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LIMITES: POLARISATION DES CONFIGURATIONS STRUCTURELLES RECOMMANDEES

Chapitre 3 : Structures organisationnelles et innovation: l'apport de la gestion

D. LIMITES: POLARISATION DES CONFIGURATIONS STRUCTURELLES RECOMMANDEES

Deux limites majeures sont identifiées dans les contributions produites par la gestion. Tout d'abord, l'impact des configurations structurelles décrites par les auteurs de gestion est postulé plutôt que démontré. La majorité des auteurs de gestion ont en effet concentré leur attention sur la caractérisation des configurations structurelles qui «marchent» pour l'innovation et dénoncé celles qui « empêchent» l'innovation. Ils ont par contre délaissé l'analyse systématique de l'impact de ces configurations sur les stratégies effectives développées par les acteurs producteurs de l'innovation. La logique d'approche générale consiste à inférer, à partir de cas de réussites ou d'échecs exemplaires, les conditions structurelles qui expliquent ces réussites ou ces échecs. Ces analyses sont rarement complétées par un suivi longitudinal confirmant que les structures en place ont bien l'impact postulé sur les stratégies d'acteurs. Nous développerons ce point plus avant dans le Chapitre 4 sur la Méthodologie.

Ensuite, l'omniprésence des deux idéaux types structurels, Monocratique et Adhocratique, induit une polarisation contestable des contributions. Nous présentons les limites de cette polarisation ci-dessous.

1. Monocratie vs. Adhocracie

Dans la démarche d'identification et de caractérisation des configurations structurelles souhaitables pour produire l'innovation, deux configurations idéales-typiques se dégagent comme référent central: la configuration Monocratique d'une part, et la configuration Adhocratique d'autre part.

La première (idéal type Monocratique) représente la configuration structurelle fondatrice de la gestion. Celle qui a été énoncée dès que la question de l'organisation s'est posée. La seconde (idéal type Adhocratique) a été forgée pour le besoins spécifiques de la gestion de l'innovation.

Ces deux idéaux-types de configuration structurelle s'opposent sur les deux dimensions centrales qui nous intéressent: les modalités de division des rôles, et les modalités de coordination des contributions.

Figure 15-Caractéristiques comparées des configurations structurelles Monocratiques ys. Adhocratiques

Idéal type Monocratique Idéal type Adhocratique

Modalités de Spécifiées précisément ex-ante Peu, à non spécifiées

division Spécialisation poussée des individus Résulte des interactions entre individus Stricte différenciation des rôles Définition de rôles articulant exécution et d'exécution / et de décision décision

Modalités de Hiérarchique Ajustement mutuel

coordination Centralisation et formalisation Décentralisation et non formalisation

Ces deux configurations idéales-typiques s'opposent sur une autre dimension centrale : celle de du contrôle organisationnel et de l'autonomie individuelle.

Ainsi, la configuration Monocratique donne, constitutivement, la priorité (explicative et prescriptive) au contrôle organisationnel. Tandis que la configuration Adhocratique donne la priorité àl'autonomie individuelle.

En d'autres termes, les configurations de type Adhocratique institutionnalisent la nécessité de libérer l'autonomie individuelle afin de favoriser la production de l'innovation (diversité et innovativité des propositions).

A l'inverse, les configurations de type Monocratique institutionnalisent la nécessité de contrôler ces contributions, ce afin de les canaliser et de les coordonner.

2. La loeioue de proposition des écrits de eestion

La logique de proposition typique que nous avons identifié dans les écrits de gestion est schématisée Figure 16

Les deux idéaux types que nous avons identifié servent de référents majeurs pour les auteurs de gestion, ils bornent en quelque sorte l'espace des possibles en matière de configurations structurelles envisageables. Ils sont représentés aux deux extrêmes d'un continuum horizontal (gauche-droite) sur le schéma. Ils s'opposent en tous points, c'est à dire sur tous les critères de caractérisation structurelle, et sur la priorité donnée au contrôle vs. àl'autonomie individuelle.

Cependant, nous allons voir dans la partie suivante, que les auteurs de gestion prônent rarement la mise en place d'un seul idéal-type (positionnement unidimensionnel gauche / droite). Plutôt, ils proposent généralement des modalités différentes d'articulation de ces deux idéaux types. L'apparence d'extrême diversité des propositions provient de ces

différentes modalités d'articulation (positionnement bidimensionel gauche / droite ethaut / bas).

Les 3 modes les plus courants d'articulation que nous avons identifié sont:

1. Les articulations de type séquentielles (A): dans ce cas, les configurations structurelles recommandées diffèrent selon les phases du processus d'innovation

2. Les articulations de type différentielles (B): dans ce cas, les configurations structurelles recommandées sont spécifiques et dédiées à la production de l'innovation (structures isolées de l'organisation courante et dédiées)

3. Les articulations de type hybrides ou parallèles (C): les configurations structurelles recommandées présentent des caractéristiques moyennes, ou une juxtaposition d'élément empruntés à chaque idéal-type.

Ainsi, la dimension verticale du schéma différencie les contributions des auteurs de gestion selon le mode d'articulation qu'ils proposent entre les deux configurations.

La différenciation dans le temps est représentée en haut du schéma (articulations séquentielles). La différenciation dans le lieu est représentée en bas du schéma (articulations différentielles). La non différenciation (articulations hybrides ou parallèles) est représentée au centre.

Figure 16- La logique de proposition des écrits de gestion

Nous avancions que ce schéma rend compte de la logique générale de proposition des écrits de gestion, c'est à dire que la grande majorité des écrits identifiés dans la revue de littérature peuvent être situés et classés au sein de ce schéma, selon ses deux dimensions :

Nous allons voir que, tendanciellement, les approches séquentielles sont plus proches de configurations structurelles Monocratiques, qu'Adhocratiques. Elles accordent une priorité explicative et prescriptive au contrôle organisationnel sur l'autonomie individuelle ..

Inversement, les approches différentielles sont plus proches de configurations structurelles Adhocratiques, que Monocratiques. Elles accordent une priorité explicative et prescriptive à l'autonomie individuelle, plutôt qu'au contrôle organisationnel.

Enfin, par définition, les approches continues proposent une articulation équilibrée entre les deux idéaux types extrêmes, ainsi qu'entre autonomie individuelle et contrôle organisationnel.

II. DIFFERENTES MODALITES D'ARTICULATION