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Les obstacles individuels

4. LA PRÉSENTATION DES RÉSULTATS

4.2. La description de la participation sociale

4.4.1. Les obstacles individuels

Concernant la composante individuelle, un fort investissement et une faible interdépendance des sphères de vie, une trajectoire biographique défavorable ainsi qu’un manque de motivation sont des contraintes évoquées par plusieurs des candidats interrogés. Tout d’abord, la sphère familiale, les études et le travail peuvent accaparer la majorité du temps et de l’énergie de certaines personnes. Elles n’ont d’autre choix que de renoncer à la sphère du bénévolat ou d’en diminuer l’intensité.

Depuis que je suis aux études à temps plein et je n’ai pas de conjoint, ça m’épuise plus. Être tout seul avec mon fils, il est dans un âge pas évident, donc, la situation familiale n’aide pas. Aussi, il y a des amis qui veulent me recevoir. Tout ça fait en sorte que je me dis que je ne peux pas m’impliquer dans tout, parce que je ne serai pas bon partout. (Participant 4)

C’est sûr qu’il y a les études. Il y a aussi mes frères et sœurs. Quand, il y a une journée que c’est dur à la maison, que c’est tough, j’étais démoli puis ça me ne tentait pas d’aller à la réunion. (Participant 7)

À cet effet, lors d’une observation participante, une personne a signalé aux autres membres du comité qu’elle ne pourrait dorénavant plus être présente aux rencontres, car elle devait

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s’occuper de sa mère malade. Ce nouveau contexte familial, c’est-à-dire celui d’être une proche aidante, ne lui permet pas de s’impliquer.

De plus, certains bénévoles s’investissent dans une multitude de causes et d’organisations, il est donc difficile pour eux d’être disponible uniquement pour les comités ou les activités d’« Habitations Vivre Chez Soi ». Cette réalité est vécue particulièrement chez les personnes retraitées ou sans-emploi.

Depuis que je n’ai pas un emploi à temps plein, je n’ai jamais été aussi occupé de ma vie. C’est incroyable comment j’ai des affaires à faire. […]. C’est difficile de concilier tous mes engagements bénévoles. Je suis impliqué à différents endroits, ce n’est pas tout à la même fréquence et la même intensité, donc, il y a des endroits qui me demandent plus que d’autres. Comme à une place, je suis président du comité des usagers donc j’y vais souvent. C’est un endroit que je vais souvent. À part ça, mes autres implications sont plus smooth, sont moins souvent. Parfois, ce n’est pas évident. Il arrive que j’aie deux réunions la même journée, donc dans ce temps-là j’essaye d’en prioriser une plutôt qu’un autre puis de m’excuser à l’autre. (Participant 7)

Cela peut être essoufflant parfois. Je suis très engagé dans un autre organisme communautaire où je donne quand même pas loin de 25-30 heures par semaine. Donc, il faut faire des choix. Il faut prioriser, alors parfois je priorise plus mon engagement antérieur que celui des Habitations en me disant que je pourrai en faire moins ailleurs et j’en ferai plus ici. C’est un peu ça, ce n’est pas toujours évident à concilier. (Participant 1)

Deuxièmement, la trajectoire biographique de certains participants est parsemée d’embûches qui sont à l’origine de leur désengagement. Dans cette perspective, les problèmes de santé physique liés au vieillissement ou à un problème chronique sont souvent mentionnés par les résidents comme étant une entrave à leur participation sociale. Étant donné la fragilité de leur santé, ils sont limités dans leurs tâches, ils s’absentent lors des rencontres ou ils se retirent complètement des comités et activités.

Au départ, c’est sûr que moi au niveau de ma santé, je ne peux pas toujours m’impliquer autant. J’ai des problèmes au niveau de mon cœur. (Participant 2) Moi c’est ma santé. Je trouve ça désagréable parce que parfois j’ai une réunion puis je feel tellement pas que je n’y vais pas. (Participant 5)

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La santé, ça me dérange. Avec mon handicap, je ne peux pas tout faire ce que je voudrais faire. Je trouve ça plus dérangeant. (Participant 7)

Toujours en lien avec l’indicateur de la trajectoire biographique défavorable, un bénévole raconte, lors de son entrevue, que la gêne a représenté une difficulté qui l’a empêché au départ de s’impliquer.

Au début, il y avait la gêne qui m’empêchait de venir, mais à la fin je trouvais ça drôle de rougir pour n’importe quoi. (Participant 3)

L’intégration a été aussi plus complexe pour un participant dont la langue première n’est pas le français. Elle a le sentiment qu’elle doit s’efforcer davantage pour communiquer avec les autres bénévoles et que cette barrière ralentit son processus d’engagement.

Je trouve que je ne suis pas toujours tout à fait adapté. Je maîtrise le français, mais je sens que j’ai toujours quelque chose à aller chercher. Je dois travailler 2-3 fois plus que la moyenne pour réussir. En raison des manières de faire, je n’ai pas la même mentalité d’ici, ça va vite. (Participant 4)

Troisièmement, les observations participantes et les entrevues ont permis de constater que le manque de motivations persuade les individus de ne pas intégrer les espaces de participation ou à mettre fin à leur engagement. À titre d’exemple, un bénévole a décidé de quitter le comité du jardin collectif, car il s’est rendu compte qu’il n’était pas intéressé par ce passe-temps. Dans la même lignée, certains participants retraités ne désirent pas être accaparés par des engagements. À travers leur emploi, ils ont dû composer avec des horaires réguliers et des responsabilités. Maintenant, ils veulent simplement profiter de leur temps libre.

Je ne veux pas avoir de responsabilité ou de charge. Je ne suis pas contre cela, je suis quand même une personne qui en a fait beaucoup dans mon travail. C’est pour cela qu’aujourd’hui, j’en veux moins. (Participant 2)

Bref, en matière d’obstacles individuels, les contraintes liées aux sphères de vie, une trajectoire de vie défavorable ainsi que le manque de motivations sont trois obstacles

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majeurs à la participation sociale qui ont été répertoriés lors des entrevues et des observations participantes.