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Les facteurs individuels

4. LA PRÉSENTATION DES RÉSULTATS

4.2. La description de la participation sociale

4.3.1. Les facteurs individuels

Cette première composante inclut les indicateurs liés aux motivations, au degré d’investissement et d’interdépendance des sphères de vie et à la trajectoire biographique propre à la personne.

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Le premier indicateur est celui des motivations portées par les participants. Elles sont à la base de leur participation sociale et se regroupent autour de quatre thèmes, c’est-à-dire le sentiment d’être utile, le désir de donner un sens à sa vie et de redonner pour ce qu’ils ont reçu, d’obtenir des avantages et de correspondre aux engagements valorisés de son époque. En investissant temps et énergie dans l’organisme « Habitations Vivre Chez Soi », les participants ont l’impression de contribuer. Cela leur procure une dose de satisfaction personnelle qui leur permet de poursuivre leur engagement dans les comités et activités, malgré les embûches. Les deux extraits suivants en sont des exemples.

Tu te dis parfois, j’en ai fait des affaires. Je ne veux pas être narcissique, mais on est content de voir toutes les choses qu’on a accomplies. (Participant 2) À la base, j’aime ça la communauté et je veux me sentir utile, apporter quelque chose. (Participant 4)

Cette motivation est particulièrement partagée chez les aînés interrogés. En étant retraités, ceux-ci tentent de retrouver ce sentiment d’être utiles par le biais du bénévolat.

Comme je te disais tantôt, on a l’impression d’être utile. Étant donné qu’à partir de 65 ans, on est retiré du monde du travail, c’est important de se sentir utile. (Participant 6)

Les individus participent socialement aussi afin de redonner pour ce qu’ils ont reçu ou de retrouver un sens à leur vie. À cet effet, tous les répondants ayant un logement subventionné ont l’impression de devoir faire leur part étant donné qu’ils obtiennent de l’aide financière pour se loger.

C’est faire sa part, d’autant plus que mon logement est subventionné, c’est comme rendre à la société, ce que la société me donne. (Participant 5)

Pour le contexte économique, par rapport à la subvention que je reçois, toutes les personnes qui sont subventionnées devraient sentir encore plus le besoin de s’impliquer. C’est une façon pour moi de remettre un peu ce que je reçois, pour dire merci, parce que quelque part, il m’aide pour que je puisse réussir. (Participant 4)

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Cette motivation est aussi partagée par un participant ayant obtenu un logement adapté dû à sa condition physique.

C’est un logement adapté et subventionné donc tout ça fait en sorte que j’ai le gout de m’impliquer. Plutôt que de dire mon logement me plaît puis que je suis bien, puis de ne pas m’impliquer. Je me dis qu’ils m’ont donné un logement qui est bien pis qui me fait du bien. Donc j’ai le goût de redonner. (Participant 7)

Pour d’autres personnes interrogées, leur motivation à la participation sociale est que ce dernier leur procure des avantages considérables. En ce qui concerne les jeunes, l’implication est une occasion de développer leurs compétences et de faciliter leur entrée sur le marché du travail.

Bien sûr, ça aide pour mon CV. C’est une partie égoïste, mais ça me permet d’embellir mon CV pour qu’il soit plus intéressant pour les employeurs. (Participant 3)

Cela me donne aussi un petit peu d’expérience avec ces projets si je veux avoir un emploi. (Participant 7)

Dans la même perspective, l’engagement est considéré comme une opportunité de rencontrer des personnes et de briser l’isolement. Cela constitue aussi un gain non- négligeable.

Je trouve que dans une habitation comme ici, c’est important de ne pas s’isoler. Moi, j’ai eu le souci en arrivant de ne pas m’isoler, justement que ce ne soit pas une résidence de personnes âgées comme d’autres peut-être où tu habites juste là. (Participant 1)

J’étais isolée au départ et depuis que je m’implique, je suis au paradis. J’ai rencontré plein de gens. (1er groupe de parole)

D’autres bénéfices occasionnés par le bénévolat ont été mentionnés lors des entrevues. Il a été question, en autres, que leur participation sociale leur apporte un sentiment de sécurité, développe des liens d’amitié, assure une stabilité, enlève la gêne et occupe l’esprit.

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Puis, la motivation, celle de correspondre aux valeurs de son époque, a été peu abordée par les participants. Toutefois, pour deux personnes issues de l’immigration, la participation sociale n’est pas liée aux valeurs de leur époque, mais plutôt à leur culture. Dans leur pays d’origine, l’esprit de communauté est très important. Pour eux, il va donc de soi de transmettre des valeurs d’entraide et de solidarité dans leur nouveau milieu de vie.

Aussi, dans mon pays, on pense toujours à la communauté, très souvent à l’entraide, à être présent, donc c’est déjà quelque chose que je pouvais apporter. Donc, c’est pour ça que pour moi c’est facile d’aller vers les autres, de m’impliquer. (Participant 4)

Dans mon pays, il est normal de discuter et de faire les choses ensemble. On aime être dehors avec les gens pour se déstresser. (2ième groupe de parole)

Concernant le deuxième indicateur, le degré d’investissement et d’interdépendance des sphères de vie, il joue un rôle déterminant dans la décision des participants à participer socialement. Pour les répondants dont les sphères du travail et de la famille sont moins présentes, la place conférée à celle du bénévolat dans leur vie est accentuée.

C’est très facile, parce que je ne travaille pas. Je n’ai pas beaucoup de famille et d’amis. La seule chose, c’est que j’ai une autre place de bénévolat, donc il faut que je fasse attention pour ne pas avoir des rencontres en même temps. (Participant 5)

À cet effet, les observations participantes et la recherche documentaire ont permis de comprendre que les aînés constituent la majorité des membres des comités. De surcroît, l’analyse des entrevues révèle que la fréquence et le nombre d’heures investies dans l’organisme sont le fait de cette tranche d’âge. Il est possible de poser l’hypothèse que ceux-ci ont plus de temps à consacrer en raison de leur retrait du marché du travail et de leurs enfants devenus adultes et autonomes. D’ailleurs, ce participant, appartenant à cette catégorie d’âge, semble avoir une grande disponibilité pour s’impliquer.

Comme moi, il faut que je sois actif, puis j’ai toujours du temps. J’ai toujours une ouverture. Je ne sais pas si c’est dans ma tête, mais il reste toujours une petite case pour aider. (Participant 2)

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En ce qui a trait aux adultes, leur participation se renforce lorsque les enfants grandissent puisqu’ils consacrent moins d’énergie à la sphère familiale.

Je peux plus facilement participer depuis que mon bébé est plus vieux. Je commence à sortir et je pourrai être avec les autres quand c'est nécessaire. (2e groupe de parole)

Puis, il a été noté, lors des entrevues, qu’il y a une interdépendance entre la sphère du bénévolat et la sphère du milieu de vie. Les participants résident à l’endroit où ils donnent du temps. Cette connexion facilite leur participation.

C’est sûr que je vis dans le milieu et c’est pour ça que je m’implique. (Participant 2)

Il y a aussi la proximité du bénévolat. J’avais juste à marcher deux minutes pour me rendre. Si ça avait été à Sainte-Foy, je n’aurais pas pu y aller, je n’ai pas de voitures. (Participant 3)

Quant au troisième indicateur, il se réfère à la trajectoire biographique. À travers leur parcours de vie, les participants ont accumulé un bagage d’expériences, d’intérêt et de compétences qui les incitent à participer. Pour un grand nombre d’entre eux, le désir de s’impliquer a commencé par la socialisation offerte par leurs parents. Ils ont observé leur père et leur mère s’engager dans des organismes.

Aussi, pour mes valeurs, j’ai eu un père qui nous a éduqués à prendre soin des autres puis à travailler fort. (Participant 2)

Bien, j’ai toujours trouvé ça important de m’impliquer. Mes parents s’impliquaient ; surtout mon père. (Participant 5)

Ce n’est pas une obligation en fait. J’aime ça. J’en ai toujours fait du bénévolat dans ma vie. Ce n’est pas avec « Habitations Vivre Chez Soi » que j’ai commencé. J’en ai tout le temps fait. J’ai pris l’exemple de mes parents. Ils faisaient eux aussi du bénévolat. J’ai l’impression que c’est une suite logique aussi. (Participant 6)

Dans l’esprit de ce qui précède, les personnes interrogées ont pour la plupart des expériences de bénévolat antérieures qui leur sont utiles dans leur participation sociale à

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« Habitations Vivre Chez Soi ». Il peut s’agir d’un engagement dans un syndicat, un groupe féministe, un organisme communautaire, etc.

C’est le même lien de continuité au fond. Je me disais où je suis engagé, ce sont des personnes avec un handicap intellectuel, donc des personnes plus vulnérables. Puis de se retrouver à mon âge avec des personnes plus vulnérables au fond je retrouve la même chose ici, c’est un plus spécialisé. C’est le lien que je fais. (Participant 1)

Bien, l’expérience que j’ai, je me suis impliqué dans d’autres places, des places encore plus difficiles qu’ici. Tu t’aperçois qu’il y a vraiment un besoin qui est là, qui existe, comprenez-vous. Puis quand tu t’es déjà impliqué dans ces milieux-là, il me semble que tu ne peux pas être indépendant de cela, tu ne peux pas te détacher. (Participant 2)

Toujours en lien avec la trajectoire biographique, les participants convertissent des compétences acquises par l’emploi, les loisirs ou les passe-temps dans leur champ de participation à « Habitations Vivre Chez Soi ».

Aussi, j’ai toujours été dans le support administratif, dans la bureautique et je me suis dit que je pourrais aider à être un secrétaire un jour si quelqu’un a besoin pour des prises de note, d’écrire des documents, de monter un Powerpoint. C’est sûr que cette expérience-là m’a aidé beaucoup. (Participant 4)

Pour les livres, je te dirais que mon intérêt pour la lecture m’a aidé. Quand, j’ai vu à quel point les livres étaient mal ordonnés, j’ai été surpris et estomaqué. J’ai fait du ménage là-dedans. (Participant 6)

En résumé, au niveau des facteurs individuels favorisant la participation sociale, il est possible d’établir, selon les propos tenus par les répondants, des liens entre l’âge, la classe sociale et les motivations, le degré d’investissement et d’interdépendance des sphères de vie. En ce qui concerne les motivations, certains jeunes perçoivent le bénévolat comme étant une opportunité d’acquérir de l’expérience et des compétences qui leur seront bénéfiques lors de leur insertion professionnelle, tandis que les aînés se réapproprient ce sentiment d’être utile qui se serait affaibli avec leur départ à la retraite. Pour les personnes ayant un logement subventionné, la motivation première est de redonner pour ce qu’elles reçoivent. Au niveau du degré d’interdépendance et d’investissement des sphères de vie, les

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aînés ont davantage de temps à consacrer que les adultes et les jeunes au bénévolat étant donné que leur sphère familiale et du travail sont moins sollicités.