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En quête d’une meilleure politique linguistique du chinois : - analyse comparative entre le cas de la Chine et de la France

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

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Submitted on 1 Mar 2018

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En quête d’une meilleure politique linguistique du chinois : - analyse comparative entre le cas de la Chine

et de la France

Xiaoyan Ma

To cite this version:

Xiaoyan Ma. En quête d’une meilleure politique linguistique du chinois : - analyse comparative entre le cas de la Chine et de la France. Linguistique. Université Sorbonne Paris Cité; Université des études internationales de Shanghai, 2017. Français. �NNT : 2017USPCA091�. �tel-01720433�

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博士学位论文姓

论文题目 中法语言政策比较研究视角 对中国优 语言 政策的研究

专业 法语语言文学姓 研究方向 法国文

姓姓姓姓 马小彦姓姓姓

论文指导老师

M. Loïc DEPECKER

肖云 姓 教授姓

答辩评

M. Loïc DEPECKER,

教授

,

巴黎

M. Joël BELLASSEN

, 教授

,

法国国立东方语言文 学院 姓 禇孝泉,姓 姓 姓 姓 姓 教授,复旦大学

姓 钱 鑫,姓 姓 姓 姓 姓 教授, 海外国语大学

(3)

COMUE Sorbonne Paris Cité

Université Sorbonne Nouvelle Paris 3

ED 268 Langage et langues : description, théorisation, transmission

Langues étrangères appliquées

MA Xiaoyan

En quête d’une meilleure politique linguistique du chinois - Analyse comparative entre le cas de la Chine et de la France

Sous la direction de

MM. Loïc Depecker et XIAO Yunshang

Jury

Monsieur Loïc DEPECKER, professeur de l’Université Sorbonne Nouvelle Monsieur Joël BELLASSEN, professeur de l’Institut national des Langues et

Civilisations orientales

Monsieur CHU Xiaoquan, professeur de l’Université Fudan

Monsieur QIAN Peixin, professeur de l’Université des Études internationales de Shanghai

(4)

学位论文原创性声明姓

本人郑 声明 本学位论文是在导师的指导 ,本人独立进行研究 取得的 果 除文中 标注和致谢的部分外,本论文 包含任何 其他个人或集体 经发表或撰写过的作品和 果, 包含本人 获得 任何教育机构的学位或学历而使用过的材料 对本文研究做出贡献的个 人或集体,均 在文中 明确方式说明 本人对所写的内容负责,并完 全意识到本声明法律结果由本人

学位论文作者签 姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓 日期 姓姓姓姓姓姓姓姓 姓姓姓姓姓姓姓 姓姓姓姓姓姓姓日姓

学位论文使用授权声明姓

本人完全了解学校 关保留 使用学位论文的规定, 意 海外国 语大学保留并向 关部门或机构送交论文的书面版和电子版,允许论文 被查阅和借阅 本人授权 海外国语大学将本论文的全部或部分内容网 公开或编入 关数据 进行检索, 采用影印 缩印或扫 等方式 和汇编本论文 对于保密论文,按保密的 关规定和程序处理 学位论文作者签 姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓签 日期 姓姓 姓姓姓 姓姓姓日姓 导姓姓姓师姓姓签姓姓姓 姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓姓签 日期 姓姓 姓姓姓 姓姓姓日姓

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Remerciements

Toute ma gratitude sera exprimée à mes directeurs de thèse, MM. XIAO Yunshang et Loïc DEPECKER, sans leur direction et conseils précieux, ce travail ne s’achèverait pas.

Monsieur XIAO m’avait amené dans l’univers de la « politique linguistique du français » dans lequel mon sujet de thèse a été finalement choisi. Loïc Depecker, délégué général de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, est devenu en 2011 mon co-directeur de thèse, qui m’avait initié à l’univers terminologique à travers son cours de terminologie et des réunions organisées au sein des commissions ministérielles de terminologie et de néologie, m’a offert des documents précieux et m’a donné bien des conseils sur mes travaux qui me sont chers.

Je voudrais également dire merci à mes collègues du Centre national de recherches sur les stratégies de langues étrangères, ce qui me permet d’élargir la vision de recherches et de prendre connaissance de cette discipline émergente qu’est la politique linguistique.

A travers des conférences et des échanges avec eux, j’ai aperçu l’importance des affaires linguistiques que l’autorité chinoise y accorde tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Je tiens à remercier, bien entendu, mon entourage qui m’a encouragé au cours de la rédaction de la thèse.

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Abstract

This study analyses respectively the Chinese and the French language policies adopted by the People’s Republic of China and France. As China intends to modernize and to promote Chinese throughout the country and abroad, we will use the comparative study to figure out if France could serve as an example in terms of language policy and language planning. The simplification of the Chinese characters, the romanization of the transcription of the Chinese characters and the promotion of the putonghua were considered as the major issues of the language affairs. With the opening and reform policy, the Chinese language is influenced by the foreign languages, especially English.

Meanwhile, the authority try to promote the Chinese language over the world and reinforce its soft power, especially after the action plan the Belt and the Road Initiative was put forward.

The French government does not regulate the choice of language in publications by individuals, but the use of French is required by law in commercial and work place communications. In addition to mandating the use of French in the territory of the Republic, the French government tries to promote French in the European Union and globally through institutions such as la Francophonie. We will adopt the diachronic method to demonstrate how the French government regulates its French language affairs both in language status and language corpus (language itself) and the evolution of the ideology of the language policy makers. By comparing the language affairs of the two countries in language status and corpus, the measures taken by France as the legal mechanism, the cooperation initiatives, the language promotion are of benefit to China, who shall also learn the lessons taken by France. As for the language system, the language policy and planning should take account of the specialty of the language to carry out appropriate measures favoring the use of the Chinese language.

Key words : Language policy, language planning, the language promotion, language status, language corpus

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Résumé

Cette recherche analyse respectivement les politiques linguistiques de la langue chinoise et française menées sous la République populaire de Chine et la Ve République française. En adoptant une approche comparative, nous essayons de voir si les expériences vécues par la France pourront servir de modèle à la Chine qui, en matière de travaux de l’aménagement linguistique de la langue chinoise, cherche à la moderniser et diffuser à l’ère d’information tant au niveau national qu’à l’échelle internationale. La simplification des caractères chinois, la romanisation de transcription des caractères chinois et la généralisation du putonghua constituent les trois préoccupations majeures des affaires linguistiques de la Chine. À cela s’ajoute que la multiplication des échanges internationaux fait en sorte que la promotion de la langue chinoise sur la scène internationale figure dans l’ordre du jour. D’autant que l’initiative stratégique les nouvelles Routes de soie terrestre et maritime demande davantage la diffusion de la langue chinoise le long de ces régions et une construction du Vivre ensemble des langues dans cette configuration multilingue.

En partant du constat que, en France existe une société multilingue riche en culture et que ce pays d’influence internationale, face à la puissance de la langue anglaise, veut renforcer la vitalité et l’influence de la langue française, la présente étude examine les travaux linguistiques menés sous la Ve République française. Que ce soit sur le statut ou le corpus de la langue, nous notons que les mesures d’interventions de la France dont les suivis de contrôles, la démarche coopérative et participative en terminologie et néologie, la promotion de la langue française appuyée sur le réseau francophone seront profitables à la Chine. Mais en Chine, un pays tellement étendu, la mise en place d’une politique linguistique sera plus scrupuleuse en tenant compte de la disparité régionale et la différence entre le corpus des deux langues exige alors un aménagement spécifique.

Mots clés : Politique linguistique, aménagement linguistique, promotion de la langue, statut de la langue, corpus de la langue

(8)

SOMMAIRE

REMERCIEMENTS ... 4

ABSTRACT ... 5

RESUME ... 6

INTRODUCTION ... 12

PREMIERE PARTIE LES POLITIQUES LINGUISTIQUES MENEES EN CHINE DEPUIS 1949 24 CHAPITRE 1 LES POLITIQUES LINGUISTIQUES DU MANDARIN STANDARD DE 1949 À 1965 ... 24

1.1 Le début des travaux linguistiques de 1949 à 1955 ... 24

1.1.1 La mise en place des institutions ... 24

1.1.1.1 L’Association nationale de la réforme de la langue ... 25

1.1.1.2 La Commission nationale de l’étude sur la réforme de la langue ... 26

1.1.2 Les travaux préparatoires à l’aménagement linguistique ... 27

1.1.2.1 Les travaux menés au sein des institutions ... 28

1.1.2.2 Les travaux menés en conférences ... 29

1.2 La forte progression de l’aménagement linguistique : de 1956 à 1965 ... 32

1.2.1 La normalisation et la simplification des caractères chinois ... 33

1.2.1.1 La simplification des caractères chinois ... 33

1.2.1.2 La normalisation des caractères chinois ... 36

1.2.1.2.1 L’aménagement des variantes des caractères ... 36

1.2.1.2.2 La liste des caractères d’usage commun et la fonte de caractères ... 36

1.2.1.2.3 La modification des toponymes insolites ... 37

1.2.1.2.4 La modification des méthodes de l’index des caractères ... 38

1.2.2 L’établissement du projet de pinyin et sa mise en œuvre ... 39

1.2.2.1 L’établissement du projet du pinyin ... 40

1.2.2.1.1 La naissance du projet du pinyin ... 40

1.2.2.1.2 Quelques caractéristiques du projet du pinyin ... 41

1.2.2.2 La mise en œuvre du projet du pinyin ... 42

1.2.2.2.1 Dans l’enseignement ... 42

1.2.2.2.2 D’autres applications ... 43

1.2.3 La généralisation du putonghua ... 45

1.2.3.1 La création d’un organisme pour la généralisation du putonghua ... 45

1.2.3.2 La révision de la prononciation du putonghua ... 46

1.2.3.3 La diffusion du putonghua ... 47

1.2.3.3.1 Les classes de formation du putonghua ... 47

1.2.3.3.2 Les démonstrations des résultats de l’enseignement du putonghua ... 47

1.2.3.3.3 L’enseignement scolaire et public du putonghua ... 48

1.2.4 D’autres travaux linguistiques ... 49

1.2.4.1 La presse ... 50

1.2.4.2 Les travaux dictionnairiques ... 51

1.2.4.3 Les travaux terminologiques ... 52 CHAPITRE 2 LE RETABLISSEMENT DES POLITIQUES LINGUISTIQUES DU MANDARIN STANDARD DE

(9)

1977 À 1985 ... 55

2.1 Le remaniement et le renforcement de l’institution ... 55

2.2 La reprise de la simplification et de la normalisation des caractères chinois ... 56

2.2.1 Le deuxième projet préliminaire de simplification des caractères ... 56

2.2.2 La normalisation des caractères chinois ... 57

2.3 Le perfectionnement et la diffusion du projet du pinyin ... 59

2.3.1 Le pinyin : le système international de romanisation du chinois ... 59

2.3.2 Des travaux de standardisation du pinyin ... 61

2.3.2.1 Les règles de la prononciation et d’écriture du pinyin ... 61

2.3.2.2 L’enseignement du pinyin ... 62

2.4 Les efforts pour la généralisation du putonghua ... 64

2.4.1 Le renouvellement des instances et la généralisation inscrite dans la constitution ... 64

2.4.2 La reprise des travaux de la généralisation du putonghua ... 65

2.5 L’aménagement linguistique dans un nouveau domaine : traitement informatique ... 67

2.5.1 Le codage informatique des caractères chinois ... 68

2.5.2 D’autres applications à l’informatique ... 69

2.6 Les travaux repris dans la terminologie ... 70

CHAPITRE 3 LES POLITIQUES LINGUISTIQUES A LERE NOUVELLE ... 73

3.1 Le renouvellement des institutions et la Conférence nationale des travaux de la langue et de l’écriture ... 73

3.1.1 Le renouvellement des institutions ... 73

3.1.2 La Conférence nationale des travaux de la langue et de l’écriture ... 75

3.2 Les travaux législatifs et réglementaires ... 76

3.2.1 De principaux règlements ... 77

3.2.1.1 La note sur l’abolition du deuxième projet préliminaire de simplification des caractères et la correction de la confusion d’emploi des caractères dans la société ... 77

3.2.1.2 Le règlement concernant la gestion des toponymes ... 78

3.2.1.3 Le règlement concernant les travaux d’alphabétisation ... 78

3.2.1.4 Les règlements dans les activités professionnelles ... 79

3.2.1.4.1 Quelques règlements sur l’emploi de la langue et de l’écriture dans l’audiovisuel et la cinématographie ... 79

3.2.1.4.2 Quelques règlements sur l’emploi des caractères et du pinyin de l’enseigne de l’entreprise et du magasin, de l’emballages des produits commercialisés et de la publicité ... 80

3.2.1.4.3 Les règlements sur l’emploi des caractères de la publication ... 81

3.2.2 La Loi sur la langue et l’écriture communes nationales ... 82

3.2.2.1 Quelques caractéristiques de la Loi sur la langue et l’écriture communes nationales ... 83

3.2.2.2 La portée de la Loi sur la langue et l’écriture communes nationales ... 85

3.3 Les principaux travaux linguistiques menés depuis 1985 ... 88

3.3.1 Sur la normalisation des caractères chinois ... 88

3.3.2 Sur le projet du pinyin ... 89

3.3.2.1 Les Règles générales d’orthographe du pinyin ... 89

3.3.2.2 D’autres résultats ... 90

3.3.3 Sur la généralisation du putonghua ... 90

3.3.4 Sur le traitement informatique de la langue et de l’écriture chinoises ... 92

3.4 Les travaux terminologiques ... 93

3.5 La diffusion de la langue chinoise à travers le monde ... 94

(10)

DEUXIEME PARTIE LA POLITIQUE LINGUISTIQUE DU FRANÇAIS MENEE SOUS LA VE

REPUBLIQUE ... 101

CHAPITRE 4 LE RAPPEL HISTORIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE ET DE PRINCIPAUX JALONS DE LA LEGISLATION EN LA MATIERE EN FRANCE AVANT LA VEREPUBLIQUE ... 101

4.1 La brève histoire de la langue française ... 102

4.1.1 La naissance de la langue française ... 102

4.1.2 L’affirmation de la langue française ... 104

4.1.3 La langue française de l’âge classique au siècle des Lumières ... 107

4.1.4 La langue française de la Révolution au XIXe siècle ... 109

4.1.5 La langue française à l’entrée du XXe siècle ... 113

4.2 De principaux jalons de la législation sur le français en France avant la Ve République ... 117

4.2.1 L’Ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539 ... 117

4.2.2 Des législations sous la Révolution ... 118

CHAPITRE 5 LA POLITIQUE LINGUISTIQUE MENEE SOUS LA VEREPUBLIQUE ... 122

5.1 Les politiques linguistiques du français entre 1960 et 1980 ... 122

5.1.1 Les fondements de la mise en place de la politique de la langue française de 1960 à 1980 ... 122

5.1.2 Les politiques de la langue française menées entre 1960 et 1980 ... 126

5.1.2.1 La mise en place du Haut Comité pour la défense et l’expansion de la langue française ... 126

5.1.2.2 La modernisation de la langue française ... 127

5.1.2.3 La préoccupation face aux usagers du français, notamment aux consommateurs ... 130

5.1.2.4 Des actions entreprises aux fins de diffusion de la langue française et de promotion de la diversité linguistique à travers le monde ... 133

5.2 De nouveaux engagements dans la politique de la langue française dans les années 1980 .... 137

5.2.1 Le nouveau cadre historique et les défis ... 137

5.2.2 La réorganisation des structures administratives compétentes de l’État en matière de la langue française ... 141

5.2.3 Quelques champs d’actions linguistiques ... 144

5.2.3.1 Les politiques concernant éducation, audiovisuel et rayonnement international ... 144

5.2.3.2 L’aménagement du corpus de la langue française ... 147

5.3 Les politiques menées des années 1990 au début du XXIe siècle ... 153

5.3.1 Le renforcement du cadre législatif : d’une révision constitutionnelle à la loi Toubon ... 153

5.3.2 Le renouvellement des instances gouvernementales ... 160

5.3.3 La politique sur la maîtrise du français et sur l’enseignement en faveur du plurilinguisme ... 165

5.3.3.1 La maîtrise du français dans l’enseignement ... 165

5.3.3.2 L’apprentissage du français pour la lutte contre l’illettrisme et pour l’intégration ... 168

5.3.3.3 L’apprentissage des langues vivantes étrangères dans l’enseignement scolaire ... 170

5.3.4 L’Académie française : une institution séculaire d’État sur la langue française ... 174

5.3.5 L’aménagement de la langue française ... 175

5.3.5.1 Les rectifications de l’orthographe en 1990 ... 175

5.3.5.2 La féminisation des noms de métiers, fonctions, grades et titres ... 181

5.3.5.3 Les travaux menés en terminologie et en néologie ... 187

5.3.6 Le rayonnement du français sur la scène internationale ... 191

5.3.6.1 Les faiblesses de l’emploi du français au sein des organisations internationales ... 191

5.3.6.2 L’encouragement à la pratique du français dans les organisations internationales, appuyé sur les acteurs francophones ... 194

TROISIEME PARTIE QUELS PROFITS LA CHINE PEUT-ELLE EN TIRER ? ... 205

(11)

CHAPITRE 6 UNE COMPARAISON SUCCINCTE ENTRE LE CAS DU FRANÇAIS ET CELUI DU MANDARIN . 205

6.1 L’aménagement extrinsèque ... 205

6.1.1 La conjoncture ... 205

6.1.1.1 Celle de la France ... 205

6.1.1.2 Celle de la Chine ... 206

6.1.2 Le statut ... 207

6.1.2.1 Le statut du français en France ... 207

6.1.2.2 Le statut du chinois en Chine ... 208

6.1.3 Les organismes ... 209

6.1.3.1 Les organismes français ... 209

6.1.3.2 Les organismes chinois ... 210

6.2 L’aménagement intrinsèque ... 212

6.2.1 Le corpus du français ... 212

6.2.2 Le corpus du chinois ... 213

6.3 La circulation ... 215

6.3.1 La circulation du français ... 215

6.3.2 La circulation du chinois ... 215

CHAPITRE 7 LES EXPERIENCES FRANÇAISES DU STATUT DE LA LANGUE ... 219

7.1 La sphère d’influence du statut constitutionnel du français ... 219

7.1.1 L’engagement de la loi Toubon ... 219

7.1.1.1 La consommation ... 221

7.1.1.2 Le monde du travail ... 221

7.1.2 L’enseignement supérieur et la recherche en français ... 223

7.2 Le statut du français dans l’enseignement obligatoire ... 226

7.2.1 La maîtrise du français ... 226

7.2.2 La pluralité linguistique ... 227

7.2.2.1 L’enseignement des langues de France ... 228

7.2.2.2 L’enseignement des langues vivantes étrangères ... 230

7.3 Les actions en faveur de la formation du français hors du système éducatif ... 232

7.3.1 Pour la lutte contre l’illettrisme ... 232

7.3.2 Pour la formation professionnelle ... 233

7.3.3 Pour l’intégration ... 234

7.4 Quel profit à en tirer sur l’aménagement du statut de la langue pour la Chine ? ... 236

7.4.1 Sur l’influence des mesures juridiques ... 236

7.4.2 Sur la maîtrise de la langue ... 238

CHAPITRE 8 LES EXPERIENCES FRANÇAISES DU CORPUS DE LA LANGUE ... 244

8.1 La normalisation de la langue ... 244

8.2 La modernisation et l’enrichissement de la langue ... 247

8.2.1 Les travaux menés dans les commissions de terminologie et de néologie ... 247

8.2.2 Les travaux menés avec les partenaires et sur la toile ... 252

CHAPITRE 9 LES EXPERIENCES FRANÇAISES DE LA PROMOTION DE LA LANGUE SUR LA SCENE INTERNATIONALE ... 257

9.1 Les actions de la France ... 258

9.1.1 L’usage du français des agents de l’État sur la scène internationale ... 258

9.1.2 Un plan d’action pour la Francophonie dès 2013 ... 259

9.1.3 La promotion du français ancrée dans l’enseignement à l’étranger ... 260

(12)

9.1.4 L’accent mis sur le poids économique de la langue française ... 262

9.1.5 Les travaux de la normalisation de l’Association française de normalisation (AFNOR) ... 263

9.2 Les actions engagées appuyées sur les réseaux francophones ... 264

9.2.1 Les actions de l’OIF ... 264

9.2.1.1 Le Sommet de la Francophonie ... 264

9.2.1.2 Les actions des opérateurs de l’OIF ... 265

9.2.1.3 Les programmes sur la langue française de l’OIF ... 267

9.2.1.4 Les événements ... 269

9.2.1.5 L’usage du français dans les grands rendez-vous sportifs ... 270

9.2.2 Les actions dans les réseaux diversifiés francophones... 272

9.2.2.1 Un réseau structuré : OPALE ... 272

9.2.2.2 Les Groupes d’Ambassadeurs francophones ... 273

9.3 La présence de l’emploi du français dans les organisations internationales ... 274

9.3.1 Les actions dans l’Union européenne ... 275

9.3.2 Les actions dans l’O.N.U. ... 277

9.4 Quel profit à en tirer sur la promotion de la langue pour la Chine ? ... 280

CONCLUSION ... 286

BIBLIOGRAPHIE ... 292

ANNEXE ... 307

ANNEXE I ... 307

ANNEXE II ... 316

ANNEXE III ... 319

TABLE DES MATIERES ... 320

(13)

12

Introduction

La détermination du champ d’étude

Le présent travail a, comme ce qu’annonce son titre, pour objet d’étude le mandarin standard, faisant partie de la langue chinoise qui compte bien des parlers.

D’ailleurs, ce qui nous intéresse en particulier, c’est la défense et la promotion de cette langue dont les pouvoirs publics de la Chine prennent conscience de l’importance et auxquelles ils procèdent progressivement. Enfin, nous nous demandons si le cas de la France d’aujourd’hui nous sert de modèle en la matière.

Nous voudrons d’abord retracer succinctement l’histoire de la langue chinoise et lever l’ambiguïté du chinois.

Étant la langue la plus parlée au monde, en appuyant sur les Instituts Confucius créés depuis 2004 et répartis désormais sur les cinq continents, la langue chinoise a vu se multiplier ses apprenants, l’enthousiasme pour l’apprentissage de la langue chinoise est déchaîné. Sur la scène internationale, il semble que l’État s’efforce de favoriser la diffusion de la langue chinoise et que les résultats soient satisfaisants et encourageants.

Mais avant d’aborder le sujet de la présente étude, nous voulons en premier lieu retracer laconiquement son histoire et clarifier quelques dénominations données à cette langue.

Le cadre historique de la langue chinoise

Quand la langue chinoise est-elle née ? La ou les langues que l’on employait sur ce vaste territoire existai(en)t fort longtemps, l’un des plus crédibles actes de naissance sera l’écriture transcrivant cette(ces) langue(s). En ce qui concerne l’origine de

(14)

13

l’écriture chinoise, les récits ne manquent pas : on raconte qu’un souverain mythique Fuxi aurait inventé l’écriture en mettant en place un système de notation pour la divination. Ce système date pourtant du début de la Dynastie des Zhou, XIe siècle avant notre ère, 200 ans après les inscriptions sur les carapaces de tortues et les os de bovidés, dites les jiaguwen. Un autre récit raconte qu’un personnage, Cang Jie, qui aurait été l’historiographe de l’Empereur Jaune (27e – 26e siècle avant J.-C), a inventé l’écriture en observant les traces laissées par les animaux. À ce personnage sont rendus des cultes dans les provinces du Shaanxi, du Shandong et du Henan. Ce récit nous permet de percevoir une illustration de l’intelligence humaine, un témoignage du rôle de la nature dans la construction de l’écriture chinoise.

Or, les jiaguwen sont les preuves les plus anciennes de l’écriture chinoise que l’on connaît jusqu’à ce jour. Elles ont été découvertes en 1899 par l’épigraphiste Wang Yirong. Les Chinois les appelaient « os de dragon » et les vendaient pour un usage médicinal. Ce sont les inscriptions gravées sur des carapaces de tortues et des os de bovidés dont la plupart sont des oracles. Grâce à l’implication des lettrés dans l’étude des jiaguwen, on a pu repérer le gisement aux environs de la ville de Anyang, au lieu-dit Yinxu (les ruines de Yin) de la Dynastie des Shang et on y a découvert des dizaines de milliers d’inscriptions sur os et écaille. S’il nous est possible d’interpréter de nos jours une partie des contenus, c’est que la langue qu’elles transcrivaient est proche de celle des premiers classiques dont Shijing (Classique des vers) et que la grammaire des jiaguwen est aussi proche de celle attestée dans les premiers classiques : la construction des caractères est de taille sensiblement égale, rangée en colonnes et accessoirement en lignes ; l’ordre dominant est sujet+verbe+objet. À cela s’ajoutent des pictogrammes dont les formes sont relativement faciles à lire pour les Chinois contemporains. Bien qu’il y en ait qui repoussent la naissance de l’écriture chinoise à un passé antérieur aux Shang en argumentant que cette écriture bien élaborée ne constitue pas un début tout primitif mais

(15)

14

un aboutissement, toujours est-il possible d’avoir des trouvailles en la matière, les preuves les plus anciennes que l’on dispose aujourd’hui que sont les jiaguwen datent du XIIIe siècle av. J.-C.

Après les jiaguwen, il y avait des inscriptions sur bronze sous la Dynastie des Zhou occidentaux, des textes écrits sur les lamelles de bambou avant l’invention du papier au IIIe siècle av. J.-C., le support d’écriture le plus usuel depuis. À ces supports d’écriture se joint l’évolution de différents styles d’écriture tels que dazhuan (grande sigillaire) à dater des Zhou occidentaux, xiaozhuan (petite sigillaire) après la grande normalisation d’écriture menée sous les Qin, lishu (écriture des scribes), développé sous les Han, kaishu (écriture régulière), xingshu (écriture courante) et caoshu (écriture cursive). Divers supports modifient la gravure et l’inscription de l’écriture chinoise et différents styles constituent la richesse de la forme de l’écriture chinoise et voire un art d’expression. Diverses formes mises à part, l’écrit chinois a également des styles différents dans l’histoire : wenyanwen (chinois littéraire) ou bien guwen (ancienne écriture, chinois classique) au sens large des termes désignent la langue chinoise écrite couramment utilisée sous la Dynastie des Zhou jusqu’au mouvement du 4 mai en 1919 au bout duquel baihuawen (écrit vernaculaire) a gagné du terrain sur celui-là.

En ce qui concerne l’oral, vu l’étendue importante et la diversité ethnique de la Chine d’aujourd’hui, les dialectes étaient légion à tel point que, à l’époque des Printemps et Automnes et celle des Royaumes combattants (VIIIe siècle av. J.-C. – 221 av. J.-C.), d’importants écarts entre les parlers des royaumes avaient été observés.1 À cette période où les conflits et les guerres persistaient et les penseurs intellectuels voyageaient d’un royaume à l’autre afin d’expliquer leur pensée, leur doctrine, comment pouvaient-ils le faire en parlant sa langue maternelle ? Il faudrait alors une langue intelligible à tous les

1 Le classique Mengzi raconte : un officier du Royaume Chu a fait venir un homme d’origine du Royaume Qi pour apprendre à son fils le parler de Qi. Or, le fait que l’entourage du fils emploie le parler Chu fait obstacle à son apprentissage a décidé cet officier à envoyer son fils au Royaume Qi. Au bout de quelques années, son fils y est arrivé ; à ce moment-là, le père voulait qu’il apprenne le parler de Chu, en vain.

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royaumes : yayan (langue convenue) dans laquelle se communiquaient les princes, les officiers et les gens cultivés de différents royaumes. À noter que, à la différence du cas de mandarin standard qui s’emploie sur le vaste territoire chinois, le yayan ne servait de langue commune qu’à la haute société et à l’intelligentsia. De surcroît, on n’a pas d’attestation de normes bien élaborées et précises au sujet de prononciation, vocabulaire et grammaire du yayan. Après l’unification et la stabilisation qu’ont accomplies les Dynasties des Qin et des Han, la Chine a connu quatre siècles de division durant lesquels neuf dynasties ont été fondées successivement au Nord et au Sud, sous lesquelles chaque pouvoir imposait comme langue standard le parler de la capitale2. Jusqu’à la Dynastie des Sui ont été rétablis l’ordre et l’unification, ont été compilés successivement les ouvrages phonologiques tels que Qieyun (littéralement couper les rimes, épeler les rimes), Tangyun (phonologie des Tang), guangyun (phonologie sous les Song) et Zhongyuan yinyun (phonologie de la Plaine centrale des Yuan) ayant pour but d’enregistrer la prononciation des mots et de la rectifier. Ce que l’on essayait de rectifier, c’était la prononciation de la langue commune parlée sous une certaine dynastie par la classe dirigeante et les cultivés.

À partir des Yuan, Beijing est devenue la capitale, centre politique et culturel, le parler vernaculaire de Beijing s’est imposé peu à peu comme langue commune, qui est proche du parler de Beijing d’aujourd’hui constituant lui-même une base du le putonghua (langue commune, mandarin standard). Sous les Ming et les Qing, la langue commune était appelée guanhua (langue des mandarins), très usitée entre les officiers jusqu’à la fin des Qing depuis laquelle on s’est lancés dans le mouvement dit guoyu (langue nationale) dont l’une des tâches consistait à normaliser la langue commune de l’ethnie Han sur le plan phonétique, lexique et grammatical. Mais après la fondation de la République populaire de Chine, l’autorité appelle la langue commune le putonghua (langue commune, mandarin standard) et lui donne une définition précise qui lui faisait défaut auparavant

2 Luoyang était plus souvent la capitale au Nord, quant au Sud, Nanjing.

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malgré que cette appellation ait vu le jour au début du XXe siècle.3

Plus de dénominations, plus de significations

En retraçant succinctement l’histoire de la langue chinoise, nous constatons alors que la langue chinoise commune partagée à un moment donné par une certaine couche sociale a connu plusieurs appellations ainsi que des changements de fond (le parler vernaculaire de référence est en général fonction du changement de capitale). De plus, sur un territoire aussi étendu que la Chine, coexistent à l’évidence des langues de différentes ethnies et bien des dialectes, quand aujourd’hui nous parlons du chinois, quel chinois impliquons-nous précisément ? L’ambiguïté doit alors être levée.

L’un des pédagogues pionniers Jiang Qian a proposé en 1909 de nommer la langue commune guoyu à la place de guanhua, ce qui a été approuvé par le gouvernement des Qing. Trois ans plus tard, la réunion provisoire sur l’éducation, tenue par le gouvernement de la République de Chine, a définitivement adopté cette dénomination4, employée officiellement jusqu’à la fondation de la République populaire de Chine.

Aujourd’hui, sur la Chine continentale, la langue commune est nommée le putonghua (mandarin standard) à la place de guoyu dont Taïwan utilise toujours la désignation pour la langue commune.

Quant au putonghua, cette nomination coexistait avec guoyu au début de la fondation de la République populaire de Chine jusqu’au mois de février 1956 où le Conseil des affaires d’État a rendu la directive sur la promotion du putonghua. Celui-ci a désormais supplanté, en ce qui concerne la langue orale, officiellement guoyu comme nomination de la langue commune.

3 WU Rulun, pédagogue de fin des Qing, lors de son étude au Japon en 1902, a parlé du putonghua avec des chercheurs japonais.

4 http://www.china-language.gov.cn/63/2008_3_10/1_63_3387_0_1205124588468.html, consulté le 22 décembre 2012.

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Il y aussi hanyu, huayu, zhongwen employés dans la vie au quotidien. Hanyu (langue des Han), pouvant recouvrir l’ensemble des parlers des Han, le putonghua en fait partie et sert de forme standard. À noter que, pour la promotion de la langue commune, c’est la nomination du putonghua qui est utilisée à l’intérieur, et celle de hanyu pour sa promotion sur la scène internationale, dans ce cas-là, ce hanyu implique stricto sensu le mandarin standard. S’agissant de huayu (langue chinoise), la diaspora chinoise l’utilise en principe pour désigner le putonghua en opposant celui-là aux dialectes dont cantonais, kejia, langue min qu’elle utilise. Huayu est aussi l’une des langues officielles de Singapour. Pour zhongwen (écrit du milieu, chinois), ceci renvoie en premier lieu à l’écriture chinoise alors que dans la vie quotidienne, sa signification se voit élargie, englobant l’écriture et l’oral chinois, comme ce que l’on entend souvent dire shuozhongwen (parler zhongwen), xiezhongwen (écrire zhongwen).

Bref, on a, pour la langue en question, tant de nominations dont les connotations sont différentes que celles-ci sont susceptibles de provoquer des quiproquos dans les échanges académiques ou culturels. Il faudra donc délimiter le sujet du présent travail. L’un des enjeux et des soucis qui préoccupent la Chine en matière linguistique consistent dans le fait de normaliser l’écriture et de promouvoir la langue commune à dessein de mieux les mettre au service de la communication, du développement économique, culturel et sociétal. Employer le putonghua tendrait à privilégier l’oral tandis que zhongwen renvoie plutôt vers l’écrit et que hanyu risque de se donner une attitude chauvine en faisant saillir l’ethnie des Han, sans parler de huayu, usité dans d’autres pays que la Chine. Soucieux de trouver une formule heureuse tenant en compte l’oral et l’écrit ainsi que le côté officiel, nous voudrions avoir recours à celle de

« mandarin standard » dans laquelle mandarin peut impliquer le chinois savant que les mandarins savaient écrire et parler et standard représente un aspect de norme, de ce qui est reconnu à grande échelle. Pouvant impliquer ces aspects qui sont essentiels à nos yeux,

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nous y portons nos choix.

La politique linguistique : quelques jalons

En ce qui concerne la défense et la promotion du mandarin standard, une cause encadrée dans un monde en pleine mutation où la question des langues tenant à celle de l’identité, de la culture influence aussi l’économie et la politique et irait jusqu’à aggraver le conflit social et à aboutir à la scission d’un État, nous pensons souvent à l’intervention des politiques qui mettent en œuvre la politique linguistique.

Qu’est-ce que c’est la politique linguistique ? Simple en apparence en terme terminologique : la politique relative à une ou des langues. Or, le concept ne l’est pas plus que l’on ne le croit. La politique linguistique existe depuis fort longtemps, n’importe quel groupe peut élaborer une politique linguistique précise telle que celle d’une famille, d’une association. Cela dit, la sphère dans la quelle elle se voit la plus traitée concerne l’intervention sur la ou les langue(s) dans le cadre de l’État. Cette démarche fait également l’objet de recherches sociolinguistiques développées à compter de la fin des années 1950, ayant alors pour sujet « language planning », terme avancé pour la première fois en 1959 par le linguiste américain d’origine norvégienne, Einar Haugen, pour qui la planification est considérée comme étant une intervention méthodique pour améliorer les langues et en contrôler l’évolution5.

Si les études dans ce domaine étaient considérées par bien des linguistes américains comme difficiles à réaliser et même dures d’intervenir dans l’évolution naturelle des langues, Robert A. Hall, par exemple, a publié en 1950 un ouvrage intitulé Leave your Language Alone, de nombreuses études en la matière ont été réalisées par les chercheurs dont Einar Haugen, Valter Tauli, Joshua Fishman. Le linguiste allemand Heinz

5 CHANSOU Michel, Aménagement lexical en France pendant période contemporaine, Honoré Champion, Paris, 2003, p. 17.

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Kloss a ensuite en 1969 proposé la dichotomie corpus-statut de « language planning », le premier portant sur le plan interne des langues (système d’écriture, orthographe, grammaire, terminologie, etc.) et le deuxième sur le plan externe (type de statut, usage de la ou des langue(s), apprentissage de la ou des langue(s) dans l’enseignement, emploi dans l’audiovisuel, etc.).

Dans le monde francophone, en France et au Québec en particulier, des recherches et des théories ont été également développées. Jean-Claude Corbeil, ancien directeur linguistique de l’Office de la langue française du Québec, a mentionné en 1973 dans son article intitulé « Élément d’une théorie de l’aménagement linguistique » la

« constitution d’une nouvelle discipline scientifique pluridisciplinaire : l’aménagement linguistique, dont l’objet serait le développement harmonieux d’une langue au sein d’une culture »6. Cet aménagement linguistique constitue une formule qui suggère que l’on fait le ménage de la langue, que l’on décide de faire place nette, de chasser dans le paysage linguistique la « poussière » quand on se rend compte qu’il n’est plus possible de laisser entraîner les choses que l’on a faites. Cette traduction en français de « language planning » l’emporte dorénavant sur la planification linguistique, le terme qui, selon J.-C.

Corbeil, peut avoir en français une connotation péjorative et suggère une intervention dirigiste de type bureaucratique7.

En France, des prises de position, des théories et des recherches se sont aussi développées autour de cette question. Aurélien Sauvageot a préconisé entre 1958 et 1959 le dirigisme linguistique au sens où l’action entreprise en la matière est décidée par le pouvoir public, alors que, plus tard, en 1971, Bernard Quemada a porté son regard sur la néologie avec son article intitulé « À propos de la néologie. Essai de délimitation des objectifs et des moyens d’action » dans lequel l’auteur estime que les lexicologues ne peuvent pas rester les bras croisés devant la situation où les organismes de terminologie

6 DEPECKER Loïc, « Aménagement linguistique », in Encyclopédie Universalis, consulté le 2 févirer 2012.

7 CHANSOU Michel, op. cit., p. 18.

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sont démunis face à l’abondance des termes nouveaux à créer et propose ainsi un programme concernant à la fois la production d’inventaires de néologismes et l’observation des processus de création et d’implantation des néologismes récents et du comportement des usagers à leur égard. On y voit déjà une perspective sociolinguistique.

Dans les années 1980, Jean-Baptiste Marcellesi et Louis Guespin, représentant l’école de Rouen, essaient de lier les faits linguistiques aux actes politiques. L. Guespin a proposé le concept de glottopolitique visant à rendre compte que « toute mesure qui affecte la répartition sociale de la parole, même si son objectif n’est pas langagier, intéresse la situation glottopolitique. »8 Ce concept s’avère plus large que celui de la politique linguistique, comme Guespin préconise : « il ne faudrait pas réduire […] la norme aux seules interventions verticales et perspectives : la communication, les nécessités de collaboration, les négociations dans les interactions, de nombreux facteurs contribuent à faire naître une norme fonctionnelle, auto-réglée. Cette norme est donc à distinguer des interventions relevant de la politique linguistique. Ainsi la démarche glottopolitique, loin de se réduire à la seule politique linguistique, cherche à appréhender l’ensemble des facteurs qui contribuent au réglage des discours. »9 À part les recherches de l’équipe Guespin sur la glottopolitique, le CNRS a proposé en 1984 un thème de recherche « les préalables scientifiques à des politiques linguistiques », encadré dans une action programmée intitulée « Nouvelles recherches sur le langage » ; Louis-Jean Calvet a sorti son ouvrage La guerre des langues et les politiques linguistiques en 1982 ; Bernard Cerquiglini, délégué général d’alors à la langue française et aux langues de France, a lancé en 1991 un appel d’offre auprès des présidents des universités françaises pour que soient menées des enquêtes d’implantation des termes officiels proposés par les commissions de terminologie ; Loïc Depecker a soutenu et a publié sa thèses Un exemple d’aménagement terminologique : les commissions ministérielles de terminologie en

8 DEPECKER Loïc, op. cit.

9 CHANSOU Michel, op. cit., p. 19.

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France (1970 – 1993), etc. Le souci d’aménager la langue française concernant à la fois le statut et le corpus, de la prise de position dite dirigisme linguistique à la participation des intellectuels et des linguistes, on accorde peu à peu l’aspect social et fonctionnel de la langue sous lequel les usagers jouent un rôle non-négligeable.

Quant à la Chine, avant la fondation de la République populaire de Chine, on n’a pas systématisé de théories de la politique linguistique ou de l’aménagement linguistique. La prise de conscience sur ce sujet a été longue à construire. Des mesures concrétisées ont été prises successivement en la matière : la grande normalisation d’écriture sous les Qin, maints ouvrages phonologiques ayant pour but d’enregistrer la prononciation des mots et de la rectifier sous différentes dynasties. Encore on a procédé à la romanisation de la langue / des langues chinoise(s) : Qieyin Xinzi développé par LU Zhuangzhang (卢戆章) visant à écrire phonétiquement le dialecte de Xiamen ; Qieyin Zimu, aussi conçu par ce dernier pour écrire surtout phonétiquement le dialecte de Beijing ; Zhuyin Fuhao (Bopomofo), alphabet publié en 1918 par le Ministère de l’éducation de la République de Chine pour la transcription du mandarin à des fins pédagogiques ; Baihua, chinois vernaculaire et basé sur le mandarin parlé, a commencé à gagner en importance au cours du Mouvement de la Nouvelle culture entre 1915 et les années 1920 jusqu’à ce que le Ministère de l’éducation de la République de Chine décrétât en 1920 que les écoles nationales adoptaient les méthodes rédigées en Baihua ; Gwoyeu Romatzyh, un système de transcription du mandarin dans l’alphabet latin, devenu en 1928 le système officiel de transcription alphabétique de la République de Chine ; Latinxua Sinwenz, à la différence de Gwoyeu Romatzyh qui indique les tons, ce système de romanisation du mandarin, utilisant totalement l’alphabet latin remplaçant les sinogrammes, est développé initialement en Chine par Qu Qiubai, Wu Yuzhang et Lin Boqu qui ont codirigé un prototype de romanisation de Chine en 1929 sous l’influence de l’ex-URSS qui l’avait développé.

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Au lendemain de la fondation de la République populaire de Chine où tout était à rétablir, les travaux sur la réforme de la langue et l’écriture ont également pris de l’ampleur : simplification des caractères chinois, popularisation du mandarin standard et son enseignement, projet de Hanyu Le pinyin (système de romanisation du mandarin standard), compilation du dictionnaire de la langue chinoise contemporaine, etc.

S’agissant des recherches théoriques, après la Grande Révolution culturelle a été rétabli l’ordre social, celles de la sociolinguistique ont été entamées dès les années 1980 : Chen Yuan a publié en 1980 La langue et la vie sociale – notes de la sociolinguistique, premier ouvrage sociolinguistique en Chine nouvelle ayant pour objet d’étude la langue chinoise ; surtout après la mise en place de la politique de réforme et d’ouverture favorisant les échanges économiques et culturels interrégionaux, des recherches effectuées portent à la fois sur le statut et le corpus du mandarin standard, l’aspect social de la langue et les dialectes sont aussi pris en compte (La sociolinguistique du chinois, 1991, Sun Weizhang, Bilinguisme et bidialectisme, recueil de textes depuis 1989, Recherches sur le langage sur Internet, 2001, Yu Genyuan) et on ressent le besoin d’aménager la langue vis-à-vis de la nouvelle donne qu’est la mondialisation : la Chine a connu une croissance galopante d’échanges avec la communauté internationale. Ce faisant, la langue chinoise semble se voir menacée : la généralisation de l’anglais et la généralisation de l’anglais dans des entreprises, l’abus de l’anglais dans les espaces publics et dans les médias, un contrôle assez faible sur l’usage du chinois normalisé, etc. Au-delà de la défense du chinois mandarin, la Chine veut également promouvoir sa langue, dit le rayonnement du chinois. Comment peut-on mener à bien cette cause aussi bien noble qu’ambitieuse ? Existe-t-il des voies à emprunter ?

Considérant la défense et la promotion de la langue, le cas de la France nous vient d’emblée dans l’esprit. Si le cas de la France est le premier à être pris en compte, c’est que l’Hexagone a une tradition interventionniste au sujet de la langue (on peut

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remonter à l’édit de Villers-Cotterêts en 1539, premiers linéaments d’un projet linguistique en faveur du français) et que jamais il n’y a un pays tellement renommé pour la défense de la pureté de sa langue comme la France. Si l’on voudrait comparer le cas de la France et celui de l’Empire du milieu, c’est que la France, un pays multilingue avec une culture extrêmement riche comme la Chine, doit également faire face à la présence de la langue anglaise dans la société de l’information où les sciences et les technologies se développent vite. D’ailleurs, la Chine ainsi que la France, enregistrant un nombre très important de locuteurs et d’apprenants de par le monde, s’efforcent de promouvoir leur langue dans le monde entier. En tant que pays émergent, la Chine est en quête des moyens pour mener à bien les politiques linguistiques. Nous effectuons cette recherche comparative et essayons de voir si les expériences françaises sous la Ve République pourront faciliter la quête de politiques linguistiques plus efficaces, légitimes et à la hauteur de l’enjeu linguistique.

Afin d’effectuer cette recherche comparative, la première partie se concentrera sur les politiques linguistiques menées après la fondation de la République populaire de Chine et la deuxième partie sera consacrée à celles mises en place par la Ve République en particulier. Nous essayerons ensuite dans la dernière partie de faire la comparaison entre les deux pays en question pour voir si les expériences françaises servent de paradigme à la Chine dans le domaine de l’aménagement linguistique.

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Première partie Les politiques linguistiques menées en Chine depuis 1949

Il y avait des politiques linguistiques mises en place avant 1949 telles que Zhuyin Fuhao (Bopomofo), Baihua et GwoyeuRomatzyh, ces dernières ne sauraient pourtant poursuivies, du fait que la Seconde Guerre mondiale sino-japonaise et la guerre civile chinoise duraient de 1931 à 1949 où les travaux linguistiques restaient presque dans l’oubli. La République populaire de Chine fondée, le redressement tous azimuts était à réaliser. Dans le souci de lutter contre l’analphabétisme et de mieux « servir la cause de la construction du socialisme », des philologues avaient pris l’initiative de reprendre l’aménagement linguistique somnolent, qui s’est inscrit un peu plus tard au programme de la politique linguistique de l’autorité chinoise. Ayant connu un grand essor de 1956 à 1965 après le prélude annoncé en 1949, les travaux linguistiques ont été alors marqués par la morosité pendant la Grande Révolution culturelle (1966-1976) et se sont rétablis à son issue. Nous aborderons ainsi en premier lieu les politiques linguistiques du mandarin standard mises en place depuis 1949 à la veille de la Grande Révolution culturelle et passerons en revue en second lieu celles reprises de 1976 jusqu’en 1985, enfin notre regard sera porté sur l’enjeu du mandarin standard pour la Chine à l’ère nouvelle.

Chapitre 1 Les politiques linguistiques du mandarin standard de 1949 à 1965

1.1 Le début des travaux linguistiques de 1949 à 1955 1.1.1 La mise en place des institutions

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1.1.1.1 L’Association nationale de la réforme de la langue

Début 1949, peu avant la fin de la guerre civile entre le Kuomintang et le Parti communiste chinois, ce dernier, qui remportera plus tard la victoire, s’est préparé à tenir la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) en convoquant les personnalités dites patriotiques de tous les milieux à Beijing à la délibération sur la fondation de la République populaire de Chine. Dans cette nouvelle donne politique, des linguistes et des acteurs pour la réforme de la langue se sont mis à l’unisson pour reprendre l’entreprise des travaux linguistiques suspendus à cause des guerres.

Au mois de mai 1949, Li Jinxi, l’un des initiateurs de GwoyeuRomatzyh, associant des spécialistes de la langue et l’écriture de diverses universités dont l’Université de Pékin, l’Université Tsinghua et l’Université normale de Beijing, a soumis à Wu Yuzhang une proposition visant à mettre en place une association nationale de l’étude sur la réforme de la langue. M. Wu, après avoir demandé l’avis de l’un des dirigeants du PCC Liu Shaoqi favorable à cette proposition, a animé le 29 mai à l’université normale de Beijing un symposium consacré à ce sujet au cours duquel on s’est décidés à créer l’Association nationale de la réforme de la langue. À l’issue du deuxième symposium, on a élaboré le projet du règlement de l’Association et le Président Mao Zedong a envoyé son secrétaire Hu Qiaomu prendre part à la création de l’Association.

Le 10 octobre 1949, a été officiellement fondée à Beijing l’Association nationale de la réforme de la langue dont l’un des initiateurs M. Wu a prononcé une allocution précisant les principales missions de la réforme de la langue : étude sur le pinyin (système de transcription phonétique du mandarin standard), normalisation et simplification des caractères chinois, langues et écritures des ethnies minoritaires.

L’Association fut le premier organisme de la nouvelle République populaire de Chine

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