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Les sources d’agglomération 1. Géographie naturelle

Dans le document Urbanisation et Croissance des Villes en Chine (Page 126-129)

Mécanismes de la constitution des villes

1. Agglomération spatiale

1.1. Les sources d’agglomération 1. Géographie naturelle

Les facteurs géographiques semblent être les explications naturelles à la concentration spatiale de la population et des activités économiques. Dans l’histoire, les êtres humains tendent naturellement à se regrouper dans des endroits où les conditions climatiques et géographiques sont propices à l’habitation et à l’agriculture. Durant la révolution industrielle, les usines et les villes étaient construites, en général, près des sites offrant des matières premières et de l’énergie, ou à côté des ports. Néanmoins, certains auteurs ne classent pas les facteurs géographiques naturels comme facteurs d’agglomération ; pour eux, ces facteurs déterminent seulement où l’agglomération commence, mais ne peuvent pas expliquer pourquoi le processus d’agglomération continue. Les forces plus fondamentales qui conduisent à l’agglomération trouvent plutôt leur origine dans les interactions des acteurs économiques.

1.1.2. Les rendements d’échelle croissants internes

Les rendements croissants nécessaires à l’agglomération peuvent être internes ou externes à la firme. Les rendements d’échelle croissants à l’intérieur d’une firme sont les économies exprimées par la réduction des coûts unitaires de production ou par des gains de productivité au niveau de la firme. Selon la théorie de la firme dans la micro-économie, la courbe typique du coût moyen de production par unité prend la forme d’un U, ce qui signifie que dans un premier temps, les coûts unitaires de production diminuent avec l’accroissement de l’échelle de production. Si les rendements d’échelle étaient constants dans la production, il n’y aurait pas d’intérêt à produire à grande échelle dans les usines, et la forme organisationnelle de la production resterait familiale et en échelle restreinte. Les économies d’échelle croissantes conduisent à l’expansion de la taille des firmes et au développement des villes industrielles. Les économies d’échelle croissantes existent avant tout parce que la grande échelle de production permet la division du travail et la spécialisation, ce qui augmente la productivité du travail ; de plus, certains inputs dans la

production sont indivisibles, ce qui fait qu’il faut une échelle minimum afin de réaliser leurs utilisations efficaces. Par exemple, la plupart des machines et des équipements ne peuvent pas être utilisés efficacement sans que la production atteigne une certaine échelle (Duranton, 1997). Avec l’expansion d’une firme, une ville industrielle peut se former dans les alentours : les travailleurs habitent près de la firme pour économiser les coûts de trajet journalier entre le lieu de travail et le domicile ; le coût du sol augmente autour des firmes et la densité de la population devient plus importante que dans les autres zones (O’Sullivan, 2007).

1.1.3. Externalités et économies d’agglomération

Les rendements d’échelle interne expliquent la formation d’une petite ville industrielle autour d’une firme, alors que le développement d’une grande ville résulte plutôt du regroupement de beaucoup de firmes. Ces firmes peuvent être du même secteur industriel ou de différents secteurs. La notion d’externalité est initiée par Alfred Marshall pour expliquer le regroupement des producteurs dans un « district industriel » (Fujita et al, 1999). Il a identifié trois raisons pour lesquelles un producteur trouverait avantage à être proche d’autres producteurs de même industrie. Premièrement, une industrie concentrée en espace pourrait favoriser la spécialisation des fournisseurs d’intrants. Deuxièmement, une concentration des firmes employant le même type de travailleurs va créer un marché du travail commun. Troisièmement, la proximité géographique va faciliter la diffusion de l’information.

Depuis 1948, le concept des externalités de Marshall a été introduit dans l’économie spatiale, et le terme des « économies d’agglomération »41 a été proposé pour désigner les avantages externes dont les firmes bénéficient dans la production en se regroupant dans certains endroits. Traditionnellement, les économies d’agglomération sont classées en deux niveaux (Hoover, 1948 ; Krugman, 1991) :

Les économies de localisation concernent des entreprises d’un même secteur économique ou des établissements connexes regroupés en espace; les économies de localisation se produisent quand le coût de production unitaire de chaque entreprise diminue avec la croissance de la production totale du secteur.

41 Dans la littérature, plusieurs termes tels que « les économies externes » « les externalités d’échelle » ou «les rendements d’échelle urbain » ont été employés pour indiquer ces avantages externes sans faire les différences.

Les économies d’urbanisation, qui ne se limitent pas à une seule industrie ; et les économies externes découlent de l’agglomération des industries de toutes sortes localisées en un même lieu. Les économies d’urbanisation se produisent quand le coût de production unitaire des entreprises individuelles diminue avec la croissance de la production totale de la ville.

Lorsque plusieurs firmes appartenant au même secteur économique se localisent dans un même endroit, l’existence d’indivisibilité incite le partage des coûts fixes entre ces firmes, ce qui produit des économies de localisation. Ces économies sont internalisées au niveau de l’industrie mais restent des externalités pour les firmes particulières, et les gains de productivité dépendent de la taille d’une industrie regroupée en un endroit. Les indivisibilités des coûts fixes dues aux contraintes technologiques ou physiques (le coût de l’équipement du bien ou du service) supposent le rendement d’échelle et par conséquent, la juxtaposition de plusieurs entreprises dans l’espace leur permettant de réaliser des économies. Les économies de localisation peuvent également provenir de la multiplication des possibilités d’échange, de la réduction du coût d’information, de la réduction des coûts de recrutement, etc.

Les économies d’urbanisation trouvent leur origine dans les mêmes facteurs que les économies de localisation mais ne se limitent pas à une seule industrie. Le regroupement dans l’espace de toutes sortes d’industries produit des gains de productivité qui sont internes à l’agglomération urbaine, mais externes aux entreprises individuelles et industries particulière. Les économies d’urbanisation dépendent donc de la taille de la ville. Les firmes de différents secteurs dans une ville peuvent partager des fournisseurs d’intrant, des services commerciaux ; elles peuvent profiter du pool de la main-d’oeuvre à compétence générale ; le spillover des informations entre secteurs contribue aux innovations. Une source importante des économies d’urbanisation est liée à la production de biens publics. Les biens publics impliquent plus le rendement d’échelle que le secteur privé, puisque par leur nature, les coûts fixes y sont plus importants. La plupart des infrastructures urbaines relèvent des biens publics, puisqu’ils recouvrent des équipements (les routes, les réseaux d’électricité, le réseau de communication) ou des services (l’éducation, la santé, la sécurité publique) dont la production peut difficilement être assurée par le secteur privé. L’importance des indivisibilités des coûts fixes dans la production des infrastructures urbaines implique les économies d’agglomération urbaine, mais ces économies

d’urbanisation s’expliquent également par la non-exclusivité et/ou l’indivisibilité dans la consommation de ces biens publics urbains.

Dans le document Urbanisation et Croissance des Villes en Chine (Page 126-129)