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Première partie Les politiques linguistiques menées en Chine depuis 1949

1.2.3 La généralisation du putonghua

1.2.3.3 La diffusion du putonghua

1.2.3.3.1 Les classes de formation du putonghua

À l’appel de la Directive relative à la généralisation du putonghua rendue par le Conseil des affaires de l’État le 6 février 1956 et sous l’impulsion du projet du pinyin, le Ministère de l’éducation et l’Institut de recherche linguistique de l’Académie chinoise des sciences ont, en réunissant à travers le pays 106 enseignants de chinois27 et cadres de l’administration de l’enseignement, organisé le 16 février 1956 la première classe de formation du putonghua où ont été enseignées pendant à peu près quatre mois la phonétique, la conversation, la lecture à haute voix en putonghua. Cette classe de formation a été organisée en l’espace de quatre ans avec neuf sessions dont les participants totalisent 1 666. La plupart d’entre eux sont rentrés contribuer à généraliser le putonghua à l’endroit où ils travaillaient. Interrompue à partir de la Grande Révolution culturelle, elle ne reprendra qu’en 1979.

1.2.3.3.2 Les démonstrations des résultats de l’enseignement du putonghua

27 Ibid., p. 292.

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Pour échanger des expériences dans l’enseignement du putonghua et passer en revue les travaux sur la diffusion du putonghua, quatre démonstrations des résultats de l’enseignement du putonghua ont été organisées à cette époque.

La première démonstration s’est tenue en juillet 1958 dans la ville-capitale où se sont rendus 141 représentants au niveau provincial qui ont donné 150 représentations en 5 jours. La deuxième en août 1959 à Shanghai réunissant 184 représentants et 137 représentations ; la troisième en août 1960 à Qingdao réunissant 321 représentants et 291 représentations et la quatrième en août 1964 à Xi’an réunissant 195 représentants et 119 représentations. Ces démonstrations, organisées soit par le Ministère de l’éducation, soit par la Commission nationale de la réforme de l’écriture, ont eu au programme diverses représentations : récitation de proses, de poèmes, xiangsheng (dialogues comiques de Tianjin)…en putonghua. Les dirigeants et hauts fonctionnaires tels que Zhou Enlai, Wu Yuzhang y ont accordé de l’importance par leur présence. En outre, elles ont été bien suivies par les médias de presse et de cinématographie. On a pu trouver des éditoriaux ou des reportages dans le Quotidien du peuple ou l’Agence Chine Nouvelle et des films documentaires ont été également tournés.

1.2.3.3.3 L’enseignement scolaire et public du putonghua

Depuis la Directive de 1956, le Conseil des affaires de l’État a exigé que : « à la rentrée scolaire de l’année même, les cours de chinois des écoles primaires et des collèges à travers le pays, sauf les régions d’ethnies minoritaires, doivent se dispenser en putonghua et que d’ici 1960, les enseignants de toutes les disciplines des écoles primaires et des écoles normales doivent enseigner en putonghua. […] Et le cours de chinois pour l’Armée populaire de libération et pour toutes les écoles annexées à l’Armée doit se dispenser en le putonghua. […] Les radios doivent, en synergie avec les Comités locaux

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de la généralisation du putonghua, présenter des émissions de formation du putonghua.»28 Dans cet esprit, la Radio nationale de Chine a diffusé en mai 1956 des émissions de l’enseignement de la phonétique du putonghua, en mai et octobre 1961 des émissions de l’enseignement de la récitation des textes dans la méthode de chinois de l’école primaire, en mars 1962 des émissions de l’enseignement de la récitation de l’école primaire, du collège et de l’école normale, en octobre 1964 et en mars 1965 des émissions de l’enseignement de la récitation dans l’école primaire. Pour améliorer la qualité de l’enseignement du putonghua, des émissions de l’enseignement du pinyin ont été organisées.

A été publiée le 2 août 1957 par le Ministère de l’éducation la Note pour diffuser davantage le putonghua dans laquelle il a été précisé que « jusqu’à la fin 1957, il y avait 721 000 enseignants de chinois des écoles primaires, secondaires et normales qui avaient suivi la formation de la phonétique du putonghua. Une grande part d’entre eux ont procédé à l’enseignement en putonghua. […] Et des émissions de l’enseignement de la phonétique du putonghua ont été suivies par plus de deux millions d’auditeurs. »29

Par ailleurs, la diffusion du putonghua a touché aux employés dans le commerce, les transports, les sociétés de service afin d’améliorer la productivité et la qualité de service. Pour les régions du Sud où le dialecte du Nord n’est pas assez présent, le Comité central de travail sur la généralisation du putonghua, la Commission nationale de la réforme de l’écriture et le ministère de Commerce ont organisé en octobre 1965 à Shanghai un séminaire des échanges d’expériences de la diffusion du putonghua dans les villes des régions « dialectales » où la migration démographique est devenue de plus en plus importante.

1.2.4 D’autres travaux linguistiques

28 Ibid., p. 310.

29 Ibid.

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1.2.4.1 La presse

Outre la télévision et la radio au service de la diffusion du putonghua et du pinyin, la presse n’a pas pourtant été en reste.

La maison d’édition Wenzi Gaige relevant directement de la Commission nationale de la réforme de l’écriture a été fondée en juin 1956. Ses activités principales étaient la publication des livres et des documents au sujet de la politique linguistique nationale, de la simplification et normalisation de caractères chinois, de la généralisation du putonghua, de la diffusion du pinyin et des ouvrages de théorie, de référence en la matière. De sa fondation jusqu’à 1961, elle a publié 361 livres et documents avec un tirage annuel de l’ordre de dix millions. Parmi eux sont figurés ceux dont on a parlé supra : Les tâches actuelles de la réforme de la langue de Zhou Enlai, Le projet de simplification des caractères chinois, le projet préliminaire du pinyin, La liste générale de trois groupes de mots polyphones du putonghua, La liste intégrale des caractères chinois.30

La Commission nationale de la réforme de l’écriture a créé le périodique mensuel Le Pinyin dont le premier numéro date du 15 août 1956. Bien avant la naissance du projet du pinyin, Le Pinyin a servi en quelque sorte d’une boîte à idées pour tous ceux qui s’intéressent aux travaux du pinyin. Ce mensuel a dû changer de nom au fur et à mesure que l’aménagement linguistique couvrant écriture, le pinyin et le putonghua s’est développé bien rapidement. Le Pinyin ne saura se contenter d’aborder uniquement le projet du pinyin sans prendre en considération d’autres préoccupations. Lors du premier anniversaire du Le Pinyin, ce mensuel s’est vu baptisé du nom de Wenzi Gaige (La réforme de l’écriture), qui a désormais abordé tous les enjeux de la politique du chinois.

Sous l’influence du Grand Bond en avant, le périodique est devenu un bimensuel à partir

30 La liste intégrale des caractères chinois simplifiés a été imprimée en 1964, l’année où l’activité d’impression et de publication d’Édition avait été confiée à la maison d’édition The Commercial Press en 1961 en raison de la conjoncture économique.

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d’août 1958 jusqu’en novembre 1960 où le mensuel a été de retour.

C’était également à la Commission nationale de la réforme de l’écriture de fonder le 2 octobre 1958 en collaboration avec le Département de journalisme de l’Université Renmin de Chine le journal hebdomadaire Hanyu pinyin bao (Journal du pinyin) se donnant pour objectif d’aider les grandes masses ouvrières et paysannes à apprendre le pinyin et de faire paraître des livres transcrits en pinyin. Cet hebdomadaire a cessé de paraître en juillet 1962 et réapparaîtra en 1977.

Il est également à noter que, dans tous les livres et publications, les caractères étaient presque tous disposés dès l’origine verticalement en colonnes rangées de droite à gauche, depuis le Nouvel an de 1956, le Quotidien du peuple a procédé à la disposition horizontale de gauche à droite. Le passage à une horizontalité dominante a tendu désormais à se généraliser dans la plupart des publications à tel point que depuis 1967 les caractères disposés en colonnes n’étaient plus attestés que dans les rééditions d’ouvrages anciens.