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5.3 Le soutien social pendant l'accouchement

5.3.1 Les services hospitaliers

Le médecin

Des médecins de différentes disciplines ont traité les femmes et leur enfant lors de leur passage à l'hôpital. Les parturientes ont beaucoup apprécié l'encadrement qu'ils leur ont procuré, encadrement qu'elles trouvent sécurisant. La qualité des soins et les explications fournies par les médecins sont perçues par les femmes comme une marque de respect à leur endroit. En se référant à leur pays d'origine, les femmes soulignent que les médecins d'ici se sont très bien occupé d'elles. Une participante exprime sa satisfaction en comparant avec les services médicaux qu'elle a connus dans son pays :

Pour bébé et pour la femme, le Canada, le Québec, c'est beau à l'hôpital. En (son pays), non. Quand on allait à l'hôpital, il y avait juste deux-trois médecins qui regardaient vite, vite. Ils m'ont dit pas de problème, pas de problème de maladie. Ils ne regardent pas. Après, à l'accouchement, le médecin travaille avec elle (la parturiente). C'est après deux heures, trois heures, quand c'est un accouchement normal, ils disent d'aller à la maison. C'est ça. Au Québec, non. Ils regardent la femme, ils m'ont donné des antibiotiques, pour moi, pour mon bébé. Au Québec, c'est beau (entrevue no 6).

Les participantes considèrent que les médecins étaient qualifiés et qu'ils les ont bien informées. Elles étaient réconfortées par les explications que les médecins leur donnaient, par exemple lors de la décision d'une césarienne : « J'ai trouvé qu'ils ont fait un travail très professionnel et cela sans rapport avec ce que j'ai vécu au (son pays). J'ai été tout de suite réconfortée par l'explication que j'ai reçue de la part du médecin. La grande différence avec chez nous, c'est surtout au niveau des communications. Là-bas, je ne trouvais pas que les gens expliquaient les choses. Ici on m'a tout expliqué, tout ce qu'on faisait » (entrevue no 5).

Parmi les femmes qui ont accouché par voies naturelles, certaines retrouvaient le médecin qui les avait suivies pendant la grossesse et ont particulièrement apprécié cette présence familière dans un milieu inconnu. L'ambiance décontractée de la salle d'accouchement et le fait qu'on s'adresse à elles sont perçus comme rassurants :

L'accouchement était vraiment drôle, le médecin est gentil. J'ai eu la chance d'avoir le même qui m'a fait le suivi. On a ri pendant tout l'accouchement (...). Je trouve que c'était un très très beau accouchement. On riait tout le temps. (...) Ça m'a beaucoup aidée parce que pendant la grossesse j'avais peur de ce moment- là parce qu'on imagine (...) des médecins qui se parlent entre eux, tu sais pas trop ce qui se passe, fait que ça m'inquiétait. Pis j'ai trouvé que c'était pas mal familial, (...) je suis très reconnaissante (entrevue no 1).

Le confort que procure l'anesthésie locale a été très apprécié des parturientes à la fin de leur travail, et ce, malgré les réticences de certaines, comme en témoignent ces propos :

Moi je me suis dit OK, je ne vais pas faire l'épidurale parce que je savais que c'est pas bien, ça peut donner des séquelles pour la vie. (...) Mais je ne supportais plus la douleur et j'étais aussi très très fatiguée (...), et je ne pouvais plus rester avec les yeux ouverts, et je leur ai dit de me faire l'épidurale et ils ont ... ils m'ont fait l'épidurale jusqu'à la fin et puis ça été magnifique! (rire) J'avais plus de douleur et le travail en fait, la poussée et tout ça, ça été sans douleur, c'était parfait, j'étais... dans le ciel! (entrevue no 4).

Des participantes ont mentionné que, dans leur pays d'origine, les femmes n'ont pas la possibilité d'avoir une anesthésie pour l'accouchement.

Les femmes qui ont subi une césarienne étaient déçues de ne pas pouvoir accoucher normalement, mais considèrent que c'était pour le mieux, pour leur bien et celui du bébé. Une parturiente a vécu une expérience difficile mais elle est reconnaissante des services obstétricaux reçus, car elle pense que dans son pays sa vie aurait été en danger :

J'ai essayé d'accoucher naturellement et ça n'a pas marché, parce que le bébé était gros. Donc, une césarienne. (...) J'ai commencé à accoucher...(...), j'avais une ventouse, on a essayé mais ça n'a pas marché. On a appelé le chirurgien, il a amené les forceps. On a essayé de tirer le bébé, ça n'a pas marché. J'étais épuisée. Le chirurgien a dit que c'était une césarienne, (...). C'est le chirurgien qui a décidé de la césarienne, parce qu'il voyait qu'il n'y avait pas d'autre moyen.

Mémoire :

Le soutien social pendant la période périnatale :

la perception de mères immigrantes de la ville de Québec

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(...) C'est excellent le service si je compare à chez nous. (...) Je me demande si j'avais accouché chez moi, si je serais encore en vie. (...) J'étais épuisée et je me dis que si c'était chez moi, j'allais mourir, peut-être (entrevue no 3).

En plus de l'encadrement médical, les femmes interrogées étaient rassurées par l'équipement technologique: «J'ai beaucoup beaucoup apprécié le... les appareils... comment l'hôpital était doté. C'est vraiment... le CHUL c'est vraiment la technologie la plus récente. Vraiment très très très bien. Ça m'a beaucoup rassurée. (...) C'est ça que j'ai le plus apprécié » (entrevue no 4).

L'infirmière

À leur arrivée à l'hôpital, les femmes étaient prises en charge par l'infirmière. Celle-ci les suivait tout au long du travail et de l'accouchement. Les parturientes parlent d'une bonne relation avec l'infirmière : « Les infirmières étaient vraiment gentilles » (entrevue no 1). Les femmes sont reconnaissantes de l'attention qui leur a été portée et de l'encadrement de l'infirmière durant cette période. La présence constante de l'infirmière à leurs côtés est perçue comme rassurante : « L'infirmière a été tout le temps avec moi, pour prendre la pression, la température, le moniteur... (...). Ce que j'ai aimé le plus, c'est de voir qu'une infirmière était tout le temps à côté de moi » (entrevue no 7). Être l'objet d'une attention aussi soutenue leur paraissait également inusité : « L'attention qu'on m'a portée. J'étais vraiment impressionnée, chaque fois que j'ouvrais la bouche il y avait des gens qui étaient là (rire) » (entrevue no 5).

L'infirmière veille au confort de la parturiente tout au long de son travail, comme en témoigne cette femme : « Elle m'a conseillé de faire un bain tourbillon mais j'ai pas senti une amélioration, après elle m'a apporté une grande balle pour s'asseoir mais j'ai pas aimé ça et les douleurs c'est vraiment de plus en plus fréquentes, elle me disait : « Vous voulez faire l'épidurale? » » (entrevue no 2).

Après la naissance de l'enfant, pendant leur séjour hospitalier, les mères considèrent avoir reçu plus ou moins d'information au sujet de l'allaitement et des soins à donner au bébé. Certaines mères sont satisfaites des explications reçues concernant l'allaitement: «L'infirmière m'a montré comment l'allaiter... alors j'ai pu suivre (malgré la langue) et allaiter très bien à ce moment-là » (entrevue no 8). D'autres participantes ont reçu

peu d'information au sujet des soins, mais ne s'attendaient pas à en recevoir davantage. Une maman trouve qu'il s'agit d'un apprentissage qui s'effectue sur une longue période : « À mon avis, donner des soins à l'enfant c'est quelque chose qu'on apprend avec le temps » (entrevue no 7). Une mère a regretté, une fois à la maison, de ne pas s'être suffisamment informée à propos des soins à donner au bébé : « J'aurais aimé poser plus de questions parce que des fois c'est facile quand c'est une infirmière, là tu trouves les choses plus simples, mais là quand tu te retrouves toute seule ça change un peu. Mais je trouve qu'elles ont fait un très bon travail, c'est juste que j'aurais dû comme essayer de m'informer un peu plus » (entrevue no 1).

Une autre maman mentionne qu'on ne lui a pas montré comment donner le bain au bébé, car elle n'a pas demandé qu'on le lui explique. Une fois à la maison, elle s'est débrouillée en regardant dans le livre qu'on lui avait remis : « Ils m'ont donné un livre qui a été... et même maintenant je l'utilise, c'est très très bien fait, c'est comme la Bible, vraiment tu trouves à peu près toutes les informations là-dedans, c'est... ce livre s'appelle « Mieux vivre avec notre enfant », c'est un livre très très bien fait. (...) J'ai regardé dans le livre et on voit la position, comment tenir l'enfant, et je me suis débrouillée très très bien » (entrevue no 4).

La pouponnière et le service de néonatalogie

Cinq des neufs bébés ont bénéficié de soins particuliers après la naissance et, parmi eux, quatre sont restés à l'hôpital après le départ de leur mère. Leurs séjours hospitaliers ont été de six jours (deux bébés), huit jours, 23 jours et deux mois. Les problèmes de santé des nouveau-nés concernaient : un ictère physiologique, une malformation congénitale et deux bébés nés avant terme avaient un poids insuffisant à la naissance. Les mères étaient inquiètes de ces situations. L'une d'elles fait cependant remarquer que la sortie de l'enfant ne se fait que lorsqu'il est prêt : « Ils l'ont tenu deux jours là (en néonatalogie) et puis il a été transféré (...) à la pouponnière et il est resté là-bas six jours, jusqu'à ce que les problèmes soient réglés, tout réglés » (entrevue no 4). Durant son séjour hospitalier de deux jours, cette mère devait aller acheter le matériel pour bébé avec son mari, en revenant toutes les trois heures à l'hôpital pour l'allaitement. Après sa sortie d'hôpital, elle retournait à la pouponnière passer la journée avec son bébé, et ce, pendant six jours. Cette maman a reçu toutes les informations dont elle avait besoin pour l'allaitement, qu'elle trouve difficile au début,

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parce qu'elle devait retourner à l'hôpital. Elle pense que la durée d'un séjour normal ne lui aurait pas permis d'en apprendre autant :

Vous savez avec l'allaitement, c'est assez difficile pour une femme pour la première fois, tu ne sais pas comment le tenir, comment mettre le sein dans sa bouche, c'est vraiment difficile, et ils m'ont très, très, très bien expliqué ça. Mais j'avais de la chance, parce que moi mon enfant, comme il restait à la pouponnière, comme j'allais tout le temps là-bas, ils ont eu le temps de me faire comprendre ça. Mais pour les autres, je ne pense pas que c'est pareil, parce que si je revenais tout de suite à la maison, c'est sûr que j'avais de la difficulté à faire ça, à savoir comment ça se fait, parce qu'à l'hôpital ils nous guident mais c'est pas suffisant (pendant le séjour normal) (entrevue no 4).

Brièvement, les services hospitaliers ont été utilisés par toutes les participantes pendant la période de l'accouchement. De plus, plusieurs nouveau-nés ont nécessité des soins pédiatriques. Les parturientes considèrent avoir été très bien encadrées durant le travail et l'accouchement, autant par le personnel médical qu'infirmier. Cependant, il ressort du discours des femmes que les informations qui leur ont été données après la naissance, concernant l'allaitement et les soins à donner au bébé, ne sont pas toujours suffisantes.