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LES BAINS MEDITERRANEENS

IV. Les Bains Andalous

Les maures d'Espagne sont liés historiquement avec le Moyen -Orient, dont toute construction était inspirée de cette région, comme les bains d'ailleurs.

Les bains Andalous, sont composés de deux parties essentielles:

 le Vestiaire-Hall, joue le rôle de salle de repos, il se distingue par ses dimensions importantes qui font de lui un espace majeur co ntrebalançant l'ensemble formé par les autres pièces du bain.

 La Salle Froide : très exceptionnellement, c’est elle qui joue le rôle d'espace de transition entre le vestiaire et les autres pièces chauffées. En générale elle se présente avec une architecture modeste, elle occupe un espace rectangulaire, plus allongé et couverte d'une voûte en berceau. Dans certain s bains cette pièce froide possède une composition tripartite à l'image de la pièce tiède qui lui est contiguë. Les espaces latéraux issus de ce découpage sont marqués par des arcs ou quelques fois par des portiques à colonnes. Parfois la salle froide se compose d'une succession de petits locaux.

 La Salle Tiède : C’est l’espace le plus important dans les bains andalous, où se déroule plusieurs activités, dont le lavage et le massage.

 L'Etuve : sa forme constante est un rectangle dont les dimensions peuvent être égales à celles de la pièce tiède, quand elles ne le sont pas, l'architecture de l'étuve se distingue par sa division tripartite.

Généralement il existe deux bassins d'eau chaude appelés "Pilas" marquent la spécificité des fonctions qui s'y déroulent, on les trouve le plus souvent logées dans les niches latérales, ou bien dan s des petits locaux annexés latéralement à l'étuve.

Il existe deux types de bains :

IV.1. Les bains de Type I.

Ce groupe assemble la plus grande partie des bains andalous, il interprète les bains dont le plan s’étale sur un axe rectiligne sur lequel se s uccèdent les différentes espaces.

Il se caractérise par le parallélisme des pièces composant le bain et surtout par leur simplicité de conception, les pièces ont la forme de rectangle et de mêmes dimensions, les voûtes en berceau qui les couvèrent leu r donnent un aspect uniforme. Il se trouve généralement dans l’étuve une petite p iscine, celle qui remplace le "Maghtas" Egyptien.

Dans ce groupe, il se trouve d’autres bains qui sont disposés parallèlement les uns aux autres mais c'est la pièce ti ède qui prédomine l'organisation, parfois par une division tripartite marquée par un ou deux portiques latéraux à colonnes et l'espace central couvert par une coupole, ou bien elle est centrée autour d'un espace majeure : le patio à colonnes.

Photo 28 : Vestiaire du bain à Palma

Source : http://palma-de-mallorca.costasur.com/.

IV.2. Les bains de Type II.

Le plan du bain s'articule autour de la pièce tiède qui a atteint, par rappo rt aux spécimens du "groupe I" , une forme carrée dont le centre est constitué d'un patio délimité par deux ou parfois trois arcs sur chaque coté. Les colonnes supportent une coupole à plusieurs pans, les galeries périphériques légèrement surhaussée s reçoivent dans les angles des coupolettes reposant sur des arcs transversaux et sur les cotés, des voûtes en berceaux ou très exceptionnellement des voûtes croisées.

Figure 28 : Plan présentatif du "Type II" des bains Andalous Source : Conception Auteur.

Photo 29 :l’Etuve du bain "Del-Agua" Source : http://sinagogadelagua.com/

V. Les Bains au Maroc.

Après la chute de Grenade, les Morisques, émigrés Andalous quittèrent le pays, parmi eux ceux qui occupèrent le Maroc, les nouveaux venus eurent au cune difficulté à édifier, de recréer leur architecture typiquement Andalouse, ils construisaient des fameux bains parce que ils avaient besoin de ce noyau, symbole des leurs commémorations.

Le bain marocain se compose de deux parties distinctes :

 La salle du vestiaire et du repos : "Wast Al-Dar", qui regroupe un ensemble de locaux aménagés autour d'un espace central,

 La salle froide : "Bit Al-Barda",  La salle tiède : "Bit Al-Wasta",  La salle chaude : "Bit Al-Skhouna".

Ces parties se différencient par la composition de leur plan, le vestiaire a une forme carrée invariable et est centré autour d’un patio, tandis que les pièces sont disposées parallèlement les unes aux autres le long d'un axe.

a. Salle du vestiaire et repos :

qui l'entourent sans portiques intermédiaires. L'espace central est caractérisé par sa coupole "Goubba" à huit ou douze pans montés sur quatre colonnes, ou simplement reposant sur des parois disposées aux angles du patio.

b. La pièce froide :

Elle est généralement de forme rectangulaire et s'ouvre sur des latrines, sa toiture est le plus souvent constituée d'une voûte en berceau.

c. La pièce tiède :

Elle a les mêmes caractéristiques de la pièce tiède des bains Andalous, avec la division tripartite, avec un arc ou bien portiques latéraux et coupole centrale. L'apparition du plan cruciforme dans l'aménagement de cette pièce, a été probablement véhiculée des bains de l'Orient par les modèles ottomans.

d. La pièce chaude :

De même forme que la pièce froide, elle est le plus souvent complétée par l'addition de deux petits réduits "Bwiyyet" permettant aux baigneurs, le savonnage et l'épilation s'accomplissent dans ces logettes.

Il existe deux types de bains marocains dont l’architecture est invariable d’un type à l’autre :

V.I. Les bains de Type I.

Il se caractérise par l'uniformité architecturale des trois pièces du bain proprement dit, ces pièces sont de forme allongée et de mêmes dimensions, elles sont toutes couvertes par des voûtes en berceau, tandis que le vestiaire de forme carrée invariable est centré d’un patio.

Dans cette catégorie, il y a le bain de "Chofa" construit à Rabat (9), avec un plan rectangulaire, les salles du bain se suivent dans l’axe linéaire du froid au chaud, cette conceptionn’est pas loin du bain Andalous sous le type I.

Figure 29 : Plan du bain "Chorfa". Source : Esquisse & Adaptation Auteur .

V.2. Les bains de Type II.

Il se caractérise par la prédominance de la pièce tiède, elle se distingue par sa coupole centrale qui est une réplique de celle du vestiaire, elle marque son importance et souligne la disposition de son plan centr é qui se présente sous trois formes :

 Espace central à coupole est flanqué de deux niches latérales précédées d'arcs transversaux.

 Espace central de forme carrée et résulte de sa division tripartie, les deux larges portiques latéraux délimitent des galeri es surélevées couvertes de voûtes en berceau.

 Un plan cruciforme, l'espace central à coupole est entouré de quatre niches précédées d'arcs.

Le bain ci-dessous représente ce type II, dont la salle tiède est un espace central cruciforme, il s’agissait du bain de "Qasbat Al-Oudaia" construit au XVII siècle (10) à Rabat.

Figure 30 : Plan du bain "Qasbat Al-Oudaia"

Source :Source d’origine, Pauty E, in revue africainen° 400-401, 1944. Dessin & Adaptation Auteur

Conclusion.

Le Proche-Orient, et tout particulièrement la Syrie, offrent la possibilité de suivre sur plus de deux millénaire l’histoire du bain, d’en tracer les filiations depuis son apparition, jusqu’aux bains médiévaux, arabes et ottomans. Le hiatus des siècles de développement du bain en Syrie permet de suivre les grands traits de transformation du bain omeyya des, le point commun le plus frappant c'est la succession sur un même axe de toutes les pièces chauffées. Les similitudes occasionnelles des bains que ça soit dans les volumes et les formes architecturales, ne peuvent pas dissimuler les différen ces fonctionnelles.

Les bains égyptien semble fixé dans son principe d'organisation, tous les bains présentés ont en commun, le plan centré de leur espace ou complexe chaud, cela permettra de dire que le "Maghtas" est l'élément caractéristique du bain Egy ptien qui existait depuis les premiers spécimens. Le "Sahn" central distribue plusieurs "Maghtas" , partage également des "Khilouas" de manière alternée mais pas régulière.

La composition architec turale a connu un équilibre dans les ba ins des souverains "Mamlouks", c'est dans cette époque que se fixe l'architecture du "Mashlakh" . La présence des Ottomans a eu des incidences sur l'architecture du bain, il a perdu en quelques sortes son originalité et se conformait au type de plan classique, le "Maghtas" été conservé, mais son architecture ne se distingue plus de celle des "Khilouas" .

L'ensemble des bains en Turquie, reflète la continuité des bains ottomans de deux siècles environ. Dans les premiers bains, les fonctions des trois espaces du bain sont déterminés, dont la salle intermédiaire dominait la partie centrale. Cette aptitude lui est donnée par sa flexibilité architecturale, d'un simple espace de transition, elle était transformée en petit complexe. Puis l'étuve était en pleine mutation, prenait définitivement la dominance dans la composition du bain, il est articulé autour d'un espace central s'attribue des "Iwans" périphériques. Ces derniers ont donnés la possibilité de l'extensi on et le développement de l'étuve sur une seconde couronne périphérique.

L’examen des bains Andalous laisse apparaître un type d'organisation principal, représenté par un plan rectiligne, déployé sur un axe. Le parallélisme des quatre pièces qui

ses caractéristiques les plus importantes. Il existe aussi un second type d'organisation du bain qui est loin d'être majoritaire. Il se distingue par un plan élaboré sur deux axes orthogonaux, la pièce tiède constitue le centre de la composition, elle atteint son ultime expression dans l'organisation des bains andalous, le patio central évoque l'architecture des habitations andalouses lui donne une certaine opulence, un tel agencement architectural traduit sans doute le goût des architectes andalous.

Les plans des bains Marocains présentés s'inscrivent pleinement dans la tradition des bains andalous, tous les caractères dominants constatés sont présents : plan rectiligne, parallélisme et simplicité de conception des pièces du bain et surtout la prédominance de la pièce tiède. Les grandes similitudes des bain s andalous et marocains ré sident dans la période de leurs fondation XIVe siècl e qui est communément appelée "époque mauresque" et qui a été marquée par des échanges culturelles intenses, un style commun d'architecture, dont le nom d'ailleurs sera utilisé pour désigner les bains du nord d’Afrique.

Références Bibliographiques .

1. Ecochard.M et Le Cœur .C, les bains de Damas, VI, Beyrouth. Edition PIFD, 1942-1943, p.20.

2. Ecochard.M et Le Cœur .C, les bains de Damas, VII, Beyrouth. Edition PIFD, 1942-1943. p 72-76.

3. Ibid. p.84-85. 4. Ibid. p.108-110.

5. Fadela Krim, Les Hammamates, histoire brève du hammam , Edition DAHLAB. p.13.

6. E.H.Ayverdi, Osmali, 1451-1481, III, Istanbul, 1973. p 133. 7. I.Aydin Yuksel, Osmali, 1481-1520, Istanbul, 1983. p 296. 8. Turkiyede Vakif Abideler Ve Eski, Eserler , III. p 348.

9. E.Pauty, Vue d’ensemble sur les hammams de Rabat -Salé, in Revue Africaine, n° 400-401, 1944. p.202-204.

CHAPITRE IV