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Le mystère de l’eucharistie, entre foi et raison

EUCHARISTIE : DON DE DIEU ET MYSTERE DU CHRIST

CHAPITRE 2 : LE MYSTERE DE LA TRANSSUBSTANTIATION

4. Le mystère de l’eucharistie, entre foi et raison

A partir de cet enseignement de Paul VI, nous pouvons affirmer que dans la foi, il y a une part de raison qui la rend accessible et une part de mystère qui la maintient dans le domaine de l’inconnu. La raison et le mystère constituent les réalités du mystère. C’est ce mystère qui donne un sens et une portée vrais à l’eucharistie que l’Eglise célèbre depuis le jeudi saint. L’eucharistie, parce qu’elle est mystère du Christ, reste irréductible à une connaissance purement rationnelle et scientifique qui prétendrait la cerner une fois pour toutes. Comme le soutient aussi le Conseil de Présidence du Grand Jubilé de l’an 2000, les chrétiens, depuis toujours engagent dans ce mystère leur foi en totalité et sans risque d’être trompés. Et ce mystère reste toujours un signe des temps qu’on ne finira pas de scruter, de contempler, d’admirer et d’adorer. Mais il ne demeure pas moins le mystère de l’amour de Dieu pour ceux qui le célèbrent :

« Voici vingt siècles que les chrétiens, sous toutes les latitudes, dans des rites différents, célèbrent ce que Jésus a remis à ses Apôtres le soir de la Cène. "Faites ceci en mémoire de moi" et, dans cette pratique, ils ont la conviction d’engager la totalité de leur foi. Voici vingt siècles que, tout en célébrant l’eucharistie, les chrétiens cherchent à la comprendre sans jamais y arriver jusqu’au bout. Ce don de Jésus est d’une richesse qu’on n’a jamais fini de scruter. Mystères aux mille facettes, aux dénominations multiples : repas, sacrifice, mémorial, messe, tous ces noms conviennent au don que nous a fait Jésus mais aucun n’en épuise le sens. »153

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CONSEIL DE PRESIDENCE DU GRAND JUBILE DE L’AN 2000, op. cit. p.8. Sur ce même sujet, la contribution du cardinal Charles Journet est tout aussi intéressante et actuelle même si elle est bien loin de la confession de Trente. Nous la mentionnons dans la perspective de l’ouverture que nous entreprendrons sur la période actuelle. Elle nous aidera dans notre quête doctrinale : « La même pente, qui est montée par les uns, peut être descendue par les autres. La doctrine de la présence vraie, réelle, immédiate du Christ sous les apparences sacramentelles, pourrait sembler trop hautes à certains d'entre nous, enfants comme nous de l'Église catholique, mais séduits par les solutions faciles. Pourquoi ne pas lui substituer la doctrine toute simple, sans mystère, sans scandale, de la présence médiatisée de signe ? On garderait le même langage, on continuerait de parler de la « présence réelle » du Christ dans la célébration de la Cène, de donner aux fidèles « le corps du Christ ». On expliquerait, et ce serait compris de tout le monde, qu'on peut faire, du pain, un usage profane, pour se nourrir ; et qu'on peut faire, du pain, un usage sacré, pour s'unir au Christ. Corporellement le Christ est au ciel, nulle part ailleurs ; sur l'autel il y a du pain, pas autre chose. Mais si tu prends ce pain avec foi et désir de t'unir au Christ, la signification, la destination, la finalisation du pain ne sont plus profanes, tu les as changées, elles sont devenues sacrées. Naturellement profanes, les voilà devenues fonctionnellement sacrées. Il s'est produit une transsignification, une transdestination, une transfinalisation du pain. Et si l'on concède que les choses valent moins par ce qu'elles sont que par l'usage qu'on en fait pourquoi ne pas aller jusqu'à désigner cette « transfinalisation » par le mot vénérable et traditionnel de transsubstantiation ? On semblerait rejoindre ainsi, mais en s'éloignant de l'Église, ceux qui tout à l'heure s'en approchaient. Il vaut mieux pourtant monter les pentes

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Ne pas épuiser le sens du mystère reste la vraie réalité du mystère. En lui, s’y trouve la totalité de notre foi. Vingt siècles de célébrations maintiennent le mystère eucharistique dans la réalité divine mais aussi le rapprochent davantage de l’homme et lui indiquent le chemin de sa libération et les voies de son bien-être. Le mystère eucharistique unit, au cours du temps, Dieu et l’homme selon la mission du Christ en instituant ce mystère ; mission que les Pères ont suffisamment relayée selon notre étude antérieure. Ne pas la comprendre jusqu’au bout n’étouffe pas l’eucharistie mais fait d’elle un vrai don de Dieu et un mystère toujours présent et agissant du Christ dans la vie et le projet de l’homme. Le mystère nous parle et nous sommes sans cesse invités à y découvrir tout le projet de libération et de salut par lequel Dieu se révèle, s’auto-communique et s’auto-manifeste toujours aux hommes de tous les temps et dans les différents événements qui jalonnent leur existence. Ne pas épuiser le mystère donne cependant la possibilité au croyant et au théologien de prospecter des voies, des expressions, des langages et des signes nouveaux pour l’exprimer davantage aux fins de mieux le comprendre et le vivre. Comme l’a révélé Paul VI, les résultats, dans bien des cas, ont enrichi la foi de leurs nouvelles découvertes. C’est pourquoi aussi, nous sommes sans cesse invités, à travers le mystère, à découvrir dans le temps, la portée de l’eucharistie pour le monde et surtout pour l’Eglise.

que les descendre. Ici pourrait valoir l'autre parole du Seigneur : « Qui n’est pas avec moi est contre moi », « Qui n’amasse pas avec moi, dissipe » (Mt 12, 30) :www.christ-roi.net/index.php/Le_myst%C3%A8re_de_l'eucharistie_(Cardinal_Charles_Journet)

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CHAPITRE 3 : DECOUVRIR LE SENS ET LA PORTEE DE L’EUCHARISTIE DANS L’EGLISE ET L’HUMANITE

Les chapitres précédents nous ont indiqué quelques aspects bibliques et doctrinaux de l’eucharistie. Le parcours nous a montré qu’il s’agit d’une histoire qui continue encore de se tisser entre l’homme et Dieu et dont Dieu prend toujours l’initiative. Au long des siècles, l’eucharistie est vécue comme une intimité entre Dieu et ses créatures humaines et particulièrement celles qui croient en lui et le célèbrent. Les aspects doctrinaux du sacrement que nous avons soulignés, les querelles qu’ils ont suscités, les précisions qui ont été faites tout au long de son histoire, montrent bien que l’eucharistie intéresse les hommes, l’Eglise et l’humanité. Autrement, ils n’en parleraient plus. Elle les intéresse d’autant plus qu’ils ont vu en elle, dès le départ, le lieu d’où Dieu leur parle et les rencontre et se livre encore à eux. Depuis deux mille ans donc, Dieu ne cesse d’être le compagnon qui se laisse découvrir à la table sainte, là où se rassemble l’Eglise appelée à le présenter aux hommes de tous les temps. Cela exige une cohérence d’attitude et de vie qui constitue ce que nous appelons le sens et la portée de l’eucharistie dans l’Eglise et l’humanité. Notre propos ici est de souligner des faits qui indiquent un certain comportement vis-à-vis de ce que nous célébrons et exigent des attitudes conscientes dans la société où vit celui qui célèbre. Le but visé ici est de montrer que l’eucharistie, à partir de ce que nous venons de découvrir dans les chapitres précédents, est un sacrement pour l’Eglise et pour l’humanité. Elle est fixée dans leur mémoire comme fidélité de Dieu qui se manifeste chaque jour et à laquelle elles doivent répondre. Cette fidélité inaltérable provoque une unité indissoluble qu’elles sont appelées à vivre en étant sel et lumière à l’exemple de celui qui est célébré.

Ce chapitre traite quatre points : 1) sens et portée de l’eucharistie comme mémoire de l’Eglise et de l’humanité ; 2) sens et portée de l’eucharistie comme fidélité célébrée par l’Eglise et l’humanité ; 3) sens et portée de l’eucharistie comme unité indissoluble pour l’Eglise et l’humanité ; 4) sens et portée de l’eucharistie comme lumière du Christ dans l’Eglise et l’humanité.

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