• Aucun résultat trouvé

Les considérations éthiques

3. LA MÉTHODOLOGIE

3.7. Les considérations éthiques

Dans cette section, les moyens utilisés pour assurer le respect des normes éthiques sont décrits. D’entrée de jeu, il est important de mentionner que la recherche présentée a suivi le processus d’examen et d’approbation éthique de l’Université Laval. Le comité d’éthique lui a octroyé le numéro de certification éthique pour l’étude : 2014-205 / 11-11-2014.

En recherche qualitative, les considérations éthiques à prendre en compte sont le consentement libre et éclairé, le respect de la vie privée et des renseignements personnels, le respect des personnes vulnérables et le respect de la justice et de l’intégration ainsi que l’équilibre des avantages et des inconvénients (Christian 2003; Fontana et Frey, 2003; Mongeau, 2008).

En premier lieu, le consentement libre et éclairé signifie que la personne accepte de participer volontairement en connaissance de tous les éléments du projet. Suivant ce principe, le but de la recherche, la durée de la participation, les méthodes utilisées, les bénéfices ainsi que les inconvénients ont été clairement présentés aux participants (Christians, 2003). Pour satisfaire à ce critère, les participants aux entrevues ont eu à remplir un formulaire de consentement (annexe E) où leur signature atteste de leur acceptation. Les informations requises et décrites ci-haut par Christians (2003) y étaient nommées.

46

En ce qui concerne les périodes d’observation participante, un feuillet d’information et de consentement (annexe F) a été acheminé aux membres des groupes à l’avance par courriel (annexe G). Ensuite, la réponse des membres, quant au refus ou à l’acceptation de participer à la période d’observation participante, a été demandée individuellement de manière confidentielle quelques jours avant la tenue de l’activité à observer par des appels téléphoniques. La tâche de sollicitation a été confiée à une auxiliaire de recherche n’ayant aucun lien avec l’organisme « Habitations Vivre Chez Soi ». Celle-ci a dû remplir un formulaire d’engagement à la confidentialité avant de procéder (annexe H). Les membres du groupe devaient être tous consentants afin de procéder à la période d’observation participante. Ainsi, seulement les groupes dont tous les membres étaient volontaires ont été observés. Dans le cas où il y a eu des refus, il n’était pas possible ni pour le chercheur, ni pour l’animateur ou le coordonnateur d’être au courant de l’identité des personnes non disposées aux observations.

En deuxième lieu, le respect de la vie privée et des renseignements personnels vise à protéger l’identité des participants et du lieu de recherche (Christians, 2003). Dans cette perspective, toutes les données personnelles relatives aux participants ont été conservées dans un lieu sécurisé (verrouillé à clef) et l’anonymat des témoignages a été assuré par l’utilisation de pseudonyme aux fins de cette recherche. De plus, certaines modifications ont été apportées au verbatim afin de ne pas reconnaître les participants sans toutefois altérer le contenu du témoignage. Un mot de passe a été utilisé pour avoir accès à l’ordinateur et aux fichiers informatisés contenant le matériel ou les données de recherche. De plus, la consultation des données est réservée uniquement à l’étudiant et à la directrice de maîtrise. Enfin, un formulaire d’engagement à la confidentialité auprès de l’organisme a été signé par le chercheur (annexe I). Ce formulaire inclut les informations présentant le projet de recherche, la description du partenariat entre l'organisme et le chercheur ainsi que les mesures appliquées pour assurer la confidentialité des informations recueillies lors de la collecte des données.

En troisième lieu, les critères de respect des personnes vulnérables ainsi que de respect de la justice et de l’intégration correspondent à la protection de la dignité de la personne et

47

l’absence de pratiques discriminatoire reliées au genre, à l’orientation sexuelle, la religion ou l’origine ethnique (Christians, 2003). À cet effet, les participants ont été protégés contre toutes blessures émotionnelles et physiques. Il n’y avait aucun risque sur ce plan associé à cette recherche. Néanmoins, certaines questions d’entrevue auraient pu soulever des dimensions difficiles du vécu des participants. Une liste de ressources d’aide était disponible pour les personnes qui auraient manifesté le besoin d’obtenir un accompagnement individuel, ce qui ne fut pas le cas. Puis, les entrevues ont été réalisées dans un lieu de leur choix. Par conséquent, les personnes étaient plus à l’aise de partager leur expérience personnelle.

Sur le plan des avantages, la participation à une recherche représente une opportunité pour les personnes de partager leur expérience et de contribuer à l’avancement des connaissances sur le sujet. D’ailleurs, cette recherche a été l’occasion pour les participants de donner leur point de vue sur la participation sociale dans leur milieu d’habitation. Les résultats pourront servir à bonifier les dispositifs mis en place pour favoriser la participation sociale et ainsi améliorer la qualité de vie des résidents. À cet égard, tous les résidents et les membres du conseil d'administration seront invités à une présentation publique du mémoire. Sous la forme d’une conférence, la démarche du projet et les résultats seront présentés.

Pour cette recherche, il y a un autre élément essentiel à prendre en compte dans les considérations éthiques. Il s’agit de la proximité qui existait entre le chercheur, les participants et l’organisme. Concrètement, au moment de la collecte des données, le chercheur travaillait comme agent de vie communautaire à « Habitations Vivre Chez Soi ». Il était en contact direct et quotidien avec les résidents et donc avec les participants. De plus, il était sous la supervision du coordonnateur et des membres du conseil d’administration.

La solution idéale aurait été de réaliser cette recherche au sein d’une organisation de mixité sociale dans laquelle le chercheur n’était pas impliqué afin d’éliminer le conflit des rôles et de diminuer la pression induite sur les participants. Toutefois, cette option n’était pas envisageable. Comme l’indique Bouchard, Frohn et Morin, « la mixité sociale est un

48

objectif de plus en plus difficile à atteindre dans le logement communautaire » (2010, p. 98). Selon eux, les coopératives et les organismes à but non lucratif d’habitation, avec la fin de l’aide publique de nouvelles unités d’habitation à loyer modique (HLM) en 1994, accueillent de plus en plus de résidents à faible revenu. De plus, la problématique du vieillissement de la population a déclenché une augmentation des résidents aînés dans les logements communautaires. La population vivant dans les logements communautaires tend donc à s’homogénéiser (Bouchard, Frohn et Morin, 2010). Dans la même perspective, la CDÉC de Québec a réalisé en 2009 un projet de recherche visant à établir le portrait du logement social et communautaire à Québec. Cette enquête aboutit à une conclusion semblable, « c’est-à-dire que la question du logement social et communautaire entre dans une période de perturbation, sur fond de crise du logement, de crise économique et du vieillissement de la population » (p.3). Compte tenu de ce qui précède, l’hypothèse avancée est que la situation d’homogénéisation s’est poursuivie au cours des dernières années et donc que les habitations communautaires où il est possible d’obtenir une véritable mixité socioéconomique et intergénérationnelle sont rares.

Une vérification a tout de même été effectuée afin d’identifier un autre lieu favorable à la recherche. Des organismes à but non lucratif et des coopératives d’habitation ailleurs au Québec ont été évalués. Tous ces organismes possèdent un type de mixité sociale qu’il soit celui de la mixité ethnique, la mixité des personnes ayant des troubles de santé mentale, etc., cependant aucun d’eux ne correspond spécifiquement au critère de la mixité socioéconomique et intergénérationnelle. Le milieu de vie à « Habitations Vivre Chez Soi » est considéré comme un milieu innovant à cet égard. Étant donné le caractère unique de cet organisme en matière de mixité sociale, le chercheur a choisi, suite à une réflexion bien argumentée, de réaliser ces travaux à cet endroit.

À défaut de pouvoir mener la recherche sur un autre terrain, le chercheur a procédé à des aménagements méthodologiques et éthiques afin de diminuer les risques associés à la pression induite sur les participants. De plus, d’autres dispositions ont été prises afin d’assurer la légitimité de la recherche et le consentement libre et éclairé des participants.

49

Tout d’abord, le chercheur a composé avec des identités plurielles, c’est-à-dire celles du chercheur et de l’agent de vie communautaire. Dès le départ, celui-ci a expliqué aux participants qu’il agissait à titre de chercheur et non en tant qu’agent de vie communautaire lors des entretiens semi-dirigés. Il leur a mentionné qu’aucune information recueillie lors des entrevues ne pouvait être utilisée pour les tâches liées à son rôle d’agent de vie communautaire. De plus, il a signifié aux participants que leur engagement dans cette recherche ne leur permettait pas de retirer des bénéfices ou des avantages lors des activités ou comités soutenus par l’agent de vie communautaire. Puis, il a indiqué à ceux-ci que les renseignements obtenus demeuraient confidentiels et n’étaient dans aucun cas transmis au coordonnateur et au conseil d’administration. Ces informations sont incluses dans tous les formulaires de consentement et les documents de recrutement. De plus, avant d’entamer l’entrevue, les participants ont été prévenus verbalement. Le chercheur a souligné son engagement envers eux à minimiser l’impact des conflits d’intérêts éventuels et a indiqué les moyens pris pour établir une distinction nette entre son rôle de chercheur et son rôle d’agent de vie communautaire. De cette manière, celui-ci s’est assuré que les participants sont capables de différencier les deux rôles et que leur consentement est libre et éclairé.

Dans un autre ordre d’idée, cette appartenance au terrain peut aussi influer la perception de la réalité que le chercheur tente de restituer. La description et l’interprétation des faits ont requis de sa part une vigilance méthodologique et épistémologique. Le fait que le chercheur soit dans le milieu lui permet de posséder des connaissances suffisantes pour ne pas seulement observer les évidences, toutefois celui-ci a dû conserver une distance suffisante pour demeurer neutre. À cet effet, le chercheur a été confronté au nécessaire détachement par rapport à sa propre subjectivité. Comme le mentionne Cefaï (2003), le travail de terrain doit être animé par un principe de réflexivité, c’est-à-dire que le chercheur doit se départir de ses idées reçues, de ses prénotions et de ses préconceptions. Avant de procéder aux processus d’entrevue et d’observation ainsi qu’à l’analyse des résultats, le chercheur s’est interrogé sur son point de vue par rapport à l’objet de la recherche et a réajusté ses perceptions. Cette introspection a permis à celui-ci de ne pas se laisser entraîner par ses premières impulsions et de laisser émerger des idées nouvelles et des imprévus.

50