la bataille finale, Karna s‟opposera à Arjuna. Or ce mythe des frères ennemis, présent dans les autres grandes mythologies, est également omniprésent dans l‟étude des films bollywoodiens, comme nous le verrons par la suite.

En effet, Karna représente l‟enfant abandonné, autre mythe récurrent dans les films indiens. Il est le fils bâtard, le rejeté, mais également le fils du Soleil. Cependant, il n‟apprendra sa véritable identité qu‟à la fin du poème, lorsqu‟il sera déjà trop tard. Pour certains, comme Jean-Claude Carrière, Karna est le personnage le plus sombre, le plus amer et peut-être le plus doué de tous. Il est aussi fort qu‟Arjuna, son ennemi juré. Et comme Arjuna, il possède le secret de l‟arme fatale. Sa mort est inévitable et constitue une des scènes les plus célèbres du poème : alors qu‟il lutte contre Arjuna, la roue de son char s‟enfonce dans la terre, et il est impossible de l‟extraire. Krishna dit alors : « Je vais te dire ce qui bloque sa roue. C‟est la terre elle-même avec ses mains boueuses. Subitement elle prend part à la bataille, elle se défend, elle a décidé de nous aider. C‟est elle qui vient de happer la roue de ce char et qui ne la relâchera plus »95. Et c‟est à ce moment qu‟Arjuna profite de l‟immobilisation du char pour tuer son adversaire le plus redoutable.

Il nous semble judicieux de souligner l‟importance de ce personnage à ce stade de notre travail puisque le héros des films que nous avons choisi d‟étudier (toujours incarné par le même acteur : Amitabh Bachchan) pourra être mis en relation avec Karna.

Cet épisode mythique ne va pas sans rappeler la traversée de la Mer Rouge par Moïse (livre de l‟Exode) qui fuyait l‟armée égyptienne avec les Hébreux. Avec l‟aide de Dieu, un passage se forma dans la Mer Rouge pour permettre à Moïse et au peuple de s‟échapper. Lorsque les soldats du Pharaon voulurent emprunter le même chemin à bord de leurs chars de guerre, les eaux se refermèrent sur eux. Ainsi la mer Ŕ tout comme la terre dans le

Mahabharata Ŕ prit part à la bataille en engloutissant l‟armée du Pharaon.

Nous avons vu, dans le paragraphe précédent, que Vyasa avait engendré deux fils qui étaient tous deux devenus rois ; Pandu, que nous venons d‟évoquer, et Dhritarashtra, aveugle de naissance.

Pour revenir à la naissance des Kaurava, il faut savoir que Gandhari, l‟épouse du roi aveugle, tomba enceinte et resta en gestation pendant deux ans du fait que l‟enfant refusait de

sortir. La reine demanda alors à sa servante de la frapper sur le ventre avec une barre de fer pour accélérer le cours des choses. A force de coups, une étrange boule sortit d‟entre ses jambes. La reine voulut se débarrasser de cette boule en métal, mais Vyasa s‟y opposa.

Ici encore, nous remarquons l‟intrusion du narrateur dans le cours des événements. Voici ce qu‟il ordonna à Gandhari : « Coupe cette boule en cent morceaux, mets-les dans cent jarres de terre cuite, arrose-les d‟eau fraîche, il naîtra cent fils »96. Le premier fils qui naquit fut nommé Duryodhana. Il deviendra par la suite le chef de l‟armée des Kaurava. Son nom signifie le « Dur à vaincre ». Selon Georges Dumézil, Duryodhana n‟est autre que le démon (ou plutôt la démone) incarnant Kali : « c‟est-à-dire le démon du plus mauvais âge du monde » (Georges Dumézil, 1968, p 218) ; le kali yuga. Ainsi, nous avons la confirmation que l‟histoire se déroule bien à la fin du pire des âges.

De là, les deux clans sont formés, mais encore faut-il pouvoir comprendre d‟où leur venait une telle haine les uns des autres. Dans le chapitre intitulé « La partie de dés » - qui ne va pas sans rappeler les différents cycles du temps - issu de la version du Mahabharata de Jean-Claude Carrière, l‟auteur nous explique que tout commença à cause d‟une histoire de royaume. Yudishsthira, le premier des fils de Pandu, et Duryodhana, le premier-né des cent frères, étaient tous deux prétendants au trône, même si le désir d‟être roi était nettement plus vif chez Duryodhana.

Le roi aveugle décida néanmoins d‟accorder à ces cinq neveux les terres de Khandavas-Prastha, où Yudishsthira pourrait régner en tant que roi. Mais cette décision provoqua une colère noire chez son frère Bhima, qui cria « […] qu‟il s‟agissait là de marécages puants, de forêts lugubres […] »97. Ses autres frères acceptèrent leur sort et tous se rendirent dans leur nouveau royaume pour y vivre.

Au bout d‟un certain temps, Duryodhana alla rendre visite à ses cousins dans leur royaume et découvrit un palais magnifique, un peuple heureux et surtout un roi respecté. La jalousie s‟empara de lui et il décida d‟inviter Yudishsthira pour une partie de dés, jeu qui était son point faible. Yudishsthira joua ses bijoux, ses serviteurs, ses chars, ses terres, ses forêts, et pour finir son royaume. Il perdit tout ce qu‟il possédait sur un seul coup. Mais la partie ne s‟arrêta pas là. Le roi, aveuglé par l‟envie de jouer, finit par perdre ses frères, lui-même et son épouse.

96 Jean-Claude Carrière, Le Mahabharata, op cit, p 51 97Ibid, p 76

Draupadi est l‟épouse des cinq frères Pandava. On peut noter au passage que la polyandrie est une pratique peu répandue en Inde, à l‟exception de l‟État du Kerala au sud du pays. La situation de Draupadi est donc rare ; elle n‟est pas arrivée par choix mais par accident. En effet, lors d‟un tournoi organisé en faveur de Draupadi et ayant pour but de lui trouver un mari, Arjuna se présenta et triompha dans toutes les épreuves. Il emmena donc Draupadi dans son royaume pour faire d‟elle son épouse.

En arrivant, il se dirigea vers sa mère Kunti pour la lui présenter : « "Mère, dit Arjuna, devine ce que j‟ai gagné !"

Sans se retourner, et fidèle à la promesse faite à Madri ("tes fils seront comme mes fils, ils partageront toujours tout"), Kunti dit à Arjuna : "Tu partageras avec tes frères" »98.

Lorsque Kunti découvrit qu‟Arjuna avait gagné une femme, elle fut désespérée mais ne put retirer ses paroles. « La parole d‟une mère est en effet irrévocable, et c‟est ce quiproquo qui est responsable de l‟étrange condition de Draupadi »99

. Nous verrons également la place importante qu‟occupe le personnage de la mère dans le cinéma populaire indien. En effet, ce personnage central se rapproche de la Mère divine et sa parole est également irrévocable. Néanmoins, c‟est ainsi que les cinq frères Pandava durent partager la même femme. Ils n‟en furent pas moins heureux, Draupadi étant une femme exceptionnelle.

Pour revenir à la partie de dés, les frères ayant été « perdus » au même titre que les biens de Yudishsthira, c‟est Draupadi qui sauva la situation en obtenant la grâce du roi Dhritarashtra. Elle réussit à se libérer ainsi que ces cinq époux. Mais tous furent contraints à l‟exil pendant douze années, et vécurent durant tout ce temps dans les bois. La treizième année, ils durent vivre déguisés et cachés, afin de n‟être découverts de personne.

Au bout de douze années et onze mois, les Pandava furent trouvés par leurs cousins et la guerre éclata. Les cinq frères gagnèrent la bataille et vécurent heureux. Le dernier chapitre du Mahabharata explique que Yudishsthira, l‟aîné des Pandava, devait franchir un dernier obstacle avant de rejoindre ses frères et sa femme dans l‟autre monde. La dernière illusion100 qu‟il dut percer représentait ses proches contraints de souffrir les pires maux en enfer, pour ensuite accéder au paradis.

98 Jean-Claude Carrière, Le Mahabharata, op cit, p 67 99

Georges Dumézil, op cit, p 109

100 Cette épreuve que Yudishsthira doit surmonter peut être interprétée différemment : il ne s‟agit pas forcément d‟une illusion puisqu‟il souffre réellement.

Ainsi s‟achève l‟histoire du Mahabharata dont nous n‟avons évoqué que les grandes lignes de l‟intrigue principale. Il convient toutefois de préciser que le grand fleuve de l‟histoire principale est souvent interrompu pour faire place à de nombreuses histoires secondaires. Ce point est important et nous aurons l‟occasion d‟y revenir lorsque nous parlerons de la durée des films indiens.

Le dharma101 se trouve au cœur de l‟histoire et son maintien est le but de chaque homme. Krishna descendit sur Terre pour aider les Pandava à maintenir le dharma stable, et anéantir les forces ennemies qui voulaient le détruire et imposer l‟adharma (absence de

dharma).

Au début de notre réflexion nous avons vu que le Mahabharata était « de la