• Aucun résultat trouvé

Chapitre II Revue de littérature

2.1 Méthodologie de la revue de littérature et présentation du corpus

2.1.2 Analyse quantitative et qualitative du corpus constitué

2.1.2.4 Les revues les plus citées dans notre corpus

Les douze principales sources représentent seulement 25 % du corpus, ce qui montre que la littérature est fortement dispersée. Cette dispersion tient, selon nous, au fait qu’elle provient souvent de chercheurs/chercheuses qui ont expérimenté l’artefact dans le cadre de leurs cours, mais sans faire partie du champ des sciences de l’éducation de sorte que ces textes ont été publiés dans un journal s’intéressant à la pédagogie dans leur discipline. Ces auteur.e.s n’ont publié, en très grande majorité qu’un seul article sur leurs expérimentations qui constitue des retours d’expérience et non un thème de recherche dont ils/elles se sont emparé.e.s. Ce point explique selon nous la grande absence d’un cadre théorique pour analyser ces expériences, comme nous le verrons en détail dans le chapitre III.

La revue la plus citée est Active Learning in Higher Education. Bonwell et al. considèrent que les élèves ne sont pas suffisamment actifs/actives quand ils ou elles écoutent une leçon magistrale dont ils déplorent la prédominance en écrivant (1991, p. 19, notre traduction) : « Il y a trente ans, McKeachie écrivait dans le Handbook of Research on Teaching (Gage, 1963, p. 1125) : « L'enseignement et les cours magistraux ont été si longtemps associés que lorsqu'on imagine un.e professeur.e d'université dans une classe, on l'imagine presque toujours professant128. Peu de gens contesteraient l'affirmation selon

laquelle la grande majorité des professeur.e.s d'aujourd'hui ont été des étudiant.e.s de premier cycle et des cycles supérieurs à qui l'on a fait cours. Il n'est donc pas surprenant que

128 Il est intéressant d’observer que le mot lecture a un double sens. Selon le Cambridge Dictionnary

(https://dictionary.cambridge.org/dictionary/english/lecture, consulté le 15/04/2020), lecture quand elle s’adresse à un ensemble de gens constitue « a formal talk on a serious subject given to a group of people,

especially students : ». Quand elle s’adresse à un individu, elle est : “an angry or serious talk given to someone in order to criticize their behaviour”. Le Robert and Collins (https://www.collinsdictionary.com/dictionary/english-french/lecture, consulté le 15/04/2020) reprend ce deuxième sens en traduisant « to lecture to some one » par faire la leçon, sermonner. On voit donc un rapprochement entre l’éducation transmissive et la morale, qu’elle soit d’inspiration religieuse ou non.

Nom de la source citée

Fréquence des principales sources

citées

British Journal of Educational Technology 2

Educause Quarterly 2

Journal of College Science Teaching 2

STICEF 2

Teaching Sociology 2

Computers in Human Behavior 3

Journal of Computer Assisted Learning 5

Teaching of Psychology 5

Thèses 6

Computers & Education 7

Active Learning in Higher Education 8

livre Audience Response Systems in Higher Education Education

8

Total général 52

les cours magistraux continuent d'être notre mode d'enseignement le plus répandu129.» Ce

constat effectué dans les années 60, réitéré 30 ans après (1991), prévaut peut-être toujours. Pour Bonwell et al., les étudiant.e.s (Op. Cit., p. 5) « … doivent lire, écrire, discuter ou participer à la résolution de problèmes. Plus important encore, pour participer activement, les élèves doivent s'engager dans des tâches de réflexion d'ordre supérieur comme l'analyse, la synthèse et l'évaluation. Dans ce contexte, il est proposé que les stratégies de promotion de l'apprentissage actif soient définies comme des activités pédagogiques impliquant les élèves à réaliser des choses et à réfléchir à ce qu'ils font130. ».

Si la participation visible est comprise dans l’active learning, le construit de Bonwell et al. est plus large que la participation visible que nous allons mesurer dans ce travail. On pourrait y faire entrer des activités métacognitives tels que les jugements de confiance, ou l’évolution de la compréhension des étudiant.e.s lors d’une évaluation dynamique qui leur fournit avec des interactions de tutelle des éléments pouvant les inciter à se raviser (Voir annexe 1.3). Par ailleurs, la participation est un processus alors que l’apprentissage est un résultat, et nous ne testons pas dans cette thèse le lien entre participation visible et performances obtenues à l’examen final, cette performance ne reflétant que la seule dimension cognitive de l’apprentissage. Enfin, revenons sur la typologie de la participation visible que nous proposons dans le chapitre I (voir le Tableau 1.0.1, page 51) pour rappeler que la participation invisible existe même si on ne peut la distinguer à l’œil nu ou avec un SISMO du désengagement.

L’autre journal prédominant, Computers & Education, réintroduit le médium dans le discours alors que l’on pourrait considérer que la revue Active Learning in Higher Education s’intéresse plus à un « résultat », éventuellement dépourvu du recours à une médiatisation. Nous avons cependant vu dans le chapitre I, quand nous avons comparé les SISMOs avec les modes d’interrogation collective gestuelle (vote à main levée, cartes éclair) que la

129 « Thirty years ago, McKeachie wrote in the Handbook of Research on Teaching (Gage, 1963, p. 1125), ‘College teaching and lecturing have been so long associated that when one pictures a college professor in a classroom, he almost inevitably pictures him as lecturing.’ Few would argue with the statement that the vast majority of today's professoriate were primarily lectured to as both undergraduates and as graduate school students. It is not surprising, therefore, that lecturing continues to be our most prevalent mode of instruction ». 130 « [students] must read, write, discuss, or be engaged in solving problems. Most important, to be actively involved, students must engage in such higher-order thinking tasks as analysis, synthesis, and evaluation. Within this context, it is proposed that strategies promoting active learning be defined as instructional activities involving students in doing things and thinking about what they are doing ».

médiatisation informatisée permet de créer des situations spécifiques, que cette thèse explore en partie.

A notre surprise, nous n’avons pas trouvé par rapport à notre recherche de références situées dans le champ de l’évaluation alors que le terme d’évaluation formative apparaît dans 99 de nos 201 références en étant mentionné 760 fois.

2.1.3 Les dénominations de l’artefact utilisées dans le corpus

Nous avons insisté sur la pluralité de noms de ces artefacts et nous avons voulu mesurer non plus le nombre de termes différents apparaissant dans la littérature mais leur fréquence d’apparition.

Nous avons donc, pour chaque article, recensé les différentes dénominations de SISMO apparaissant dans le titre, les mots clé et le corps du texte, mais en excluant la bibliographie. Chaque terme est pris en compte une seule fois par référence même s’il est utilisé plusieurs fois dans celles-ci.

Nous avons regroupé tous ces termes dans un seul fichier pour lequel nous avons effectué une recherche du nombre d’occurrences (word frequency) avec le logiciel Nvivo. Ce logiciel considère tous les mots comme indépendants et utilise un jeu de 63 termes, anglais et français.

Si l’on exclut les deux mots clicker et clickers qui constituent une dénomination en un mot, restent 61 mots qui s’assemblent pour créer les dénominations utilisées. Si l’on considère les doublons correspondant au mot singulier et pluriel -[classroom(s), system(s), système(s), électronique(s), il subsiste 57 mots uniques constituant les pièces de base d’un « mécano de la dénomination » auxquels ces artefacts donnent lieu dans la littérature (voir annexe 1.1), et auquel nous participons également avec l’acronyme proposé qui introduit trois termes supplémentaires : synchrone, médiatisé et ordinateur.

Nvivo a dénombré les occurrences en valeur et en pourcentage, puis nous les avons classées par fréquence décroissante. Le Tableau 2.0.7 présente 20 mots, dont 19 (hormis clickers) se combinent pour créer les dénominations de l’artefact :

Mot Nombre Pourcentage du corpus (%) Response 184 23,68 System 182 23,42 Clickers 119 15,32 Audience 53 6,82 Student 48 6,18 Classroom 38 4,89 Personal 33 4,25 Electronic 23 2,96 Systems 18 2,32 Voting 14 1,80 Communication 10 1,29 Technology 9 1,16 Feedback 8 1,03 Interactive 8 1,03 Machines 6 0,77 Wireless 6 0,77 Group 5 0,64 Keypad 5 0,64 Boîtiers 4 0,51 Paced 4 0,51 Total 777 100

Tableau 2.0.7 - Fréquence des 20 mots les plus utilisés dans le corpus désignant soit les SISMOs (Clickers) ou entrant dans la composition du nom des SISMOs

Nous voyons par exemple que le mot audience apparait dans 43 dénominations, ce mot se combinant avec d’autres termes pour donner les noms suivants : Audience Response System, Audience Response Technology, Audience Group System, Audience-paced Feedback System. Une représentation graphique (Figure 2.0.7) proposée par le logiciel Nvivo complète le tableau ci-dessous sous forme de nuage de mots en utilisant les 63 mots recensés. La taille de la police de caractères utilisée reflète le poids relatif exprimé dans la dernière colonne du tableau ci‐dessus. Les couleurs n’ont pas de signification intrinsèque et sont choisies par le logiciel.

Figure 2.0.7 - Nuage de mots crées à partir de l’ensemble des dénominations de SISMOs rencontrées dans la littérature de notre corpus

Ce tableau et ce graphe font ressortir l’instabilité terminologique de l’artefact. Nous l’avions déjà indiquée dans le premier chapitre et dans l’annexe 1.1 ; la voilà désormais mesurée au sein de notre corpus.

On observe bien la prédominance de la dénomination clickers qui apparaît 119 fois. Nous avons déjà souligné le caractère fort peu explicite de ce terme qui nous paraît, de surcroît, condamné par la dématérialisation inéluctable des terminaux dédiés, déjà évoquée dans le chapitre I, et soulignée par le rapport NMC Horizon (2015, p. 36). Cette terminologie de clickers renvoie à l’outil et à une dimension individuelle que l’on retrouve dans les termes suivants : télévoteurs, keypads‐based, boîtiers de réponse, boîtiers électroniques, boîtiers de vote. Elle suggère l’idée que chacun.e va pouvoir agir via un terminal individuel.

Le terme de response est plus cité que le mot clickers mais c’est parce qu’il se combine avec différents substantifs, dont system(s) pour créer plusieurs dénominations. Response et System(s) sont respectivement cités 184 et 180 fois au singulier, le mot systems apparaissant 18 fois. On voit donc que ces terminologies orientées « système de réponse » prédominent dans notre corpus.

Quatre dénominations contenant l’expression response system ressortent. Deux d’entre elles insistent sur le caractère collectif de l’artefact : Audience Response System(s), Classroom Response System(s). Deux autres mettent en avant le caractère individuel de la réponse collectée : Student Response System(s), Personal Response System(s).

Pour conclure cette étude quantitative des dénominations de l’artefact au sein de notre corpus, nous avons par ailleurs effectué une recherche sur les dénominations les plus citées dans le corpus (voir annexe 2.1) alors que le Tableau 2.0.7 (page 94) et la Figure 2.0.7 (page 95) qui comptabilisent la présence d’une dénomination dans une référence du corpus mais sans tenir compte de la fréquence d’utilisation de la dénomination au sein de la référence bibliographique. Autrement dit, cette analyse fait émerger la préférence des auteur.e.s pour une dénomination par rapport à la pluralité de dénominations qui ont pu être utilisées dans le corpus.

Les mots clicker et clickers apparaissent respectivement 7 644 fois et 4 145 fois, soit un total de 11 789 occurrences. Dans la liste figurant dans l’annexe 2.1, nous voyons que le mot response et responses apparaissent 6 624 fois et 2 862 fois, soit 9 486 fois ; mais nous avons voulu distinguer du mot response(s) les dénominations contenant les termes « response system(s) » tels que classroom, student, audience. Nous avons donc effectué avec Nvivo une extraction des articles du corpus contenant « response system » ou « response systems ». Nous avons ensuite utilisé la fonction de mesure de fréquence des mots comme le montre la Figure 2.0.8 ci-après :

Figure 2.0.8 - Boîte de dialogue du logiciel Nvivo montrant les résultats d’une recherche, dans le corpus, sur les termes response, responses et system

On voit ainsi que les dénominations contenant l’expression response system(s) apparaissent en tout 3 970 fois (2 323 + 1 647 = 3 970), alors que le mot clicker(s) a été rencontré 11 789 fois dans notre corpus. Cela représente un rapport de 3 à 1 (11 789/3 970 = 2,96). La prédominance de ce terme que nous trouvons peu qualifiant, notamment par rapport à un composé de response system, est très nette, mais peut-être n’est-elle que temporaire car liée à des solutions technologiques en déclin.

Nous allons maintenant présenter les définitions de l’anonymat rencontrées dans la littérature.