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La détermination des frontières de la firme dans la recherche scientifique : un intérêt mois important

APPORTS ET DES LIMITES DES THÉORIES DE LA FIRME

B. La détermination des frontières de la firme dans la recherche scientifique : un intérêt mois important

La réflexion dans un contexte d'économie fondée sur la connaissance invite également à reconsidérer la manière dont se définit la frontière de la firme. La discussion traditionnelle des frontières de la firme dans les théories fondées sur l'information (aussi bien dans la théorie des droits de propriété que dans la théorie de l'agence ou dans l'approche transactionnelle) s'est focalisée au départ sur l'opposition entre marché et hiérarchie, en délimitant en particulier les domaines respectifs du faire et du faire faire. Contrairement, Moati et Mouhoud (1994) envisagent de manière renouvelée la question des frontières des entreprises. Les auteurs

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soulignent que « bien souvent, le problème n’est pas de savoir s’il est plus économique de faire ou de faire faire, mais simplement de faire faire parce qu’on ne sait pas faire. La décision d’internaliser, dans un contexte de division du travail fondée sur les savoirs, est donc souvent moins une affaire d’avantage comparatif qu’une affaire d’avantage absolu ou d’indisponibilité pure » (p. 60).

Reprenant notre analyse dans laquelle le nouveau contexte économique connaît l’émergence d’une économie fondée sur les connaissances – avec la substitution de la division cognitive par la substitution technique du travail - conduit les entreprises à adopter des nouvelles formes organisationnelles, l’entreprise réseau. Dans cette perspective, les frontières des entreprises sont devenues inobservables et floues puisque la caractéristique la plus fondamentale de l’entreprise réseau est sa capacité de relier avec plusieurs partenaires comme le souligne Ravix (2009, p. 333): « Pourtant, l’observation des réalités industrielles montre que les entreprises nouent entre elles des relations très variées aussi bien sur le plan horizontal que sur le plan vertical, qui vont des formes les plus traditionnelles de sous- traitance aux nouvelles formes de mise en réseau ou encore d’organisation modulaire. Cette diversification des relations interentreprises se traduit par une fragmentation des chaînes de valeur qui a pour principale conséquence de brouiller les frontières de la firme ».

Dans ce contexte, certains auteurs montrent que l’instauration des nouveaux outils organisationnel comme le système de traçabilité (Karâa et Morana, 2008), le plateau de conception (Renou, 2004) et les nouvelles relations avec les PSL se brouillent les frontières de la firme (Cézanne et Saglietto, 2011). Par conséquent, la notion des frontières n’existe plus puisque ces dispositifs touchent tant l’intra et l’interorganisationnel que l’intra et l’inter-pays. Pour conclure, la plupart des études, qu’elles soient théoriques ou empiriques, démontrent que les frontières des firmes sont inobservables dans un contexte dynamique et ouvert. C’est ainsi que la question des frontières des entreprises dans la théorie économique n’est pas réellement pertinent dans notre contexte. Gaffard (1997)42

considère que la discussion sur la frontière de la firme est par ailleurs d'autant plus délicate que l'on se place dans un contexte dynamique : « Des changements erratiques se produisent, qui remettent en cause les frontières des firmes et des industries en permanence. Dans un tel contexte, s’interroger sur ce que sont les frontières optimales de la firme n’a guère de sens. Le vrai

42 L’auteur défende sur l’idée selon laquelle il n’existe pas une coordination optimal au sein de la firme : « Ce

serait, néanmoins une erreur que de déduire des considérations précédente qu’il existerait des formes optimal d’organisation – un partage optimal de la coordination entre firmes et marchés – pour conduire l’innovation

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problème n'est pas tant de désigner les frontières optimales à un moment donné, que de déterminer les conditions de viabilité d'une firme confrontée à la nécessité d'une recomposition permanente de ses frontières, de déterminer en quoi aussi cette recomposition aide à changer de stratégie » (p. 95). Par conséquent, l’auteur prévoit que l’organisation de l’industrie et, notamment les frontières des firmes, doivent pouvoir évoluer de manière à répondre aux contraintes qui émergent à chaque étape et qui expriment la persistance de défaillance de coordination : « l’organisation de l’industrie et, notamment les frontières des firmes, doivent pouvoir évoluer de manière à répondre aux contraintes qui émergent à chaque étape et qui expriment la persistance de défaillance de coordination » (p.102).

3. Conclusion

Ce chapitre a exposé et discuté les différents travaux qui traitent la théorie de la firme, notamment l’entreprise réseau. Pour ce faire, nous avons appréhendé en première étape les approches contractuelles. Nous avons montré que ces courants ont contribué à construire une nouvelle grille de lecture des organisations ; ils constituent la base d’une théorie des formes et de l’architecture organisationnelles et proposent une vision binaire des coordinations des activités économiques: elles s’effectuent par la hiérarchie à l’intérieur de la firme où sur le marché par le système des prix. Ces théories et en mobilisant le contrat comme le seul moyen de coordination, ont réussi d’ouvrir la boîte noire et préciser la nature de la firme. Cette dernière se fonde sur l’organisation d’un ensemble de différents arrangements contractuels. Nous avons montré qu’en dépit d'une très grande variété de contributions (théories des coûts des transactions, théorie d’incitation et théorie des contrats incomplets), toutes ces approches s'accordent sur quelques principes essentiels, et notamment sur le fait que la nature de la firme est fondamentalement contractuelle.

Malgré ces apports, nous avons considéré que les théories des contrats se révèlent faiblement armées analytiquement afin de rendre compte de la réalité de coordination de l’entreprise réseau. Après une revue minutieuse sur toutes les approches de cette théorie, nous avons montré qu’elles sont incapables de rendre compte de la réalité et de la complexité relationnelle de l’entreprise réseau. Nous avons constaté que les approches contractuelles et en focalisant sur la dimension d’échange et seulement dans des relations bilatérales, elles ignorent les autres aspects comme la production, les nouvelles relations interfirmes et l’aspect social.

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Pour pallier ces insuffisances analytiques, nous sommes orientés, vers les théories de l’économie des compétences. Nous avons illustré la genèse de Richardosn (1972) dans la formation des théories des compétences qui fournit une base analytique pour traiter l’approche de l’économie des compétences. Nous avons constaté que Richardson et en substituant la notion de transaction retenue, propre aux théories des contrats, par les notions d’activité et de capacité comme unités d’analyse fondamentale, montre que la coopération interfirmes doit être considérée comme une forme institutionnelle distincte de la firme et du marché. Les analyses de Richardson ont été réinterprétées par certains auteurs dans une économie fondée sur les compétences. Ces théories ont instauré une nouvelle lecture sur la nature de la firme, la coopération interfirmes et la division du travail dans l’économie industrielle. En adoptant la dimension cognitive, les théories des compétences admettent que la firme est un lieu de gérer et de création des compétences. Nous avons montré que ces théories ne se concentrent pas seulement sur l’explication de l’avantage concurrentiel soutenable, mais aussi de l’existence, la nature, la coopération et les frontières des firmes. La firme reconnue ainsi comme un dépositaire des compétences. Face aux nouveaux changements économiques et l’évolution rapide des TIC, nous avons montré que les approches des compétences sont inaptes de rendre compte de l’évolution des firmes et leurs relations avec leurs partenaires.

En distinguant entre l’information et les connaissances, la nouvelle approche d’économie des connaissances parvient à donner une analyse pertinente sur la nature de la firme et les nouvelles frontières des firmes. L’approche des connaissances combinent plusieurs modalités (cognitives, technologiques et sociales) afin de fournir une explication plus complète et satisfaisante de la création et le partage des compétences et des connaissances. De même, nous avons montré également que cette théorie, et en substituant la division technique du travail par la division cognitive du travail, a réussi de nous fournir une lecture théorique réaliste et compatible avec la réalité de l’économie industrielle, et en particulier l’entreprise réseau. Nous avons considéré que l’entreprise réseau ne peut pas être appréhendé théoriquement par une seule approche théorique en rejoignant ainsi le postulat proposé par Foss (2000, p. 84) : « La production…..tout comme l’échange…sont des éléments tout aussi fondamentaux d’un même processus ». Nous avons montré que la mobilisation conjointement des approches des connaissances et des contrats nous fournit une lecture théorique complète sur la question des frontières des entreprises.

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IMPACT DES INNOVATIONS

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