• Aucun résultat trouvé

Chapitre 1. La problématique de la recherche

1.1 Contexte de l‘étude

1.1.3 Les besoins émergents identifiés au Sud-Kivu d‘après-guerre

Des recherches et des enquêtes récentes font état des besoins émergents et prioritaires en RDC d‘après- guerre (Kasilembo, 2000; OCHA, 2006; UNICEF, 2008; Banque Mondiale 2005; Youdi, 2006; Morvan, 2004). Nous nous sommes inspiré de ces études pour identifier les besoins émergents au Sud-Kivu en vue de rendre compte de la pertinence du curriculum d‘enseignement technique et professionnel en contexte d‘après-guerre. C‘est ce qui nous a permis de saisir et de mieux comprendre comment le curriculum d‘enseignement répond adéquatement à la fois aux intérêts d‘apprentissage des élèves au terme de leurs études et aux besoins émergents en contexte d‘après-guerre, ce que nous présentons dans les sections suivantes.

1.1.3.1 Les besoins socioéconomiques

Dans la province du Sud-Kivu, les familles vivent au seuil de la pauvreté. Les guerres ont aggravé la modicité des revenus familiaux alors que les denrées alimentaires sont devenues rares dans les campagnes. La population n‘exploite pas les ressources naturelles de sa province. L‘exploitation de ces ressources par les compagnies multinationales ne profite pas à la population. Celle-ci souffre de la famine et de la malnutrition. Si la faim devient un problème difficile à résoudre, c‘est parce que les paysans et les agriculteurs ont été déplacés de leurs terres à cause des guerres. Certains propriétaires de terres arables sont devenus des réfugiés, d‘autres ont abandonné leurs terres entre les mains des seigneurs de la guerre qui les ont transformés en champ de bataille et d‘entrainement. Des éleveurs ont perdu leurs troupeaux, pillés et

emportés par des assaillants. La pêche est devenue presque impraticable dans le lac Tanganyika à cause de l‘insécurité maritime et du manque d‘équipement. Conséquemment, la pénurie alimentaire associée à tout type de misère s‘est installée. À ce propos des études de Morvan (2005) montrent que :

[L]es principaux secteurs d‘activités dans les territoires de Minembwe, de Fizi et d‘Uvira sont la pêche, l‘élevage, l‘agriculture et le petit commerce. Elles constituent les principales sources de revenus familiaux. La pêche et l‘élevage sont deux domaines exclusivement masculins tandis que l‘agriculture est dominée par les femmes. Les jeunes pêcheurs qui, en général, ne possèdent pas de filets ni de pirogues travaillent pour le responsable d‘une unité de pêche, souvent un membre de leur famille. (Morvan, 2005 : 119)

Au-delà du manque d‘outils pour la pêche et pour l‘agriculture, les besoins de paix et de sécurité sociale s‘avèrent prioritaires à la production pour la survie de la population du Sud-Kivu, comme il en est fait état ci- après.

1.1.3.2 Les besoins de paix et de sécurité sociale

Au Sud-Kivu, la paix peut être comprise au sens où Bretherton, Weston et Zbar l‘entendent lorsqu‘ils soutiennent que :

Le maintien de la paix nécessite le déploiement de forces armées visant à assurer l‘absence d‘hostilités. La conclusion de la paix suppose qu‘on prescrive des mesures en vue d‘assurer la fin des hostilités et la mise en œuvre des accords de paix. Le rétablissement de la paix, cependant, se signale non par la présence de forces onusiennes de maintien de la paix, mais plutôt par la reprise de la vie normale. À court terme, la réouverture des écoles et des commerces, le rétablissement des transports et le démantèlement des postes de contrôle, l‘existence d‘offres d‘emploi, le retour des exilés et la reprise du tourisme peut déclencher une spirale en faveur de la paix. Sur le long terme, toutefois, se contenter de reconstruire une société déchirée par la guerre ne suffit pas. Les politiques et les pratiques qui ont été à l‘origine du conflit peuvent fort bien se perpétuer, voire se renforcer, au cours de cette période de reconstruction. Une réelle édification de la paix suppose que l‘on s‘engage à creuser les fondations d‘une société plus pacifique. Cette démarche a besoin de construction, mais aussi des constructeurs. (Bretherton, Weston et Zbar, 2003 : 3-4)

Parallèlement à ces auteurs, Youdi (2006) a montré que la RD Congo a besoin de la paix et des constructeurs de paix, surtout, pour la population la plus touchée par l‘absence de protection sociale : les femmes et les filles. Elles sont fréquemment victimes de viol. Il en est de même pour les jeunes garçons d‘âges scolaires, orphelins et des jeunes démobilisés de l‘armée nationale ayant été forcés à rejoindre des milices armées. Toutes ces personnes vivent dans l‘insécurité. Elles manquent de paix et de protection sociale. Ces personnes souffrent de stress psychologiques. Ce phénomène se manifeste par le repli sur soi, l‘agressivité, la dépression et le désespoir consécutif. La recherche de Youdi (2006) est très éloquente à ce sujet affirmant que « les guerres et les conflits ont créé des groupes d‘enfants vulnérables, les enfants soldats et des enfants de la rue qui menacent la sécurité sociale. La RDC est l‘un des pays avec le plus grand nombre d‘enfants soldats dans le monde. Elle en compte environ de 15 à 30 000 dont les plus jeunes étant âgés d‘à peine huit ans » (Youdi, 2006 : 6).

Youdi (2006) poursuit en montrant que ces enfants constituent la moitié des enrôlements dans certaines milices. D‘autres sources (OCHA, 2005; UNICEF, 2001) révèlent que ces enfants sont majoritairement originaires de la province du Sud-Kivu. Ils sont communément appelés des « Kadogo3 ».

Un grand nombre des principaux bénéficiaires de la scolarisation, c‘est-à-dire les élèves sont tués. Les survivants sont obligés de fuir soit à l‘intérieur du pays même pour devenir des déplacés internes ou dans les pays voisins comme des refugiés. Ceux qui ont atteint un certain âge sont enrôlés de force dans des milices ou des armés comme des enfants soldats. Plusieurs des enfants qui parviennent à échapper à toutes ces catégories ou qui parviennent à rentrer dans leurs villes ou villages vont rejoindre le rang des vulnérables ou défavorisés que sont les orphelins, les handicapés, les enfants de la rue pour qui l‘accès en éducation n‘est peut-être plus possible. (Youdi, 2006 : 7)

Parallèlement à Youdi (2006), la recherche de Morvan (2005) fait état de la situation de paix et de sécurité sociale au Sud-Kivu. Dans cette recherche empirique, qui s‘appuie sur les résultats des entretiens qualitatifs menés auprès des jeunes natifs vivant dans la région en territoire d‘Uvira, de Fizi et de Minembwe, Morvan conclut par ces observations :

La région d‘Uvira-Fizi-Minembwe est réputée être une zone d‘instabilité et d‘insécurité chronique. La récurrence des crises qui agitent ces territoires depuis l‘indépendance et l‘intensité des violences font que cette zone soit considérée comme un des principaux foyers de violence en RDC. Les territoires d‘Uvira-Fizi-Minembwe sont caractérisés par d‘importantes tensions ethniques qui ont divisé et qui continuent de diviser les populations. D‘autre part, depuis 1964, cette zone est un lieu privilégié d‘installation de groupes armés irréguliers et un foyer de recrutement. (Morvan,2005 : 96)

Si l‘on peut établir un parallélisme entre la situation de la RDC et d‘autres pays post-conflits, Bretherton, Weston et Zbar (2003), qui ont étudié la situation en Sierra Leone, sont intéressants. Ils s‘appuient sur les études de Boulding (1996, dans Bretherton, Weston et Zbar, 2003) pour mettre l‘accent sur la culture de la paix en créant des espaces de partage des valeurs, c‘est en quoi la culture de paix dépasse le dualisme d‘une paix qui serait intérieure ou extérieure. Selon ces auteurs : « la paix ne relève pas seulement de sommets entre dirigeants politiques, mais aussi de toute l‘écologie des relations sociales : la famille, l‘école et le voisinage ainsi que les relations intérieures et extérieures des nations » (Bretherton, Weston et Zbar, 2003 : 3). Cette vision élargie de paix permet, selon ses auteurs, de penser la paix en recourant, non seulement au langage des hommes politiques et des soldats, mais aussi à celui de l‘esprit des personnes ordinaires.

1.1.3.3 Les besoins sociosanitaires

S‘appuyant sur les études du PNUD (2003), Morvan (2005) montre que :

3 Ce terme signifie en swahili, langue nationale congolaise parlée au Sud-Kivu, « le tout petit » soldat ou les enfants soldats. Selon

l‘Unicef (2005), près de deux millions d‘enfants en âge d‘aller à l‘école sont morts à cause des conflits armés, six millions ont été gravement blessés, un million sont devenus des orphelins ou ont été séparés de leur famille et douze millions ont perdu leur foyer.

L‘espérance de vie à la naissance, qui était de 45 ans en 1970, est aujourd‘hui de 41,4 ans. Le taux de mortalité infantile est de 129 pour cent, l‘un des plus élevés sur le continent africain. A titre de comparaison, le taux de mortalité infantile des régions développées est évalué à [8 pour 1000]. Parmi les décès reliés à la guerre, 45,5 % sont des enfants de moins de 5 ans alors que cette catégorie d‘âge représente moins de 20 % de la population totale. Les causes de ces décès sont largement attribuées à des maladies bénignes telles que les fièvres, la diarrhée, les infections respiratoires, le paludisme et la malnutrition pour lesquelles un système de prévention de traitement est presque inexistant. (Morvan, 2005 : 102)

En se référant aux études d‘Amnesty International (2004), l‘étude de Morvan (2005) confirme les pillages systématiques des centres de santé dans certains territoires du Sud-Kivu dont les infrastructures ont été lourdement endommagées par les conflits.

De nombreuses structures de santé en milieu rural fonctionnent uniquement par l‘autofinancement. Les malades paient d‘avance les médicaments et les soins médicaux qui permettent de payer le personnel soignant. Beaucoup de familles, par manque de moyens, ont recours à la médecine traditionnelle (sorcier, féticheur, guérisseur) ou aux maisons de prières. Il est estimé que plus de 70 % de la population congolaise n‘aurait pas accès à des soins de santé primaires et que le taux de malnutrition au niveau national atteindrait les 16 % et même les 30 % dans certaines zones de l‘Est. (Morvan, 2005: 102)

Se basant sur le rapport d‘Oxfam International (2001), Morvan (2005) signale que plusieurs milliers d‘individus des populations rurales dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu ont été forcés de se déplacer au moins une fois depuis 1996. Des familles ont trouvé refuge dans des lieux non construits en forêt ou en brousse où elles se sont retrouvées privées d‘accès aux soins de santé de base, à l‘eau potable, sans abris et sans vivres. Les séparations de familles ont eu des conséquences sur la vie des jeunes filles et la communauté.

En matière de reproduction, sur 1000 naissances, 230 mères ont moins de 20 ans. L‘importance des grossesses précoces peut être attribuée à une évolution des comportements sexuels due à la situation de conflit. Les jeunes séparés de leur famille et de leur communauté sont particulièrement vulnérables à l‘exploitation sexuelle et s‘engagent plus facilement dans un comportement sexuel à haut risque. (Morvan, 2005 : 103)

À la lumière des données d‘International Rescue Committee (IRC), du Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS) et d‘Amnesty International (2004), Morvan (2005) révèle les données suivantes sur la situation sociosanitaire en RDC.

Les statistiques officielles estiment à 5,1 % le taux de prévalence du VIH/SIDA en RDC. L‘enquête menée par l‘IRC rapporte que parmi les décès recensés, seul 0,7 % seraient causés par le VIH/SIDA (IRC, 2004). […] Les risques de transmission d‘infections sexuelles sont accrus dus à un accès limité aux moyens de prévention, de traitement et de soins, mais aussi aux déplacements des populations, à la présence de groupes armés et aux violences sexuelles perpétrées par ces groupes : plus de 40 000 cas de viols, dont 25 000 dans le Sud-Kivu ont été rapportés. (Morvan, 2005 : 103)

La Coordination des affaires humanitaires (OCHA) ayant évalué les besoins humanitaires dans la province du Sud-Kivu en 2005 a conclu dans son rapport à une situation déplorable dans les secteurs humanitaires suivants : la santé, la nutrition et la sécurité alimentaire, l‘hygiène et l‘assainissement de l‘environnement,

l‘approvisionnement en eau potable. Ceci prouve combien les besoins sociosanitaires sont urgents, parmi les premières des priorités pour la reconstruction de l‘éducation.

Au regard de tout ce qui précède, nous retenons que les besoins socioéconomiques, les besoins de paix, de sécurité physique et sociale, les besoins sociosanitaires sont prioritairement identifiés en contexte d‘après- guerre au Sud-Kivu. À l‘instar de tous ces besoins, il semble que les besoins en éducation soient omis de l‘inventaire des recherches précédentes. Ces besoins nous intéressent dans la mesure où, comme l‘affirme Sinclair (2003) :

[P]our une population victime d‘une crise ou d‘une catastrophe naturelle, l‘éducation est un élément vital de la reconstruction de leur communauté. Dans le monde d‘aujourd‘hui, hélas, les conflits se multiplient et de plus en plus des pays ont besoin d‘une éducation d‘urgence pour leurs populations. (Sinclair, 2003 : 7)

Sinclair poursuit en montrant que les pays confrontés à des situations d‘urgence ont des problèmes graves à résoudre, comme la pénurie alimentaire, les épidémies et le manque de logement. Dans ces conditions, cette auteure invite les organisations engagées dans l‘aide aux populations aux prises avec des guerres « à faire de l‘accès à l‘éducation une priorité de leur mission et à accomplir ainsi l‘un de leurs objectifs à savoir, redonner aux enfants un cadre de vie normal dans lequel ils pourront trouver du travail et construire dans l‘espoir des jours meilleurs que ceux qu‘ils ont connus par le passé. L‘éducation qui leur est prodiguée peut également les aider à lutter contre les préjugés et les tensions qui opposent des communautés, voire à empêcher la résurgence de conflits à venir » (Sinclair, 2003 : 7-8).

Ce souci de vouloir apporter notre contribution à la réponse aux besoins de la société du Sud-Kivu au lendemain des conflits et des guerres à répétition que cette province a connus, nous impose la tâche d‘examiner les besoins d‘éducation pour les jeunes, pour les adultes et pour la société du Sud-Kivu dans son ensemble.

1.1.3.4 Les besoins éducatifs

D‘une étude de l‘UNESCO menée par Seguin (1991), nous retenons que les besoins en éducation ne sont pas seulement ceux qui sont exprimés par la société pour sa survivance et son développement. Ce sont aussi ceux que les individus expriment sous forme de demande en éducation.

En matière éducative, le besoin d‘un individu, d‘un groupe ou d‘un système est l‘existence d‘une condition non satisfaisante et nécessaire pour lui permettre de vivre ou de fonctionner dans des conditions normales et de réaliser ou d‘atteindre ses objectifs. […]. On peut cependant admettre que la majorité des besoins éducatifs fondamentaux est commune à la plupart des sociétés humaines et qu‘ils doivent être particulièrement mis en évidence dans les pays où ils ne sont pas entièrement satisfaits. Ces besoins sont, d‘une part, connus traditionnellement comme étant ceux de formation générale de base et, d‘autre part, ceux qu‘on appelle des besoins éducatifs nouveaux qui sont apparus avec les objectifs de progrès économiques, socioculturels et d‘amélioration des conditions de vie des populations. (Seguin, 1991 : 4)

L‘étude de l‘UNESCO dirigée par Seguin (1991) distingue les besoins éducatifs selon deux grandes catégories : les besoins humains qui sont essentiellement ceux des individus et les besoins des systèmes sociaux. La détermination des besoins prend ainsi une importance particulière pour les orientations d‘une politique éducative qui devra se traduire par des programmes scolaires chargés des formations correspondant à ces besoins. Cette détermination, qui suppose une méthodologie complexe, est un domaine particulier de la recherche en éducation dont voici quelques aspects évoqués par ce chercheur :

 des enquêtes et des recherches menant à un diagnostic sur les besoins

 une analyse des relations entre ces besoins et ces demandes et les exigences du développement social et économique;

 des décisions sur les besoins et les demandes qui peuvent être retenus, en tenant compte des intérêts respectifs des individus et de la société. Ces décisions devraient être prises à partir de négociations ou d‘une concertation entre les intéressés, c‘est-à-dire la population ou ses représentants, les organismes de recherches et de réflexion et les responsables politiques des systèmes sociaux;

 une spécification des formations éducatives correspondant aux besoins du développement, dans des aspects humains, sociaux et économiques;

 une mise au point de programmes d‘enseignement chargés des formations spécifiées et qui devront être expérimentés. (Seguin, 1991 : 5)

Poursuivant son argumentation, Seguin commente en montrant que la détermination des besoins et des objectifs en matière de réforme incombe aux hommes politiques. Les décisions correspondantes devaient se fonder sur une large consultation des organismes intéressés à l‘action éducative tels que les associations des enseignants, des parents et des conseillers d‘orientation. Certains besoins éducatifs peuvent s‘appliquer à un grand nombre de cas de réformes des systèmes d‘enseignement (Seguin, 1991: 5).

Selon Seguin (1991), la formation des ressources humaines, des compétences professionnelles, dans différents secteurs d‘activités économiques et sociales s‘avère la gamme de besoins les plus ressentis pour réaliser les objectifs du développement économique et social. Dans la formation permanente, la poursuite de sa propre éducation tout au long de l‘existence, le perfectionnement et la promotion professionnels, l‘adaptation à des nouvelles activités, la formation des adultes dans les secteurs d‘activités diverses sont des demandes sociales fort importantes dans les pays en voie de développement. À ce sujet, il écrit :

Les besoins en éducation ne sont cependant pas les seuls déterminants d‘une politique éducative et de ses objectifs. S‘ils représentent une base concrète à partir de laquelle peut s‘élaborer cette politique, celle-ci doit s‘inscrire dans le système de valeurs politiques, sociales, culturelles et économiques d‘une société ainsi que dans la philosophie de la reconnaissance à une certaine époque. Ces valeurs et cette philosophie apparaissent dans les finalités et les buts de l‘éducation s‘ils inspirent le cadre général dans lequel sont définis les objectifs de formation. Ces derniers sont néanmoins l‘expression concrète des besoins éducatifs humains et sociaux. (Seguin, 1991 : 8)

Le Rapport d’activité de la Division provinciale de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel de juillet 2008 indique que la province du Sud-Kivu comptait, avant les guerres, 62 écoles techniques et professionnelles pour une clientèle de près d‘un million de jeunes. En période post-guerre, 49 écoles sont demeurées fonctionnelles et elles sont toutes concentrées dans des milieux semi-urbains.

Considérant, les besoins émergents identifiés et le nombre d‘élèves inscrits dans les écoles professionnelles, le défi reste énorme pour l‘enseignement secondaire. Ainsi Kumpel (2002) a établi un lien entre la forte demande de scolarisation, l‘expansion scolaire et les maigres résultats scolaires en RDC. Il a conclu à la persistance du sous-développement dans l‘école congolaise. À l‘intérieur, comme à l‘extérieur de l‘école, écrit- il : « on reproche à l‘école l‘inadéquation entre son développement et son expansion, ses finalités et ses réalisations » (Kumpel, 2002 : 3-4).

Selon ce chercheur, ces inadéquations se situent entre les prescriptions curriculaires et les besoins sociaux auxquels l‘enseignement devrait répondre. Ces inadéquations posent des problèmes de transfert des compétences en milieu professionnel. Les programmes disponibles au secondaire ne correspondent pas aux emplois disponibles pour lesquels la main-d‘œuvre est requise par le marché du travail local. La structure d‘enseignement demeure statique alors que les structures d‘emploi changent avec le temps en raison de l‘évolution technologique. La baisse du niveau de la qualité de l‘enseignement au secondaire ne permet pas aux élèves d‘être bien préparés pour les tâches qu‘ils doivent accomplir dans leur vie future. Les élèves apprennent des savoirs codifiées qu‘ils ne peuvent pas traduire dans la réalité sociale. La reproduction aveugle des éléments du cours handicape la production intellectuelle de l‘élève, son raisonnement, son discernement, voire son développement cognitif. Ce fait serait essentiellement dû au manque de formation des enseignants (Kumpel, 2002).

L‘étude de la Banque Mondiale conduite par Fredriksen (2005) montre les forces du système éducatif de la RDC qui a continué à se développer, quoique lentement. Les résultats de cette étude montrent que, même si