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Description des résultats

5.2 Le soutien social pendant la grossesse

5.2.4 Les milieux d'appartenance et de vie participative

Les milieux d'études

Trois des participantes étaient aux études à temps plein durant leur grossesse. Parmi celles-ci, deux étudiaient à l'Université Laval. L'une, professeure à l'université dans son pays, commençait une maîtrise dans un domaine lié au sien, l'autre, universitaire, suivait la formation de francisation. La troisième participante, n'ayant pas obtenu d'équivalence pour sa formation de niveau universitaire, poursuivait des études connexes au CÉGEP. Cette femme exprime sa déception face à la déqualification professionnelle et à l'impossibilité de refaire sa formation à l'université :

Là-bas on avait un statut. Moi j'étais (...), mon mari était (...), ici on doit refaire nos études, même je ne peux pas étudier dans mon domaine. J'étudie en (...). C'est ça, on regrette des fois beaucoup. (...) Je savais que je ne peux pas professer dans mon métier, mais je ne savais pas que je ne peux pas étudier dans mon domaine, parce que moi je pensais que je pourrais réétudier, refaire mes études en (...). Mais je ne peux pas, malheureusement (entrevue no 4).

De plus, cette participante a accouché à l'avance et se demande si le stress des études pendant la grossesse ne serait pas responsable : « Moi j'allais à l'école en même temps, ça été assez difficile de ce point de vue, jusqu'à la fin. Moi j'ai accouché plus tôt, j'ai accouché à 35 semaines, je ne sais pas si c'est la cause... une des causes, c'est le stress » (entrevue no 4).

La seule, parmi ces trois femmes, qui a lié de nouvelles relations dans le cadre de ses études est celle qui apprenait le français, et ce, avec des immigrant-e-s. Une quatrième participante dit avoir gardé contact avec un groupe d'immigrants qu'elle avait connus lors d'une formation antérieure qui leur avait été offerte au CEGEP.

Le monde du travail

Plusieurs des femmes interviewées soulignent la difficulté de trouver un emploi à Québec. Globalement, elles mentionnent qu'en plus de devoir maîtriser la langue, il faut obtenir les équivalences de leur formation ou réétudier et que les possibilités de trouver un

emploi sont restreintes, selon les domaines. Un couple pense déménager dans une autre ville du Canada, car la ville de Québec n'offre, à leurs yeux, que des emplois pour fonctionnaires. Un sentiment de découragement les gagne parfois, comme l'exprime ici cette femme : « On pense qu'on va retourner chez nous, parce que c'est très difficile de trouver un job ici. On est découragé quelquefois, on se dit vraiment il faut rentrer au pays pour trouver du travail » (entrevue no 3). Une seule des participantes travaillait durant sa grossesse. Elle avait trouvé cet emploi à la suite d'une formation offerte par les Services d'orientation et d'intégration des immigrants au travail (SONT). Cette femme n'a mentionné aucune connaissance issue de son milieu de travail.

Les activités de loisirs

Une seule des participantes avait un loisir durant sa grossesse et elle n'a noué aucune relation dans le cadre de cette activité qui lui a toutefois été très bénéfique, comme elle le souligne ici : « Depuis que je suis tombée enceinte, j'ai cherché le plus de choses qui me remplit comme personne, fait que j'ai commencé des cours d'art plastique, c'est même un loisir parce que j'aime beaucoup ça. (...) J'allais aux cours pour apprendre des choses, de voir de nouvelles techniques, sortir de la maison, me faire du bien » (entrevue no 1). Pendant leur grossesse, les femmes sortaient seules ou avec leur conjoint, à l'occasion, pour faire des promenades ou visiter des ami-e-s.

Les communautés ethnoculturelles

Plusieurs femmes ont mentionné qu'il y a, à Québec, une petite communauté de leur pays d'origine et que c'est parfois à travers elle qu'elles ont connu des compatriotes. Cependant, aucune activité organisée par ces regroupements n'a été rapportée.

La situation d'une participante est ici fort éloquente. Cette femme était d'abord arrivée à Montréal où elle a fait des études avant de migrer à Québec. Elle avait été alors accueillie par des amies, des compatriotes établies depuis plusieurs années. Elle était également devenue bénévole au sein de sa communauté d'origine, qui est très importante à Montréal. En aidant les aînés de sa communauté, cette femme avait pu participer activement à son nouveau milieu et se trouvait très entourée. En arrivant à Montréal, elle n'avait

Mémoire :

Le soutien social pendant la période périnatale : la perception de mères immigrantes de la ville de Québec

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aucunement eu besoin des services d'accueil pour les immigrants, ayant eu toutes les informations nécessaires par ses amies. Elle se trouve très isolée à Québec, ne parle que l'anglais et tente de rester en contact avec ses amies de Montréal. Elle n'était pas au courant qu'il y avait à Québec une association de sa communauté d'origine.

Les lieux de culte

Plusieurs participantes pratiquaient leur religion. Elles fréquentaient une église ou un groupe de prières où elles pouvaient se ressourcer et nouer des liens sociaux. Les milieux chrétiens semblent particulièrement « soutenants » et les immigrantes en retirent un bienfait considérable, comme en témoigne ces propos :

Les moments où j'ai eu vraiment à sortir de moi-même, à m'amuser vraiment, ça été toujours dans ce genre de... je pense que c'est toujours dans l'église, la prière, ou bien... c'est un peu ça. Parce que tu rencontres des gens qui partagent, ils ne sont pas différents, ils savent que si tu viens là tu as des besoins, ils viennent vers toi pour échanger. (...) C'est vraiment toujours dans ce genre de groupe-là, là où je suis allée, que j'ai trouvé que les gens étaient vraiment trop, trop, trop ouverts (entrevue no 9).

Interrogée au sujet des personnes disponibles quand elle a besoin de se confier, quand il y a des problèmes, cette même participante a mentionné un prêtre : « En fait, quand j'ai eu à avoir des problèmes ici, il n'y a que le prêtre là, qu'on avait rencontré, qui nous avait mariés, qui avait cheminé avec nous. Il avait été très ouvert. Même quand il y a n'importe quoi, c'est lui qui résout tous nos problèmes » (entrevue no 9).

Une autre participante a rencontré, grâce à l'église chrétienne, des gens qui l'ont aidée lorsque le moment d'accoucher est arrivé : « Parce que je suis chrétienne. Quand je suis arrivée à Québec j'ai cherché une église chrétienne et c'est là, à travers l'église, que j'ai

connu un couple de (sa nationalité d'origine). Eux-mêmes ils ont proposé de nous aider quand j'ai accouché. De garder les enfants et de nous emmener à l'hôpital » (entrevue no 5). De plus, la foi semble être en elle-même une conviction « soutenante » : « Dieu parle avec nous aussi » (entrevue no 5).

Ces différents milieux de vie offrent aux femmes interrogées quelques opportunités de développer des relations sociales, notamment par l'intermédiaire des études, des communautés ethnoculturelles et de la religion. Les femmes y rencontrent essentiellement des personnes immigrantes. Plusieurs femmes ont perdu le milieu de travail et le statut social qu'elles avaient avant d'immigrer. Si le soutien apporté par leur communauté d'origine semble faible, certaines femmes, cependant, se sont insérées dans des milieux religieux très solidaires.