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Dons ministériels et les écoles mutuelles

PARTIE III : UNE CULTURE POPULAIRE COMMUNE

1.1. Dons ministériels et les écoles mutuelles

Dans les sources étudiées, quatre dons ministériels ont pu être observés. Datant de 1872, ils concernent les écoles mutuelles des Cordeliers et du Boulevard Laval. Ces deux écoles n’étaient pas mixtes, puisqu’il y avait bien des bâtiments séparés, et un instituteur et une institutrice distincts selon les élèves. Un catalogue pour filles et un pour garçons ont donc été dressés, laissant croire que deux armoires distinctes coexistaient dans l’école mutuelle. La remarque de Mme Leroy90 – institutrice dans l’école de filles des Cordeliers – permet d’ailleurs d’être sûr que les collections étaient en double : elle propose de joindre celle des filles avec celles des garçons, ces derniers disposant du meuble nécessaire.

Ces quatre catalogues sont tous quasiment identiques. Les catalogues de l’école de filles de Boulevard Laval et de l’école de garçons des Cordeliers sont strictement similaires, avec 46 ouvrages. Le catalogue de l’école de garçons du Boulevard Laval ne contient que 44 livres, avec deux titres manquants : Les vies des Romains illustres, par Plutarque ; Bayart par Feillet. Il en est de même pour l’école de filles des Cordeliers, qui n’a que 44 livres, mais dont les deux livres manquants sont différents : il s’agit de La verrerie de Sauzay, et de la Terre de Fabre. Interpréter ces différences infimes paraît compliqué. Dans les deux cas, les deux livres manquants appartiennent à la même discipline : l’Histoire pour le catalogue de garçons du Boulevard Laval, et les sciences pour l’école de filles des Cordeliers. Ces ouvrages étaient peut-être manquants au moment du don ? Peut-être ont-ils été perdus ? N’étant qu’au nombre de deux à chaque fois, et les dons étant identiques pour les deux autres écoles, il ne semble pas y avoir une raison liée à la distinction lecteur/lectrice pour expliquer ces maigres différences.

90 Annexe 8 : Remarque de Mme Leroy apposée sur le catalogue de l’école de filles de Cordeliers de 1880

69 La composition de ces dons semble plus proche de celle des catalogues dédiés aux lecteurs, que de celle des catalogues dédiés aux lectrices : le graphique de gauche est celui obtenu dans la partie I, en regroupant tous les catalogues et acquisitions des bibliothèques scolaires masculines.

Le graphique central a été obtenu en rassemblant les quatre dons ministériels. Le graphique de droite correspond aux catalogues et acquisitions des bibliothèques scolaires féminines, étudié également en partie I.

Les catalogues issus des dons ministériels sont encore différents des collections féminines et masculines. Leur particularité la plus frappante réside dans la présence accentuée de l’Histoire, qui était alors la discipline la plus représentée, avec 39 % des ouvrages, contre 22 % et 20 % dans les collections masculines et féminines. Le taux de sciences, atteignant presque le quart des dons ministériels, fait davantage penser à la composition des collections masculines que féminines, les premières ayant 10 % d’ouvrages contre seulement 5% pour les secondes. Le taux d’économie invite également à ce rapprochement, étant de 7 % dans les dons ministériels, de 4 % dans les collections masculines et n’apparaissant pas du tout dans les collections féminines. La très faible part de littérature (20 %) dans les dons ministériels tranche radicalement avec la composition des collections féminines, pourvues à 65 % d’ouvrages littéraires. La part de géographie et d’agriculture

Illustration 13 : Comparaison des collections issues des dons ministériels de 1872 avec les collections féminines et masculines des écoles n’ayant pas bénéficié de dons ministériels

70 sont pourtant plus proches de celle des bibliothèques scolaires destinées aux lectrices que de celles destinées aux lecteurs, bien que les écarts ne soient pas si importants avec les collections masculines (respectivement 2% et 7 % d’écart). Cette comparaison invite donc à deux conclusions : tout d’abord, le contenu des dons ministériels semble plus proche des collections masculines que féminines. Il n’y avait donc aucune distinction de préméditée entre lecteurs et lectrices dans ces premiers dons. Une question demeure : cette absence de distinction signifie-t-elle que le ministère souhaitait donner accès au même savoir aux lectrices qu’aux lecteurs à travers ces dons ? Ou indique-t-elle, davantage qu’une égalité de traitement, une absence de considération des lectrices ? Plusieurs arguments peuvent faire pencher pour la deuxième interprétation : il a été vu que les bibliothèques scolaires mettaient du temps à se développer dans les écoles pour filles. Par ailleurs, il semble que le développement de la littérature dans les collections apparaît dans les années 1880, et qu’à partir de ce moment-là, les collections féminines se distinguent clairement de celles destinées aux garçons. Dès lors, le fait que les lectrices des bibliothèques scolaires soient totalement ignorées dans le début de la période paraît assez évident.

La deuxième remarque qui peut être faite à partir de cette comparaison concerne l’évolution des collections. Les collections masculines observées sur toute la période ressemblent presque plus aux collections féminines, avec un taux de littérature assez élevé : 38 %. (18% d’écart avec les dons ministériels, 26 % d’écart avec les collections féminines). Les dons ministériels, datant du début de la période (1872), reflètent les premières collections et confirment donc la progression de la littérature dans le temps.

Ces catalogues laissent ainsi penser que les lectrices pouvaient avoir accès aux mêmes collections que les lecteurs lorsqu’elles étaient placées dans une école mutuelle. Elles pouvaient ainsi bénéficier des mêmes dons ministériels, peut-être des mêmes subventions. Il semble pourtant que cet accès identique au savoir ne soit pas le fruit d’un réel souci d’égalité de la part du ministère ou des officiels, mais plutôt un simple oubli de la présence des jeunes filles. L’adaptation des collections se fera plus tardivement, au même rythme que le développement des bibliothèques scolaires féminines, reflétant alors la dichotomie homme/femme qui existe dans la société globale du XIXème siècle : de la littérature morale et divertissante pour les filles ; de l’Histoire, des sciences et de l’agriculture pour les garçons.

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1.2. Ecoles mixtes

Le partage des mêmes collections entre lecteurs et lectrices était certainement plus accentué dans les écoles mixtes. En effet, la loi de 1867 n’oblige que les villes d’au moins 500 habitants à se doter d’une école pour filles. Dans certains villages de campagne, par faute de moyens, il n’existe qu’une école, soit pour garçons, soit mixte. Bien qu’antérieur à notre période d’étude, cet extrait d’une inspection menée sur les écoles primaires du Maine-et-Loire en 1840 permet de se faire une idée du développement des écoles mixtes dans les arrondissements angevins : « dans celui d’Angers, 5 communes seulement ne sont pas pourvues d’écoles, 13 dans celui de Baugé, 16 dans celui de Saumur et 10 dans celui de Segré. Ces communes […] ont une population trop faible, et des ressources trop exigües pour pouvoir entretenir un instituteur : néanmoins plusieurs d’entre elles ont déjà pris des mesures pour avoir des institutrices à qui sera confié l’enseignement des deux sexes91[…]. » En effet, l’instruction mixte était plus souvent confiée aux femmes. Cependant, il se pouvait alors que les garçons de plus de huit ans ne soient pas admis dans l’école, comme ce fut le cas pour l’école de la paroisse St-Léonard, tout près d’Angers. Dans ce cas-là, les bibliothèques scolaires étaient peut-être moins développées.

Il aurait été intéressant de trouver un catalogue d’une école mixte (et non mutuelle) afin de le comparer avec les collections masculines et féminines. Néanmoins, les sources trouvées ne mentionnaient pas directement le fait que l’école soit mixte. Il aurait fallu mener une enquête plus poussée pour distinguer école mixte et école de garçons. Le rapport annuel de la 2ème circonscription d’Angers datant de 1891 affirme néanmoins que sur les 7 écoles laïques mixtes de ce territoire, les 7 sont pourvues de bibliothèques scolaires. Dès lors, il semble que les jeunes filles et leur famille aient pu bénéficier du développement des bibliothèques plus rapidement que celles placées dans des écoles de filles. Les garçons étant prioritaires dans l’instruction - comme le montrent de XIXème siècle (1848), 1917, n°72, pp. 82-90

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Des valeurs similaires

La distinction entre les filles et les garçons dans les collections n’est pas une constante.

Faisant partie d’une même condition sociale – populaire, agricole, travailleuse – les usagers des bibliothèques scolaires sont envisagés comme un seul et même lectorat à éduquer. Si certaines distinctions évidentes ont été soulignées dans cette étude, ce serait une erreur de passer à côté des valeurs communes qui leur sont transmises, non en tant qu’homme ou femme, mais en tant que peuple travailleur.

2.1. Le travail

De nombreux romans racontent l’histoire d’une ascension sociale due à des efforts méritants : L’histoire de trois enfants pauvres d’Edouard Charton, que l’on retrouve deux fois dans les bibliothèques féminines et trois fois dans les bibliothèques masculines ; le roman d’un brave homme d’Edmond About, présent dans deux bibliothèques scolaires pour filles ; l’Histoire de deux enfants d’ouvriers d’Hendrik Conscience, présent une fois dans une bibliothèque féminine et une bibliothèque masculine ; Robert Darnetal d’Ernest Daudet, ou Madeleine, de Jules Sandeau, présents dans une bibliothèque féminine . L’apparition du Self-made man dû au rêve Américain qui émerge au XIXème siècle se reflète dans les collections, notamment à travers le livre Self-Help, de Samuel Smiles, qui connaît un gros succès : on le trouve dans une école de filles et deux écoles de garçons. Encore plus admiré, Benjamin Franklin est présenté comme modèle à suivre pour réussir économiquement. En comptant les collections du don ministériel de 1872 dans les deux écoles mutuelles d’Angers, Benjamin Franklin apparaît 14 fois : 7 fois dans les écoles de filles, 7 fois dans les écoles de garçons, en tant qu’auteur ou bien dans des biographies. Il est la preuve même de la réussite par le travail. L’ascension sociale est donc présentée comme un nouveau paradis, découlant du mérite de chacun : « Si misérable que l'on soit au commencement de la vie, on peut toujours arriver à l'aisance et à la considération avec une forte volonté, l'amour de l'instruction, une application constante au travail, et surtout avec l'honnêteté et la régularité des mœurs, qui attirent la sympathie, et commandent l'estime92. » affirme Edouard Charton dans la préface de son roman.

L’objectif des bibliothèques scolaires, tout comme l’instruction de l’époque, n’est pas tant l’émancipation par la culture - comme espèrent le faire nos bibliothèques publiques actuelles – que

92 CHARTON Edouard, Histoire de trois pauvres enfants, préface, cité dans Journal d’éducation populaire, SOCIETE POUR LINSTRUCTION ELEMENTAIRE, Paris, Au bureau de la société, 1865, p.79

73 la construction d’un peuple travailleur assidu, convaincu de sa tâche. La réussite et la richesse sont donc présentées comme récompense d’un travail méritant.

Le goût du travail commence par le goût de l’école. L’assiduité scolaire ne va pas de soi avant l’école gratuite et obligatoire de Jules Ferry, et il faut plusieurs années pour qu’elle s’impose réellement dans les mœurs. Pour les classes populaires, l’école n’est pas une priorité jusqu’à la fin du XIXème siècle. La fréquentation de l’école est irrégulière, les enfants participant au travail de la famille : champs, atelier, ménage93… Jusqu’aux lois de 1881 qui imposeront l’école aux enfants de 8 à 13 ans, le choix de la scolarisation est laissé au père de famille.94. De ce fait, l’investissement dans l’éducation est parfois très faible, la famille préférant recourir aux enfants comme main d’œuvre lors des moissons ou vendanges (particulièrement en Anjou). Ainsi en 1863, à l’échelle nationale, 1/3 des garçons n’allaient que 6 mois à l’école, tandis qu’1/4 des garçons âgés de 9 à 13 ans n’allaient jamais à l’école95. Les collections des bibliothèques scolaires reflètent donc la conquête des élèves menée par l’Etat, en prônant les bienfaits de l’école : dans le roman d’Hendrik Conscience, Histoire de deux enfants d’ouvriers, les deux héros surmontent de nombreuses épreuves grâce à l’instruction, et deviennent eux-mêmes enseignants à la fin du roman. Un véritable éloge de l’instruction, envers laquelle le héros se sent redevable, est développé en guise de conclusion : « l’instruction l’a préservée de la corruption morale, et me l’a rendue pure, noble et dévouée comme un ange d’amour et de bonté96. » Présentée comme sacrée, l’instruction est d’ailleurs attribuée à Dieu, quelques lignes plus loin : « nous devons reconnaître que le Seigneur s’est servi de l’instruction pour nous […] gratifier [du bonheur]97. ». L’implication de Dieu dans l’instruction est un moyen de valorisation, et peut-être aussi un argument qui se veut rassurant : si Dieu approuve l’instruction laïque, alors pourquoi ne pas mettre ses enfants dans une école communale, plutôt que congréganiste ? Dans sa préface, l’auteur annonce par ailleurs avoir écrit ce roman pour encourager le développement des établissements scolaires. L’instruction est donc une chance providentielle dont il faut se saisir, pour avoir un avenir meilleur.

93 ZANCARINI-FOURNEL M., Histoire des femmes en France…, op. cit., partie II, chapitre 5, p. 96

94 BUCHER Henri, Une aventure : installer des écoles pour tous depuis la Révolution à Angers, Paquereau éditions, 1993

95 CHARTIER R., GUGLIELMO C., Histoire de la lecture dans le monde occidental, op. cit., p.378

96 CONSCIENCE Hendrik, Histoire de deux enfants d’ouvriers, Paris, C. Lévy, 1879, p. 280

97 Ibid., p. 280

74 Parallèlement à ce discours sur l’instruction, des ouvrages beaucoup plus concrets sont également proposés, dans le but de développer des connaissances professionnelles. La tendance est au progrès, et les livres diffusés cherchent à rendre le travail efficace, par une meilleure connaissance des techniques modernes, des théories nécessaires à la pratique. Cette instruction-là n’est pas du tout éloignée de la condition sociale du lecteur, bien au contraire : elle souhaite simplement rendre son travail plus efficace. Les collections sont ainsi particulièrement liées au secteur porteur de la région. En observant un catalogue issu d’une école rurale (probablement de garçons), située à Corzé, il apparaît par exemple que l’agriculture représente 20 % de la collection98, lorsqu’elle ne représente que 10% des écoles masculines situées dans les villes plus grandes que sont Angers, Baugé et Segré. On y trouve des ouvrages sur l’élevage, la culture du chou, l’utilisation des engrais… Les préfaces de ces ouvrages affirment pour bon nombre d’entre elles que l’instruction théorique doit nourrir l’efficacité de la pratique : « De même qu'un menuisier doit apprendre à connaître le bois avant d'apprendre à manier le rabot, de même aussi le cultivateur doit apprendre à connaître le sol avant de manier la charrue ou la bêche99. » La femme est par ailleurs pleinement associée à la réussite d’une exploitation agricole, par sa participation active à la bonne tenue du foyer : « Dans notre monde moderne, où le travail devient la règle et l'oisiveté l'exception, conçoit-on rien de plus beau et de plus digne pour une femme que de s'associer à la professiconçoit-on de sconçoit-on mari, de partager ses labeurs, ses soucis, ses espérances100 […] »

Emerge ici une autre distinction, liée non plus au sexe des lecteurs, mais à leur lieu de vie, et à leur travail : l’offre de livres n’est pas la même selon que l’on habite à la ville ou à la campagne, que l’on soit ouvrier, commerçant ou agriculteur.

Outre l’instruction et le développement des connaissances professionnelles, c’est le goût de l’effort qui est cultivé, aussi bien pour les lecteurs que pour les lectrices. La condition du travailleur est ainsi valorisée, contrairement à celle du plus riche, comparé au paresseux : "je ne veux pas sortir de ma condition, ni mener la vie d'un paresseux ; je gagnerai mon pain comme l'a fait mon père101. » Tel est le modèle auquel doivent s’identifier les enfants à qui l’on fait lire Pauvre Blaise, écrit par la

98 Annexe 16 : analyses du catalogue de Corzé

99 JOIGNEAUX, Champs et prés, Paris, Librairie agricole de la maison rustique, 1865, pp. 8-9

100 CAZEAUX Pierre Euryale, Du rôle des femmes dans l’agriculture, Paris, le magasin pittoresque, 1869 p. 16

101 COMTESSE DE SEGUR, Pauvre Blaise, Hachette, Paris 1896

75 Comtesse de Ségur, que l’on retrouve deux fois dans les bibliothèques féminines. Dans le Robinson Suisse de Wyss, qui connaît un grand succès à l’époque et que l’on retrouve une fois dans les collections pour les filles et une fois dans celles pour les garçons, le père dit à ses enfants : « Debout

! Debout ! [...] La paresse est un ennemi auquel il ne faut pas céder [...] Méfiez-vous, mes enfants, de la propension à la mollesse102 […] ».

L’importance du thème du travail dans les ouvrages mis à disposition concerne aussi bien les lecteurs que les lectrices. En regroupant les ouvrages qui valorisent l’effort, l’instruction, ceux qui valorisent l’ascension sociale et enfin ceux qui apportent des connaissances professionnelles (ex : agriculture), on observe que 13 % des ouvrages sont liés au travail dans les écoles de filles, contre 17 % dans les écoles de garçons. Bien qu’il y ait une différence de 4 % qui confirme le rôle de l’homme travailleur dans la société du XIXème siècle, l’importance de ce thème se retrouve dans les deux cas. La même condition sociale populaire des lecteurs et des lectrices des bibliothèques scolaires supplante donc la distinction hommes-femmes pour certaines lectures et certaines valeurs, notamment le travail.

102 WYSS, Le robinson suisse, Paris, Hachette, Paris, 1895

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2.2. La mesure

Le peuple est perçu comme une foule déraisonnable, spontanée, qu’il faut cadrer, ce que rappelle Baudrillart dans la préface de son ouvrage Habitude d’intempérance : "Je veux vous parler des habitudes d'intempérance. Je ne vous dissimule pas que c'est là un des griefs les plus habituels contre la classe ouvrière, j'ajoute que ce grief est trop fréquemment justifié103. » Les bibliothèques scolaires participent à cet encadrement en prônant la mesure et la raison au quotidien, aussi bien aux lectrices qu’aux lecteurs.

Elle s’attache tout d’abord à corriger les défauts individuels. On retrouve alors une distinction entre homme et femme puisque les défauts semblent genrés : l’alcoolisme est la tare de l’homme populaire ; la vanité celle de sa compagne.

Dans les bibliothèques masculines, on trouve donc des ouvrages instructifs sur les méfaits de L’alcool, mais aussi du tabac, tels l’ouvrage de Riant L’alcool et le tabac, empruntable dans la bibliothèque de l’école de garçons de St Laud à Angers en 1880. Le peuple est alors envisagé fautif car ignorant des conséquences, et l’instruction se propose de rétablir l’ordre. En parallèle, certains ouvrages de fiction cherchent à combattre le mal par le mal, en mettant sous les yeux du lecteur un anti-héros alcoolique et les conséquences désastreuses qui en découlent sur sa vie. Dans Le fléau du village, écrit par Henrik Conscience, le héros meurt de son addiction et entraîne sa famille dans la misère, ayant dépensé tout son argent dans la boisson. L’auteur avertit donc son lecteur dès le début de l’ouvrage : "Quelle plus misérable créature sur terre y a-t-il que l'ivrogne? Paresseux et sans souci de rien, il néglige de soigner ses champs ; il voit, sans en avoir honte, ses affaires aller de mal en pis, et gaspille avec une folle avidité le peu que son bien lui rapporte104." Une fois encore, le défaut de l’homme populaire est vite rattaché à la qualité de son travail. Le travail et l’argent restent comme valeurs principales, derrière toutes les autres. Il faut être bon pour produire un bon travail et en récolter les bienfaits.

Dans les bibliothèques scolaires féminines, les ouvrages s’attachent à rappeler leurs conditions sociales aux femmes et leur prônent une vie modeste. Point de coquetterie ni de folles ambitions. Il faut, une fois de plus, trouver le bonheur dans la tenue du foyer et le modeste

Dans les bibliothèques scolaires féminines, les ouvrages s’attachent à rappeler leurs conditions sociales aux femmes et leur prônent une vie modeste. Point de coquetterie ni de folles ambitions. Il faut, une fois de plus, trouver le bonheur dans la tenue du foyer et le modeste