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APPORTS ET DES LIMITES DES THÉORIES DE LA FIRME

1. Section 1 Les théories des contrats : une lecture par la coordination d’échange

1.3. La Théorie des contrats incomplets

1.3.4. Les limites de la théorie des contrats incomplets

Bien qu’en estimant que la théorie des contrats incomplets fournie une réponse à la question de l’intégration verticale, cette dernière reste encore incapable de rendre compte de la complexité relationnelle au sein l’entreprise réseau et ne reflète pas la réalité de l’organisation industrielle comme le montre plusieurs études.

Ce pendant, dans le modèle original de la théorie des contrat incomplets, l’allocation des droits de contrôle résiduel via la possession des actifs assure la maximisation des incitations. Ce lien entre la propriété des actifs et la maximisation des incitations fait de l’intégration verticale une solution optimale face aux comportements opportunistes. Cette proposition a été critiquée par certains auteurs. Baudry (2004) considère que le lien entre la propriété des actifs et la maximisation des incitations constitue une limite à la théorie des contrats incomplets puisque cela conduit à surestimer le rôle des droits de propriétés dans les incitations des agents. De même, Maskin et Triole (1999)et Satuel (2006) ont montré dans leurs études que la proposition «Propriété-Maximisation des incitations» n’est pas validée dans la réalité industrielles. Les auteurs constatent que le schéma des propriétés ne sont pas seulement déterminés par la nécessité de produire des incitations à investir, et les incitations à investir sont produites par un ensemble de moyens, dont la propriété.

Contrairement à la causalité avancée par la théorie des contrats incomplets, De Meza et Lockwood (1998) montrent que la possession des droits des propriétés engendre des effets néfastes sur l’incitation de propriétaire à investir. Les auteurs montrent que lorsque le choix de coopérer possède un certains degré d’irréversibilité, dans ce cas l’utilité de réservation

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n’est pas pris en compte dans la répartition des gains de coopérations, le principe d’arbitrage mentionné par la théorie des contrats incomplets est modifié. En effet, l’agent qui possède les droits de propriété voit son utilité de réservation augmenter et que cette dernière n’entre pas en compte dans le calcul des ses gains en situation coopérative. Par conséquent, le propriétaire de l’actif a donc la tendance de refuser le choix de coopération.

Dans le même contexte, certains auteurs comme Gibbons (2005) critique l’approche de la théorie des contrats incomplets lorsqu’elle néglige le rôle de l’actif humain dans son analyse. La théorie des contrats incomplets avancent que la propriété de l’actif physique assure l’accès au capital humain de l’agent associé à cet actif. Elle donne aux actifs humains un rôle complémentaire mais forcément subordonné aux actifs physiques. Sautel (2006 et 2007) montre que l’hypothèse d’une appropriation indirecte des actifs humains à travers les propriétés des actifs physiques est contestable. Ainsi, la prise en compte de l’importance du capital humain contribue à la remise en cause de l’impact nécessaire et suffisant de la possession des droits de propriété de l’actif physique. Baudry (2003) et Chassagnon (2010) soulignent que la firme dans le paradigme contractuel n’est pas une véritable organisation puisqu’elle est circonscrite aux contrats reliant les propriétaires des actifs non humains.

Les relations interentreprises dans la théorie des contrats incomplets sont envisagées comme des arrangements contractuels entre firmes atomistiques ou auto-suffisantes. En traitant les firmes comme des unités de production spécialisées qui produisent pour les autres et interagissent via des relations de marché, la théorie des contrats incomplets ne parvient pas à rendre compte de la diversité de configuration organisationnelle qui constitue la structure de l’industrie énoncée par Coase (1972). C’est pour cela, les théoriciens de cette approche comme Holmstrom et Robert (1998) reconnaissent eux mêmes les insuffisances de cette théorie relativement à ce dernier point. Les auteurs considèrent, dans leurs études sur les frontières de la firme, que le corpus théorique de la théorie des contrats incomplets se trouve quelque peu déstabilisé lorsqu’il s’agit d’appréhender théoriquement les nouvelles relations DO/ ST. Dans cette perspective, Renou (2004) montre que la théorie des contrats incomplets est incapable d’appréhender de nouvelles formes de coordination interentreprises, en montrant qu’elle ne parvient pas à appréhender les dispositifs de coordination comme le plateau de conception.

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Pour conclure, on peut constater que toutes ces approches s'accordent sur quelques principes essentiels, et notamment sur le fait que la nature de la firme est fondamentalement contractuelle.

Tableau 7 : Une schématisation des différentes approches contractuelles

Théories Rationalité

Informations des contractants

Nature de la firme Question centrale Théorie

Néo-classique Substantive

Complet et

symétrique Lieu de production

Variation de la

production/variation du prix

TI Substantive Complet et

asymétrique

Nœuds des contrats incitatifs

Asymétries informationnelles

TCI substantive Complet et

symétrique

Collection d’actifs non humains

Problèmes liées aux non vérifiabilités des investissements TCT limitée Incomplet et asymétrique Structure de gouvernance (arrangement privé) Impact de la spécificité des actifs sur les

frontières de la firme Source : Baudry (2003, p. 27)

Le tableau 7 schématise les trois modèles de base des approches contractuelles et les situe par rapport au modèle d’équilibre général. D’après ce tableau, on constate que ces approches sont d’une partie complémentaire et d’autres parties concurrentielles. Ce point de vue est évoqué dans plusieurs travaux récents, sans toutefois être traité en tant que tel37. Dans ce cadre, Baudry et Durbion (2009) montrent que les théories contractuelles sont complémentaires quand elles traitent la nature de la firme, mais substituables quand elles analysent ses frontières. Par ailleurs, les approches contractuelle permettent d’analyser les dispositifs de coordination dans un cadre simplifié mais rigoureux.

Comme nous avons mentionné plus haut, les théories des contrats construisent leurs analyses en se basant sur le contrat comme un mécanisme de coordination interne et externe. Dans ce cadre, Chassagnon (2010) considère que les relations contractuelles sont l’essence de la firme tandis que les individus sont les parties à ce nœud des contrats. Les individus n’existent qu’au regard des contrats. Par ailleurs, la firme est perçue comme un nœud des contrats dans ce paradigme. Cette théorie justifie l’existence de la firme par sa capacité de réduire les coûts (coûts des transactions, coûts de contrôle et cout d’agence).

37 Pour plus d’explication sur ce point voir Saussier et Garrouste (2005), Brousseau (1993, 1997), Brousseau et

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