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Les données qui composeront notre étude, proviennent d’interviews écrites ou audio- visuelles réalisées avec des para-athlètes par divers médias, mais aussi de rapports officiels des institutions et organismes fédérateurs, ainsi que de la littérature scientifique.

Cela permet d’avoir accès à une manne d’informations sur des éléments autant passés que récents49. Nous avons suivi le modèle d’autres anthropologues et sociologues comme, entre

autres, ceux de Vlado Kotnik (2007) qui utilise l’étude des médias audio-visuels pour observer et comprendre comment ceux-ci agissent sur la relation entre une idéalisation de l’identité nationale et le ski, ou encore les travaux d’Anne Marcellini (2010), sociologue du sport et de l’adaptation physique, sur le cas d’Oscar Pistorius50, toutefois dans le cas

présent, nous tenterons de nous inscrire dans une temporalité plus large, afin de mettre en relief les changements dans les différentes conceptions du corps prothétique sportif. En utilisant des articles de journaux et des témoignages d’athlètes, d’experts et de scientifiques, nous croyons être en mesure d’exposer certain des traits qui unissent et opposent les conceptions du corps prothétique en pratique de sport de haut niveau. On tentera de voir et analyser les transformations qu’ont subies les biotechnologies, et constater comment celles-ci ont eu une influence sur la vie sportive de ces athlètes. Il nous a également fallu définir quelles seraient les bases du dépouillement de ces articles et quel serait le nombre d’articles suffisant pour que l’analyse soit assez étoffée et circonscrite.

Les articles de journaux qui ont été sélectionnés (88 articles de journaux), se centrent, autour des athlètes médaillés et des athlètes de haut niveau, et ce, en raison de la multitude

49 « Les sources écrites sont donc pour l’anthropologue à la fois un moyen de perspective diachronique et d’élargissement indispensable du contexte et de l’échelle, et à la fois une entrée dans la contemporanéité de ceux qu’il étudie » (Sardan 2007 : 42-43).

50 « L’étude proposée ici s’inscrit dans une démarche casuistique qui vise à explorer et approfondir le « cas Pistorius » pour en proposer une interprétation de portée plus générale, concernant le handicap, le spectacle sportif et la question de la définition des « frontières de l’humain » dans la société contemporaine. Il s’agit ici, au travers de cette étude de cas, de faire émerger l’institution, dans sa dimension symbolique, en montrant comment sont discutées et construites différentes rationalités pour aboutir à une décision concernant Oscar Pistorius. Pour cela, nous avons travaillé à partir de sources institutionnelles, de données de presse et de données issues de la littérature scientifique » (Marcellini 2010 :141).

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et la qualité des entretiens effectués avec ceux-ci. Le choix d’observer ces athlètes pour nous aider à constituer notre base de données s’explique également par le fait, que ses athlètes nous semblent exacerber le caractère des relations avec les différents acteurs et les conceptions qui en découlent. Ces conceptions des corps prothétiques en pratique sportive, ont un effet important, nous le verrons, à la fois sur la classification des corps dans la pratique paralympienne, mais aussi sur la manière dont les corps sont quantifiés, compris et analysés par les scientifiques. Qui plus est, les relations entre les athlètes au sommet de la pyramide sont intrinsèquement liées avec les acteurs scientifiques, médicaux, institutionnels, médiatiques, et même juridiques et politiques.

En analysant les conceptions qui entourent ces athlètes par la lunette médiatique et journalistique, cela nous permet d’avoir une idée plus large de toutes ses relations qui gravitent autour de ces corps et de voir, comment au fil des années les interactions entre les acteurs ont changé. Afin de répertorier les articles les plus conséquents à notre sujet, nous avons effectué une recherche par mot-clé sur des bases de données d’archives journalistiques, dont en particulier Factiva et Eureka. Nous avons consulté, au préalable, les résultats des épreuves dans les archives officielles de l’institution paralympienne51, et

répertorié le nom des athlètes qui y ont participé pour ensuite s’en servir comme mot-clé. Nous avons également utilisé d’autres mots-clés qui ont émané de nos premières recherches et nous avons particularisé les mots-clés et nous les avons parfois croisés entre eux comme par exemple : paralympique, prothèse, biotechnologie, flex-foot, sport, handicap etc. De plus, il nous a fallu pour des raisons pratiques (temps et moyens) limiter le nombre d’articles à étudier, ainsi que la plage chronologique de la production de ces articles.

Une des façons pour limiter le nombre d’articles a été la répétition des mots-clés, mais aussi la répartition chronologique de nos données, puisque nous avons rapidement fait le constat que le nombre d’article de journaux traitant de notre sujet, était beaucoup plus élevé en ce qui a trait aux années les plus récentes, donc, pour ne pas surreprésenter les conceptions récentes des corps prothétiques, nous avons limité le nombre d’articles par plages chronologiques, soit par Jeux paralympiques, à environ une quinzaine. Dans les

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étapes précédant le dépouillement, nous avons arrêté notre décision sur l’année 1988 comme limite chronologique, puisque c‘est l’année des premiers Jeux paralympiques, mais aussi parce que c’est l’année où l’on a décidé de présenter pour la première fois les Jeux paralympiques sur le même site que les Jeux olympiques.

En concomitance, nous ferons l’analyse de la littérature grise (rapports officiels, système de classification, plan stratégique, etc.) produite par les organismes qui chapeautent les parasportifs afin de voir quels sont les relations et les rapports entre l’institution et les athlètes, toujours sur la question de la conception et l’image du parasportif. Le but, est d’être en mesure de comprendre comment les biotechnologies ainsi que l’institution sportive, ont influencé, transformé et ont agi sur la conception de la corporalité des athlètes paralympiens avec prothèses aux membres inférieurs, et ce en lien avec la mesure de leur corps et les normes acceptables qui s’y rattachent. L'utilisation des rapports officiels sera utilisée afin de comprendre les lignes directrices du mouvement et leurs liens avec les athlètes. Nous chercherons également à voir de quelles façons les biotechnologies s’insèrent-elles dans les rapports et la transformation de ces conceptions ?

Pour ce qui a trait à la littérature scientifique (articles scientifiques, rapports de recherches), nous avons circonscrit notre collecte autour de revues scientifiques (Prosthetics and

Orthotics International, Journal of Prosthetics and Orthotics, Journal of Rehabilitation Research and Development), se centrant sur la question de l’immixtion entre la prothèse et

le corps amputé, et ce en raison de leur spécificité par rapport à la présence de la prothèse dans le sport, ainsi que de l’apport important que ces revues amènent à la connaissance scientifiques dans ce domaine. Tout comme les données recueillies par l’analyse de la littérature grise, les données obtenues de l’analyse d’articles scientifiques, serviront dans notre étude à alimenter les propos et à mettre en perspective les données obtenues par l’analyse des articles de journaux, puisque ceux-ci représentent le noyau de notre étude. En procédant dans cette optique à l’analyse de nos données, l’objectif est de dresser la carte interactionnelle qui alimente les diverses conceptions du corps et en particulier celle de la science, de la médecine, mais aussi des institutions, le tout en comparant ces perspectives entre elles, mais aussi en comparant le regard de l’athlète sur son propre corps.

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Chapitre 6 : Résultats de l’analyse. Corps handicapé