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Hormis les deux aménagements qui défraient la chronique linguistique à l’Hexagone depuis deux décennies, les commissions ministérielles de terminologie (les commissions spécialisées de terminologie et de néologie à compter de 1996) et la commission générale de terminologie et de néologie continuent leurs travaux pour la modernisation et l’enrichissement de la langue française, qui a rencontré de plus en plus de mots anglicisés. En témoignent les toponymes français.

La commission ministérielle de terminologie des affaires étrangères, dont la première phase de travaux s’était achevée en 1987, a repris en septembre 1990 les travaux qui se donnaient pour objectif :

-le vocabulaire diplomatique et celui du droit international ;

-l’introduction de sigles ou de termes français pour désigner les organisations internationales ;

-la codification de noms géographiques d’usage dans la vie diplomatique.

Ayant réuni les représentants des ambassades venant des pays ou des régions francophones, la commission a œuvré à la révision de l’arrêté de 1985 et à la désignation des noms d’habitants qui avait préoccupé la DGLF. Au cours des travaux, comme ce qui s’était déroulé au sein de la commission pendant les années 1980, le débat était toujours bien agité entre ceux qui étaient pour une francisation renforcée et ceux qui voulaient la non-prolifération d’exonymes. Plus souvent un compromis a été fait entre eux : Pékin et Canton ont été maintenus, considérés comme relevant du patrimoine du français ainsi que Koweïtien, plus fidèle à la dérivation française que Koweïti ; le phonème [u] fut le plus souvent restitué sous le graphème u (Luanda)181tandis que Viêt-Nam et Vietnam ont été tous acceptés.

181 DEPECKER Loïc, op.cit., p. 336.

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En guise de bilan d’activité de la commission, un arrêté du 4 novembre 1993 relatif à la terminologie des noms d’États et de capitales a été rendu par le ministère des Affaires étrangères de l’époque. La liste établie sert de référence principale des noms de pays en français aux travaux de la normalisation des noms géographiques que l’O.N.U a chargé le Groupe d’experts des Nations unies pour la normalisation des noms géographiques (GENUNG) d’accomplir. La commission renouvelée a établi une liste intitulée recommandation concernant les noms d’États, d’habitants, de capitales, publiée au Journal officiel du 24 septembre 2008. Nous y trouvons toujours les graphies Pékin et Canton, or, à la différence de Shanghaï, graphie retenue par la première commission ministérielle de terminologie des affaires étrangères, la graphie Shanghai est cette fois-ci recommandée.

La commission engagée dans les affaires étrangères mise à part, à l’ère de l’informatique où l’évolution des matériels informatiques et numériques est tellement rapide, la commission ministérielle de terminologie de l’informatique (la commission spécialisée de terminologie et de néologie de l’informatique et composants électroniques aujourd’hui) ne demeure pas en reste.

Sous la présidence de Philippe Renard, l’un des promoteurs du mot logiciel, cette commission a entamé ses travaux au début des années 1990 sur les termes au sujet de l’ordinateur. En ce qui concerne la taille des ordinateurs, notebook, palmtop computer, pocket computer, notepad computer, laptop computer, portable computer sont entrés dans le marché et la vie quotidienne. Les termes français pour les désigner sont disparates. La commission y intervenant a retenu enfin ordinateur bloc-notes, ordinateur de poche, ardoise électronique, ordinateur portatif, ordinateur portable. Tous ces termes publiés au Journal officiel du 7 mars 1993 n’ont pas de même retentissement dans le réel.

Ordinateur portable est aujourd’hui en usage courant alors que ordinateur portatif et ordinateur de poche sont moins répandus, encore peu pour ardoise électronique. Pendant

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un siècle qu’est le nôtre où l’informatique prend un grand essor, les consommateurs se servent de plus en plus d’ordinateur portable et ultraplat sous forme d’un écran tactile, les Français ont désigné cette nouvelle réalité pad, tablet sans recourir au terme validé ardoise électronique. Enfin, la commission générale de terminologie et de néologie, en tenant compte de l’usage en courant, a publié au Journal officiel du 20 février 2011 le terme tablette, en équivalent de pad, tablet. Bien que ardoise soit encore validé, peu utilisé, l’emploi de tablette s’avère bien heureux.

Jusqu’au 31 décembre 2010, le nombre des commissions spécialisées s’élève à 18182 dont les travaux se sont poursuivis de façon régulière et progressive. En 2011, la commission générale a recommandé 392 termes publiés au Journal officiel, un résultat plus encourageant que ceux des années précédentes :

Année 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Nombre de réunion 98 118 164 159 160 148 163 144

Nombre de termes publiés au JO

223 325 298 317 462* 276 247 392

(* dont une liste de 194 toponymes)183

De la part de la DGLFLF, outre les fonctions administratives qu’elle assure et dont nous pouvons nous faire une idée claire à travers l’organigramme, elle contribue directement à la défense et de la promotion de la langue française, notamment en terminologie et en néologie.

La DGLFLF a procédé depuis 2005 à une politique éditoriale : publier des fascicules thématiques regroupant des termes publiés au Journal officiel, offrant un accès

182 Rapport annuel de la Commission générale de terminologie et de néologie 2010, Premier ministre, Ministère de la Culture et de la Communication, 2010, p. 14.

183 Bilan d’activité 2011 de la DGLFLF, p. 18.

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gratuit au grand public. Depuis 2008, elle a publié des dépliants épisodiques intitulés Vous pouvez le dire en français, destinés à mieux sensibiliser les usages à la nécessité d’utiliser les termes français. Les thèmes choisis dans ces publications sont non seulement ceux des domaines spécifiques ou scientifiques mais aussi ceux d’intérêt général ou d’actualité comme Petit et grand écran, Pour une planète durable, Techniques de l’information et de la communication. Vu la limitation budgétaire, les publications ne sont pas imprimées aussi souvent en période 2010-2011 qu’en période 2005-2007, surtout pour les fascicules. Grâce au nouveau vecteur d’échanges – Internet, la DGLFLF peut désormais mettre en ligne toutes les ressources, téléchargeables pour tous.

C’est également grâce au développement d’Internet que la DGLFLF a pu mettre en ligne dès 2007 une base de données de termes publiée au Journal officiel sur le nouveau site http://www.FranceTerme.culture.fr permettant aux internautes de consulter tous les termes classés selon les domaines et les sous-domaines et recommandés par la Commission générale. Ceux qui s’intéressent à l’évolution de la langue française et ceux qui ont besoin d’en être informés afin de mieux exercer la profession, tels que les traducteurs, les terminologues, peuvent s’abonner au service du site pour recevoir des alertes automatiques.

Offrant des services informatifs, la DGLFLF a construit un site participatif http://www.wikilf.culture.fr, lancé en 2011 à l’occasion de la Semaine de la langue française et de la Francophonie, sur lequel tous les internautes y inscrits ont la possibilité de donner leur avis sur un terme à traiter ou de proposer un équivalent français à un terme étranger en question. Cette nouvelle démarche fait en sorte que nous puissions conjuguer les efforts des personnalités au sein des commissions spécialisées et des usagers quotidiens. Les travaux sur des termes employés par les administrations étant à la charge des commissions spécialisées et des instituts compétents prévus par des normes juridiques, les avis des citoyens éprouvant leur besoin linguistique attire de plus en plus

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d’attention de l’État. Ce site apportant son concours à la diffusion des termes recommandés, constitue aussi un outil d’échange et d’enrichissement de la langue française.