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Sens et portée de l’eucharistie comme lumière du Christ dans l’Eglise et l’humanité

EUCHARISTIE : DON DE DIEU ET MYSTERE DU CHRIST

CHAPITRE 2 : LE MYSTERE DE LA TRANSSUBSTANTIATION

4. Sens et portée de l’eucharistie comme lumière du Christ dans l’Eglise et l’humanité

Pour mieux comprendre l’eucharistie comme lumière de l’Eglise qui la célèbre et de l’humanité, il importe de se référer aux gestes et aux paroles du Christ. Cci sont eux-mêmes la lumière qui éclaire et qui guide l’Eglise et l’humanité. Jésus a agi en homme

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entièrement responsable et totalement libre. Il n’a jamais été soumis au respect scrupuleux d’une doctrine et n’a été l’otage d’un pouvoir quelconque. Dans sa prédication, il montrait toujours que tout lui est soumis et qu’il contrôle tout. Le don qu’il fait à l’Eglise et à l’humanité est un bien précieux qui ne peut s’altérer car il contient toutes les valeurs de sa vie et de son enseignement. Il enseignait en maître qui avait de l’autorité et en cela cet enseignement constitue une lumière qui éblouit, c'est-à-dire qui suscite une conversion radicale et véritable ; (Cf. la conversion de Paul sur le chemin de Damas en Ac 9, 1-31). La vie de Jésus et sa prédication qui n’avaient pas d’égal se reflètent dans l’eucharistie qu’il offre comme héritage à l’humanité la veille de sa passion et de sa mort. Mentionnons un aspect de cette prédication : sur la montagne, après avoir enseigné le bonheur inespéré par la proclamation solennelle des béatitudes, il nous apprend que nous sommes « sel de la terre et lumière du monde » et que nous devons rester tels : « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel perd sa saveur, comment redeviendra-t-il du Sel ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est foulé aux pieds par les hommes. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une hauteur ne peut être cachée. Quand on allume une lampe, ce n’est pas pour la mettre sous le boisseau, mais sur son support et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5, 13-16)

En relevant les symboles et les images contenus dans cet enseignement de Jésus, notre esprit se porte directement sur l’eucharistie qu’il allait instituer plus tard. En effet, sel, lumière, lampe, briller, bonnes actions, indiquent l’attitude du croyant qui célèbre et reçoit l’eucharistie. Il va sans dire que Jésus lui-même a assumé tous ces symboles qui ont donné un sens à sa prédication et aux œuvres qu’il a accomplies au milieu de ses contemporains. Dans l’eucharistie, nous sommes conduits à admirer tous ces symboles et invités à les reproduire dans notre vie. Dans le monde, le croyant brille de la lumière du Christ. Il en est le reflet qui éclaire l’humanité dans sa marche tumultueuse sur le chemin d’un développement rendu chaotique. Nous pouvons donc constater que Jésus ne s’est pas contenté de laisser un souvenir que l’Eglise et l’humanité doivent s’appliquer uniquement à reprendre pour se rappeler à leur souvenir. Au contraire, dans ce souvenir, se trouve tout l’héritage pour une humanité meilleure, où les actes, les paroles et les consciences sont entièrement éclairés par ce qui est célébré. L’eucharistie n’est pas seulement un rite. Elle est surtout Lumière à la manière de Jésus lui-même. C’est ce que souligne ici Cyrille de Jérusalem :

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« Tu as reçu l’enseignement et tu as pleine certitude : ce qui paraît du pain n’est pas du pain, bien qu’il soit tel pour le goût, mais le corps du Christ ; et ce qui paraît vin n’est pas du vin, bien que le goût le veuille ainsi, mais le sang du Christ… Fortifie donc ton cœur, prenant ce pain comme un pain spirituel, et réjouis le visage de ton âme. Et puisses-tu, ce visage découvert en une conscience pure, réfléchir comme un miroir la gloire du Seigneur, et marcher de gloire en gloire dans le Christ Jésus Notre Seigneur, à qui soit la gloire pour les siècles des siècles. Amen. »155

Selon Cyrille de Jérusalem, l’eucharistie, en reflétant sur nous la gloire du Seigneur qui nous transforme, nous pousse également à briller comme lumière dans le monde afin que la gloire de Dieu y soit toujours présente. Cyrille de Jérusalem demande au croyant de donner à l’humanité ce qu’il a lui-même reçu et qui constitue son bonheur et son trésor à lui. Il devient ainsi goût et lumière dans un monde qui a toujours besoin du goût et de la lumière de Dieu. Une telle conviction trouve écho dans cette méditation de Catherine de Sienne :

« C’est dans la foi, ce miroir de la lumière, que je te connais : tu es le souverain bien, bien qui surpasse tout bien, bien qui donne le bonheur, bien qui dépasse toute idée et tout jugement ; beauté au-dessus de toute beauté, sagesse au-dessus de toute sagesse : car tu es la sagesse elle-même, tu es l’aliment des anges qui, dans l’ardeur de ton amour, s’est donné aux hommes. »156

Dans ce dialogue avec la Trinité, la docteure de l’Eglise contemple la merveille du mystère de la lumière de Dieu qui rejaillit sans cesse sur l’humanité et l’Eglise et qui les éblouit de son éclat permanent. Une telle merveille de Dieu se découvre dans l’eucharistie célébrée dans la lumière et qui éclaire tout homme. Disons en s’inspirant de Catherine de Sienne que l’eucharistie est aussi bonté, beauté et sagesse pour l’humanité et pour l’Eglise. Pour tout dire, l’eucharistie et sa célébration constituent sans cesse un rendez-vous de souvenir, de fidélité, d’unité et de lumière auquel l’Eglise et l’humanité s’astreignent chaque jour pour découvrir, en Dieu, leur propre chemin.

Si les chapitres qui nous ont conduit jusqu’ici nous permettent d’entrer dans le mystère de don que Dieu fait à l’humanité et à l’Eglise, il nous faut maintenant dans le chapitre suivant

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Cyrille de Jérusalem, Catéchèses mystagogiques, op. cit., Cat. IV, 9, 12.

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aborder un autre type de préoccupation qui a agité et continue encore d’agiter la théologie eucharistique. En effet, en passant d’une génération à l’autre, et donc d’une mentalité à une autre, les perceptions, naturellement, ne paraissent pas pareilles. Concernant l’eucharistie, le type de problème qui se présente à chaque époque est son actualisation à travers les concepts qui l’interprètent. La mentalité de l’homme des Lumières ne peut pas être celle d’un médiéval. Tout comme la mentalité de l’homme d’aujourd’hui ne peut pas être celle des Lumières. Disons que les formulations conceptuelles, et cela est heureux, sont toujours marquées par l’évolution des temps et les réalités de l’époque. L’on pense et parle selon son temps, avec les mots de ce temps.

Dans le cadre de cette recherche par exemple, le chapitre suivant indique une nouvelle manière de comprendre le concile de Trente et les formulations eucharistiques qu’il a élaborées. Il prospectera ainsi quelques nouveautés de l’intelligence de l’eucharistie en opposition aux données doctrinales médiévales, scolastiques et néo scolastiques de ce sacrement. Il est une ouverture sur de nouvelles façons de présenter et de comprendre l’eucharistie à notre temps qui peuvent justifier son engagement social et politique par des médiations de libération qu’elle doit susciter chez les hommes et qui nous préoccupent ici.

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CHAPITRE 4 : COMPRENDRE AUJOURD’HUI LA FORMULATION

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