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Selon Grevisse (1975 : 1156) :

« Les propositions circonstancielles marquent les circonstances de temps, de lieu, de cause, de but, de conséquence, d’opposition (ou de concession), de condition, de comparaison. De là, huit groupes principaux de circonstancielles : proposition temporelles, locatives, causales, finales, consécutives, d’oppositions (concessives), conditionnelles (hypothétiques), comparatives. »

Grevisse (1975) définit donc la circonstancielle selon des caractéristiques sémantiques. Dans la 13ème édition de son ouvrage (1993 : 1626), il ajoute que les PSC sont introduites par des ConjS simple (quand) ou encore complexes (avant que, après que…) et les qualifie de « compléments non-essentiels et adverbiaux de verbe ».

Ces deux définitions tendent à présenter la PSC comme un élément accessoire de l’énoncé, sans en détailler vraiment ni le rôle, ni la fonction syntaxique.

Riegel et al. (1994 : 140) proposent une identification syntaxique plus précise de la PSC, lui attribuant les propriétés suivantes : 1. elle est facultative ; 2. elle se démultiplie librement, et 3. elle est « mobile dans les limites de la phrase entière ». Si ces auteurs font de la mobilité une des « caractéristiques essentielles » de ce constituant, ils reconnaissent que certaines ne sont pas mobiles dont les propositions introduites par puisque ou si ainsi que « les consécutives et certaines comparatives ».

Les caractéristiques syntaxiques que donnent Riegel et al. (1994) sont justes pour certaines PSC temporelles, comme le montre le tableau ci-dessous :

PROPRIETES PSC EXEMPLES

Facultativité + (85a)

Mobiles + (87a) Tableau 11. Récapitulatif des propriétés syntaxiques des PSC de Riegel et al. (1994).

Les manipulations ci-après illustrent le tableau précédent :

85. En revanche, rien n’interdit au bâtonnier de diffuser les décisions définitives et de publier un communiqué sobre dans des affaires en cours quand cela apparaît nécessaire (JLM 12/99)

a. en revanche, rien n’interdit au bâtonnier de diffuser les décisions définitives et de publier un communiqué sobre dans des affaires en cours Ø

86. Je viens parce que tu m’invites, quand tu as envie de me voir, bien que nous ne soyons pas toujours d’accord.

87. Il gonfle les pourcentages quand il s’agit de dénombrer les victimes (JLM 12/99) a. Quand il s’agit de dénombrer les victimes il gonfle les pourcentages

Toutefois tous les compléments que l’on devrait considérer comme circonstants temporels au regard des définitions de Grevisse (1975) et de Riegel et al. (1994), n’ont pas nécessairement un sémantisme temporel saillant (88), et ne sont pas toujours suppressibles ou mobiles (89a,b) :

88. Aux Etats-Unis, il est davantage connu pour ses rôles de méchant […], quand en Europe c’est la rigueur de son travail et son éclectisme qui font sa réputation […]. (JLM 12/99)

89. Les passagers du vol IC 814 reliant Katmandou à New Delhi s’apprêtaient à déjeuner, vendredi 24 décembre, quand un homme leur a ordonné de ne pas toucher à leur nourriture, de tirer les rideaux des hublots, de baisser la tête et de ne plus bouger. (JLM 12/99)

a. ? Les passagers du vol IC 814 reliant Katmandou à New Delhi s’apprêtaient à déjeuner, vendredi 24 décembre, Ø

b. ? Quand un homme leur a ordonné de ne pas toucher à leur nourriture, de tirer les rideaux des hublots, de baisser la tête et de ne plus bouger, les passagers du vol IC 814 reliant Katmandou à New Delhi s’apprêtaient à déjeuner, vendredi 24 décembre.

Sans surprise, les définitions générales des PSC, présentent les mêmes travers que les définitions générales de la subordination et de la coordination examinées dans le chapitre1 de la première partie, à savoir : des définitions qui fondent les niveaux syntaxique et sémantique (cf. Grevisse, 1975), et qui attachent à un relateur (en l’occurrence quand) une fonction syntaxique de hiérarchisation des propositions qu’il relie, fonction qu’il n’a pas nécessairement (cf. Riegel et al., 1994).

Grevisse (1975 : 1156) définit la PSC temporelle par rapport au terme qui les introduit et qui a pour fonction de situer temporellement le fait exprimé dans la principale par rapport au fait exprimé dans la subordonnée. Les deux clauses peuvent donc être dans un rapport d’antériorité (avant que…), de postériorité (après que…) ou de simultanéité (quand…).

Dans la treizième édition de son ouvrage (1993), il ne modifie pas sa façon d’aborder la PSC temporelle, sinon qu’il ne la définit plus par rapport à des "mots subordonnants" mais par rapport à des "mots de liaison".

Si la distinction terminologique établie en 1993 est de taille, elle n’est pas pour autant suivie par une description de quand-p plus proche de ce que la réalité linguistique montre.

Riegel et al. (1994 : 503), proposent quant à eux la définition suivante des PSC temporelles :

« Parmi les subordonnées conjonctives mobiles, certaines sont à l’indicatif. Il s’agit d’une partie des temporelles […]. On a affaire ici […] aux circonstances du fait principal, c’est-à-dire que la subordonnée décrit ce qui, précédant ou accompagnant ce fait doit être compris comme en conditionnant la réalisation, bref la situation dans laquelle s’est produit, se produit ou se produira ce fait. Et cela permet de comprendre que les conjonctions concernées ont le plus souvent un sens assez large : selon les contextes comme, dès lors que sont des conjonctions plutôt temporelles ou plutôt causales ; quand, en principe temporel, reçoit les valeurs conditionnelles ; si, en principe conditionnel, exprime certaines valeurs temporelles […]. Dans les phrases où figure quand (ou sa variante plus littéraire lorsque), c’est le jeu des temps, simples ou composés, qui précise le rapport chronologique entre la principale et la subordonnée. »

Dans ces définitions (Grevisse, 1993 ; Riegel et al., 1994) rien n’est précisé au sujet de la distribution de la PSC temporelle, sinon qu’elle est mobile. Sa présence, si l’on s’en réfère à Riegel et al., semble seule motivée par une nécessité sémantique (PSC temporelles, causales, conditionnelles etc.) et par le jeu des temps.

En revanche, Riegel et al. (1994) signalent qu’il est possible qu’une quand-p ne soit pas temporelle, le sémantisme de la "conjonction" ne serait alors pas prédominant, mais variable selon le sémantisme de la situation décrite dans quand-p.

Cette remarque de Riegel et al. (1994) rejoint la thèse de Rebuschi (2001 ; 2002) selon laquelle la co-jonction serait sémantiquement sous-spécifiée et son sémantisme interprété (ou réinterprété) à partir de celui de la proposition qu’il introduit. Nous verrons combien cela est pertinent dans l’analyse du mot quand.

Des définitions de Grevisse (1975, 1993) et Riegel et al. (1994), deux caractéristiques émergent pour la "forme" de la PSC temporelle : 1. elle est introduite par une ConjS ; et 2. il semblerait que ce soit l’articulation des temps entre PP et PS qui en détermine la temporalité.

Dans son étude, Chétrit (1976 : 31) insiste aussi sur cette seconde caractéristique :

« Par subordonnées temporelles on détermine avant tout les différentes relations de temps existant entre deux actions ou plus, particulièrement le moment de l’une – la subordonnée ou la principale surtout – par rapport à l’autre ou aux autres. »

Le temps, et l’aspect, des verbes semblent ici fondamentaux dans la reconnaissance et l’interprétation d’une PSC temporelle. C’est encore là-dessus que Imbs (1956 : 27) se base lorsqu’il tente de déterminer la fonction des PSC temporelles intégrées :

« Les subordonnées temporelles (à l’exception des subordonnées inverses) ont pour fonction de déterminer le procès exprimé par la principale. La forme de la subordonnée varie d’abord suivant qu’elle détermine le moment ou la durée de la principale, d’où une première et grande division verticale des propositions temporelles. »

Cette « première et grande division verticale » s’organise autour des notions de temps et d’aspect.