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La participation sociale en contexte de mixité sociale

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Academic year: 2021

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La participation sociale en contexte de mixité sociale

Mémoire

Jérémie Provencher

Maîtrise en service social Maître en service social (M. Serv. Soc.)

Québec, Canada

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iii RÉSUMÉ

La présente étude traite des enjeux de la participation sociale liés au contexte de mixité sociale. L'objectif général est de décrire et de découvrir les facteurs et obstacles qui favorisent ou freinent la participation sociale des personnes vivant dans une habitation collective de mixité sociale. La stratégie de recherche est qualitative et l'étude de cas a été choisie pour tenir compte des concepts de participation sociale et de mixité sociale. Ainsi, la recherche a été réalisée auprès de l’organisme à but non lucratif (OBNL) Habitations Vivre Chez Soi. Les données du projet ont été recueillies auprès de huit personnes lors d'entrevues semi-dirigées, deux périodes d'observation participante ainsi que l'analyse de vingt documents écrits.

Le portrait ainsi obtenu de la participation sociale a démontré que les facteurs et les obstacles sont à la fois de l’ordre individuel, interpersonnel, organisationnel et environnemental. De plus, l’analyse des résultats indique que certaines caractéristiques propres au phénomène de la mixité sociale ont un impact sur l’engagement des participants. À partir des constats empiriques mis en parallèle avec la théorie, le chercheur a identifié quelques pistes d’action pour les organisateurs communautaires ainsi que pour les décideurs qui gèrent ou aménagent un milieu d’habitation en mixité sociale afin de mobiliser et de maintenir la participation.

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TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ ... iii

TABLE DES MATIÈRES ... iv

LISTE DES TABLEAUX ... vii

LISTE DES ABBRÉVIATIONS...viii

REMERCIEMENTS ... ix

INTRODUCTION ... 1

1. LA PROBLÉMATIQUE ... 4

1.1. La recherche documentaire ... 4

1.2. La mixité sociale ... 4

1.2.1. Les fondements et les objectifs de la mixité sociale ... 5

1.2.2. Les types de programmes en mixité sociale ... 6

1.2.3. Les impacts visant les actions de la mixité sociale ... 7

1.2.4. Les stratégies visant à réduire les réactions négatives face à la mixité sociale .... 9

1.3. L’état des connaissances sur la participation sociale ... 11

1.3.1. Les types de participation... 11

1.3.2. Les moyens de recrutement ... 14

1.3.3. Les facteurs favorisant la participation sociale ... 15

1.3.4. Les obstacles à la participation sociale ... 23

1.4. Les limites des études actuelles et la pertinence scientifique ... 28

1.5. La pertinence sociale ... 29

2. LE CADRE CONCEPTUEL ... 30

2.1. La définition de la participation sociale ... 30

2.2. L’opérationnalisation du concept de participation sociale ... 32

2.2.1 Les composantes et les indicateurs des facteurs favorables et des obstacles à la participation sociale ... 32

3. LA MÉTHODOLOGIE ... 36

3.1. Les objectifs de la recherche ... 36

3.2. Une recherche qualitative exploratoire et inductive ... 36

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3.3.1. Historique ... 38

3.3.2. Mission ... 38

3.3.3. Composition du conseil d’administration, personnels et partenaires... 39

3.3.4. Pertinence du cas étudié aux fins de la recherche ... 40

3.4. L’échantillonnage ... 41

3.5. Les modes de collecte de données... 42

3.6. L’analyse des données ... 44

3.7. Les considérations éthiques ... 45

4. LA PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ... 50

4.1. La présentation de l’échantillon... 50

4.2. La description de la participation sociale ... 51

4.2.1. Les types de participants ... 51

4.2.2. La durée et la fréquence de la participation sociale ... 52

4.2.3. Les instances de participation sociale ... 53

4.2.4. Les tâches réalisées par les participants... 54

4.3. Les facteurs favorisant la participation sociale... 56

4.3.1. Les facteurs individuels ... 56

4.3.2. Les facteurs interpersonnels ... 62

4.3.3. Les facteurs organisationnels ... 64

4.3.4. Les facteurs environnementaux ... 67

4.4. Les obstacles à la participation sociale ... 69

4.4.1. Les obstacles individuels ... 69

4.4.2. Les obstacles interpersonnels ... 72

4.4.3. Les obstacles organisationnels... 74

4.4.4. Les obstacles environnementaux... 76

4.5. L’impact de la mixité sociale sur la participation sociale ... 78

5. LA DISCUSSION ... 82

5.1. Les facteurs favorables à la participation sociale ... 82

5.2. Les obstacles à la participation sociale ... 86

5.3. Les facteurs et obstacles spécifiques à une habitation collective de mixité sociale affectant la participation sociale ... 89

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vi

5.4. Implications des résultats de la recherche sur le fonctionnement et la mise en œuvre

d’un projet de mixité sociale ... 92

LA CONCLUSION ... 95

BIBLIOGRAPHIE... 99

ANNEXES ... 105

Annexe A : La grille d’entrevue ... 106

Annexe B : Annonce de recrutement ... 108

Annexe C : La grille d’observation ... 109

Annexe D : La grille de lecture de la documentation ... 111

Annexe E : Le formulaire de consentement éclairé pour les participants ... 113

Annexe F : Le feuillet d’information pour un consentement verbal, éclairé et confidentiel pour les périodes d’observation participante ... 116

Annexe G : Courriel de recrutement pour observation participante ... 119

Annexe H : Le formulaire d’engagement à la confidentialité pour l’auxiliaire de recherche... 120

Annexe I : Le formulaire d’engagement à la confidentialité relatif aux activités du chercheur ... 122

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Opérationnalisation des concepts ... 35 Tableau 2 : Données sociodémographiques par participants ... 51

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LISTE DES ABBRÉVIATIONS

AGRTQ Association des groupes de ressources techniques du Québec CÉRIS Centre d’études et de recherche en intervention sociale

CRISES Centre de recherche sur les innovations sociales dans l’économie sociale, les entreprises et les syndicats

CSSSVC Centre de santé et services sociaux de la Vieille-Capitale

HLM Habitation à loyer modique

HVCS Habitations Vivre Chez Soi

INSPQ Institut national de santé publique

MAMM Ministère des Affaires municipales et de la Métropole OBNL Organisme à but non lucratif

SHQ Société d’habitation du Québec

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REMERCIEMENTS

Au cours des trois dernières années, plusieurs personnes m'ont appuyé de près ou de loin dans la réalisation du projet de maîtrise. Leur soutien m'a permis de traverser les périodes de remise en question avec persévérance et détermination.

D'abord, j’éprouve un sentiment de gratitude envers l'équipe d’Habitations Vivre Chez Soi pour leur accueil. Elle m'a ouvert les portes de l'organisme pour mon projet de recherche. Cette collaboration avec les intervenants et les membres du conseil d’administration a été d’une aide précieuse et un facteur déterminant dans la réussite de ce projet. De plus, je remercie particulièrement les bénévoles que j’y ai côtoyés pour leur temps qu’ils m’ont accordé et leurs généreux témoignages sur leur participation sociale.

Aussi, j'aimerais remercier mes collègues d'étude avec qui j'ai partagé mes questionnements, mes embûches et mes réflexions dans le cadre d’un groupe de soutien et d’échanges instauré par les professeures Martine Duperré et Stéphanie Arsenault. Cette communauté d'idées et de solidarité a certainement contribué à apaiser mes incertitudes et à renforcer ma motivation à poursuivre l’aventure.

Par ailleurs, je ne peux pas passer sous le silence les encouragements offerts par ma conjointe, ma famille et mes amis. Cette équipe a été derrière moi tout au long de ce processus. La solitude s’est fait moins ressentir grâce à eux.

Enfin, je souhaite souligner ma reconnaissance envers Madame Martine Duperré qui a agi à titre de directrice de maîtrise. Dès mes premières démarches d'étude de maîtrise, elle m'a aiguillé dans mes questionnements et alimenté mes réflexions. Elle a facilité ma conciliation travail-étude et m’a encouragé dans les périodes difficiles. Ce fut une mentore précieuse autant au niveau de la recherche scientifique que pour ma carrière d’organisateur communautaire.

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1

INTRODUCTION

La mixité sociale est considérée comme un idéal de la répartition urbaine. En effet, les milieux universitaires et décisionnels à travers différents pays ont cette ambition de faire en sorte que des personnes issues de différentes catégories sociales puissent se rencontrer et vivre ensemble (Sintomer, 2001). Ils souhaitent enrayer les problèmes sociaux engendrés par la ghettoïsation. Toutefois, la mixité sociale représente un défi complexe pour les collectivités. Il ressort des différentes études à ce sujet que l’application de ce concept, en milieu d’habitation ou à l’échelle d’un quartier, n’est pas garant de succès (Germain, Rose et Twigge-Molecey, 2010; Arthurson, 2005; Dansereau, Charbonneau, Morin, Révillard, Rose et Séguin, 2002). De même, il est difficile de démontrer l’éclosion d’un quelconque sentiment de communauté entre les personnes concernées (Dansereau et al., 2002). C’est pourquoi le chercheur a commencé à s'intéresser aux représentations qu'ont les uns des autres groupes sociaux en présence, à leurs comportements et plus particulièrement à leur participation sociale qui se déroulent entre eux dans les espaces collectifs. Comme le soulignent Raymond, Gagné, Sévigny et Tourigny (2008), de nombreuses études établissent des liens significatifs entre la participation sociale et une amélioration de la santé mentale, physique, fonctionnelle et sociale des personnes. Les personnes contribuent à la santé de leur milieu tout en améliorant leur propre bien-être. La présence d’individus participant socialement peut donc être envisagée comme un indicateur notable d’une meilleure qualité de vie et d’une communauté équilibrée. Le chercheur propose donc une étude dans laquelle il met en relation la participation sociale et la mixité sociale. Plus précisément, l’étude tente de répondre à la question suivante : quels sont les facteurs qui favorisent ou freinent la participation sociale des résidents dans une habitation collective de mixité sociale?

Au premier chapitre, la problématique, au cœur de cette recherche, concerne les enjeux de la participation sociale liés au contexte de la mixité sociale. Une définition de ce qu'est la mixité sociale est proposée, c’est-à-dire les fondements et les objectifs, les types de programmes gouvernementaux en mixité sociale, les impacts visant les actions de la mixité sociale ainsi que les stratégies visant à réduire les réactions négatives face à la mixité sociale. Ensuite, la recension des écrits rassemble les diverses recherches scientifiques à propos des types de participation, les moyens de recrutement, les facteurs favorisant la

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participation ainsi que les obstacles. Ce premier chapitre se termine par la présentation de la pertinence sociale et scientifique de ce projet de recherche.

Au deuxième chapitre, le concept de participation sociale est d’abord défini. En se référant à une classification élaborée par Raymond et al. (2008), la signification de la participation sociale s’oriente vers le pôle de l’associativité structurée. Brièvement, cette définition stipule que de « participer socialement signifie prendre part à une activité à caractère social réalisée dans une organisation dont le nom et les objectifs sont explicites » (Raymond et al., 2008, p.8). L’associativité structurée renvoie aussi à d’autres termes précis, dont le bénévolat, la participation associative et la participation à des activités politiques. Ensuite, le concept de participation sociale est opérationnalisé. Celui-ci est divisé selon deux dimensions : les facteurs facilitants et les obstacles. Des composantes individuelles, interpersonnelles, organisationnelles et environnementales s’y rattachent. Puis, pour chacune de ses composantes, des indicateurs sont précisés.

Au troisième chapitre, la méthodologie utilisée est spécifiée. Une recherche qualitative et inductive a été privilégiée puisqu’elle permet d’atteindre l’objectif de description et de découverte des facteurs et des obstacles à la participation sociale en contexte de mixité sociale. De plus, ce chapitre présente l’étude de cas sélectionnée; l’ONBL «°Habitations Vivre Chez Soi°». Ce milieu d’habitation se veut pertinent pour la recherche, car il possède la mixité sociale sur laquelle l’étude se concentre, soit socioéconomique et intergénérationnelle. De plus, il respecte la définition d’associativité structurée qui a été déterminée pour le concept de participation sociale. Les méthodes de collecte des données sont aussi établies. Ces dernières sont constituées d’entrevues semi-dirigées, de périodes d’observation participante ainsi que l’analyse de documents. Toujours en lien avec la méthodologie, le chercheur explique le procédé qu’il a utilisé afin de recueillir les données. L’analyse thématique du contenu selon les quatre étapes de Mayer (2000) (préparation, préanalyse, codification, analyse et interprétation) a été retenue. Puis, ce chapitre fait état des considérations éthiques auxquelles le chercheur s’est conformé. Une attention particulière a été portée concernant la proximité existant entre le chercheur et les participants.

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Le chapitre quatre est entièrement consacré à la présentation des données empiriques. Il permet de mettre en évidence, selon les propos des participants, les facteurs facilitants et les obstacles à la participation sociale en plus de faire ressortir certaines caractéristiques uniques à la mixité sociale ayant un impact sur l’engagement. Au chapitre cinq, la première section s’attarde à la mise en relation des résultats de la recherche avec la théorie. Il se dégage, en outre, que les facteurs et les obstacles sont semblables à ceux que nous retrouvons dans d’autres études portant sur la participation sociale, à quelques exceptions près. Néanmoins, il est possible de constater que, dans un contexte de mixité sociale, les réalités individuelles sont diversifiées autant en ce qui a trait aux motivations, aux trajectoires biographiques ainsi qu’à l’investissement et l’interdépendance des sphères de vie. Diverses identités se côtoient donc à l’intérieur des espaces collectifs, complexifiant l’ajustement des cadres et occasionnant des conflits. Ces tensions ont des répercussions sur la cohésion ainsi que sur la participation sociale. De plus, l’étude révèle qu’il y a des conditions favorables à l’engagement spécifique à un milieu d’habitation de mixité sociale dont l’aménagement d’un lieu public et neutre ainsi que l’apport d’un intervenant dédié à harmoniser les relations. Dans la deuxième section, le chercheur propose quelques pistes d’intervention pour les organisateurs communautaires ainsi que pour les décideurs qui gèrent ou conçoivent un milieu d’habitation en mixité sociale. Ces recommandations se font dans l’optique de mobiliser et maintenir la participation sociale.

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1. LA PROBLÉMATIQUE

La participation sociale en contexte de mixité sociale fait l’objet de la présente recherche. Dans un premier temps, ce chapitre décrit la recherche documentaire effectuée concernant la participation et la mixité sociale. Dans un deuxième temps, il présente les différentes composantes de la mixité sociale. Dans un troisième temps, l’état des connaissances sur la participation sociale est exposé. Enfin, la pertinence scientifique et sociale de l’étude est posée.

1.1. La recherche documentaire

Pour documenter la problématique, une recherche par mots-clés dans les banques de données Repère, Cairn, Érudit, Social Work Abstract, Social Service Abstract a d’abord été réalisée. Les principaux mots-clés utilisés sont « mixité sociale/social mix », « participation sociale/social participation », «participation citoyenne/ citizen participation», « engagement social », « bénévolat » et « mobilisation ». La recherche s’est effectuée en anglais et en français afin d’obtenir une plus grande quantité et diversité de documents. Toutefois, les résultats dans les banques de données ont identifié davantage des références américaines et européennes. Par conséquent, une recherche spécifique dans des revues scientifiques québécoises telles que Service Social, Nouvelles Pratiques Sociales et Intervention ont permis d’avoir accès à des études québécoises. De plus, quelques publications pertinentes ont été dénichées sur le site Internet de la Chaire de recherche Marcelle-Mallet sur la culture philanthropique, du Centre d’études et de recherche en intervention sociale (CÉRIS) ainsi que sur celui de l’Institut national de santé publique (INSPQ). Pour terminer, les bibliographies des documents consultés ont été très utiles afin d’identifier d’autres références.

1.2. La mixité sociale

Dans cette section, la définition de la mixité sociale est abordée selon différents angles, c’est-à-dire les fondements et les objectifs de ce phénomène, les types de programmes gouvernementaux en mixité sociale, les impacts touchant les actions de la mixité sociale et les stratégies visant à réduire les réactions négatives face à la mixité sociale.

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1.2.1. Les fondements et les objectifs de la mixité sociale La mixité sociale peut être définie au sens large, comme étant :

La cohabitation équilibrée […] sur un même espace ou territoire, de groupes divers par l’âge, l’ethnie, le statut professionnel, les revenus, la mixité sociale appréciée surtout (et quasi exclusivement) en tant qu’absence de concentration d’un groupe présentant un attribut particulier mobilise en effet des images évocatrices et positives : l’égalité d’accès, l’absence de discrimination, l’intensité des relations sociales, l’échange généralisé entre les couches sociales diverses. (Tanter et Toubon, 1999, p.60).

Comme l’indique la définition, la mixité sociale est associée à la spatialité du territoire. Ainsi, celle-ci est promue principalement lorsqu’il est question des politiques de développement d’un quartier, agglomération, ville ainsi que celles du logement (Deschamps, 2001; Sintomer, 2001; Tanter et Toubon, 1999). Dans cette dernière acception, il est possible d’affirmer qu’un ensemble locatif rencontre les caractéristiques de ce qu’est un territoire, c’est-à-dire à un ensemble relativement homogène de caractéristiques sociales, matérielles et culturelles spécifique à un espace donné (Corrado, 2004).

Selon Leclerc-André (2010), en plus de la spatialité, la mixité sociale renvoie à différents types de mixité. Il s’agit de la mixité socioéconomique, la mixité ethnique, la mixité intergénérationnelle et la mixité des sexes. Il poursuit sa recension des écrits en évoquant deux types supplémentaires, celui de la mixité des statuts d’occupation et de la mixité des personnes ayant des problèmes de santé mentale. En ce qui concerne la mixité des statuts d’occupation, celle-ci consiste à offrir une diversité d’habitation à l’échelle d’un immeuble, d’un quartier, etc. Ce type de mixité est souvent corollaire à celle de la mixité socioéconomique, car la présence de condos, d’appartements et de maisons peut donner un aperçu sur le revenu des gens qui y habitent (Leclerc-André, 2010).

Le principal objectif conféré à la mixité sociale est d’enrayer la présence de ghettos. La concentration de personnes dont les besoins sont considérés comme importants en matière de santé, d’éducation scolaire, de sécurité, etc. accroît les problématiques sociales vécues par les communautés locales telles que la violence, la toxicomanie, le vandalisme, etc.

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(Dansereau et al., 2002; Deschamps, 2001). « De nombreuses études réalisées au Canada et à l’étranger relient la présence d’une forte ségrégation sociale à l’émergence de divers problèmes urbains » (Dansereau et al., 2002, p.20). À partir de ce constat, les gouvernements décident de disperser les communautés ayant différents problèmes sociaux en réaménageant l’ensemble des logements publics ainsi que des quartiers avec un modèle de mixité sociale (Dansereau et al., 2002).

Il y a deux grandes catégories d’arguments dans le discours en faveur de la mixité sociale. En premier lieu, la mixité sociale permettrait aux populations moins nanties d’assimiler, par le biais de personnes de classes sociales plus élevées, la façon de se comporter en matière d’hygiène ou d’éducation avec les enfants par exemple. Par des contacts répétés, elles acquerraient des moyens pour améliorer leur condition et aspireraient à une certaine mobilité sociale. Bref, cela met en évidence des arguments de type paternaliste où les classes plus aisées seraient considérées comme des modèles. En second lieu, il y a les arguments de type démocratique. Le mélange des populations favoriserait l’ouverture à la différence, la diminution des préjugés ainsi que l’apprentissage de la tolérance. Il résulterait de cette stratégie, une meilleure cohésion sociale et une société plus égalitaire (Dansereau et al., 2002; Deschamps, 2001).

Ces deux grandes catégories d’arguments reposent essentiellement sur la théorie d’effet du milieu (neighborhood effect) selon laquelle « les chances de promotion sociale des résidents sont affectées par des éléments structurels caractéristiques du milieu dans lequel ils vivent, indépendamment de leurs propres caractéristiques personnelles » (Dansereau et al., 2002, p.38).

1.2.2. Les types de programmes en mixité sociale

Dansereau et al. (2002) distinguent quatre principales catégories de programmes gouvernementaux favorisant la mixité sociale. Le premier programme correspond à la déconcentration de la pauvreté. Il consiste à disperser des ménages défavorisés dans les quartiers mieux nantis. Cela parvient à une situation de mixité sociale qui n’a pas été

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développée en tant que telle, mais qui est simplement le résultat de la déconcentration. Ce processus est dit exogène. Le programme « Moving to opportunity » aux États-Unis en est un exemple concret. Le deuxième programme se réfère à la mixité sociale programmée. Celui-ci vise à se donner par avance une composition sociale mixte sur un territoire ciblé (agglomération, quartier, groupe de bâtiments). Au départ, différents types de bâtiments (condo, logements sociaux, etc.) sont construits pour ainsi favoriser une cohabitation équilibrée des populations diverses. Cette approche est considérée comme endogène. La loi sur la solidarité et le renouvellement urbain (SRU) en France et le projet de « False Creek » à Vancouver appliquent ce programme. Le troisième programme mise sur la promotion socio-économique des résidents actuels. Il a pour but de « renforcer les programmes universels et de mettre en place des dispositifs locaux afin d’améliorer les chances de promotion sociale des résidents actuels » (Dansereau et al., 2002, p.50). La stratégie « Neighborhood Renewal » au Royaume-Uni ainsi que la Politique de la Ville en France utilisent cette vision de la mixité sociale. Puis, la diversification des formes résidentielles et des services offerts dans chaque quartier est le quatrième programme contribuant à la mixité sociale. Il s’agit de permettre aux résidents dont la situation socio-économique ou familiale se transforme de rester dans leur quartier s’ils le souhaitent. Cela implique que le quartier dispose des types d’habitations et des services adaptés à leurs nouveaux besoins. Cette alternative se reflète dans le cadre d’aménagement proposé pour Montréal par le ministère des Affaires municipales et de la Métropole (MAMM).

1.2.3. Les impacts visant les actions de la mixité sociale

À première vue, il est possible de penser que le concept de mixité sociale, comme il a été décrit précédemment, souhaite favoriser l’égalité d’accès et enrayer la discrimination, mais qu’en est-il dans la réalité? Les résultats des recherches à ce sujet sont partagés. Tout d’abord, la gentrification est un terme1

qui est utilisé pour expliquer les impacts négatifs de la mixité sociale. « Le terme gentrification étant devenu honteux et tabou depuis quelques années, certains dirigeants préfèrent désigner ce processus en utilisant les termes de mise en place ou de retour de la mixité sociale au centre-ville » (Freedman, 2009, p.406). À partir

1 Le terme « gentrification » est accepté comme néologisme depuis peu. Certains, pour référer à la même réalité,

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d’une recherche effectuée dans le quartier St-Roch à Québec, Freedman (2009) conclut que choisir la mixité sociale peut produire de l’exclusion.

En effet, sous couvert de vouloir attirer une population diversifiée, certaines catégories socioéconomiques se trouvent exclues des projets d’aménagement et leur présence n’est pas désirée. Tel est le cas des itinérants qui ont de plus en plus de difficultés à rester dans le quartier en raison de l’augmentation de la présence policière et des mesures visant à améliorer la sécurité des habitants, des personnes à petits revenus qui doivent s’approvisionner régulièrement à l’extérieur de leur quartier et des personnes à mobilité réduite ou qui ont des difficultés à se déplacer (comme c’est le cas de certains aînés) qui n’ont pas accès à l’ensemble des services du quartier (Freedman, 2009, p.1).

Dans cette perspective, Sintomer (2001) ajoute deux critiques à la mixité sociale. Premièrement, selon lui, ce phénomène « conduit dans les faits à valoriser ces couches, qui sont censées constituer des modèles de comportement social pour les autres catégories notamment pour les plus précarisés et pour les «étrangers » en mal d’intégration » (Sintomer, 2001, p.218). Deuxièmement, « la proximité spatiale ne produit pas automatiquement de la proximité sociale. Elle peut au contraire être à l’origine de conflits de normes et d’appropriation » (Sintomer, 2001, p.218). À cet effet, Arthurson (2005) et Dansereau et al. (2002) répertorient plusieurs cas où la mixité sociale a révélé des différences de classes sociales et a créé des tensions. Finalement, Schnapper (2005) stipule qu’il y a un écart entre la théorie et la pratique de la mixité sociale. Dans les faits, selon lui, il est illusoire de croire qu’une identité collective puisse se construire en imposant l’établissement de relations entre les diverses populations. La réussite de la mixité sociale se traduit par une cohabitation sans trop de conflits.

À l’inverse, d’autres auteurs se sont intéressés aux bienfaits de la mixité sociale. Germain et Rose (2010) et Arthurson (2005) évoquent des bénéfices à promouvoir la mixité sociale, dont plusieurs ont été vérifiés empiriquement. Avant tout, ils précisent que les classes moyennes ont une influence bénéfique sur les classes défavorisées en ce qui relève des habitudes de consommation, du contexte scolaire ainsi que de l’intégration au marché du travail. Ensuite, le deuxième avantage concerne la vitalité sociale et économique du quartier. La diversification des profils de consommateurs permet l’apparition de nouveaux

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commerces. De plus, cela assure la stabilité du chiffre d’affaires des magasins déjà installés dans le secteur. Dans le même ordre d’idée, la mixité sociale a pour conséquence d’améliorer l’état de santé général de la population ainsi que de réduire la stigmatisation et la discrimination par rapport au territoire habité. Puis, le dernier avantage précise que la cohabitation des différences entraîne une meilleure cohésion sociale. Toutefois, selon Arthuson (2005), cet argument nécessiterait une évaluation scientifique plus rigoureuse.

1.2.4. Les stratégies visant à réduire les réactions négatives face à la mixité sociale

Leclerc-André (2010) répertorie plusieurs facteurs qui contribuent ou rebutent la cohabitation harmonieuse entre les différents groupes sociaux. L’indifférenciation des classes sociales par l’architecture, l’investissement dans les structures et services, l’animation communautaire, le respect d’une distance sociale entre les différents groupes sociaux et la présence de lieux publics sont des éléments à considérer en contexte de mixité sociale.

Tout d’abord, l’indifférenciation des statuts d’occupation est mise en lumière par plusieurs auteurs comme facteur favorisant la cohabitation pacifique de divers groupes sociaux (Leclerc-André, 2010). Cela signifie que l’architecture des bâtiments doit être conçue de façon à éviter de révéler les différences statutaires entre les groupes sociaux. Joseph (2008) ainsi que Camina et Wood (2009) dans Leclerc-André (2010) indiquent qu’en uniformisant les types d’unités d’habitation de l’extérieur, cela évite la stigmatisation et les préjugés envers les populations plus défavorisées. La mixité sociale est donc plus acceptée puisqu’elle n’est pas visible. Ensuite, ces mêmes auteurs révèlent que l’investissement dans les structures et les services doit être équitable, peu importe le statut d’occupation. De cette manière, les différents groupes sociaux ne sentent pas que l’un obtient plus de bénéfices que l’autre, épargnant ainsi différents conflits de cohabitation. L’apport du développement communautaire est aussi une composante importante dans la réussite de la mixité sociale. En effet, des activités d’animation favorisent les échanges et les liens entre les diverses populations (Leclerc-André, 2010). Selon Vermeersch (2006), la fête est une occasion où se réduisent temporairement les distances entre les habitants.

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Ces échanges sociaux éphémères se déroulent ainsi dans une ambiance que l’on pourrait qualifier d’enchantée, en raison de cette abolition temporaire de distances générationnelles ou sociales qui guident habituellement les relations sociales, ainsi que de l’atmosphère joyeuse dans laquelle elles baignent (Vermeersch, 2006, p.63).

Compte tenu de ce qui précède, il est important d’indiquer que cette sociabilité, vécue lors de ces fêtes entre les différents groupes sociaux, est occasionnelle et ponctuelle. De plus, elle ne débouche pas sur des relations durables entre elles (Vermeersch, 2006).

À tous ces éléments, il faut ajouter le respect d’une distance spatiale entre les différents groupes sociaux ainsi que la présence de lieux publics. Premièrement, il semblerait, selon Rose et Iankova (2005) dans Leclerc-André (2010), que la mixité sociale à petite échelle est plus difficilement acceptée par tous les résidents, c’est-à-dire à l’échelle d’un édifice ou d’un îlot. La proximité spatiale de groupe hétérogène agirait comme un frein aux interactions sociales. Dans ce contexte, les différents groupes sociaux utiliseraient des stratégies d’évitement pouvant mener à une incompréhension et des tensions entre eux. De plus, ils auraient tendance à exagérer les différences avec l’autre. Finalement, ces auteurs indiquent que les espaces publics sont importants pour apprivoiser les différences. Ils précisent que « la routinisation des contacts semble être un des processus contribuant à cet apprivoisement qui mènent à une acceptation durable de la différence. Cette routinisation des contacts se fait par la multiplication d’occasions d’interactions banales et non intimidantes à l’échelle du voisinage » (Leclerc-André, 2010, p.26). Bref, la présence d’espaces publics favorise le tissage de liens et aide les parties à revoir leurs préjugés ainsi qu’à surmonter la peur de l’autre.

En définitive, le constat est clair en ce qui concerne le phénomène de la mixité sociale. En premier lieu, comme le révèle Sintomer (2001), la notion de mixité sociale demeure ambiguë et les objectifs qu’elle poursuit sont très différents selon le lieu et l’échelle de son application. En second lieu, les écrits scientifiques révèlent des contradictions entre les auteurs face aux impacts de ce phénomène. En effet, certains sont d’avis que la mixité sociale est nuisible pour la communauté, tandis que d’autres affirment que celle-ci offre des

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avantages considérables. Puis, aucun auteur n’aborde la mixité sociale en lien avec la participation sociale. Il serait intéressant de savoir si le phénomène de la mixité sociale facilite ou freine la participation sociale des groupes concernés et c’est l’objectif qui est visé par cette étude. De surcroît, il serait pertinent de vérifier si les stratégies visant à réduire les réactions négatives face à la mixité sociale ont un effet sur la participation sociale des résidents d’une habitation collective.

1.3. L’état des connaissances sur la participation sociale

Dans cette recension des écrits, les principales dimensions de la participation sociale sont abordées. Il est question des types de participation sociale, des moyens de recrutements, des facteurs favorables, ainsi que des obstacles à la participation. Il est important de souligner qu’étant donné la nature alambiquée du concept de participation sociale (Raymond et al., 2008, Proulx, 2008), celui-ci est mis en relation avec d’autres concepts qui y sont souvent associés, tels que l'engagement, la participation politique, le bénévolat, etc. D’ailleurs, Raymond et al. (2008), dans leur recherche sur la participation sociale des aînés, ont procédé de la même manière. Ces auteurs indiquent que « la notion de participation sociale est peu spécifique. On ne la trouve en effet que dans un petit nombre de thésaurus, il a été nécessaire d’utiliser de nombreux synonymes ou notions apparentées pour couvrir le plus large champ conceptuel possible » (2008, p.13). Bref, l’usage concomitant de ces concepts dans la recension des écrits permettra de préciser la définition de ce que l’on entend par participation sociale pour les fins de la recherche et de bâtir le cadre conceptuel.

1.3.1. Les types de participation

De façon générale, les auteurs présentent des types de participation en lien avec les actions posées ou les rôles tenus (Foisy, 2013; Duperré, 2008b; Raymond et al., 2008; Fréchette, 2000; Comeau et Gaudreau, 1999; Ngai Cheung, 1997; Ninacs, 1995; Comeau, 1995).

Duperré (2008b), à partir de travaux sur la participation politique de Milbrath dans Rubin et Rubin (2001), soutient qu’il y a quatre profils de participants différents qui reflètent autant de degrés d’engagement: les apathiques, les spectateurs, les fantassins et les gladiateurs. Ces types d’engagement diffèrent selon le degré d’intérêt des acteurs envers la cause et le

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potentiel de mobilisation pour participer à des événements. Les apathiques constituent un groupe politiquement et socialement inactif et peu mobilisable, tandis qu’à l’autre extrémité, les gladiateurs représentent des individus très engagés dans plusieurs facettes des organisations.

De leur côté, Ngai et Cheung (1997) ont effectué une recherche sur la participation des jeunes de 15 à 24 ans aux activités de centres communautaires. Ils proposent un modèle qui explique et prédit la participation des jeunes. Premièrement, il y a les non-goers/non-participants qui sont les jeunes qui ne participent à aucune activité et ne visitent pas le centre communautaire. Deuxièmement, il y a les non-goers/participants. Il s’agit de ceux qui participent occasionnellement aux activités, mais qui ne fréquentent pas régulièrement l’endroit. Puis, les participants/goers sont les jeunes qui s’impliquent dans les activités et qui côtoient le centre communautaire de façon assidu.

Quant à Foisy (2013), il a modulé une typologie de l’engagement selon le cheminement qu’empruntent les citoyens au sein des maisons de quartier. Tout d’abord, les citoyens se situent dans une position de clientélisme, c’est-à-dire qu’ils viennent uniquement à l’organisme afin d’y trouver des services ou un aide quelconque. Ils peuvent venir chercher un lieu de détente (halte-garderie), un soutien matériel (argent, nourriture), un soutien émotif, etc. Bref, ils souhaitent combler un besoin de base et le rapport avec l’organisme est davantage utilitaire. Dans un second temps, la personne commence à s’engager dans les activités de la maison de quartier. Les intervenants tentent de changer sa perception de sa présence et susciter son engagement selon ses forces. De ce point de vue, la personne reçoit une réponse à des besoins, mais contribue à sa manière à un système d’échanges. Selon Foisy (2013), la personne devient alors participante puisqu’elle se situe dans un système bidirectionnel : de don et de contre-don. Puis, le statut de citoyen engagé est le dernier type. Tout au long de son parcours dans la maison de quartier, la personne participe aux différentes activités du groupe et cela l’amène à percevoir son apport dans ces instances. Elle développe son sentiment de contribution au plan collectif et conséquemment au plan sociétal. Bref, elle peut, par exemple, s’engager dans des démarches pour améliorer les conditions de vie du quartier et s’insérer dans des comités.

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Ensuite, d’autres chercheurs précisent les types de participation selon les tâches et les rôles occupés par les participants. Comeau (1995) présente quatre moments différents de l’histoire d’une association et de l’engagement des personnes, c’est-à-dire la fondation, l’adhésion, l’élection à un poste de responsabilité et la réalisation des tâches. La fondation fait référence à la mise sur pied de l’association. Cette période constitue une période de participation accrue qui graduellement s’atténue, au profit d’une organisation plus structurée. Relativement à l’adhésion, elle regroupe les événements et les significations qui amènent les individus à s’insérer dans l’association. Un participant qui assume des obligations relatives à un poste électif (secrétaire, trésorier, etc.) dans une association se situe dans la troisième étape, soit celle de l’élection à un poste de responsabilité. Enfin, la réalisation des tâches « touche l’ensemble des activités de production matérielle et symbolique accomplies par les membres dans les associations » (Comeau, 1995, p.127).

Du côté de Raymond et al. (2008), ceux-ci regroupent les définitions de la participation sociale dans quatre grandes familles. Dans la première famille, la participation sociale est représentée comme étant le fonctionnement dans la vie quotidienne, « c’est-à-dire le fait d’accomplir ses activités quotidiennes (s’alimenter, communiquer, etc.) et de jouer ses rôles sociaux (travailler, élever ses enfants, etc.) » (p.8). La deuxième famille correspond à passer du temps en interaction sociale avec d’autres. Il s’agit de rendre visite à des amis ou de les inviter à la maison, et de participer à des activités sociales à l’extérieur du domicile. Dans le cas de la troisième famille, la participation sociale vise à avoir des échanges à l’intérieur du réseau social dont la personne fait partie. Il doit y avoir un minimum de réciprocité et de stabilité dans les interrelations. Entretenir des relations d’amitié, dispenser de l’aide informelle aux proches, avoir des contacts avec des gens du voisinage sont des exemples qui sont inclus dans cette définition. Puis, la quatrième famille est caractérisée par une associativité structurée. Dans cette classification, participer socialement signifie « prendre part à une activité à caractère social réalisée dans une organisation dont le nom et les objectifs sont explicites » (Raymond et al., 2008, p.8). Les auteurs illustrent cette famille par le bénévolat dans un organisme communautaire, la participation aux activités d’une association ou l’implication dans un groupe de défense des droits.

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Quant à elle, Fréchette (2000) propose une catégorisation de cinq types de bénévolat dans les centres communautaires. D’abord, le bénévolat de gestion se caractérise par une participation au conseil d’administration ou dans différents comités. Ensuite, le bénévolat technique inclut surtout les tâches cléricales ou de gestion courante ainsi que des tâches de soutien logistique. Le bénévolat de représentation se caractérise par le travail de démarchage auprès des décideurs ou d’instances publiques, privées ou associatives et la représentation à des tables de concertation. Quant au bénévolat économique, celui-ci renvoie aux activités de collecte de l’argent et l’organisation d’activités générant des revenus. Puis, le bénévolat d’animation et de soutien de l’intervention comprend l’animation d’activités récréatives et sportives et à la participation à des comités.

Puis, Ninacs (1995) identifie un continuum de la participation selon le progrès réalisé dans l’acquisition du pouvoir. En début de parcours, la personne participe de façon silencieuse à la rencontre. Même sans avoir rien dit, sa présence à la rencontre est une grande réussite, car celle-ci surmonte ses peurs, sa timidité et d’autres défis. L’étape suivante consiste à ce que la personne pose des questions et exprime son point de vue. Bref, elle prend la parole. Ensuite, le troisième niveau correspond à la participation avec capacité d’argumenter. En plus de s’exprimer, la personne est capable de défendre son point de vue par des arguments fondés. Puis, elle atteint le dernier stade de la participation en développant sa capacité d’analyse critique. Cela signifie que la personne a la capacité de s’interroger sur les discours dominants ainsi que de se détacher des apparences et du sens commun. De plus, elle forme sa propre idée de la situation et y apporte des solutions concrètes.

1.3.2. Les moyens de recrutement

Le mode de recrutement le plus efficace est la sollicitation répétée. Selon l’enquête canadienne sur le don, le bénévolat et la participation (2009), 48% des répondants ont mentionné avoir été invités par quelqu’un d’autre. Parmi ceux-ci, 69% avaient été conviés par un membre de l’organisme, 20% par un ami ou un parent ne faisant pas partie de l’organisme, 5% par leur employeur et 6% par une autre personne. Des personnes ayant agi par une initiative personnelle, 14 % ont répondu à une publicité (affiche ou journal, par

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exemple), 3 % à un appel public à la télévision ou à la radio, 3 % par l'intermédiaire de l'Internet et 2 % par l'intermédiaire d'une agence. De surcroît, la sollicitation directe active demeure le moyen de recrutement par excellence pour attirer des responsables qui détiennent des compétences et des expériences organisationnelles telles que les membres d’un conseil d’administration ou les responsables de clubs ou d’associations. (Duperré, 2008; Fortin, 1992).

1.3.3. Les facteurs favorisant la participation sociale

Les éléments qui peuvent favoriser la participation sont d'ordre individuel, interpersonnel, organisationnel et environnemental (Desmarquis, 2009, Raymond et al., 2008; Duperré, 2004). En effet, les facteurs individuels font référence aux caractéristiques intrinsèques de la personne. Les facteurs interpersonnels se rapportent aux interactions entre les participants. Quant aux facteurs organisationnels, ils sont en lien avec la dynamique interne de l'organisme. Enfin, les facteurs environnementaux s’inscrivent dans le système d’action entourant l’action et non pas dans l’environnement physique comme tel (Duperré, 2004).

En premier lieu, sur le plan individuel, il y a plusieurs motivations qui poussent les personnes à s’engager. Havard Duclos et Nicours (2005) proposent quatre points d’ancrage qui tiennent lieu d’explication de l’engagement et des pistes pour assurer sa pérennité. Ainsi, l'engagement s'actualise et dure si la personne a le sentiment d'être utile, de donner un sens à sa vie, de recevoir des bénéfices et de correspondre aux engagements valorisés de son époque. Tout d’abord, les personnes participent à la résolution d’une situation problème et rendent service, car elles se sentent utiles. Cette motivation est particulièrement partagée par les aînés qui souhaitent redonner aux générations futures (Raymond, 2007). La deuxième motivation est celle de donner un sens à sa vie. Elle rejoint la motivation évoquée par Foisy (2013) soit celle de la croissance personnelle. Il s’agit de restaurer une identité endommagée par la honte, la faible estime de soi, etc. Certains ont vécu des problèmes de consommation, de racisme, d’intimidation et leur cheminement vécu à l’intérieur de l’organisme leur permet de reprendre confiance en eux et d’avoir des projets de vie. La troisième motivation correspond aux gratifications et aux avantages reçus par l’engagement. À cet effet, il y a des personnes qui s’impliquent, car elles retirent du plaisir

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à la réalisation de ces accomplissements et elles acquièrent de nouvelles connaissances et expériences (Duperré, 2007; Havard Duclos et Nicours, 2005; Panet-Raymond, Rouffignat et Dubois, 2002). D’ailleurs, l’implication est une occasion, pour les jeunes, d’obtenir de nouvelles compétences en prévision de leur insertion professionnelle (Mondor, Boily et Comeau, 2014; Fortin, 1992). Toujours en lien avec les avantages reçus par l’engagement, Foisy (2013) indique que, par le biais de leur participation, certains individus répondent à un besoin de base, brisent l’isolement et ont accès à des activités ludiques. Plusieurs citoyens vivant en milieu défavorisé se retrouvent régulièrement à manquer de nourriture ou de vêtements, à vivre des situations familiales tendues, à rencontrer des problèmes sociaux particuliers, etc. Ils s’orientent donc vers l’organisme afin de trouver de l’aide immédiate à leur situation de détresse. Puis, leur participation favorise l’accès à des activités ludiques, c’est-à-dire à des activités auxquelles elles n’ont habituellement pas accès dû à leur situation financière dont le ski, la baignade, le cinéma, etc. Finalement, les personnes s’engagent dans une action collective afin de défendre des valeurs reconnues et valorisées par l’opinion publique (Havard Duclos et Nicours, 2005). À cet effet, Choi (2003) dans Raymond et al. (2008) « soutient que les différentes perspectives culturelles, de par leurs structures de représentations et de valeurs, sont hautement susceptibles d’influer sur le bénévolat des personnes (p.43) ».

Toujours en lien avec les facteurs individuels, en deuxième lieu, Barré (2009) estime que le degré d’investissement et d’interdépendance des sphères de vie a un impact sur l’engagement militant. « Les sphères de vie réfèrent à l’ensemble des rôles sociaux (étudiant, mari, père de famille, militant, etc.) joués par un individu à différents moments de sa vie » (Barré, 2009, p.25). Les trois sphères qui sont généralement les plus importantes dans les sociétés occidentales sont la famille, le travail et les études (Barré, 2009). Selon Passy (2005) dans Barré (2009), plus la sphère de l’engagement militant est reliée à ces trois principales sphères de vie, plus l’engagement est stable et soutenu. Inversement, un individu dont la sphère de l'engagement militant est faiblement associée à celles de la famille, des études et du travail a plus de chances de ne pas poursuivre son engagement. De surcroît, la place de chacune des sphères de vie dépend du degré d’investissement qu’y consacre une personne. Ainsi, plus un individu investit du temps et de l'énergie à l’intérieur

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d’une sphère en particulier, plus celle-ci occupe une place importante parmi l'ensemble de ses sphères de vie. Parallèlement, la disponibilité biographique est un concept intimement lié à celui des sphères de la vie. La disponibilité biographique renvoie « aux changements d'agencement des sphères de vie qu'un individu possède selon le stade de vie (adolescence, début de l'âge adulte, retraité, etc.) auquel il est rendu » (Barré, 2009, p. 25). À titre d’exemple, un étudiant peut posséder des sphères scolaires, sociales, affectives plus souples et donc plus facilement compatibles avec la sphère militante qu’un professionnel qui travaille à temps plein et qui doit négocier avec les sphères professionnelles, familiales et militantes. En résumé, les personnes n’ont pas la même disponibilité biographique du fait que leurs sphères de vie ne sont pas configurées de la même manière. Il est important aussi de mentionner qu’une personne peut militer pour une cause et obtenir de la gratification à s’engager, puis en vertu d’un changement de ses rôles sociaux dominants, elle délaisse cette même cause au profit d’une autre. À partir de l’exemple précédent, un élève s’impliquant dans le mouvement étudiant peut abandonner cet engagement lorsqu’il fera son entrée sur le marché du travail afin de s’intégrer dans le syndicat de son établissement. Bref, chaque période de la vie peut modifier les priorités personnelles ainsi que les valeurs auxquelles un individu adhère et conséquemment cela influencera son engagement autant sur le plan des formes que du degré d’investissement.

Dans la même perspective, l’Enquête canadienne sur le don, le bénévolat et la participation (2009) ainsi que celle sur la participation sociale des travailleurs à temps plein (2010) confirment les analyses faites par Barré (2009). À cet effet, les personnes qui ont fait le plus grand nombre d’heures de bénévolat avaient tendance à être plus âgées, veuves et déjà sorties du milieu du travail (Ayer, Gibbons, Hall et Lasby, 2009). Étant donné que les sphères du travail, du familial et de l’affectif, dans certains cas, occupent une place infime ou inexistante dans leur vie, elles peuvent s’investir davantage dans celle de l’engagement bénévole. Les aînés peuvent donc avoir une disponibilité biographique plus flexible comparativement à celle des personnes des autres tranches d’âge. Ensuite, les taux les plus élevés de bénévolat ont été observés chez les Canadiens qui étaient plus jeunes, célibataires ou dans une relation, qui avaient de jeunes enfants à la maison (Ayer et al., 2009). Ce groupe, contrairement à celui décrit précédemment, consacre moins d’heures au bénévolat.

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Toutefois, les personnes, issues de ce groupe, sont plus nombreuses à faire du bénévolat. Ce phénomène peut s’expliquer par le fait que l’engagement bénévole doit être intimement lié à celle des trois principales sphères de vie. Dans ces circonstances, un père de famille peut s’impliquer, par exemple, comme entraîneur dans l’équipe de soccer de ses enfants. Puis, chez les adultes entre 25 et 54 ans, les travailleurs à temps plein (20%) sont moins susceptibles d’être des bénévoles réguliers que les travailleurs à temps partiel (30%) et les sans-emploi (25%) (Turcotte et Gaudet, 2010). Bref, les travailleurs à temps partiel et les personnes sans-emploi sont davantage susceptibles de contribuer dans la sphère du bénévolat parce qu’elles sont moins engagées dans celles du travail.

En dernier lieu concernant les facteurs individuels, la trajectoire biographique traduit l’idée du parcours de vie d’une personne et représente aussi une source d’engagement. La trajectoire biographique regroupe plusieurs éléments, dont le sexe, l’état de santé, l’éducation, la religion ainsi que l’ensemble des événements qui constituent l’histoire de vie d’une personne (Duperré, 2008b; Duperré, 2004).

Tout d’abord, un niveau d’éducation et un statut socio-économique élevés faciliteraient la participation. (Turcotte et Gaudet, 2010; Ayer et al., 2009; Mercier, 2009; Duperré, 2008b; Raymond et al., 2008; Comeau, 1995). Selon Duperré (2008b) et Comeau (1995), les personnes défavorisées auraient à surmonter des obstacles économiques et sociaux plus nombreux pour intégrer des associations communautaires et assumer des responsabilités. Au sujet de l’éducation, Hardina (2003) souligne que détenir des connaissances et des compétences pour la prise de décision peut favoriser la participation citoyenne. Mercier (2009) aborde le sujet dans le même sens. Selon ses propos, il y a des participants qui sont bien outillés. Ceux-ci ont facilement accès à l’information, aux outils de communication ainsi qu’aux dynamiques de discussion et de débats. En contrepartie, d’autres sont isolés parce que leurs compétences de base ne leur permettent pas de saisir toutes les informations utiles à leur implication. Dans le cas des participants moins scolarisés, le degré de confiance en soi est déterminant afin que ceux-ci demeurent actifs dans le groupe ou l’association (Duperré, 2008b; Comeau, 1995).

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Ensuite, fréquenter un service religieux sur une base hebdomadaire, s’impliquer dans d’autres sphères du bénévolat, avoir en possession une voiture, se considérer en bonne santé sont des éléments qui peuvent contribuer à la participation sociale (Ayer et al., 2009; Raymond, 2007; Casciano, 2007; Panet-Raymond et al., 2002; Comeau, 1995; Fortin, 1992). Aussi, les personnes qui font des dons de bienfaisance, qui donnent de l'aide directe ou qui sont membres d'un organisme ont plus souvent tendance à faire du bénévolat (Ayer et al., 2009; Duperré, 2008b; Raymond, 2007;). De surcroît, avoir un lien personnel avec la situation problème ou avoir été choqué par les conditions de vie des gens qui vivent la situation problème motive les individus à s’impliquer pour la cause (Duperré, 2008a, Duperré, 2004). En effet, plus le degré d’insatisfaction des personnes touchées par la situation problème est élevé, plus la probabilité est importante que cela provoque leur mobilisation (Lamoureux, Lavoie, Mayer et Panet-Raymond, 2009; Duperré, 2008a). À tous ces éléments, il est possible d’ajouter que la socialisation joue un rôle de premier plan dans la motivation à participer socialement (Mondor et al., 2014, Comeau, 1995). À ce sujet, la socialisation primaire correspond au rôle important joué par les parents dans la transmission des valeurs sociales et politiques. Les jeunes s’identifient d’abord aux valeurs présentes dans leur famille. Ensuite, la socialisation secondaire fait son entrée. Par le biais de l’école, ils peuvent faire le tri de leurs premiers choix par l’expérimentation. En s’impliquant dans une association étudiante ou des activités parascolaires, les jeunes développent le sentiment d’appartenance à la collectivité (Mondor et al., 2014). En définitive, le modèle parental ainsi que certaines institutions comme l’école peuvent contribuer positivement à des formes d’engagement plus tard dans la vie (Mondor et al., 2014).

À propos des interactions interpersonnelles, un élément favorisant la participation est la sociabilité, c’est-à-dire « l’aptitude à vivre intensément les relations sociales » (Comeau, 1995, p.131). Ce concept se réfère donc à la qualité du climat social et affectif. La convivialité des relations, la participation à des événements rassembleurs et la possibilité de prendre la parole au sein du groupe encouragent plusieurs bénévoles à continuer de s’impliquer (Gaudreau, 2005; Panet-Raymond et al., 2002). De plus, une atmosphère joviale et chaleureuse favorise la cohésion et contribue au sentiment d’appartenance

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(Duperré, 2008a). Pour Fortin (1992), la sociabilité et la solidarité sont des concepts qui sont distincts, mais qu’il est difficile d’aborder séparément, car il est probable que la sociabilité entraînera de la solidarité. Le fait d’être rassemblé autour d’une même cause ou activité, partager des intérêts et créer des liens sociaux facilite le soutien offert entre les membres du groupe affectés par des difficultés (Fréchette, 2000; Comeau, 1995; Fortin, 1992). Cette expression de la solidarité a un impact considérable sur la cohésion et le sentiment d’appartenance ainsi que sur la motivation à s’investir dans l’organisation (Duperré, 2008a). Par ailleurs, une convergence autour des valeurs, de la définition du problème et des moyens à prendre pour le résoudre, doit être parmi les conditions présentes dès le départ pour que les membres se reconnaissent entre eux et adhérent à l’association ou au groupe (Duperré, 2008b; Duperré, 2004; Comeau, 1995; Fortin, 1992). Comeau (1995) inclut la cohésion idéologique dans ces six concepts qui expliquent la participation aux associations.

Mis à part le plaisir, il y a d’autres émotions vécues dans le groupe qui accentue le désir des participants à poursuivre l’aventure dans laquelle ils se sont embarqués. Tout d’abord, l’espoir suscité par le projet ou le moyen d’action pour transformer la situation et le sentiment de fierté consolide la cohésion et le sentiment d’appartenance dans l’association (Lamoureux et al., 2009; Duperré, 2008a; Fortin, 1992). La peur et le sentiment de menace sont aussi de puissants facteurs de mobilisation au départ de l’action collective (Duperré, 2008a). D’ailleurs, selon Vachon et Coallier (1993) dans Duperré (2008b), un événement déclencheur tel qu’une fermeture d’usine ou une catastrophe écologique peut provoquer une prise conscience collective de la gravité du problème et amorcer ces sentiments, facilitant ainsi la mobilisation. Quant à l’humour, elle a une fonction bien importante. Selon Duperré (2008a), elle rend les réunions plaisantes et motive à y assister. De surcroît, cette émotion aide à traverser les moments difficiles. Puis, l’amitié est aussi une émotion à considérer dans la vie de l’association. Elle se développe progressivement lors des rencontres entre les membres et les incite à poursuivre leur engagement (Duperré, 2008a).

Relativement à la dynamique interne des organisations, Duperré (2008b) mentionne que celle-ci contribue à la création de liens sociaux préalables à la mobilisation. De plus, les

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organisations « offrent des ressources et des informations servant à une meilleure compréhension des opportunités et des enjeux de la pratique » (Duperré, 2008b, p.22). Tout d’abord, plusieurs auteurs soulèvent l’importance d’instaurer une démocratie directe et participative. (Lamoureux et al., 2009; Panet-Raymond et al., 2002; Duperré, 2004; Comeau, 1995). L’ouverture des structures participatives et décisionnelles ainsi que le partage des responsabilités et des pouvoirs au sein du groupe favorisent non seulement l'intégration des membres, mais aussi l’accomplissement de fonctions reliées à un poste électif comme la présidence, la trésorerie (Lamoureux et al., 2009; Comeau 1995). Compte tenu de ce qui précède, les jeunes s’intéressent particulièrement aux organisations dont la structure n’est pas hiérarchique et qui favorisent la participation démocratique (Mondor et coll., 2014). Il est possible que cela demande un effort de la part des administrateurs d’entendre et d’approuver des suggestions inusitées qui peuvent être déconcertantes et conduire l’organisme aux limites de sa mission (Panet-Raymond et al., 2002). D’autre part, le partage d’informations compréhensible et accessibles à l’intérieur de l’organisation favorise la participation, car elle suscite des attitudes favorables au changement (Lamoureux et al., 2009; Raymond et al., 2008; Duperré, 2004; Panet-Raymond et al., 2002; Comeau, 1995). De plus, selon Duperré (2004), le partage de l’information sert de cadre normatif pour créer une culture organisationnelle. Comeau (1995) ajoute que la réflexion et l'expérimentation conduisent aussi à l'adhésion. Il est nécessaire que l’organisation initie des formations individuelles et collectives tant sur le plan technique que politique, car elle permet ainsi aux membres de se sentir compétents dans l’exécution de leurs tâches et d'assumer des responsabilités (Duperré 2004; Panet-Raymond et al., 2002). Par ailleurs, Fortin (1992) estime que la participation est facilitée lorsque l’organisation procède à un « contre-don ». Selon elle, l’organisation contracte des dettes envers les membres et non-membres qui lui fournissent du temps et de l’énergie. Elle s’acquitte de celles-ci de différentes façons. Elle peut ainsi organiser un souper, une fête pour les bénévoles. Également, l'aide aux membres, informelle (Duperré, 2004) et financière (Fortin, 1992) de la part de l'organisme, parvient au même but. Dans un autre ordre d’idée, les victoires renforcent la cohésion et le sentiment d’appartenance (Duperré, 2008b; Duperré, 2004; Panet-Raymond et al., 2002). Il est donc nécessaire que l’organisation se fixe des objectifs réalistes et à court terme qui permettent des gains

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tangibles. Enfin, le réseautage favorise des références et des collaborations sur des projets communs (Panet-Raymond et al., 2002).

Parallèlement, la manière d’intervenir d’un organisateur communautaire est déterminante dans l’adhésion et le maintien d’un participant dans le groupe (Duperré, 2004; Panet-Raymond et al., 2002; Fréchette, 2000). Au niveau du savoir-être, l’intervenant doit avoir une préoccupation pour le côté humain (Duperré, 2008b; Panet-Raymond et al., 2002). Tout d’abord, une sensibilité et une compréhension des difficultés, des forces et des faiblesses des participants, l’accueil sans jugement ainsi que le soutien de leurs initiatives dans le respect de leur autonomie et de leurs choix sont des attitudes favorisant l’engagement. (Raymond et al., 2008; Panet-Raymond et al., 2002). De plus, les marques de reconnaissance de la part des intervenants aux participants contribuent à leur estime de soi (Duperré, 2008b; Duperré, 2004; Panet-Raymond et al., 2002). En récompensant le travail accompli par des attentions personnelles, les personnes se sentent valorisées. Celles-ci ne se laissent pas décourager par des obstacles, car elles sont stimulées par le renforcement continu offert par l’organisateur communautaire (Duperré, 2008b). Ensuite, tenir compte des exigences de la vie privée et de ses effets favorise aussi la participation (Comeau, 1995). Puis, la volonté des intervenants à s’engager avec les participants facilite leur participation en surpassant la distance sociale reliée au genre, à l'ethnie et à la classe sociale (Hardina, 2003).

Au niveau du savoir-faire, un intervenant ayant des capacités de leadership et étant une référence pour les participants encourage ces derniers à demeurer impliqués. (Gaudreau, 2005; Panet-Raymond et al., 2002). De plus, celui-ci doit avoir une vision globale de la problématique, comprendre le contexte et les politiques sociales et économiques mises de l’avant par le gouvernement. Cette conscience critique permet de soutenir les participants selon la réalité qu’ils vivent et peut donc augmenter leur sentiment d’appartenance au groupe (Panet-Raymond et al., 2002).

En ce qui concerne l’environnement, l’analyse de la structure des enjeux et des opportunités dans laquelle s’inscrit le projet peut être favorable, ce qui contribue à un appui plus large

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des personnes à la cause (Duperré, 2008b; Duperré, 2004; Lamoureux et al., 2009). Dans cette perspective, Tilly dans Duperré (2008b) propose deux aspects, liés aux contextes, qui affectent la mobilisation : la nature du système économique, social et politique ainsi que l’ouverture de ce dernier. La nature du système « désigne la possibilité offerte par un système donné d’insérer les intérêts des groupes mobilisés » (Duperré, 2008b, p. 20). Il y a des systèmes qui sont particulièrement intransigeants face aux revendications, tandis que dans d’autres, celles-ci peuvent être facilement exprimées et intégrées. En revanche, « l’ouverture du système est considérée de manière plus ponctuelle et se rapporte ici aux possibilités offertes par un système, à une période donnée » (Duperré, 2008b, p.20). Duperré (2004) nomme ce phénomène une fenêtre d’occasion, c’est-à-dire « un intervalle de temps à l’intérieur duquel une action a plus de chance de réussir à cause d’un changement dans le système d’action et qui modifie la structure de possibilités et de contraintes propre à l’acteur » (p.54). Toujours en lien avec l’ouverture et la nature du système, la reconnaissance publique de l’utilité et de l’efficacité de l’association à l’échelle méso (communauté) et macro (gouvernement) favorise l’engagement. D’une part, à l’échelle méso, Ngai et Cheung (1997) mentionnent que la réputation positive de l’organisme dans la communauté influence l’intention de s’impliquer des « non-participants ». En effet, le fait de percevoir le centre communautaire comme étant un endroit accueillant et chaleureux favoriserait la participation initiale des jeunes. D’autre part, à l’échelle macro, cette reconnaissance influence l’incorporation des intérêts de l’organisme à l’intérieur des politiques de l’État. Comme le mentionne Lamoureux et al (2009), les organismes n’ont d’autres choix que de solliciter l’État pour la question du financement. Ils soulignent que « leur espace de liberté sera d’autant plus grand qu’ils seront capables de faire la preuve non seulement de leur utilité sociale, mais aussi de leur enracinement dans leur milieu » (p.433). Bref, la reconnaissance contribue à l’obtention de subventions qui permettent aux organismes d’acquérir des ressources humaines et matérielles afin de soutenir les participants dans leur projet.

1.3.4. Les obstacles à la participation sociale

Tout comme les facteurs favorables à la participation, les obstacles sont d’origines variées. En premier lieu, au niveau individuel, un déséquilibre dans les sphères de vie est souvent

Figure

Tableau 2 : Données sociodémographiques par participants

Références

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