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CHAPITRE 1 : LES POLITIQUES D’IMMIGRATION ET LA PERFORMANCE DES

1.1. Les politiques d’immigration canadienne et québécoise : une mise en contexte

1.1.4. Les caractéristiques des immigrants selon la province

Lorsqu’on analyse la répartition du flux migratoire annuel selon la province, on remarque que la plupart des immigrants choisissent l’Ontario, le Québec ou la Colombie-Britannique pour

13 Plus le candidat est jeune, plus il obtient un grand nombre de points. Il faut par contre préciser qu’il doit avoir au moins 18 ans pour présenter une demande en tant que demandeur principal.

14 Par exemple, ce problème peut entre autres se traduire par un accès réduit à l’emploi dans le domaine de formation, un salaire moins élevé qu’un natif ayant un diplôme comparable ou une surqualification de l’immigrant qui accepte un emploi pour lequel il est trop qualifié. Parfois même, l’immigrant peut décider de réorienter sa carrière dans un tout autre domaine.

s’installer. À elles seules, ces trois provinces ont accueilli 77 % de l’ensemble des résidents permanents admis en 2011 (voir tableau 5).

Tableau 5 : Répartition des résidents permanents arrivés en 2011 selon la province de destination (nombre et pourcentage)

Nombre Pourcentage Terre-Neuve et Labrador 682 0,3 Île-du-Prince-Édouard 1 731 0,7 Nouvelle-Écosse 2 138 0,9 Nouveau-Brunswick 1 968 0,8 Québec 51 746 20,8 Ontario 99 458 40,0 Manitoba 15 964 6,4 Saskatchewan 8 955 3,6 Alberta 30 963 12,4 Colombie-Britannique 34 785 14,0 Yukon 237 0,1 Territoire du Nord-Ouest 85 0,0 Nunavut 24 0,0 Total 248 748 100 Source : CIC (2012)

Ce taux justifie le fait de se focaliser sur ces trois provinces dans ce qui suit. De plus, il est important de préciser dès le départ que le Québec compte moins d’immigrants par rapport à sa population totale que l’Ontario et la Colombie-Britannique. En fait, en 2006, la population immigrante du Québec représentait seulement 11,5 % de la population totale, contre 28,3 % en Ontario, et 27,5 % en Colombie-Britannique (Boudarbat et Boulet, 2010). Ceci étant dit, les caractéristiques des immigrants de ces trois provinces sont susceptibles de diverger en raison d’une multitude de facteurs dont notamment la méthode de sélection des immigrants économiques du Québec qui se distingue de celle appliquée dans les deux autres provinces. Par exemple, la prédominance de la langue française dans le marché du travail québécois et la

priorité accordée à celle-ci dans la grille de sélection québécoise pourraient se répercuter sur la composition du flux migratoire de cette province sous l’angle des régions d’origine des immigrants. En effet, les immigrants des pays d’origine francophones pourraient être proportionnellement plus nombreux au Québec qu’en Ontario. Dans les lignes ci-dessous, la composition provinciale du flux migratoire sera présentée par région d’origine, connaissances des langues officielles du Canada, niveau de scolarité et âge à l’immigration. Toutes ces caractéristiques sont susceptibles d’avoir un effet sur l’insertion des immigrants dans le marché du travail, ce qui accentue la pertinence de s’y intéresser.

La figure 1 indique que le flux migratoire du Québec a été beaucoup moins dominé par les immigrants originaires de l’Asie et du Pacifique en 2011. À vrai dire, cette région d’origine composait 68,0 % des immigrants admis en Colombie-Britannique contre 49,1 % des immigrants de l’Ontario et seulement 16,9 % des immigrants du Québec. La région d’origine dominante au Québec est celle de l’Afrique et du Moyen-Orient qui a représenté 38,9 % des immigrants reçus dans cette province en 2011. Cette même région a composé 24,5 % du flux migratoire ontarien et seulement 10,6 % des immigrants de la Colombie-Britannique la même année. Déjà, sous l’angle de cette caractéristique, on voit que les immigrants du Québec se distinguent de ceux de l’Ontario et de la Colombie-Britannique.

Figure 1 : Régions d’origine des immigrants selon la province en 2011 38,9% 24,5% 10,6% 49,1% 68,0% 21,5% 11,2% 4,9% 2,0% 4,5% 4,8% 20,7% 10,7% 12,1% 16,9% 0,0% 10,0% 20,0% 30,0% 40,0% 50,0% 60,0% 70,0%

Québec Ontario Colombie-Britannique

Afrique et Moyen-Orient Asie et Pacifique Amérique du Sud et centrale États-Unis Europe et Royaume-Uni Source : CIC (2012)

Le tableau 6 expose les connaissances des langues officielles du Canada des immigrants admis en 2011 selon la province d’établissement. Dans ce tableau, on peut observer que c’est au Québec que la proportion d’immigrants qui ne parlent ni le français ni l’anglais est la plus faible avec 19,8 % comparativement à 24,9 % en Ontario et 30,0 % en Colombie-Britannique. En outre, cette province se démarque aussi des deux autres par sa proportion beaucoup plus élevée d’immigrants qui parlent le français seulement (26,9 % contre 1,7 % en Ontario et 0,3 % en Colombie-Britannique) ainsi que le français et l’anglais (36,6 % contre 4,3 % en

Ontario et 3,0 % en Colombie-Britannique. L’accent mis sur la langue française dans la grille de sélection du Québec pourrait expliquer en partie ces chiffres.

Tableau 6 : Répartition des immigrants admis en 2011 selon la connaissance des langues officielles (%), par province

Connaissance linguistique par province Québec Ontario Colombie-Britannique

Anglais 16,8 69,0 66,7 Français 26,9 1,7 0,3 Anglais et français 36,6 4,3 3,0 Ni l’un ni l’autre 19,8 24,9 30,0 Total 100,0 100,0 100,0 Source : CIC (2012)

Pour ce qui est du niveau de scolarité, les données du recensement de la population de 2006 indiquent que 51 % des immigrants âgés de 25 à 64 ans arrivés au pays entre 2001 et 2006 avaient un diplôme universitaire contre seulement 19 % de la population née au Canada de ce groupe d’âge (voir tableau 7). Ce tableau met aussi en évidence qu’une proportion beaucoup plus faible d’immigrants récents (i.e. arrivés moins de 5 ans auparavant) n’avaient pas de diplôme d’études secondaires (9,0 %) comparativement à la population née au Canada (23,0 %). On peut donc en déduire que sur le plan national agrégé les nouveaux immigrants sont plus scolarisés que la moyenne de la population née au Canada. Cette même étude indique aussi que seulement 28 % des immigrants arrivés avant 2001 détenaient un diplôme universitaire. Ce résultat laisse croire que les immigrants récents sont de plus en plus scolarisés, ce qui pourrait refléter la hausse de l’importance de ce critère dans les grilles de sélection fédérale et québécoise.

Tableau 7 : Niveau d’études des nouveaux immigrants et des natifs âgés de 25 à 64 ans en 2006 (%) Immigrants cohorte 2001- 2006 (%) Population née au Canada (%) Sans diplôme d’études

secondaires

9,0 23,0

Diplôme d’études secondaires 15,0 20,0

Études postsecondaires

partielles 8,0 9,0

Diplôme professionnel ou

collégial 16,0 30,0

Grade universitaire 51,0 19,0

Source : Statistique Canada (2008a)

Le tableau 8 expose le plus haut diplôme des 25-64 ans selon le statut d’immigrants et la province en 2006. Ce tableau révèle que les immigrants du Québec sont relativement moins nombreux à ne posséder aucun diplôme (15,9 %) que les natifs du Québec (17,4 %), mais ils sont proportionnellement plus nombreux que les immigrants de l’Ontario (14,0 %) et de la Colombie-Britannique (12,6%).

Tableau 8 : Plus haut diplôme des 25-64 ans selon le statut d'immigration et la province en 2006 (%)

Québec Ontario Colombie-Britannique

Natifs Immigrant Natifs Immigrant Natifs Immigrant

Aucun diplôme 17,4 15,9 13,4 14,0 12,4 12,6 Secondaire 21,7 17,8 26,8 22,0 27,8 22,4 École de métiers 19,2 11,6 9,1 8,1 13,3 9,1 Collège 23,0 22,2 27,9 24,7 26,4 24,9 Baccalauréat 12,7 17,7 14,6 18,4 13,4 19,0 Études supérieures 6,0 14,9 8,2 12,8 6,7 11,9 Total 100 100 100 100 100 100

En revanche, les immigrants du Québec sont les plus nombreux, toutes proportions gardées, à être titulaire d’un diplôme universitaire (32,6 %), comparativement à 31,2 % en Ontario et 30,9 % en Colombie-Britannique. Chez les natifs, ces taux sont respectivement de 18,7 %, 22,8 % et 20,1 %. Malgré ces légères différences, les résultats présentés dans ce tableau montrent que les variations des niveaux d’études des immigrants selon la province sont assez mineures.

En ce qui a trait à l’âge à l’immigration, les résultats du tableau 9 montre qu’il y a peu de variations interprovinciales entre l’âge des immigrants à leur arrivée au Canada. Selon ce tableau, 37,0 % des immigrants de l’Ontario sont arrivés avant l’âge de 20 ans contre 35,4 % en Colombie-Britannique et 35,2 % au Québec. Même si la proportion d’immigrants du Québec arrivant avant l’âge de 20 ans est plus faible que dans les deux autres provinces, il faut souligner que la part d’immigrants arrivés à 40 ans et plus (12,0 %) est également inférieure à celle observée en Ontario (13,9 %) et en Colombie-Britannique (17,7 %).

Tableau 9 : Répartition des immigrants selon l’âge à l’immigration et la province en 2006 (%)

Québec Ontario Colombie-B.

0-9 ans 18,5 18,7 17,7 10-19 ans 16,7 18,3 17,7 20-29 ans 30,9 29,3 28,0 30-39 ans 21,9 19,8 19,0 40-49 ans 7,4 8,0 9,7 50 ans ou plus 4,6 5,9 8,0 Total 100 100 100

Selon les résultats présentés dans cette sous-section, les immigrants du Québec se distinguent principalement des immigrants de l’Ontario et de la Colombie-Britannique par leur poids démographique moins important dans la population totale de la province, leur plus grande proportion à connaître le français et à être bilingues et la moins grande proportion d’immigrants originaires de l’Asie et du Pacifique. Ce point termine la mise en contexte de la politique d’immigration. La suite du chapitre se concentre sur les études ayant analysé l’intégration des immigrants dans le marché du travail canadien.

1.2. La situation des immigrants dans le marché du travail : trois problèmes