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SUBSTRAT DU BAIN COMME PATRIMOINE ARCHITECTURAL

II.2. Les Bains du Moyen-âge

II.2.1. Le Bains Islamiques Arabes Omeyyades

Lors du déclin de l'empire romain, des anciens "Balneum" incitèrent le développement d’autres genres de bains, plus petits et plus modestes par rapport aux thermes de l'antiquité.

Avant les conquêtes pour la diffusion de la religion islamique, les Arabes utilisaient seulement de l'eau froide pour se laver, une attitude tout simplement hygiénique pour se débarrasser de l’impureté, mais avec l’avènement de l’Islam, le bain et devenu important pour les musulman, il a pris une signification religieuse, il devi nt rapidement une annexe à la mosquée, où les fidèles utilisaient le bain pour se conformer aux règles d'hygiène et de purification de l'Islam.

Quand les premiers musulmans commençaient à bâtir les premiers bains dans le VIIIème siècle, ils adopt èrent et adaptèrent à leurs besoins l’exemple des thermes romains trouvés en orient dans la région de la Syrie et de la Jordanie, terre des premières conquêtes islamiques.

Les musulmans accordaient moins d'importance au volet développement physique et gymnastique, les zones de l’exercice athlétique et les piscines ont été supprimées, ainsi les bibliothèques et les palestres, leur bain avait connu une transformation trop profonde concernant la taille des salles et leur forme. Sans autant écarter l'idée d'une imitation, le nouveau dispositif avait gardé la même succession traditionnelle de l’espace bain, passant par le Caldarium, le tepidarium jusqu’au frigidarium, mais cet itinéraire a été complètement inversé.

Parmi les plus vieux spécimens du monde musulman se dist inguent les bains Omeyyades du bassin "Syro-Palestine". Leur apparition au VIIIe siècle, sous une forme déjà civilisée implique nécessairement leur filiation aux thermes romains. La plupart d'entre eux se construisaient dans des corpus appelés "Châteaux du désert", des bains

Entre 660 et 750 après J -C, les Califes omeyyades construis irent dans la steppe de magnifiques palais appelés " Châteaux du Désert" qui pouvaient servir de caravansérails, de bains isolés ou de pavillons de chasse, parce qu'ils se situaient loin de la Capitale et de ses tracasseries ainsi que des regards indiscrets des habitants et où ils pouvaient s'adonner au plaisir de la chasse, à l'élevage des chevaux. La plupart d'entre eux se situent à l'est d'Amman le long de routes menant de Damas à "Médine" ou à "Koufa" .

Parmi les bains omeyyades des châteaux du désert , il existe :

 Bain Qusair Amra construit entre 711-715 après J-C en Jordanie,

 Bain Khirbat Al Mafjar construit en 1ère moitié du VIIIe Siècle en Palestine.

a- Bain du Qusair Amra en Jordanie .

"Qusair Amra" ou "petit château rouge" situé à 85 km à l'est d'Amman, non loin de la route caravanière qui traverse "Azraq", "Kharaneh" et "Tubah", est le plus célèbre des châteaux du désert de l'Est Jordanien. C'est l'un des exemples les plus remarquables du premier art Omeyyade et de l'architecture islamique.

Ce petit ensemble architectural à usage privé, était à la fois une forteresse avec une garnison et une résidence de plaisance des califes omeyyades , il contient également un bain divisé en trois pièces, témoignant d’une influence purement romaine. Construit au début du VIIIesiècle par le calife Omeyyade " Al-Walid Ier" (l), avec de la pierre calcaire rose et du mortier. Le décor était de la peinture sur enduit de plâtre et de la mosaïque au sol. Des canalisations en terre cuite alimentaient le bain depuis un système hydraulique situé à quelques mètres face à l’entrée du bâtiment, dont la roue à eau était éventue llement actionnée par un animal.

Le bain se composait généralement de :

- Salle principale : une salle d’audience à trois nefs voûtées en berceau constitu ant l’espace le plus vaste du bain, deux autres salles localisées au sud qui devaient être des salles d'audiences secondaires ou privé es. Le plan de cette salle est un plan

l. Al-Walid Ier ou Abu Al-Abbas Al-Walid ibn Abd Al-Malik, né en 668 et mort en 715, est le sixième calife omeyyade. Il est le fils aîné de "Abd Al -Malik" et lui succède en 705.

basilical qui évoque l’architecture byzantine. En l a comparant avec le modèle romain, elle faisait office de vestiaire " Apodyterium".

- Salle froide : voûtée en berceau.

- Salle tiède : àvoûte d’arête et au sol rehaussé pour la circulation de l’air chaud. - Salle chaude : à coupole sur pendentifs.

- Salle de chauffe : ce trouve à l’extrémité avec un bassin.

Figure 10 : Plan du bain "Qusair Amra".

Source : Dessin et Adaptation Auteur (Source d’origine : http://balneorient.hypotheses.org) Le décor utilisé dans le bain reproduisait les modèles antiques. Les sols des peti tes absides de la salle d’audience étaient recouverts de mosa ïques comme chez les romains et les murs étaient lambrissés de marbre sur une demi hauteur, portent dans leurs zones supérieures un riche décor figuratif peint à fresque comme dans le décor architectural byzantin.

La coupole de la salle chaude est décorée de la première représentation de constellations et de signes du zodiaque connus dans le monde arabe. Le style adopté pour les représentations figurées doit beaucoup à d’aut res foyers artistiques du monde

méditerranéen.Les opulentes femmes nues aux corps cernés de brun évoquent l’art copte. Leurs coiffures élaborées rappellent les représentations palmyréniennes .

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Photo 6 : Vue du bâtiment du Bain "Qusair Amra" Source : http://www.55plus-magazin.net/php/

"Qusair Amra" se révèle d’être un véritable reflet de la naissance de l’art islamique à l’époque omeyyade, à la croisée d’influences romaines, coptes, iraniennes, caractéristique d’une nouvelle civilisation en quête de légitimité, posant les bases d’un renouveau esthétique et artistique.

Le site est protégé et clôturé, il fait partie des biens culturels gérés p ar le Ministère jordanien du Tourisme et des Antiquités, et il est aussi désigné patrimoine de l'humanité de l'UNESCO depuis 1985.

b- Bain du Khirbat al-Mafjar.

"Khirbat al-Mafjar" est un complexe palatial fortifié, se rapproch ant du corpus "châteaux du désert", appelé aussi "Qasr Hisham" car sa construction fût commencée sous

le règne du calife, "Hisham Abd al -Malik"(m), et achevée par son neveu et successeur , "Al-Walid II"(n).

Construit en grès (issu de l’agrégation et la cimentation de grains de sable) et en brique, l'ensemble comprend un palais à deux étages, une mosquée assortie d'une cour et des bains dans lesquels se trouve une vaste salle d'audience.

Une petite cour au nord mène au bain, la partie la plus ornée du site et fait son caractère exceptionnel. Il est surtout connu pour son exceptionnel décor de stucs et de mosaïques, qui mêle traditions byzantines et orientales d'influence sassanide, et laisse une large place à la représentation de la figure humaine, qui disparaîtra par la suite dans l'art islamique.

Le bain se compose généralement de :

- La Salle d’Audience : (accessible aussi par une seconde entrée à l’angle sud -ouest) est située dans l’axe de cette dernière. L’abside qui la ponctue est décorée au sol d’une célèbre mosaïque, dont le symbolisme politique est étayé par la présence d’un chaînage de pierre qui soutient la lourde couronne du calife, comme dans le cérémonial sassanide.

- Le Vestiaire: c’est en effet la zone la plus développée du bain, un espace centré évoquant, l’entrée principale située à l’Est du bâtiment, il est couvert par un dôme central, supporté par seize piliers en faisceaux et huit voûtes d’arêtes du plafond. Les murs sont animés par des exèdres semi -circulaires voûtées en demi-coupoles aux parois animées par des demi -colonnes. Dans les parties hautes, les groupes de trois fenêtres procurent l’éclairage nécessaire à ce large espace. Au Sud de la pièce il y a une piscine, son sol est couvert d’un pavement en mosaïque de p ierres réparti en trente et une zones définies par les voûtements des parties hautes.

- Le Bain: c’est d’une succession de plusieurs petites salles, se trouve dans la partie nord du bâtiment, prés de la salle d’audience.

m. Hisham ou Abu Al-Walid Hisham ibn Abd Al -Malik, né en 691 et mort en 743, est le

dixième calife omeyyade. Il succède à son frère "Yazid II"en 724. Il est le quatrième fils d’Abd Al -Malik à devenir calife. Son assez long règne marque l'apogée militaire du Califat omeyyade.

Le bain de "Khirbat Al-Mafdjar" servait surtout de lieu de réception avec une grande salle à mosaïques et une p etite salle à trône adjacente, l e décor est somptueux. Les sculptures de stuc représentent essentiellement des "serviteurs", musiciens et danseurs en particulier(12).

Figure 11 : Restitution de la Façade du Bain "Khirbat al-Mafjar". Source : http://artislam.skyrock.com/

Figure 12 : Axonométrie du Bain "Khirbat al-Mafjar". Source : http://fr.wikipidia.org .