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Lutte biologique

Dans le document Le virus Zika : de sa découverte à nos jours (Page 107-111)

8. PRÉVENTION

8.1. Lutte anti-vectorielle

8.1.4. Lutte biologique

Plusieurs nouveaux outils prometteurs de lutte anti-vectorielle vont être décrits dans cette partie. Ces nouveaux outils ont la capacité de réduire les populations de vecteurs et/ou la multiplication virale à des niveaux minimums, et donc de prévenir leur transmission. Cependant, l’absence de données solides sur leur impact épidémiologique pour les virus véhiculés par Aedes ne permet pas, pour l’heure, de recommander le déploiement programmatique à grande échelle de ces nouveaux outils [125].

Revue bibliographique Chapitre 8.Prévention 8.1.4.1. Technique de l’insecte incompatible par inoculation de Wolbachia

Wolbachia spp. sont des bactéries qui vivent en symbiose dans les cellules de certains insectes, elles sont pour cette raison dites « endosymbiotiques ». Elles sont retrouvées chez 60% des insectes courants, dont les papillons, les mouches des fruits et certains moustiques (Aedes compris). Cette bactérie rend les moustiques réfractaires à d’autres pathogènes tels que le ZIKV. Par exemple, l’introduction artificielle de cette bactérie dans les populations d’Aedes aegypti empêche le virus de se multiplier et d’être transmis à l’homme [124]. Par ailleurs, Wolbachia spp. se transmettent à la descendance par voie ovocytaire. En revanche, si les femelles ne sont pas porteuses de la bactérie mais qu’elles s’accouplent à des mâles porteurs de la bactérie, les œufs n’éclosent pas, entraînant ainsi une diminution des populations de moustiques. La lutte microbienne consiste donc à établir et à maintenir Wolbachia spp. dans les populations locales de moustiques Aedes spp. afin de bloquer la transmission du virus de manière persistante [126].

8.1.4.2. Moustiques transgéniques

OX513A est une souche transgénique d’Aedes aegypti créée pour porter un matériel génétique mortel dominant, répressible, non spécifique du sexe et à l’action retardée, ainsi qu’un marqueur fluorescent. Ce transgène contient un promoteur constitutif, c’est-à-dire un promoteur non régulé qui permet une transcription continue du gène associé, ici un gène codant pour la protéine tTAV (tetracycline repressible Trans-Activating factor Variant) [127]. En l’absence de tétracycline, la protéine tTAV est produite et se lie simultanément à la machinerie transcriptionnelle et aux sites de l’opéron tet (tetO). Ce dernier regroupe les gènes codant pour les enzymes dégradant la tétracycline. Les conséquences de ces interactions consistent en une augmentation de l’expression des gènes de tetO, mais aussi, par feed-back positif, en une augmentation de l’expression des gènes du transgène. La grande quantité de tTAV va au final empêcher la machinerie transcriptionnelle de jouer son rôle, empêchant ainsi l’expression de gènes essentiels. Lorsque le transgène est transmis aux lignées descendantes, les larves se développent normalement mais meurent avant l’âge adulte (Figure 43). Cette technologie a montré qu’il était possible de réduire les populations d’Ae. aegypti grâce à des essais sur le terrain, à petite échelle, conduits dans plusieurs pays ; cependant, on ne dispose pas de données concernant l’impact épidémiologique de cet outil. En outre, il faut effectuer des lâchers de moustiques mâles transgéniques en permanence pour maintenir la suppression des populations d’Ae. aegypti sauvages [125].

Figure 43. Principe de la technique des moustiques génétiquement modifiés [127]

8.1.4.3. Technique de l’insecte stérile (FAO/AIEA)

La technique de l’insecte stérile consiste à produire en masse des moustiques, à séparer les femelles des mâles, et à stériliser ces derniers. Pour les rendre stériles, les mâles sont exposés à

Revue bibliographique Chapitre 8.Prévention de faibles doses de radiations. Les mâles stériles lâchés dans la nature s’accouplent avec des moustiques femelles sauvages de la même espèce, lesquels produisent par la suite des œufs non viables, ce qui entraîne une diminution des populations de moustiques sauvages. Lorsque le nombre de mâles stériles est supérieur à celui des mâles fertiles dans un environnement naturel, la population de moustiques cible est réduite [125].

8.1.4.4. Pièges à vecteurs

Plusieurs pièges pour surveiller et lutter contre Aedes spp. ont été proposés au Groupe consultatif de l’OMS pour la lutte anti-vectorielle. La technologie du piège à vecteurs peut réduire les populations de moustiques en attirant et en tuant les moustiques femelles qui pondent, et peut contribuer à améliorer la surveillance des vecteurs. L’efficacité entomologique de ces pièges a été démontrée dans un nombre limité d’essais sur le terrain. Bien que les données préliminaires aient été examinées par le comité, les données relatives à l’intérêt des pièges à vecteurs pour la santé publique doivent être consolidées et les modalités d’application effective de la technique doivent être définies [125].

8.1.4.5. Les appâts mortels/appâts sucrés toxiques

L’utilisation d’appâts sucrés toxiques est une nouvelle méthode qui consiste à employer des classes d’insecticides qui, une fois ingérés par le moustique, agissent comme un poison. Cette technologie repose sur le principe « attirer et tuer » : les substances qui attirent le moustique sont combinées à des toxines qui tuent l’insecte cible qui les a ingéré. Les appâts sucrés toxiques sont pulvérisés sur les habitats végétaux des moustiques à l’intérieur et autour des maisons ou, à défaut, sur des « repères » construits [124]. Il faut tenir compte des dommages que ces appâts peuvent provoquer sur d’autres espèces (abeilles, papillons, libellules,…) voire même sur les prédateurs du moustique.

Lorsqu’ils sont correctement mis en œuvre, les programmes de lutte anti-vectorielle sont efficaces pour réduire la transmission de la maladie. Cependant, ils se heurtent dans différents pays à un certain nombre de problèmes, comme l’urbanisation sauvage, les insuffisances de l’application du programme, le manque de capacités humaines, financières et infrastructurelles, et le manque de volonté politique [125]. Dans les pays en voie de développement, les systèmes d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’évacuation des déchets sont souvent

défaillants. Or, parmi les moyens de lutte contre les moustiques, l’éradication de tous les points d’eau stagnante sous toutes leurs formes reste le moyen le plus simple et le moins coûteux.

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