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LES BAINS ALGERIENS

IV. Période Ottomane

IV.4. Hammam du Dey

Hammam du Dey, appelé aussi hammam "Agha" est situé à l'intérieur de la citadelle, la partie haute, relié à la Mosquée du Dey par un petit édifice à deux niveaux. Le premier niveau est constitué d'une grande salle à colonnes ainsi que d'une salle d'ablution encore marquée par l'escalier qui la joignait à la mosquée. L'étage de la bâtisse servait de logement pour le personnel employé au service du bain.

Même si le hammam du Dey est considéré de par sa situation dans la citadelle comme un édifice conçu pour le souverain et sa suite, par sa simplicité de la con ception témoignée par le parallélisme des espaces, reste très particulier dans son ensemble.

C h au fferie

H yp o ca u ste

R e z-d e -ch au ss é e

E n tré e P rin cip ale

V e rs 1e rE ta g e V e s tia ir e L a trin e s V e s tia ire S a lle T iè d e S a lle C h a u d e C o u lo ir C o u lo ir K h ilo u a s B a s s in d ’e a u c h a u d e B a s s in d’e a u F ro id e S q ifa 1e rE ta g e C h e m in é e d e tira g e T a b le d e m a s s a g e

Figure 38 : Localisation du hammam "Dey" dans la citadelle d’Alger

Source : Adaptation Auteur, origine : Alain Bouineau, Rapport technique, Unesco 1985 Le bain se compose généralement de :

a- La Salle Froide "Bit al-Barda" : C'est une pièce en relation directe avec l'entrée du bain, elle est de forme rectangulaire, couverte d'une voûte en berceau percées d'orifices de forme géométrique pour assurer l’éclairage naturel, elles sont bouchées actuellement de l’extérieur par des verres épais

b- La Salle Tiède "Bit al-Wasta" : Elle occupe le centre de l’édifice, de forme rectangulaire de même longueur que celui de la pi èce froide. Son plancher est une voûte en berceau située à une haut eur identique à "Bit al-Barda".

La pièce communique avec un petit local qui est aussi accessible de chaufferie, cet espace de forme rectangulaire est recouvert d'une voûte à berceau, il n’y aucune mention de la fonction de ce local partagé par la salle tiède et la chaufferie, probablement des latrines, mais cette hypothèse reste à confirmer.

c- La Salle Chaude "Bit al-Skhouna" : C'est la pièce qui occupe la plus grande surface, de forme presque carrée. Elle est couverte par une coupole à huit pans supportée par quatre niches, triangulaire qui assurent le plan carré de la salle et la forme octogonale de la coupole, qui lui donne un aspect monumental.

Toutes les parois sont recouvertes de la céramique polychromées, même les niches d'angle, les motifs floraux à base de fleur de girofle sont semblables à ceux qui ornent la plupart des murs des palais ottomans d'Alger.

Des sondages archéologiques rapportent que la salle chaude est montée sur un ensemble de pilettes de brique, un hypocauste de 70 cm de hauteur.

d- La Chaufferie : est un espace rectangulaire divisé en trois parties inégales, elle est dotée d'un accès indépendant, une sorte de porte de serv ice qui passe entre le bain et les espaces annexes. Son plafond est voûté en berceau, appareillé avec un mélange de briques et de moellons de pierre.

e- Les Espaces annexes : Ces espaces sont liés au bain, à la mosquée neuve, et au niveau supérieur ou se trouve la terrasse accessible du bain. Ils se composent généralement d’une grande salle à colonnes, deux grands locaux et des latrines.

Identification de l’organisation spatial du hammam du "Dey" Annexe 2 Annexe 1 Salle Froide Chaufferie Salle Tiède Salle Chaude

Plan de la Casbah d’Alger

Hammam du « Dey » Entrée Principale N N Palais du « Dey » Mosquée Neuve

Conclusion.

La vision d'ensemble sur les bains Algériens construits dans des périodes différentes a permis de cerner les caractéristiques principales d e l'architecture de ces édifices et de leur intégration physique.

Quelques bains algériens de l’époque médiévale ont été révélés par les prospections archéologiques françaises. Les rapports de fouilles menées dans les villes de "Tihart" et de la "Kalaa des Bani-Hammad" expliquent l’organisation architecturale des bains découverts, présente des similitudes avec les bains andalous de même période.

Le premier constat qui s'impose est celui de l'émergence d'un type d'organisation classique et traditionnel qui semble majoritaire dans tout le territoire, mais qui ne dément cependant pas l'existence de spécimens particuliers lesquels doivent leur originalité à des paramètres indissociables au site, à la culture architectural e et aux dynasties constructives.

Le hammam Algérien se caractérise fréquemment par deux parties distinctes, la salle de repos assurant la fonction de vestiaire, et le bain proprement dit qui comporte deux pièces chauffées de température différente s : la salle tiède "Bit al-Wasta" et la salle chaude "Bit al-Skhouna".

L'absence de la salle froide "Bit al-Barda" à l'exception de Hammam du "Dey" est un fait important à souligner, exclue du programme suite à sa fonction secondaire et presque inutile dans d’autres cas.

L'architecture de la pièce tiède est invariable, ses dimensions modestes ainsi sa forme allongée supportant une voûte en berceau. Du point de vue thermique, elle assure la régularisation de la température entre le vestiai re et l'étuve.

La salle chaude est la plus importante du bain, abrite traditionnellement un massif central de marbre servant au massage "El-Soura", cette pièce comporte des chambres périphériques "Khilouas", qui disposent de cuves de lavages.

L'espace central se caractérise souvent par la forme carrée, ses dimensions importantes et sa coupole à plusieurs pans perforés généralement d'ouvertures étoilées

ou en cercle. L’existence pertinente du patio central à double hauteur, dont l'accès se fait par un vestibule "Sqifa", est entouré de galeries surélevées aménagées en pièces de repos, aussi l'existence de logement servant au propriétaire du bain ou aux autres personnels, se développe à l'étage supérieur du patio.

L'adoption du système antique des hypocaustes en cette période ne peut être rattachée aux habitudes ottomanes, le dispositif des hypocaustes a été maintenu, peut être rattaché à des traditions andalouses dont il est possible de retrouver des filiations.

Toutes les analogies avec les tr aditions constructives et architecturales, à la fois ottomanes et andalouses, ne doivent pas dissimuler les caractéristiques propres du bain algérien sur lequel les modèles plus anciens, en l'occurrence romains, ne sont sans doute pas restés sans influence.

Références Bibliographiques .

1. Dahmani Said, Hippo Regius, Alger, Edition ANEP, p. 80.

2. Derdour H'sen, Annaba 25 siècles de vie quotidiennes et de Luttes , Edition SNED, Alger, p.73.

3. Fadela Krim, Les Hammamates, histoire brève du ha mmam, Edition Dahlab, p.10. 4. Paul Albert, Ministère de l’information et de la Culture, Djemila, Alger, 1971, p.9. 5. Al-Bakri, Description de l’Afrique septentrionale , Traduction de Slane, Alger,

1913, p.291.

6. A.Bel, Fouilles faites sur l’emplacement d’Agadir , in Revue Africaine, 1903, p.134.

7. Revue de l'Orient et de L'Algérie et de colonies, Société Orientale de Fr ance, les bulletins des actes, Tome Quinzième, Paris 1854, p. 47.

8. General L. De Beylie, Kalla des Beni-Hammad, p.19. 9. Ibid. p.60.

10. Ibid. p.60.

11. W. et G. Marçais, Les monuments arabes de Tlemcen , p.161-169.

12. Rachid Bourouiba, L’Art Musulman en Algérie, Edition SNED, 1971, p.33. 13. G. Marçais,L’architecture musulmane d’occident, Tunisie, Algérie, Maroc,

Espagne et Sicile, Paris : Arts et Métiers Graphiques, 1 957. 14. Ibid.

15. G. Marçais, Les monuments arabes de Tlemcen , p.71.

16. Diego De Haedo, Topographie et Histoire Générale d’Alger , in Revue Africaine, 1871, p.386. Traduction. de l'espagnol par Le Monnereau et Berbrugger.

17. Lessore et Wyld, Voyage pittoresque dans la régence d'Alger, Paris 1834-1835, p.12.

18. Henri Klein, Feuillets d’el Djazair, p.242.

19. Arbbia Moussaoui, Les bains Algériens, Thèse de magistère en Archéologie, 1992, p.149.

CHAPITRE V

LES HAMMAMS DE LA MEDINA DE