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5.2 Le soutien social pendant la grossesse

5.2.3 L'entourage immédiat

Le rôle du conjoint en prénatal

Les femmes interviewées se sont peu exprimées au sujet de la qualité de leur relation conjugale et aucune relation conflictuelle n'a été rapportée, hormis celle que la mère célibataire a vécue avec le père de son enfant en début de grossesse, avant la séparation. Les participantes ont néanmoins reconnu que leur mari est leur principal confident. Les femmes se sont surtout penchées sur l'aide concrète qu'il leur apporte. Ainsi, la plupart des femmes disent avoir obtenu beaucoup d'aide de la part de leur conjoint pour les travaux domestiques et les courses pendant la grossesse. Elles sont très satisfaites de ce partage des tâches. Pour la majorité des participantes, le travail du conjoint représente la principale source de revenus durant cette période. De plus, certaines femmes ont mentionné que c'est leur mari qui les avait dirigées vers leur médecin ou les services du CSSS. Les maris — qui ont des relations au travail ou qui sont arrivés au pays avant leur conjointe— ont une meilleure connaissance des ressources qu'elles. C'est surtout avec leur conjoint que les femmes font des sorties, des promenades ou des visites chez des amis. Dans la majorité des cas, ce sont les maris qui ont la voiture et qui conduisent.

Interrogées au sujet de leur organisation, advenant le cas où elles auraient dû être alitées à la maison pendant leur grossesse, plusieurs participantes ne savaient que répondre. Bien que leur conjoint les aide beaucoup, il n'est pas perçu par les femmes comme

étant suffisamment disponible ou compétent pour assumer leurs propres tâches.

La famille : un appui fragilisé

À l'exception d'une seule, les participantes ont immigré au pays sans leur famille immédiate (parents, frère, sœur) ou éloignée. Les femmes interrogées n'avaient aucune parenté au Québec. Elles ont toutes insisté sur l'importance du rôle de la famille pendant la maternité. Pour certaines, il s'agissait essentiellement du rôle de leurs parents. Les participantes qui étaient issues de sociétés traditionnelles ont souligné que, dans leur pays d'origine, elles étaient entourées par les femmes de leur famille immédiate et éloignée, comprenant parfois des membres de la belle-famille, selon la culture.

Certaines des femmes interviewées ont toutefois reçu un peu d'aide à distance des leurs. En effet, celles-ci sont restées régulièrement en contact avec leurs parents, grâce au téléphone ou à Internet. Ces appels leur permettaient d'obtenir des informations concernant la grossesse ou de parler quand elles en avaient besoin. L'une de ces participantes, qui ne parle pas français et n'a pas d'ami-e-s à Québec, est restée à la maison parce qu'elle s'inquiétait beaucoup pour sa grossesse. Cette femme appelait souvent ses parents dans son pays d'origine pour être rassurée : « Oui, parce que mes parents sont médecins là-bas. Alors je les appelle pour avoir des informations. Et s'ils ne connaissent pas la réponse, ils demandent à leurs collègues. Et ils m'ont envoyé quelques livres sur la grossesse et l'éducation des enfants » (entrevue no 8).

Deux autres participantes ont pu bénéficier du support de membres de leur famille, support qu'elles ont grandement apprécié. La première, qui est célibataire, a souligné l'importance de la famille dans sa culture. La présence de sa mère et de son frère, avec lesquels elle entretient des relations harmonieuses, a joué un rôle important sur le plan émotionnel durant sa grossesse. De plus, sa famille pouvait lui rendre des services d'ordre pratique. Ainsi, elle considère avoir reçu beaucoup de soutien de leur part : « Mais avec plein de choses, par exemple les affaires du bébé, j'ai été dépannée souvent par ma famille (...). Quand t'es enceinte t'es beaucoup affective, on a souvent les bleus, mais d'un autre côté j'ai eu beaucoup, beaucoup de soutien de ma famille. (...) Pour nous c'est quand même important d'être près de notre famille, il fallait que je sois près de ma mère, je l'aime »

Mémoire :

Le soutien social pendant la période périnatale :

la perception de mères immigrantes de la ville de Québec

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(entrevue no 1). Pendant sa grossesse, cette femme se sentait inutile, incapable d'aider sa famille en retour.

La deuxième participante était entourée de son mari et de leurs enfants. Comme elle était au repos durant sa grossesse, les membres de la famille se sont entraidés pour accomplir les tâches ménagères. Cette femme précise : « Quand j'étais enceinte, tout le monde, mon mari, ma fille, tous m'aidaient. (...) Mon mari faisait la cuisine, le ménage, et le lavage ma fille. Oui, mes deux filles m'ont beaucoup aidée » (entrevue no 6). La mère de cette participante aurait aimé venir à Québec pour l'aider, mais celle-ci n'avait pas les moyens de lui obtenir un visa de visiteur.

Les relations sociales pendant la grossesse

Seules deux participantes avaient des amies installées au Québec avant d'immigrer et deux femmes n'entretenaient aucune relation amicale. Les femmes interviewées sont entourées de nouvelles connaissances, établies depuis leur arrivée à Québec. Elles ont des amies personnelles ou fréquentent des couples avec leur mari. Leur cercle de connaissances est constitué de compatriotes et d'immigrants, parfois de Québécois. Les amis et amies sont issus des communautés ethnoculturelles, des milieux d'études ou religieux, rarement du voisinage. Il arrive que les femmes entrent en contact avec des gens par l'intermédiaire de leurs conjoints, les collègues de travail de ces derniers notamment.

En période prénatale, les femmes interrogées se considèrent peu entourées : «Je connais pas beaucoup de monde» (entrevue no 1) ou, encore: «Je ne connais personne » (entrevue no 3). Les quelques ami-e-s sont rencontré-e-s à l'occasion, lors de visites. Les femmes s'appellent de temps en temps, quand elles ont besoin de parler, quand elles s'ennuient. Les participantes échangent des informations diverses avec leurs connaissances, qui les guident vers différents services et leur donnent des conseils, leur offrent des articles pour bébé. Les sorties avec des ami-e-s sont très rares.

Si les relations amicales sont bonnes, les ami-e-s sont toutefois perçu-e-s comme individualistes : « C'est chacun pour soi et Dieu pour tous! On se rencontre rarement et... sais pas » (entrevue no 2). Dans certains cas, les ami-e-s étaient plus proches et ont été

régulièrement en contact avec les femmes. Ils se sont montrés attentifs à leurs besoins et leur ont offert de précieux services, comme du transport ou la garde d'enfants. Ce fut notamment le cas de voisins.

Les femmes interrogées soulèvent les difficultés qu'elles rencontrent d'entrer en contact avec les Québécois et les Québécoises. La langue, dont l'anglais, est une première barrière au développement des relations interpersonnelles. Les Québécois sont perçus comme des gens difficiles d'accès : « Je trouve ça dur d'avoir des relations avec les Québécois» (entrevue no 1). De plus, comparativement à leurs compatriotes ou aux montréalais, les gens leur paraissent fermés et peu accueillants, ce qui ne facilite pas l'adaptation des femmes à leur nouveau milieu, comme l'illustre cette citation :

À Québec on a eu vraiment beaucoup de difficultés pour se familiariser et pour s'acclimater. À Montréal, c'était beaucoup plus facile, parce que ... je ne sais pas... mais ici, c'était pas évident. Les gens sont pas trop ouverts et ... c'est pas évident. (...) Ici, au début, je déprimais. Je n'ai jamais vécu ... je ne me suis jamais vraiment recroquevillée sur moi comme ici. Chez nous, c'est ... il y a une certaine convivialité qui... je ne sais pas, ici j'ai pas eu ça par exemple (entrevue no 9).

Certaines participantes ont mentionné avoir vécu de la discrimination. Ainsi, une famille a décidé de déménager parce qu'elle vivait des relations conflictuelles avec les propriétaires : « Le propriétaire n'était pas gentil. Il n'était pas gentil avec les immigrants. Sa femme, tous les jours chicaner avec immigrants » (entrevue no 6).

En somme, l'entourage immédiat est marqué par l'absence de la famille et des ami-e-s de longue date. Les femmes interrogées sont satisfaites de l'aide de leur conjoint, qui représente leur seule relation significative. La vie sociale des participantes est pauvre pendant la période prénatale. Bien qu'ils soient peu nombreux et dans l'ensemble peu présents, les nouveaux amis favorisent tout de même les échanges. L'accueil des Québécois à leur égard n'est pas perçu de manière positive et la langue représente une barrière à l'établissement des relations.

Mémoire :

Le soutien social pendant la période périnatale :

la perception de mères immigrantes de la ville de Québec

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