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Les quartiers anciens au centre de la ville

II.5.1

La proximité du Marché central et du Centre des Affaires

Au centre de la ville de Kinshasa, il y a la zone que l’on a coutume d’appeler le Centre

des Affaires. C’est un espace que l’on peut subdiviser en trois zones : une zone portuaire

au Nord (en bordure du fleuve), une zone commerciale au Sud, et entre les deux un espace de “centre-ville” où se trouvent réunis les symboles du pouvoir de décision et d’un mode vie propres aux grandes capitales : des grands immeubles, des larges artères, des commerces de luxe, des sièges des entreprises, les bureaux des organisations internationales, des compagnies aériennes, des ambassades, etc. La zone commerciale au Sud est attenante au Marché central (PAIN, 1984 : 233-240). Le Marché central, situé au Sud du Centre des Affaires joue le rôle de liaison entre la ville européenne et les quartiers populaires, c’est-à-dire entre la ville et les cités. Les Anciennes cités se situant immédiatement au Sud Marché central.

II.5.2

Quartiers anciens, quartiers centraux

Ainsi, ces quartiers anciens ou Anciennes cités, qui furent périphériques au moment de leur lotissement en 1911 par rapport à la ville européenne, sont aujourd’hui des quartiers centraux. Même s’ils sont dégradés comme on le verra par la suite, ce sont des quartiers bien intégrés à la ville. Leurs parcelles ont une valeur foncière très élevée par rapport aux autres quartiers populaires. Leur plus grand atout est justement de se situer au centre de la ville. Ces Anciennes cités de la ville de Kinshasa bénéficient donc d’une excellente position géographique. Elles se situent entre le Centre des Affaires d’une part, et d’autre part, les Nouvelles cités, celles-ci comprenant le quartier Matonge et la commune de Kasa-Vubu, qui exercent l‘un et l’autre une fonction de centralité très marquée pour les quartiers populaires (la ville africaine).

En fait, en observant la géographie des activités économiques de Kinshasa, on constate qu’il y a un centre d’activités de premier ordre, le Centre des Affaires dont nous avons parlé précédemment et qui se situe dans la ville européenne. Mais il y a également un centre d’activités de second ordre qui se situe autour du carrefour le plus important de la ville, le rond-point de la “victoire”, à l’intersection du quartier Matonge de la commune de Kalamu et la commune de Kasa-Vubu (de SAINT-MOULIN, 1969). Ces quartiers favorisent une forme nouvelle d’urbanisation en transposant le modèle des bâtiments du Centre des Affaires (Building) à une échelle plus modeste (R+1, R+2) capacité d’investissement et de gestion oblige. Et cela a poussé à une certaine époque les autorités à prendre la décision (décision qui n’a pas été exécutée à ce jour) d’établir à terme, le nouveau centre de la ville de Kinshasa entre les Anciennes cités et les Nouvelles

cités65 (communes de Kasa-Vubu et de Kalamu) (DE MAXIMY, 1984 : 309). On y reviendra.

II.5.3

Les Anciennes cités

II.5.3.1

Caractéristiques générales

Les Anciennes cités de Kinshasa présentent de manière générale la caractéristique d’être assez dégradées à la fois à cause de leur ancienneté, tant du fait du matériau dans lequel ont été construites les maisons que de leur sur-utilisation. Ces quartiers ont des équipements d’infrastructures assez complets : eau, électricité, axes principaux asphaltés et équipements collectifs. Cependant l’état général des infrastructures est modeste, particulièrement la voirie et l’assainissement : un maillage des voies en damiers dont les rues sont en mauvais état, des canalisations à ciel ouvert, mal entretenues, encombrées de détritus ou bouchées. Certaines parties de ces quartiers présentent un caractère d’insalubrité assez poussé.

« En fait, les “anciennes cités”, très dégradées, abritent une population disparate, aux revenus hétérogènes. Là se rencontrent de nombreux travailleurs manuels installés dans de véritables taudis, surtout à Barumbu et Lingwala (deux des anciennes cités de Kinshasa) où demeurent encore de nombreux petits îlots tout à fait insalubres où se groupent les derniers arrivés en attente d’emploi et logement. Ces îlots sont des parcelles que les premiers occupants ont densifié après 1960, car le contrôle a alors cessé de s’exercer en fonction des normes réglementaires et de leur respect. Notamment le coefficient d’occupation du sol devient une notion caduque, hors de toute signification. (…) Cependant depuis quelques années, ces parcelles sont rentabilisées au maximum par des chambres de passage où les occupants ne demeurent que le temps de commencer leur intégration urbaine. Il est à noter que ce sont des travailleurs manuels qui habitent là. Dès qu’un emploi stable assure un revenu, même modeste, ils vont s’installer plus décemment. Enfin, ces îlots se situent relativement loin des quartiers et des rues attractifs pour les boutiques des commerçants ou les échoppes des artisans, la location de chambres (les plus petites et les plus nombreuses possibles sur chaque parcelle permet donc de les rentabiliser » (DE MAXIMY, 1984 :194).

Une parcelle dans les Anciennes cités, avec des vielles constructions en poto-poto (Source : PAIN, 1984 : 212)

Dans certaines parties de ces quartiers anciens, les maisons vieillissent sans être entretenues. Certaines de ces maisons construites à l’époque coloniale en « poto-poto » ou en briques « adobes », sont aujourd’hui des taudis. La densification des bâtiments en ajout sur la parcelle depuis 1960, (sans tenir compte du coefficient réglementaire d’occupation du sol, contribue à la dégradation inéluctable de ces quartiers, qui sont pourtant bien intégrés à la ville (DE MAXIMY, 1984 : 309) Dans les Anciennes cités la

densité a toujours été très forte ; les parcelles se sont davantage densifiées depuis la fin des restrictions coloniales. Ces quartiers ont toujours accueilli les nouveaux migrants et rentabilisé ainsi leurs parcelles en louant des logements. Comme souligné précédemment, les habitations dans les Anciennes cités étaient d’abord construites par les Africains eux- mêmes en suivant les formes et les matériaux utilisés en milieu rural.

Cependant, malgré l’entassement et le délabrement des constructions et la forte densité de la population, ces quartiers sont parmi les plus actifs et dynamiques de la ville. En effet en dehors d’îlots fort délabrés et insalubres, d’autres parties de ces Anciennes cités sont très attractives par la présence des boutiques et des échoppes des commerçants et des artisans, et elles suivent un processus de restructuration comme on le verra dans la suite.

II.5.3.2

Le Fonds d!Avance et l!évolution du type de logement

Lorsqu’on parcourt les Anciennes cités en direction Nord-Sud, on peut observer la chronologie du lotissement de ces quartiers. Les parties les plus anciennes sont celles qui sont les plus proches du Centre des Affaires et du Marché Central. C’est dans certaines de ces parties que l’on trouve encore des îlots de constructions anciennes en matériau traditionnel, par exemple, dans certaines parties du quartier CITAS à Barumbu. Par contre, vers le Sud, il y a des maisons en matériau durable et construites dans un style plus moderne.

L’évolution du logement et du type d’habitat sont révélateurs du processus d’urbanisation suivi pendant les premières décennies de la colonisation belge. Si au départ, l’Administration coloniale avait laissé aux Africains le soin de construire leurs logements comme ils le voulaient et selon les moyens dont ils disposaient, cette Administration se rendit compte qu’il était difficile de poursuivre dans cette voie. En effet, l’accroissement de la population urbaine provoqua une crise du logement et l’on sentit la nécessité d’aider les Africains à acquérir des logements en dur plus conforme à la vie urbaine.

« Les pionniers en la matière ne furent bien sûr pas les pouvoirs publics. Bien qu’il existât une législation en matière faisant obligation aux employeurs d’assurer le logement de leurs travailleurs, ce furent les Missions religieuses qui, dès 1932-1933, cherchèrent des solutions. Les catholiques donnèrent le ton en organisant un système de prêts aux indigènes pour la construction des maisons en pleine propriété. Mais la demande fût telle que, faute d’argent, ils ne purent continuer dans cette voie. Ce fût le district de Léopoldville qui prit alors la relève et créa un Fonds d’Avance grâce auquel des maisons en matériaux durables purent être construites par les Noirs eux-mêmes et pour leur propre usage » (DE MAXIMY,

1984 : 108).

« Un Fonds d’Avance et de Remploi a été créé afin de mettre à la disposition des indigènes, et sans intérêt, le capital nécessaire à la construction de maisons en matériaux durables. L’indigène choisit lui-même le plan de sa maison. Plan et devis sont approuvés par le Service des Travaux Publics de la ville, qui surveille également les travaux de construction. La maison réceptionnée, l’Administration paie l’entrepreneur et le bénéficiaire rembourse en 84 mensualités, soit sept ans. Environ 330 maisons ont été construites d’après ces modalités ». (CAPELLE, 1947 : 77)

« Les prêts du Fonds d’Avance (…) sont à la disposition des gens méritants, et parmi leurs mérites, leur foi chrétienne est considérée comme l’un des premiers. Il faut en outre justifier d’un emploi stable lié à un revenu régulier cela pour pouvoir rembourser l’avance faîte par des versements réguliers (ce qui relève d’une gestion saine et va de soi) et aussi parce que la stabilité de l’emploi de l’acquéreur garantit sa stabilité sociale et donc son respect de l’ordre établi. C’est toujours par l’argument financier que toute politique sociale, même la plus ouverte, se trouve biaisée : le cas présent ne fait pas exception à cette loi. Il faut enfin être nanti d’une famille déjà nombreuse : politique à caractère social, mais aussi garantie supplémentaire de stabilité et d’absence de politisation » (DE MAXIMY, 1984 : 110).

En 1935, le District urbain de Léopoldville prit donc en main le Fonds d’Avance mis en place par les missions catholiques quelques années plus tôt (en 1932). Les Prêts du Fonds d’Avance furent une charnière importante dans l’urbanisation des quartiers africains de la ville de Kinshasa. Ils furent le résultat d’une première prise de conscience administrative des problèmes sociaux posés par les indigènes qui s’installaient en ville. Ces prêts débouchèrent, pendant les années qui ont suivi la guerre, sur la création d’un Office des Cités Africaines (O.C.A.). En effet, l’Administration coloniale prit conscience avec la crise du logement due à l’augmentation de la population africaine pendant la deuxième guerre mondiale, qu’elle se trouvera bientôt dans l’obligation d’organiser des superficies considérables destinées à être affectées aux Cités indigènes.

Il est donc clair qu’à partir de ce moment, il n’était plus seulement question d’assurer une parcelle aux travailleurs Africains qui devaient se débrouiller seuls pour construire eux- mêmes leurs maisons. Il fallait désormais leur donner des logements décents, suffisants et sains. Il était désormais question de construire en masse des nouvelles maisons pour les Africains, mais aussi constituer des ensembles urbains cohérents, qui seraient à la fois fonctionnels et attrayants, tout en les dotant d’équipements et d’infrastructures urbains. C’est à l’Office des Cités Africaines que fût dévolue cette mission et cette politique de l’habitat urbain. Il a été créé par décret le 30 Mars 1952 et organisé par Arrêté Royal du 14 avril 1952 en remplacement de l’Office des Cités Indigènes de Léopoldville (O.C.I.L.). Les prêts du Fonds d’Avance ont continué sous l’O.C.A. En observant les différentes parties des Anciennes cités, on peut voir la différence du style de logement, qui a évolué grâce aux prêts du Fonds d’avance, d’un style plus proche du type traditionnel à une variété de type plus moderne. De même, on peut observer la différence de l’organisation de l’espace et de la construction des quartiers entre d’une part les quartiers des Anciennes

cités, et d’autre part ceux des Nouvelles cités et des Cités planifiées construites après la

deuxième guerre mondiale en suivant une politique urbaine plus volontariste66. La diversité des types de constructions est en fait une des caractéristiques principales de la morphologie des Anciennes cités à Kinshasa. Par contre, les Nouvelles cités, et surtout les

Cités planifiées présentent une plus grande homogénéité sur le plan morphologique, car

c’est là où l’Administration coloniale a construit massivement des logements sociaux au profit des travailleurs de l’époque. Mais, dans les Anciennes cités, le nombre de constructions, leur diversité à l’intérieur d’une même parcelle, mieux l’organisation de l’espace dans la parcelle peut être révélateur de l’organisation même la vie familiale et de son évolution à travers le temps, comme on le verra plus loin.

II.5.3.3

Exemple d!un quartier des Anciennes cités : Madimba

67

66 En effet, les Nouvelles cités et les Cités planifiées, issues d’une politique d’habitat plus volontariste sont mieux équipées que les Anciennes cités, car on y a pensé à l’équipement du sol, à l’équipement culturel (salle de fêtes et de spectacles), aux équipements qui servent aux loisirs et au délassement, aux équipements sanitaires et scolaires, aux équipements commerciaux, particulièrement les marchés. Elles sont aussi bien dotées en termes d’infrastructures, avec une viabilisation primaire et de desserte, très dense et bien conçue, une voirie revêtue, un bon assainissement, un réseau d’eau et d’électricité, etc. (De MAXIMY, 1984 :111-112).

67 Le quartier Ruwet de l’époque comprenait la surface de deux actuels quartiers : les quartiers Madimba et Ngwaka. Ce quartier portait le nom d’un Administrateur de territoire, le Major RUWET, qui fut un ancien commissaire de district de Léopoldville. Quartier : MADIMBA (une partie de l’ex Quartier Ruwet), Commune de Kinshasa

Sources d’informations : Recensement administratif Madimba 2004 ; entretiens avec les agents de l’Administration communale affectés au quartier.

Population : 14.670 dont 11.752 congolais et 2.918 étrangers ; dont 7065 hommes et 7605 femmes.

Nombre de parcelles : 490 parcelles dont 343 parcelles commerciales ou mixtes (mi commerciales, mi résidentielles),

124 parcelles résidentielles, 9 occupées par les églises, 5 par les mosquées, et 9 par les écoles.

Nombre de rue : 9 rues traversées par 6 axes de pénétration, dont 2 sont des axes principaux de la ville, de direction

Madimba, quartier commerçant, est très animé. Ses rues sont en permanence encombrées de passants. En bordure des parcelles sont construites des boutiques et échoppes, à l’intérieur des parcelles il y a des entrepôts. Ici et là, on rencontre des pousse-pousses chargés de marchandises, des colporteurs, des marchands ambulants criants à tue-tête, des policiers racketteurs, des pickpockets, etc. A Madimba, se déplacer dans la journée dans certaines rues très encombrées, prend parfois l’allure d’une véritable procession. La vocation commerciale de ce quartier est liée à la proximité du marché central de Kinshasa. Même s’il est l’un des plus vieux quartiers de la ville, Madimba n’a pas été de tout temps un quartier commerçant. C’est en 1943, avec l’implantation du marché central à proximité de ce quartier, que des petites boutiques, ont commencé à apparaître dans les rues les plus proches du marché et dans celles qui y convergent.

Avant 1943, le marché se situait ailleurs. Il y eut tout d’abord, un marché situé à l'emplacement actuel de la Grande Poste. Ce marché, ainsi que l'ancien tracé du chemin de fer Kinshasa-Léopoldville, qui se situait à l'emplacement actuel du boulevard du 30 juin, délimitaient la ville européenne et la ville africaine. Cette limite fut repoussée vers le Sud à cause de l’extension de la ville européenne. Il faut dire que la frontière entre la ville européenne et la ville africaine fut repoussée à plusieurs reprises. C’est ainsi que le tracé du chemin de fer et le marché furent déplacés. Le marché fut réaménagé sur un autre site où l’on construisit un marché couvert en coupole. Ce deuxième site du marché se situait juste à coté de l’Hôtel de ville, à l’emplacement du magasin African-Lux (devenu Super Marché Daniel) (PAIN, 1979 ; WHYMS, 1956).

Le marché public de Léopoldville construit en 1943 (Source : CAPELLE, 1947 :47)

Equipements et infrastructures

Dans le quartier

2 Eglises (protestantes), 2 mosquées, 4 centres de santé, 3 hôtels, 7 chambres froides, 2 écoles maternelles, 2 écoles primaires, 3 écoles secondaires, 1 sous–commissariat de police. A proximité immédiate : Le Marché central de Kinshasa (Grand marché), l’hôpital général de Kinshasa, le Centre des Affaires, le jardin zoologique, le jardin botanique ; 1 église catholique (St André), 1 stadium, 1 mission de l’Armée du Salut, plusieurs écoles. Autres équipements/infrastructures dans le quartier : Eau et électricité, voirie revêtue sur les axes principaux et sur certaines rues, en état de dégradation très avancé sur certains axes; éclairage public existant sur certains axes mais ne fonctionnant plus. Intense activité commerciale ; quelques activités artisanales. Beaucoup d’habitants vivent de la “rente” foncière ou du micro-commerce.

Puis, le 1er janvier 1943 fût inauguré un nouveau marché, construit à l’époque sur le même site que celui qu’occupe le Grand marché actuel. La construction du marché de 1943, s’est avérée nécessaire car l’ancien marché était devenu trop petit par rapport à l’accroissement de la population suite aux circonstances nées de la seconde guerre mondiale. On le construisit sur un nouveau site, sur une partie de la zone neutre délimitant la ville européenne et la ville africaine. Cette partie de la zone neutre était précédemment occupée par un jardin botanique, dont la surface fut réduite pour faire place au marché. Enfin, au début des années 1970, le marché de 1943 fut détruit et on reconstruisit sur le même emplacement un marché plus moderne. C’est le Marché central actuel. Les informateurs témoignent du développement des activités marchandes dans le quartier, comme étant d’abord le fait des populations étrangères.

«A l’époque coloniale, les quartiers de la Cité étaient d’abord identifiés non pas par des noms mais par des numéros. Puis, ils n’avaient pas de nom, mais des numéros. notre quartier s’appelait quartier Ruwet. Il regroupait les deux quartiers voisins aujourd’hui : le quartier Madimba et le quartier Ngwaka. C’est à l’époque du mouvement de l’authenticité en 1972 que le quartier a été débaptisé et divisé en deux. Les populations étrangères étaient beaucoup plus actives dans le commerce que les Congolais. Il y avait beaucoup de commerçants Maliens. Des commerçants Nigérians, qu’on appelait tous des Haussas, qu’ils soient Ibos ou Haussas. Les Togolais comme les Ghanéens, on les appelait tous des Popo. A l’époque nous faisions peu de différence entre les Ghanéens et les Togolais. Ce sont des différences que nous avons commencé à établir avec l’indépendance » (A.S., informatrice âgée de 76 ans, entretien 2005)

« Aussi loin que remonte ma mémoire, ceux qui furent les plus actifs dans le commerce dans notre quartier, c’était plutôt les populations étrangères : les Ouest Africains que nous avions l’habitude d’appeler tous les Sénégalais, ainsi que les Angolais, que nous appelions tous Bazombo. Les congolais, eux pratiquaient peu le commerce, ils étaient plutôt des salariés et travaillaient chez les Européens ». (P.B. informateur âgé de 76 ans, entretien 2004)

« Les populations d’Afrique de l’Ouest pratiquaient beaucoup plus le commerce que les Congolais. Parmi les Ouest Africains, les plus nombreux étaient des Maliens. Ce sont eux qui occupaient les activités de commerce sur la rue Kato. Les Sénégalais à proprement parler étaient peu nombreux.

Les Haussas pratiquaient tenaient l’artisanat de l’ivoire et allait vendre leurs produits à l’hôtel Régina en ville. Ils vendaient en étalant à même le sol devant l’hôtel des pièces d’œuvre d’art.

Les Maliens vendaient souvent les vêtements en indigo et en Bazin en faisant du commerce ambulant, qu’ils vendaient à crédit, et qu’on devait payer à tempérament. Les togolais vendaient des beignets, et du jus de gingembre, et la plupart . » (K.N., informatrice âgée de 74 ans, entretien 2004)

C’est donc à partir à partir de 1943, lorsque le marché fut placé à proximité du quartier Madimba, que l’on commença à observer la construction des petites échoppes et des boutiques abritant des commerces sur les axes débouchant vers le marché formant l’aide de chalandise du Marché central, comme on le verra dans la suite.

III

Enjeux et conflits autour des espaces urbains dans les Anciennes cités

de Kinshasa

III.1.1 Les espaces publics urbains

III.1.2 Usages et occupations des espaces publics urbains