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5.3.3 La politique sur la maîtrise du français et sur l’enseignement en faveur du plurilinguisme plurilinguisme

5.3.3.1 La maîtrise du français dans l’enseignement

L’enseignement du français à l’école s’inscrit solidement dans les principes du système éducatif français depuis les lois Ferry sous la IIIe République. Il faut savoir lire et écrire pour aborder toute discipline et se préparer pour la vie professionnelle. La maîtrise du français dans l’enseignement est réaffirmée comme une priorité de l’école par la loi Toubon et de nouveaux programmes scolaires dans le temps où les connaissances et les compétences du français s’appauvrissent.

Le Ministère de l’éducation nationale, pour y faire face, a défini une panoplie de mesures précises, appliquées à différents cycles de l’enseignement à dessein d’améliorer la maîtrise du français.

Depuis 1995, les nouveaux programmes de l’école primaire se sont appliqués par étapes en l’espace de trois ans. En ce qui concerne la maîtrise du français, la lecture variée, la communication orale et la découverte du traitement de texte constituaient trois grands axes. Les programmes ont connu le renouvellement en 2002. Sont entrés en vigueur depuis la rentrée 2008 les programmes actuels dans lesquels le français occupe une place primordiale. Le ministère a en outre élaboré pour les équipes pédagogiques des tableaux de progressions de l’enseignement de français englobant oral, lecture, grammaire, vocabulaire et orthographe. La durée hebdomadaire des enseignements de français s’élève à 10 heures, la durée annuelle à 360 heures au total.

S’agissant du collège, depuis la rentrée scolaire 1996 sont été réorganisés de façon progressive les enseignements. Les classes de 6e avaient désormais 6 heures de français par semaine et les élèves en difficulté auraient une consolidation en la matière,

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mais l’arrêté du 14 janvier 2002 fixant l’organisation des enseignements dans les classes des sixièmes des collèges a réduit l’horaire hebdomadaire de français à 4,5 ou 5 heures selon les établissements. L’arrêté susmentionné et celui du 2 juillet 2004 ont fixé l’horaire de français en 5e, 4e et 3e respectivement à 4 heures, 4 heures et 4,5 heures.159 L’étude de la langue, la lecture, l’expression écrite et orale sont définies de manière détaillée : en plus des domaines exigés au cycle de l’école primaire, sont introduits l’histoire des arts, les initiations à la poésie et au théâtre dont certains ouvrages sont incontournables en classe.

Concernant la scolarité obligatoire, tous ces nouveaux programmes ci-dessus sont élaborés en vertu du Socle commun des connaissances et des compétences défini par le décret du 6 juillet 2006 dont la maîtrise du français constitue le fondement. Tous ces nouveaux programmes renforcés, les résultats obtenus des évaluations de français s’avèrent en général positifs :

Résultats 2009, 2010, 2011 des évaluations de français, public / privé

CE1 2009 CE1 2010 CE1 2011

Acquis insuffisants 9,16% 8,57% 7,5%

Acquis encore fragiles 18,02% 16,85% 14,1%

Bons acquis 29,10% 30,58% 27,4%

Acquis très solides 43,72% 44% 51%

CM2 2009 CM2 2010 CM2 2011

Acquis insuffisants 7,20% 6,85% 6,7%

Acquis encore fragiles 17,85% 20,09% 19,1%

Bons acquis 30,30% 29,72% 30,8%

159 http://www.education.gouv.fr/cid80/les-horaires-par-cycle-au-college.html#le-cycle-central-classes-de-5e-et-de-4e-, consulté le 22 mars 2012.

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Acquis très solides 44,64% 43,34% 43,4%160

Pour le lycée dont le cycle est plus compliqué en raison de diverses séries et sous-séries, l’enseignement de français reste en seconde et en première l’enseignement commun, selon les nouveaux programmes du lycée appliqués depuis 2010 en seconde, l’horaire de français dans toutes les séries est fixé comme suit :

Séries générales Séries technologiques rénovées°

Seconde 4 heures 4 heures

Première 4 heures 3 heures

° La voie générale et la voie technologique sont choisies en première.

La langue française trouve un autre champ de bataille dans l’enseignement supérieur et la recherche. Les chercheurs passent souvent à l’anglais. À cela s’ajoute l’idée avancée par Pierre Tapie, président de la Conférence des grandes écoles en 2001 :

« Il faut enfin accepter qu’une partie significative des enseignements puisse être donnée en langue anglaise et abolir la loi Toubon dans l’enseignement supérieur. Le nombre de jeunes étrangers capables de suivre des cours en anglais est à peu près vingt fois supérieur à ceux capables de le faire en français161. »

Or, tout le monde ne partage pas cette prise de position. Pour Bernard Ramanantsoa, directeur général de HEC de Paris de l’époque « l’enjeu, pour une institution comme HEC, est de participer à la compétitivité économique et culturelle de la France. […] Certes, ces étudiants (étrangers) ne sont pas recrutés sur le critère du français, mais leur scolarité les oblige à suivre des cours en français. […] un étudiant vient à HEC en pensant, d’une part que c’est la meilleure école de commerce et, d’autre part, parce

160 Rapport au Parlement sur l’application de la loi 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française, 2011, p. 67.

161 TAPIE Pierre, « Débat : Triplons notre capacité d’accueil ! », Le Monde, le 1er mars 2011.

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qu’il a envie d’être immergé dans la culture française, dans un environnement culturel français et pour rencontrer des Français.162 »

Quant à la prise de position de l’État, étant donné que celui-ci a été conscient au XXe siècle de la perte de domaine de la langue française dans les sciences et les techniques devant la langue anglaise, l’idée que les sciences peuvent se penser et s’exprimer dans une pluralité de langues dont le français lui est bien chère. Pour ce faire, la rue de Valois a mis en place le Fonds Pascal permettant de soutenir l’interprétation en France dans certains colloques importants de différentes disciplines. Par ailleurs, a été lancé le 4 novembre 2011 un plan massif de traduction et de diffusion à l’international des revues françaises de sciences humaines et sociales par le Centre national du livre.

Reste à noter qu’est maintenu l’article 11 de la loi Toubon stipulant que la langue de l’enseignement, des examens et concours, ainsi que des thèses et mémoires dans les établissements publics et privés d’enseignement est le français, sauf exceptions justifiées par les nécessités de l’enseignement des langues et cultures régionales ou étrangères ou lorsque les enseignants sont des professeurs associés ou invités étrangers.

5.3.3.2 L’apprentissage du français pour la lutte contre l’illettrisme et pour