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Efficience des villes chinoises et son changement 1990-1997 : description

Dans le document Urbanisation et Croissance des Villes en Chine (Page 169-174)

1. Politiques urbaines sur la taille des villes

3.2 Efficience des villes chinoises et son changement 1990-1997 : description

Nous calculons les scores d’efficience définis plus haut (à l’orientation d’inputs) pour l’échantillon de 155 villes sur la période 1990-1997. Le PIB de la ville est considéré comme le seul output agrégé, le stock du capital et l’emploi sont deux inputs agrégés. Pour ces trois variables, nous utilisons les mêmes données que dans la section 2. Suivant la méthode de DEA, une frontière de « meilleure pratique » est construite à partir de 155 villes pour chaque année, les scores d’efficience sont obtenus en comparant la performance des villes individuelles avec la technologie de référence des années correspondantes.

Efficience technique

Les indices d’efficience calculés pour 155 villes par la méthode de DEA reflètent le manque général d’efficience dans la production urbaine en Chine. En 1990, seulement 5 villes, ou 3,2% des villes dans notre échantillon, sont techniquement efficientes. En 1997, le nombre de villes efficientes passe à 6. Le score d’efficience technique moyen est de 0,588 en 1990, et de 0,53 en 1997. Parmi les 149 villes qui ne sont pas efficientes en 1997, 55,7% ont les scores d’efficience au-dessous de 0,5.

Tableau 5.2 Statistiques descriptives des scores d’efficience, 1997

Nombre De villes Population en moyenne (million) Efficience Technique totale Efficience Technique Pure Efficience d’Echelle

Toutes les villes 155 96,01 0,530 0,620 0,851

Villes de l’Est 68 105,16 0,612 0,689 0,888

Villes Intérieures 87 88,85 0,466 0,567 0,823

Villes-Capitales 21 216,98 0,598 0,686 0,891

Si l’on compare l’efficience technique des villes par région, les villes de l’est ont les scores plus élevés (une moyenne de 0,676 en 1990 et 0,612 en 1997) que le reste des villes (une moyenne de 0,519 en 1990 et 0,466 en 1997). Parmi les 6 villes efficientes en 1997, 4 sont dans la région de l’est. 66,7% des villes du centre et de l’ouest ont les scores d’efficience au-dessous de 0,5, tandis que cette proportion est seulement 36,8% pour les villes de l’est. Ceci est conforme à la disparité régionale en termes de niveau de développement. En fait, depuis les années 1980, la région de l’est connaît une croissance économique plus rapide que les autres régions, en bénéficiant de la politique d’ouverture et de ses avantages géographiques. La comparaison plus détaillée entre la région du centre et de l’ouest montre que les villes de l’ouest ont les scores plus élevés que les villes du centre (0,495 contre 0,451 en moyenne). Ceci ne coïncide pas avec leur niveau du développement et de la productivité du travail, car les provinces de l’ouest sont en général moins développées que celles du centre. Une explication possible est la taille restreinte de notre échantillon : seulement 30 villes de l’ouest et 57 villes du centre sont incluses dans notre échantillon. Par ailleurs, 8 des 30 villes de l’ouest sont des capitales provinciales, alors que seulement 6 des 57 villes du centre les sont. Les villes qui sont capitales provinciales sont en général plus peuplées que les autres villes-préfecture. En fait, la taille de la population moyenne est de 103,8 millions et 80,99 millions pour les villes de l’ouest et les villes du centre dans notre échantillon, respectivement. Pour cette raison, nous ne faisons ci-dessous que la comparaison entre les villes de l’est et les villes de l’intérieur (les villes du centre et de l’ouest regroupées).

Les villes dans notre échantillon sont de différents niveaux administratifs, il y a une ville ayant le statut provincial (Tianjin), 20 villes sont les capitales provinciales, et 134 villes sont des villes-préfecture normales. En général, les villes du niveau administratif supérieur bénéficient de certaines faveurs sur le plan des ressources fiscales et des investissements publics. Par exemple, les villes-capitales reçoivent, en général, d’avantage d’aides financières du gouvernement central et des gouvernements provinciaux. Ceci peut être une explication à la différence significative de l’efficience entre les villes de différents niveaux : le score d’efficience moyen est de 0,52 pour les villes-préfecture, et 0,598 pour les province ou capitale. Toutefois, aucune des province ou des villes-capitale ne sont efficientes.

Nous sommes en particulier intéressés par la corrélation entre l’efficience de la production et la taille de la population des villes. Pour ce faire, nous comparons l’efficience moyenne de différents groupes de villes suivant la taille. Les villes dans notre échantillon sont divisées en 5 groupes selon la taille, chacun contenant 31 villes. Les scores moyens d’efficience en 1997 sont 0,496, 0,508, 0,468, 0,545 et 0,634, respectivement, pour les cinq groupes en ordre croissant. Bien que le groupe du milieu ait le score le plus faible, le reste des groupes révèle la tendance croissante monotone du score d’efficience avec l’accroissement de la taille des villes.

Le score d’efficience technique pure (0,62 en 1997) est en moyenne plus élevé que celui d’efficience technique totale. On peut en déduire que les villes ne sont pas d’échelle efficiente, de sorte que l’efficience totale est réduite. L’efficience technique pure et l’efficience d’échelle révèlent le schéma de distribution similaire aussi bien entre régions qu’entre niveaux administratifs. Plus précisément, les villes de l’est sont plus efficientes que les villes intérieures, et les capitales sont plus efficientes que les villes-préfecture.

Efficience d’échelle

En comparant les scores d’efficience sous les hypothèses de CRS et de VRS, nous obtenons les scores d’efficience d’échelle. En 1997, l’efficience d’échelle moyenne des 155 villes est de 0.851. Seulement 7 villes sont efficientes en terme d’échelle. Parmi le reste des 148 villes qui ne sont pas efficientes d’échelle, 124 manifestent un rendement croissant d’échelle. Ceci implique que la plupart des villes dans notre échantillon ne fonctionnent pas à l’échelle efficiente parce que leur quantité des inputs-outputs n’est pas assez élevée. Elles peuvent donc augmenter leur efficience dans la production sans connaître de progrès technique et de l’amélioration de la technique pure, mais seulement en augmentant les quantités d’input afin d’élever l’efficience d’échelle.

La différence d’efficience d’échelle entre les villes de l’est et de l’intérieur se caractérise toujours par la supériorité des premières. Parmi les 7 villes qui sont d’échelle efficiente, 5 sont de l’est, le score d’efficience d’échelle est de 0,888 pour les villes de l’est, et 0,823 pour les villes de l’intérieur. 71,4% des villes de l’est qui ne fonctionnent pas à l’échelle efficiente s’assujettissent au rendement croissant d’échelle ; la proportion pour les villes intérieures est de 84,7%. On peut en conclure que les villes de l’est sont en moyenne plus efficientes en terme d’échelle de la production.

Le changement de l’efficience et de la PGF des villes pendant 1990-1997

A partir des scores d’efficience calculés dans la section précédente, nous construisons les indices de PGF de Malmquist et leurs composantes pour les villes dans notre échantillon. C’est-à-dire, cinq indices, (changement de PGF de Malmquist, changement technologique, changement de l’efficience totale, changement de l’efficience pure et changement de l’efficience d’échelle) sont calculés pour chaque ville entre 1990-1991, 1991-1992, ainsi de suite, jusqu’à 1996-1997. Le changement annuel de chaque ville durant la période 1990-1997 est donc donné par la moyenne géométrique des indices de Malmquist de sept périodes49.

La moyenne de l’indice de Malmquist pour les 155 villes est de 1,05, indiquant une amélioration de 5% de l’efficience par an pendant cette période. Si l’on examine les différentes composantes du changement de l’efficience totale, il y a un progrès technique rapide qui a lieu (un taux annuel de 9,6%), tandis que l’efficience technique connaît un déclin (-3,3% par an). Ces résultats montrent qu’en moyenne, l’amélioration de la PGF de cette période est attribuée au progrès technique plutôt qu’à l’amélioration de l’efficience. La détérioration de l’efficience relative de 3,3% par an elle-même résulte de la décroissance de l’efficience d’échelle. En fait, l’efficience pure connaît une amélioration légère de 1,1% par an, mais l’efficience d’échelle enregistre une détérioration de 4% par an, ce qui contrebalance l’amélioration de l’efficience pure et conduit à la baisse du score d’efficience totale. Notons que le changement de l’efficience d’échelle est le seul terme qui connaît la décroissance, ce qui réduit l’ampleur de la croissance de la PGF due à l’innovation technique et à l’amélioration de l’efficience pure.

Ensuite, nous divisons l’échantillon en deux : les villes de l’est et les villes intérieures. L’indice de Malmquist et chacune de ses composantes pour les deux sous-échantillons évolue dans la même direction que pour l’échantillon complet. Cependant, les villes de l’est connaissent une croissance de la PGF plus rapide que le reste des villes (5,5% contre 4,9% en moyenne), grâce à la fois au progrès technique et à l’amélioration de l’efficience technique globale plus rapide. Cette dernière provient elle-même de l’amélioration plus rapide de l’efficience pure dans les villes de l’est, car le terme

49 Suivant Färe et al (1994), nous utilisons la moyenne géométrique parce que l’indice de Malmquist est multiplicatif.

d’efficience d’échelle connaît un déclin du même ordre (4%) dans les villes de l’est que dans les villes intérieures.

Pour examiner la corrélation entre le changement de l’efficience et la taille des villes, nous divisons les villes en 5 quintiles selon leur taille en 1990, et calcule l’indice de Malmquist moyen pour chaque quintile. L’indice de Malmquist ne révèle pas une corrélation monotone avec la taille des villes. De haut (plus grandes villes) en bas (plus petites villes) de la hiérarchie, les indices de Malmquist moyens sont respectivement 1,053, 1,039, 1,049, 1,066 et 1,054. Il y a probablement une tendance de convergence dans le changement de score d’efficience, c’est-à-dire, les villes plus petites et moins efficientes tendent à connaître une amélioration plus rapide dans l’efficience que les villes plus grandes et plus efficientes.

Si l’on étudie le changement du score d’efficience annuel (Figure 5.2), l’efficience technique totale connaît toujours de l’amélioration depuis 1990, avec la croissance la plus rapide ayant lieu entre 1992 et 1993. La croissance de la PGF provient essentiellement du progrès technique qui est également le plus rapide entre 1992 et 1993. En revanche, l’autre composante du changement de la PGF, l’efficience technique, fait preuve d’une tendance inverse : pour la plupart du temps, elle connaît la détérioration. Ceci est dû à la décroissance de sa propre composante d’efficience d’échelle, puisque l’efficience pure – l’autre composante – s’améliore pour la plupart du temps. La Figure 5.2 montre bien que l’évolution de l’efficience totale et sa composante d’échelle suit la tendance similaire. Ceci suggère que pendant 1990-1997, la tendance de croissance de l’efficience technique totale urbaine est déterminée essentiellement par les variations de l’efficience d’échelle. Comme dans les analyses du changement moyen de la période, nous pouvons conclure que la détérioration de l’efficience d’échelle est responsable du déclin de l’efficience technique, ce qui contrebalance elle-même une partie du progrès technique et réduit l’ampleur de la croissance de la PGF. Cependant, nous constatons que la période 1993-1994 est aberrante : l’efficience d’échelle connaît une croissance brutale alors que l’efficience pure et la technologie connaissent toutes une décroissance, ce qui est exactement le contraire de la tendance générale de la période entière. Nous supposons qu’il y a des changements incohérents des statistiques d’inputs et d’outputs entre 1993 et 1994, ou plus de points aberrants dans les observations, auxquels la méthode de DEA est sensible.

Figure 5.2 Changement de l’efficience des villes et ses composantes 1990-1997 0,8 0,9 1 1,1 1,2 1,3 1,4 1990-1991 1991-1992 1992-1993 1993-1994 1994-1995 1995-1996 1996-1997

Indice de PGF de Malmquist Progrès Technique

Changement de l'Efficience Technique Changement de l'Efficience Technique Pure Changement de l'Efficience d'Echelle

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