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Les sous-officiers

primae turmae

Chapitre 2 La disparition des cohortes equitatae

II. La hiérarchie des cohortes equitatae

3. Les sous-officiers

LES DUPLICARII DE LA COHORTE

Les duplicarii sont les soldats qui, soit occupent des fonctions importantes au sein de la cohorte, soit disposent d’une longue expérience pour être promus à ce grade permettant de toucher une double solde. La plupart des fonctions existantes au sein des cohortes equitatae

sont similaires à celles des alae déjà évoquées précédemment158.

Le cornicularius, chef des bureaux du commandant apparaît dans deux inscriptions du

IIIe siècle. A Mogontiacum, en 210 p.C., Marcellinius Marcianus est cornicularius de la

cohors III Aquitanorum159

. Tandis qu’aux alentours de 249 p.C. Julius Secundius se dit

cornicularius praefecti, très certainement du préfet de la cohors II Alpinorum stationnée à Cirpi en Pannonie inferior où fut découverte l’inscription160

. A Dura, Aurelius Alexandrus Antoninius occupe cette charge en 219 et 222 p.C. dans la cohors XX Palmyrenorum milliaria

equitata161

. Il faut noter que, bien qu’occupant une fonction stratégique, l’homme reste inscrit comme cavalier dans la turme de Zebidas.

Un imaginifer, le responsable du buste impérial, est connu pour la cohors II Aurelia

Dardanorum dans la première du IIIe siècle à Timacum Minus en Moesia inferior162

. Celui de

la cohors XX Palmyrenorum milliaria equitata reste, dans les deux rôles, mal identifié163

. Si Aurelius Mazabanas a bien occupé ce poste, il était inscrit dans une centurie et non dans une

157 Cf. I.92, I.93, I.115, I.195, I.203, I.204, I.218, I.265, I.331, I.336, I.360, I.379, I.385, I.397, I.454, I.551, I.553, I.555, I.556.

158 Cf. p.37.

159 Cf. I.215.

160 Cf. I.316.

161 Cf. P.Dura 100, col.32, 29 et col.33, 10.

162 Cf. I.547.

turme comme le cornicularius de la même unité. Il semble que les principales des cohortes

equitatae étaient indifféremment promus à la fois parmi les fantassins et les cavaliers.

Le bucinator, sans doute le responsable des joueurs d’instruments de l’aile, se rencontre dans trois inscriptions du début du IIIe siècle164

mais aussi dans le P.Dura 100, où il s’avère que cette fonction est bien unique au sein de la cohorte car il n’y en qu’un seul dans tout le rôle, Aurelius Priscus de la centurie de Marcus en 219 p.C. On retrouve le personnage vingt ans plus tard dans le P.Dura 89, des acta diurna de mai 239 p.C. où le bucinator est cité

comme étant à la garde de la chapelle aux enseignes165

.

Seulement deux actuarii, les responsables des registres et de la tenue des rôles, apparaissent dans la documentation, Aurelius Candidianus de la cohors I Vindelicorum

milliairia equitata ciuium Romanorum à Tibiscum en Dacie166

, et Ulpius Severus, actuarius

de la cohors XX Palmyrenorum dans les années 219 p.C.167

Trois types de principales apparaissent pour les cohortes mais aussi pour les equites

legionis168

, il s’agit des instructeurs de cavalerie. La fonction de magister equitum, responsable de l’entraînement équestre, se cache peut être dans l’inscription d’Intercisa où Barsemis Abbei rappelle qu’il fut magister cohortis milliariae Hemesenorum avant de devenir

decurio alae Firmae cataphractariae, ce qui ressemble à une promotion courante169

. Mais derrière le terme de magister, on peut aussi voir le magister campi, le responsable du terrain

d’entraînement. A Dura, Bellaeus Oga a occupé cette fonction durant l’année 233 p.C.170

. Enfin l’hastiliarius est moins bien attesté. Le vétéran Septimius Super aurait pu être un ancien formateur du combat à la lance, mais le développement ex h(astiliario) c(ohortis) II

A(ureliae) D(ardanorum) est peu assuré171

. Cette absence du terme dans la documentation peut s’expliquer par le fait que l’hastiliarius occupait la fonction d’optio dans la cohorte.

L'optio occupe une fonction-clé dans l’armée romaine. C’est le second du centurion et

probablement du décurion comme le suppose Marichal172

. Dans les rôles de Dura, aucun personnel n’est directement cité comme optio, par contre, dans chaque turme et centurie, il y a un duplicarius sans fonction explicite. Peut-être faut-il y voir un optio. Dans l’épigraphie, on

164 Cf. I.261, I.442 et I.455.

165 Cf. P.Dura 89, col.1, 2 et 9.

166 Cf. I.502.

167 Cf. P.Dura 100, col.22, 13 et P.Dura 98, col.11, 1.

168 Cf. p.77.

169 Cf. I.350.

170 Cf. P.Dura 83, ligne 7.

171 Cf. I.554.

en retrouve plusieurs, Aurelius Barsamsus de la cohors II Hemesenorum à Intercisa ou

Sirmio, optio de la cohors Alpinorum de la centurie de Maximus173

.

Ces sous-officiers étaient épaulés par deux autres duplicarii essentiels à l’unité, les

vexillarii et les signiferi174

. Classiquement, on considérait que ces hommes portaient les signa des centuries et les vexilla des turmes. Cependant, Marichal a démontré que, pour la cohors

XX Palmyrenorum, il y avait un signifer par centurie et par turme mais aussi un vexillarus

pour chacune des turmes et encore quelques vexillarii supplémentaires, destinés à porter l’étendard des détachements en mission à l’extérieur de la garnison, appelés à juste titre des

vexillations175

.

Enfin il existe un “service médical”, pour reprendre l’expression de Davies176

, avec l’existence de medici dans les cohortes equitatae. En 198 p.C., Ulpius Julianus est medicus de la cohors III Aquitanorum equitata, et en 242 p.C. un deuxième médecin apparaît à Timacum

Minus en la personne de Titus Aelius Martialis dans la cohors II Aurelia Dardanorum177 .

LES SESQUIPLICARII

Toujours parmi les principales mais d’un grade inférieur aux duplicarii, il y a les

sesquiplicarii. Ils assument les fonctions de cornicines et de tubicines, des joueurs

d’instruments de musique militaire. Néanmoins seuls les tubicines sont attestés dans la documentation épigraphique en Pannonie inférieure avec Publius Petronius Ursus, tubicen de

la cohors II Alpinorum equitata178

, et avec Septimius Aulusanus de la cohors II Aurelia noua

en Mésie inférieure179

. Contrairement à ces deux fonctions en rapport avec la transmission des ordres, qui sont déjà connues dans les ailes de cavalerie, les deux suivantes ne le sont pas.

Le custos armorum est identifié comme le gardien de l’armurerie du camp de la

cohorte180. Il est peut-être aussi le responsable de la fourniture en équipement militaire aux

173 Cf. I.357 et I.455. Pour une étude plus approfondie de l’emploi du titre d’optio : cf. Breeze 1993d, 71-77.

174 Cf. I.211 : [P]apias sig|[n]if(er) coh(ortis) I | [Aquit(anorum) uet(erana) eq(uitata) ; I.320 : M(arcus)

Aur(elius) Pris|cus sig(nifer) coh(ortis) | I (milliariae) noua(e) | Seueriana(e) | Surorum sag(ittariorum) ; I.380 : Mocur signifer [coh(ortis) (milliariae)] Hemes(enorum).

175 ChLA VIII, p.9.

176 Davies 1969.

177 Cf. I.206 et I.545.

178 Cf. I.318.

179 Cf. I.534.

soldats de son unité. Quatre attestations épigraphiques confirment la présence de ces

sous-officiers dans les cohortes montés181

.

Le tesserarius, en charge de transmettre les mots d’ordre et les mots de passe pour les gardes du camp, a le grade de sesquiplicarius et correspond à l’échelon inférieur de

signifer182

. Comme ce dernier il doit s’occuper de questions administratives ou comptables. Parmi les inscriptions, seul Marcus Aurelius Sallumas, vétéran et ex tesserario cohortis

milliariae Hemesenorum confirme la présence de cette fonction183. Le P.Dura 89 présente

aussi deux tesserarii à la garde des signa de la cohors XX Palmyrenorum en 239 p.C.184

Pour terminer, de nombreux duplicarii et sesquiplicarii exercent des fonctions de

beneficarii. Ces soldats sont employés au service du commandant de la cohorte, tribun ou

préfet mais peuvent aussi être détachés auprès du gouverneur de la province dans laquelle est

stationnée son unité d’origine185

. Ces attributions très variées empêchent de les décrire toutes avec exactitude et il vaut mieux se référer à l’ouvrage de référence de J. Nélis-Clément à ce sujet186

.

LES IMMUNES DE LA COHORTE

En plus de ces sous-officiers chargés de l’administration de la cohorte, il existe différents postes déjà évoqués pour les ailes : le librarius qui assiste l’actarius et qui remplit

sûrement le rôle de scribe187

; le stator188

, l’ordonnance des officiers commandant l’unité ; le

strator, en charge de la remonte189

. Il faut aussi évoquer les curatores, responsables du

ravitaillement de la centurie ou de la turme190

, dirigés par un summus curator.

181 Cf. I.205 : Q(uinti) Gauito[- - -]|coni c(ustodi) [armorum ?] | coh(ortis) III [Aq(uitanorum) ; I.323 : ]

custos | armorum | coh(ortis) (milliariae) n(ouae) Seu|er(ianae) : I.354 : Aurel|ius Ius|tinianus | arm(orum) [c]us(tos) ; I.501 : Aurel(ius) Laecanius / Paulinus vet(eranus) / ex c(ustode) a(rmorum) coh(ortis) I Vind(elicorum).

182 Breeze 1993c.

183 Cf. I.388.

184 Cf. P.Dura 89, col.1, 3 : tess(erarius) Aurel(ius) Mocimus t(esserarius) II • Uḷpiụs Silvạṇus.

185 Cf. I.289 : M(arcus) Aur(elius) Au|itianus | benef(icarius) pr|(a)ef(ecti) c(ohortis) I Ulp(iae) |

[Pannoniorum] ; I.373 : Aur(elius) Antonius uet(eranus) [ex] | benef(icario) trib(uni) c(o)ho(rtis) (milliariae) (H)e[mes(enorum)] ; I.383 : Aur(elio) Monimo b(ene)f(icario) | trib(uni) coh(ortis) (milliariae) H|emes(enorum).

186 Nélis-Clément 2000.

187 Cf. P.Dura 82, col.1, 18.

188 Cf. I.377 : Marcus Aurel(ius) Deisa[n ?] domo | Hemesa ue<t>(eranus) <e>x s(ta)tor(i) trib(uni)

coh(ortis) I (milliariae) H<e>m(esenorum).

189 Cf. I.172 : Val(erius) Cl(audius) strato|r praef(ecti) coh(ortis) [I] | Fl(auiae) Phili[p]p(ianae).

Les rôles de la cohors XX Palmyrenorum equitata complètent le tableau des immunes en

y ajoutant des fonctions religieuses comme l’aeditus Aurelius Silvanus191

et le sacerdos

Themes Mocini192

qui semblent avoir la charge du culte dans l’unité. Gilliam et Marichal pensent que malgré deux noms différents, il s’agit de deux fonctions identiques et temporaires

attribuées par le chef de la formation193

.

4. Schémas des structures hiérarchiques et administratives

L’organisation des cohortes des IIIe et IVe siècles peut être résumée en deux schémas. Ils

permettent de différencier les trois catégories confondues au sein d’une cohorte, à savoir le grade, la fonction et le rang.

Le premier schéma présente la hiérarchie de l’unité et la répartition des fonctions parmi les différents grades et rangs. Le second expose la répartition de ces derniers dans les subdivisions administratives et tactiques que sont les centuries et les turmes.

Il faut noter que dans le Tableau 20, les grades sont rangés par ordre d’importance en partant du haut avec l’officier supérieur commandant l’unité jusqu’aux simples equites et

milites. Par contre, au sein des trois rangs de principales, immunes et munifices, les fonctions

ne sont en aucun cas classées. Dans le Tableau 21, le nombre de centuries et de turmes n’est pas précisé, car il varie en fonction du temps et du format de l’unité, quingénaire ou milliaire.

191 Cf. P.Dura 82, col.1, 18.

192 Cf. P.Dura 89, col.1, 2.

Chapitre 3