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GÉOLOGIQUES : UNE GÉOLOGIE DE TERRAIN ?

1.1 LA GÉOLOGIE DE TERRAIN ET LA QUESTION DU RÉEL

1.1.2 Le réel en sciences : actuel et non-actuel

La géologie dans sa dimension de science empirique s’appuie sur la mise en cohérence rationnelle des idées et des éléments du réel « recueillis » dans

l’environ-nement. Ces objets récoltés sur le terrain puis amenés au laboratoire sont alors utilisés comme objets génériques dans des expérimentations. L’objectif du géologue est de construire des explications sur le monde dit « réel » : il s’agit pour nous ici d’en donner une définition précise. En effet, en tant que science de l’empirie, la géologie doit pouvoir donner sa définition du monde réel. C’est ce que nous nous proposons de faire dans cette partie, notamment en précisant la nuance importante que nous devons faire entre « réel » et « actuel ». De plus, nous prenons soin de ne pas nous en tenir à une définition du réel restreinte au champ des sciences de la Terre. Pour cela nous portons notre attention d’abord sur la définition de « réel » dans la sphère des sciences en général, et nous précisons ensuite ce qu’est le réel dans le cas précis d’une science empirique telle que la géologie.

1.1.2.1 Le réel dans la philosophie des sciences

Avant de nous engager dans une analyse des formes du réel dans la science, il convient de le définir précisément, notamment dans ses acceptions philosophiques. Nous cherchons ainsi à préciser en quoi le réel ne se construit pas sur l’expérience vécue et en quoi les constructions abstraites du monde jouent un rôle dans les représentations du réel.

Si l’on s’appuie sur la définition qui nous en est donnée par Lecourt (2006, p. 948), le réel ne peut se réduire à son opposition au chimérique comme le proposait Comte. Il faut le voir davantage comme « ce qui a une “cause“, ce qui tient à

une série de causes et d’effets que l’on puisse rattacher aux “grandes lois de la nature“ » (Lecourt, 2006, p. 948). Même si Lecourt s’en tient ici à une définition

« physique » du réel, il nous parait intéressant d’y voir « un rapport à ce que l’on

appelle une “cause efficiente“ (...) la relation de cause à effet entendue sur le modèle de l’antécédent au conséquent »(Lecourt, 2006, p. 948). Et, pour aller plus loin :

« le réel, c’est ce qui est fiable »(Lecourt, 2006, p. 948).

Cependant, l’un des problèmes qui nous est posé par cette fiabilité du réel est celui des conditions qui le conduisent à « advenir ». Ce réel n’est pas un spectacle devant lequel le scientifique s’émerveille et tente de mettre de l’ordre, du sens, ou une finalité en soi. Nous sommes même amenés à nous demander comme Granger si c’est « bien du réel que nous parle la science ? » (Granger, 1995b, p. 7). De ce point de vue l’auteur nous questionne : « quelle totalité du réel la science

embrasse-t-elle ? » (Granger, 1995b, p. 7). Nos expériences vécues, quoique non

scientifiques, semblent pouvoir tout à fait nous donner accès à une connaissance du réel. Cependant, en tant qu’« individuées », singulières, ces expériences vécues ne se répètent pas. Elles ne peuvent donc pas nous conduire à une véritable connaissance objective du réel ; chaque expérience vécue étant unique, elle ne peut être considérée comme connue et donc anticipée dans un futur. L’expérience vécue ne peut être engagée dans une connaissance scientifique objective. De plus, l’imaginaire qui

imprègne chacune de nos expériences du monde nous conduit à percevoir ce monde comme une sorte d’illusion de réalité, « associée toujours à des sentiments ou des

émotions » (Granger, 1995b, p. 8). De ce fait, « cette connaissance n’est pas une connaissance scientifique, ne saurait remplir les conditions qu’on exige de celle-ci. Ainsi, la science n’embrasse-t-elle pas la totalité du réel » (Granger, 1995b, p. 8).

Le réel de la science ne se construit qu’au travers d’« épures », des «

configu-rations abstraites, complètes en leur genre, mais incomplètes relativement à nos expériences ».

« Le réel de la science est un réel expliqué »(Granger, 1995b) .

Mais ces épures, comme le précise Granger, ne se construisent que par un détour de la pensée dans des virtualités. A coté de ces faits, dont on se construit une image, se mettent en place « des faits virtuels qui pourraient ou ne pourraient

pas s’actualiser » (Granger, 1995b). Le réel de la science est donc « constitué d’un univers bien liés de faits virtuels » (Granger, 1995b). Les règles construites au sein

de ces virtualités permettent ainsi de déterminer « l’image des réalités actuelles » (Granger, 1995b). C’est alors que « ce qui n’a pas eu lieu peut expliquer ce qui a

eu lieu » (Granger, 1995b).

Mais pour les sciences de l’empirie se pose le problème de la place des faits dans une telle activité d’abstraction. Quel articulation se met en place entre « faits virtuels » et « faits actuels » ? Il semblerait que ce soit l’observation qui permette une telle articulation : elle permettrait de confronter le non-actuel dans ce qu’il envisage, avec l’actuel, dans ce qu’il « oblige la réalité à être ». Actuel et non-actuel s’imposeraient ainsi mutuellement les contraintes de leur univers d’existence :

« Bien entendu, c’est, du moins en ce qui concerne les sciences de

l’empirie, à partir des faits actuellement observés que sont construits de tels univers, et c’est l’observation de tels faits qui permet de décider du bien-fondé des constructions virtuelles » (Granger, 1995b).

C’est donc, selon Granger, par ces virtualités que peut se produire « la saisie

scientifique de la réalité » (Granger, 1995b, p. 9). Ces virtualités qui représentent

typiquement le non-actuel, correspondent à ce que la science met en place pour expliquer le réel. Elles sont rassemblées en trois niveaux par Granger qui les opposent non pas au réel, mais à l’actuel (Granger, 1995b) :

 Le virtuel : c’est le degré zéro du non-actuel. C’est avec lui que la science

atteint son plus haut niveau d’abstraction (notamment avec les sciences mathématiques).

 Le possible : c’est le non-actuel dans son rapport à l’actuel. C’est lui qui

détermine les conditions qui font que l’actuel peut se réaliser.

 Le probable : c’est lui qui détermine, en quelque sorte le degré de possibilité

Nous aurons ainsi l’occasion de montrer que c’est l’articulation de ces trois niveaux de non-actuel qui permet de dresser les nécessités théoriques que l’on confronte à l’actuel dans une activité de construction du réel.

Notre étude se précise déjà ici dans la mesure où l’on met en évidence le besoin de définir la situation de terrain davantage en nous appuyant sur la notion d’«

ac-tualité » que sur celle de réel qui, on le verra longuement plus loin, constitue un

obstacle majeur dans les sciences empiriques.

Il importe donc maintenant que nous définissions précisément en quoi le réel peut être assimilé à un « actuel » auquel est associé un ensemble de virtualités, que nous rassemblons sous le terme de « non-actuel » et que nous évoquons ci-dessous.

1.1.2.2 Actuel et non-actuel

Nous précisons ici en quoi le réel peut être circonscrit par les concepts d’actuel et de non-actuel. Nous présentons également les formes que prend le non-actuel, entre le virtuel, le possible et le probable. Cela nous conduira à nous questionner sur les caractéristiques du réel dans le cadre de la reconstitution d’une histoire « à partir » d’archives géologiques.

Actuel / non-actuel : définition

Le Larousse définit l’actuel des philosophes comme ce « qui concerne l’acte,

conçu comme réel, effectif, historique ». En première approche nous pourrions

penser que l’actuel est ce qui advient devant nous ici et maintenant. En suivant Granger (1995b) nous le définirions alors comme « ce qui constitue cet aspect du

réel qui est saisi comme s’imposant à notre expérience sensible ou à notre pensée du monde, comme existence singulière hic et nunc » (Granger, 1995b, p. 13). Mais

Granger lui même précise que cela n’en fait pas une définition et conclut également en un « actuel » indéfinissable (Granger, 1995b, p. 213).

Nous tenterons cependant de cerner cet actuel , notamment par son opposition au non-actuel , sur lequel nous reviendrons longuement. Nous choisissons donc de définir l’actuel ainsi :

L’actuel correspond à la saisie individuée, singulière et vécue comme présente, des choses et des faits du monde.

Nous prenons garde inversement de ne pas réduire le réel à la seule actualité : « le

concept de réalité est une construction comportant une facette d’actualité, et une facette composite de virtuel et de probable »(Granger, 1995b, p. 232). Cependant,

entre le virtuel , considéré comme « le degré zéro du non-actuel » (Granger, 1995b, p. 77) et le probable, qui représente en quelque sorte un haut potentiel d’actualisation, se situe un univers des possibles. Voyons donc comment, de l’articulation de ces

trois niveaux de non-actuel, peut émerger une construction virtuelle à l’origine d’une connaissance scientifique.

Le virtuel

Les sciences de l’empirie, telles que les sciences de la Terre, présentent une spécificité que Granger considère du point de vue de leur rapport au virtuel :

« Les sciences de l’empirie sont également sciences du virtuel, mais considérées

comme source possible de modèles abstraits, grâce auxquels est représentée, avec plus ou moins de succès, l’empirie » (Granger, 1995b, p. 99).

Nous sommes là face à un problème majeur posé par l’empirie : malgré ses virtualités, la science s’« expérimente » dans le sensible. Nous sommes amenés ici à réfléchir en premier lieu sur le virtuel, pris tout d’abord dans une acception générale (au sens de « virtualité » par opposition à l’actuel) puis dans le sens plus restreint

qu’en donne Granger 1995b (degré zéro du non-actuel). Une définition du virtuel

Une définition du virtuel nous est donnée par le Littré : « Qui est seulement

en puissance et sans effet actuel6 ». Deux éléments fondamentaux s’articulent dans cette définition : le possible et son actualisation. Le virtuel, c’est « ce qui est

possible, sans pré-jugement de sa réalité ». Le virtuel est un espace d’abstraction

au sein duquel les possibles peuvent naître, sans être « contraints à la vérité » par leur actualisation. En fait le virtuel « se rapporte justement à l’ensemble des

événements qui « eussent pu être substitués » à l’actuel, sans être pour autant pensés comme des dévaluations de celui-ci » Granger (1995b, p. 33).

Mais ce que nous retenons avant tout, du point de vue de la construction des connaissances scientifiques, c’est que :

« Toute connaissance porte en définitive et fondamentalement sur ce

que nous nommons le virtuel » (Granger, 1995b, p. 15).

Virtuel et imaginaire

Avant de pousser plus avant dans la définition du virtuel, commençons par dire ce qu’il n’est pas : un imaginaire. En effet, parmi les virtualités que le sens commun définit, nous auront une attention particulière envers l’imaginaire qui est une forme de représentation du monde propre au sujet pensant. L’imaginaire est une « projection actuelle de la réalité du sujet contemplant » (Granger, 1995b, p. 235). De ce point de vue, l’imaginaire s’oppose au virtuel du fait qu’il est mis en œuvre exclusivement ou presque, par la sensibilité du sujet. Nous pourrions

jusqu’à aller confondre, dans notre étude, l’imaginaire et le sensible. Tout du moins ces termes seront pour nous des formes de la subjectivité qui caractérisent une sorte de rapport direct du sujet à l’actuel. Cela nous conduit à considérer que les sciences empiriques, dans leur démarche de construction de connaissance objective, mobilisent une forme plus rationnelle de l’abstraction du monde : ce que nous avons désigné comme « le virtuel ».

Bien sûr, dans son « exploration du monde » l’imaginaire peut construire des formes subtiles d’abstraction mais qui relèvent principalement de l’irréel , qui est une forme dégradée de l’actuel, et que nous ne confondons en aucun cas avec le virtuel. Il peut également construire un virtuel que l’on pourrait rattacher à la science, et que l’on qualifierait de « pré-scientifique ». Il y aurait ainsi une zone de superposition de l’imaginaire et du virtuel au sens où nous l’entendons. Nous présenterons plus loin en détail en quoi cette superposition représente une zone de transition7, au niveau de laquelle se trouverait l’enjeu principal de toute construction de connaissance scientifique : rupture ou continuum épistémologique ? Car c’est au niveau de cette zone que peuvent se loger les obstacles à une compréhension du monde. La pensée commune conduisant systématiquement à (faire) croire que les représentations du monde « sont » le réel ou du moins permettent de l’appréhender, ces images sensibles saturent la pensée et l’empêchent de s’engager dans les virtualités scientifiques.

Un autre élément majeur nous permet de dissocier clairement l’imaginaire et le virtuel. Le propre du virtuel, relativement aux sciences de l’empirie, c’est d’être capable de multiplicité (Granger, 1995b, p. 105). La perception esthétique, indivi-duée, « en tant que phénomène vécu, ne participe en rien du virtuel »(Granger, 1995b, p. 235). Si collusion il y a entre l’imaginaire et le virtuel c’est en tant que réel provisoire, préparant l’esprit au virtuel. L’imaginaire est donc une forme d’actualité, une actualité unique, pour le sujet contemplant. Le virtuel scientifique est en quelque sorte un univers partagé de la science où vivent des mondes possibles parmi lesquels certains s’actualisent sous la forme d’objets et de phénomènes de notre espace sensible. Les théories scientifiques font partie de cet univers.

Penser les objets de la science c’est d’abord concevoir une existence virtuelle à ces objets. Les mathématiques sont ainsi grandes pourvoyeuses de virtualités ; elles y restent même souvent enfermées, la question de l’actualisation des objets mathématiques ne se posant pas. Par contre, pour les sciences de l’empirie, le passage à l’actuel est un problème crucial. C’est d’ailleurs la capacité des virtualités des énoncés des sciences empiriques à s’actualiser qui fondent ce type de sciences. Leur objectif est bel et bien de prédire et d’expliquer la survenue de tel ou tel phénomène naturel. Passer du virtuel à l’actuel doit ainsi se penser en termes de « possibles » : en quoi tel objet ou phénomène est-il possible ? Comment expliquer

7. Cette zone de transition pourrait correspondre à ce que Granger (1995b, p 235) désigne par un « réel provisoire », issu d’une « collusion naturelle » du virtuel et de l’imaginaire.

que ce phénomène ce soit produit ? De quelles conditions de possibilité ce phénomène dépend-il pour que son « actualité » advienne ? Ces questions relèvent du possible, articulé autour de ses deux corollaires : le nécessaire et le contingent.

Le possible : une première approche du nécessaire et du contingent Définir le possible

Nous rappelons ici que le possible, lorsqu’il envisage les énoncés scientifiques, dépend avant tout du virtuel qui est lui originairement déterminant. En effet, la construction des énoncés scientifiques ne fait intervenir que secondairement le possible du point de vue de la nécessité. Comme nous l’avons déjà vu, ce qui prédomine dans le non-actuel est le caractère de virtualité des énoncés objectifs de la science. Selon Granger, ce qui caractérise en premier lieu l’énoncé scientifique, c’est sa virtualité. Le possible ne serait alors qu’une façon d’appréhender la potentialité du virtuel, ou autrement dit un « degré » de virtualité.

Le possible peut donc être défini par sa référence à l’actuel par prétérition, tout en sous-entendant l’absence d’un actuel Granger (1995b, p. 33). En d’autres termes, le possible, c’est ce qui peut s’actualiser tout en ne l’étant pas. Pour aller plus loin nous pouvons nous appuyer sur les deux formes de possible considérées par Aristote dans l’Organon :

 Le possible abstrait : c’est le possible logique, celui qui est indépendant du

temps et du contexte temporel dans lequel il est mis en œuvre. La conscience du temps ne se manifeste pas et il n’est pas question ici d’actualisation (qui pousserait à mobiliser le temps du « maintenant » pour exprimer que le possible pourrait advenir). Cette mise à l’écart du temps pour penser le possible permet d’échapper, selon Granger (1995b, p. 48), aux « pièges

dialectiques » car la temporalité « suppose la singularité contingente d’un maintenant ». Nous verrons plus loin en quoi c’est principalement la perception

de l’instant qui fait obstacle à une lecture rationnelle des possibles (voir la section 1.2.1 page 46).

 Le possible ontologique (mais on pourrait dire aussi un possible « réel » :

c’est lui qui désigne les liens entre l’abstrait et le concret, entre l’actuel et le non-actuel). Ce possible a, dans le sens commun, un fort pouvoir symbolique. C’est lui qui tend, en mobilisant une intuition du temps, à opposer l’actuel au non-actuel. C’est en quelque sorte ce possible qui détermine le potentiel d’actualisation, mais c’est également un possible qui existe

grammaticale-ment au travers de l’expérience subjective : il n’intervient donc pas dans la

construction de la connaissance objective. Ainsi le calcul des modalités de ce possible ne conduit pas forcément à une logique. Les modalités cantonnant ce possible sont, soit trop dans le concret pour une objectivité générale, soit

trop dans l’abstrait pour porter sur l’empirie.

Travailler les possibles serait donc une étape décisive mais intermédiaire dans l’exploitation du non-actuel pour une connaissance scientifique. Le possible abstrait (logique) permettrait de travailler avec la virtualité sans présager d’une

actualisa-tion. Il conduirait ainsi à la recherche des nécessités logiques qui seules peuvent construire la rationalité des connaissances scientifiques.

Le possible ontologique serait quant à lui le passage par lequel le virtuel rejoint l’empirie par le biais du probable (Granger, 1995b, p. 35).

Le possible ontologique et la grammaire du temps

On peut dès lors reformuler notre définition en articulant le possible avec ses propositions modales :

 Le possible est ce qui peut se produire

 L’impossible est ce qui ne peut pas se produire  Le contingent est ce qui peut ne pas se produire

 Le nécessaire est ce qui ne peut pas ne pas se produire

Le possible peut se construire dans les énoncés du discours, sur trois formes d’accomplissement de l’image du temps :

in posse : le temps pensé comme potentialité. Le temps en tant que capable de ... in fieri : le temps « sur le point de se réaliser ». Ce serait une sorte de temps

imminent, proche de l’actualisation.

in esse : le temps actualisé, advenu. Forme prototypique de l’actuel. C’est le présent de l’indicatif.

Ainsi, dans la mesure où le temps mobilisé dans ces possibles ontologiques enferme dans la singularité, la connaissance objective ne semble pas pouvoir se construire dans de tels contextes. En fait, il semblerait, toujours d’après Granger (1995b) que c’est pas le biais du probable, et non pas seulement pas le biais du possible que l’empirie se construit à partir du virtuel.

Le possible réel est « envisagé comme de même nature qu’un actuel, mais tel que

certaines conditions de son actualisation ne sont pas réunies » (Granger, 1995b, p.

47). Il se caractérise par la non-existence maintenant et la non-existence future. Entendu que l’actualisation d’un possible crée une occurence, qui le sort du champ des possibles et l’inclut dans le champ de l’actuel.

Si nous envisageons les modalités de reconstitution d’une histoire géologique nous voyons apparaitre ici un problème sérieux qui se pose concernant les événements

du passé : ils ont une affinité certaine avec l’actuel du fait de leur accomplissement

(attesté par la présence d’indices de terrain). Mais cette existence, qui se construit sur du non-actuel , est passée, ce qui semble les exclure de l’actuel. Ces événements relèvent de la nécessité.

Mais cette nécessité est d’une autre nature que celle qui est mobilisée dans le cas du possible logique : elle relève d’un possible ontologique qui dépend de