III. Place de l’Energie dans les manuels étudiés
III.4. Lycée au Vietnam (Annexe B.1, §IV)
Dans la classe de 10ème où ils sont introduits, les termes E se trouvent dans deux chapitres du manuel pour cette classe : « Loi da conservation de l’énergie » et « Energie interne du gaz idéal ». Le premier appartient à la grande partie « Mécanique » du manuel. L’autre chapitre, lui, est dans la partie « Physique moléculaire et thermique » domaine privilégié pour l’Energie.
(Tableau 2) L’Energie n’est pas un thème important en volume dans ce manuel, les chapitres énergétiques ne sont que deux, dont un seul a une densité D plus grande que 0,5. Cependant l’autre a aussi une densité assez haute : 0,4. Ceci montre que dans les chapitres énergétiques, l’Energie est plutôt concentrée.
Par rapport aux manuels de Lycée français, les pourcentages du manuel vietnamien sont plus petits. L’Energie occupe donc une place réduite dans l’enseignement au Lycée au Vietnam.
Comparaison Université – Lycée
Niveau Université Lycée
Chapitres énergétiques P 0% 20% 40% 60% 80% 100% Ministère Hanoi
Méca Elec Thermo
0% 20% 40% 60% 80% 100% Chapitres fortement énergétiques P’ 0% 20% 40% 60% 80% 100% Ministère Hanoi
Méca Elec Thermo
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Tableau 2 : Résumé des informations des documents vietnamiens.
Les lieux de présence de l’Energie dans ces deux institutions sont différents.
A l’Université, le pourcentage P est beaucoup plus élevé qu’au Lycée. L’Energie y occupe un grand volume, ce qui n’est pas le cas au Lycée. Au contraire, au Lycée le pourcentage P’ est plus grand qu’à l’Université. Au Lycée, dans les chapitres où il apparaît, l’Energie est beaucoup plus concentré que dans son traitement à l’Université.
IV. Conclusion
Après l’analyse qui précède, dégageons les points les plus remarquables de la comparaison entre deux institutions : Lycée et Université, d’un pays à l’autre, et entre les différentes collections françaises.
Entre les deux pays, les images de l’habitat de l’Energie dans les deux institutions, Lycée et Université, offrent bien des ressemblances. A l’Université, l’habitat de l’Energie est morcelé dans plusieurs manuels correspondants à différents domaines. Au Lycée, l’Energie se présente dans un seul manuel, le manuel de Physique. C’est toujours au Lycée que le pourcentage P’ des chapitres fortement énergétiques est le plus grand. Que l’Energie occupe un volume grand ou petit, elle est considérée de manière très concentrée au niveau du Lycée (avec P’>50%). Remarquons qu’à l’Université des deux pays, dans le domaine électrique, l’Energie apparaît moins concentré, moins important qu’au Lycée. Le pourcentage des chapitres fortement énergétiques P’ de ce domaine est souvent 0%.
Mais les images des habitats présentent une différence au niveau du Lycée. En effet, si les pourcentages P de chapitres énergétiques indiquent que l’Energie occupe pareillement un grand volume au niveau de l’Université, en France comme au Vietnam (P>50%), ils font aussi apparaître que les volumes occupés par l’Energie au niveau du Lycée diffèrent nettement. Au
Lycée au Vietnam, l’Energie occupe un volume très faible (P= 18%). Au Lycée en France, en 1992, le volume occupé est semblable à celui occupé à l’Université, puis en 2000, il s’affaiblit (33% <P < 44%). Si le volume du thème de l’Energie a diminué au Lycée en France, son importance demeure plus grande qu’au Vietnam.
En France, il existe souvent plusieurs collections pour un même niveau. Dans les manuels de Lycée analysés, la place de l’Energie n’est pas différente d’une collection à l’autre. Remarquons, pour les collections universitaires, que dans les manuels de Masson, l’Energie est davantage privilégiée que dans les deux autres collections. Au Vietnam, c’est dans les manuels de la collection du Ministère de l’éducation que ce thème est le plus concentré.
L’étude de l’Energie menée dans ce chapitre correspond à un premier niveau de l’analyse écologique, celui du repérage et de la caractérisation de l’habitat du thème. Dans les chapitres suivants, nous allons nous employer à un deuxième niveau d’analyse écologique, celui qui fait intervenir la notion de niche. Il s’agira de saisir les formes d’existence que peut avoir le thème dans les différents habitats et, finalement, d’en rendre compte de manière comparative. Nous devrons donc, dans un premier temps, nous donner les moyens de décrire et de comparer ces formes d’existence.
CHAPITRE B.2
Identifications
Dans le paragraphe consacré à l’histoire de l’Energie au chapitre A.1, nous avons souligné l’existence d’une synthèse visant à rassembler les propriétés particulières de l’Energie et dont la manifestation la plus remarquable est l’émergence du Principe de conservation de l’énergie :
« Au XIXème siècle, la Physique évolue de manière considérable et les principes fondamentaux d’une nouvelle science, l’Energétique, se mettent en place. […]
L’Energétique correspond à une volonté commune des scientifiques à vouloir rassembler des branches de la physique qui jusque là n’avait pas de liens, et démontrer ainsi qu’il n’existe pas des physiques mais une physique. […]
La communauté scientifique s’acharne à ce moment à trouver un réseau d’interconnexion entre les différentes formes de ‘force’ qui apparaissent dans chacune des branches de la physique. […] Ce réseau de conversions entre les différentes forces physiques va tendre vers un concept unique : l’énergie, ainsi que sa propriété de conservation. » (Bécu-Robinault, 1997a, p.18-19).
Au travers de l’examen des programmes successifs de la Physique au lycée en France, nous avons vu au chapitre A.2 que le programme de 1992 apporte une synthèse dans l’étude de l’Energie. En effet, le programme présente l’Energie à la fois comme « thème » et comme « fil conducteur », une nouveauté bien précisée dans les travaux de COAST-MAFPEN concernant l’enseignement de l’Energie : « La façon d’introduire l’énergie dans ce nouveau
programme est très différente de celle des précédents. […] Cette nouvelle forme est plus proche de la façon dont la physique actuelle utilise le concept d’énergie. »
(COAST-MAFPEN, p.8). Pour l’étude de nos questions sur la vie de l’Energie, la référence à une synthèse est donc incontournable.
Dans le chapitre A.1, partant du rôle de la synthèse dans l’histoire du thème, nous avons distingué deux approches : l’Approche Universelle (AU) est celle qui est le résultat de la synthèse, l’Approche Particulière (AP) est celle par laquelle l’Energie est abordée de manière plus locale, dépendante d’un domaine de la Physique. Pour notre étude sur les programmes, nous avons disposé des caractéristiques de ces approches données au chapitre A.1.
L’étude de manuels que nous voulons mener vise à rendre compte des formes d’existence de l’Energie dans ses différents habitats. Pour cela, nous avons besoin d’une description d’un traitement de l’Energie en thème indépendant qui nous serve de référence. Nous choisissons de nous appuyer sur le programme novateur de 1992. Nous identifions et définissons alors des notions spécifiques que nous présentons dans ce chapitre et qui seront utilisées tout au long de nos analyses écologiques.
Dans ce programme, le thème de l’Energie est construit à l’aide d’un ensemble d’objets que la synthèse met en relation. Nous appelons Objets énergétiques O(e) ces objets constitutifs de la synthèse. Dans un premier paragraphe, leur identification permet de déterminer les « propriétés » de l’Energie.
Les objets énergétiques sont divers. Ils peuvent apparaître dans un thème consacré à l’Energie ou bien être objets de différents domaines de la Physique, dans un contexte énergétique ou non. Nous présentons dans un deuxième paragraphe des notions importantes pour notre
travail, celles de Raisonnement énergétique R(e) et de Raisonnement non-énergétique R(ne). L’identification de ces raisonnements nous permettra de rendre compte du fonctionnement des objets énergétiques.
Dans un troisième paragraphe, nous décrivons le document COAST-MAFPEN en termes d’approches, avec l’identification des objets énergétiques qui y sont présents et les relations qu’ils entretiennent. Par la suite, ce document nous servira de référence comme habitat des deux approches.