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4. Les résultats

4.3. Le désir d’apprendre en FP

La notion de rapport au savoir, loin de se réduire à une relation unidirectionnelle entre sujet apprenant et objet de savoir, invite à considérer l’articulation entre le sujet désirant savoir (ou ne pas savoir) et son rapport à soi, aux autres et au monde.

D’abord, revenons brièvement sur l’équivalence causale évoquée par Charlot (1999) et par Beaucher (2004), suggérant que les termes « utile », « important » et « plaisant » utilisés par l’élève qui qualifie ses apprentissages renverraient, en fait, à la même relation. En prenant appui sur le postulat qu’être intéressé, aimer, considérer important, utile ou intéressant un savoir renvoient à la même relation, nous poserons la question du désir d’apprendre ainsi : qu’est-ce qui suscite le désir d’apprendre des élèves adultes en FP ? Les analyses d’entrevues mettent en lumière quatre catégories explicitant l’articulation des relations entre le sujet désirant et l’objet désiré (cf. Figure 5). Ainsi, ce qui suscite le désir d’apprendre des élèves a trait à la transférabilité des apprentissages, à la nature de leur contenu, aux apprentissages favorisant le développement de soi, ainsi qu’à ceux réalisés dans le cadre de relations harmonieuses.

Figure 5. Les catégories d’analyse du désir d’apprendre en FP5

4.3.1. Transférabilité des apprentissages

C’est d’abord et avant tout le caractère transférable des apprentissages qui rend ceux-ci désirables aux yeux des élèves, qu’ils le soient dans la sphère professionnelle ou extra-professionnelle (17 répondants). C’est l’utilité qui est mise en avant, ici : ce qui mérite d’être appris, c’est ce qui est utile, parfois dans l’immédiat, mais surtout dans l’avenir.

Les apprentissages qui ont de la valeur sont avant tout ceux qui sont transférables dans la sphère

professionnelle (16 répondants). Deux déclinaisons de la transférabilité des apprentissages dans la sphère

professionnelle se dessinent, soit ceux qui présentent une utilité évidente et ceux qui présentent une utilité potentielle.

5 Le nombre de répondants ayant formulé un énoncé (ou plus) relevant d’une catégorie est indiqué entre parenthèses, dans leur

Les apprentissages désirables qui ont une utilité professionnelle évidente sont ceux qui permettront à l’élève d’exercer leur métier (16 répondants). L’appréciation des apprentissages scolaires est étroitement liée au métier convoité : j’aime ce que j’apprends, car ce que j’apprends, c’est mon futur métier.

Dans notre cours de pharmacothérapie, c’est la préparation des médicaments. On faisait des maths, puis moi, je n’étais vraiment pas bonne en maths avant. Mais là, ça me sert à quelque chose, tu comprends ? Je calcule des doses, exemple, pour un bébé. C’est important, je n’en ferai pas d’erreur. (Cécile, 32 ans, Santé)

Certains élèves ajoutent qu’au-delà de les rendre capables de pratiquer leur métier, les apprentissages leur permettront de le pratiquer avec excellence.

Il faut trop que tu aies de bonnes connaissances pour travailler avec les gens dans ce domaine-là. Je me mets la barre vraiment haute, puis je ne vois pas beaucoup mes amis, parce que justement j’étudie beaucoup. Je me dis : « il faut que je les sache ces connaissances-là ». Il faut que je sauve… bien, je ne sauve pas des vies, mais il faut que je sois capable de soigner les gens comme du monde. (Alicia, 25 ans, Santé)

C’est le pendant négatif du caractère transférable des apprentissages qu’évoquent deux participants. Un savoir qui est inutile, à leurs yeux, ne mérite pas d’être appris. Felipe (32 ans, Construction) est de cet avis :

J’avais oublié plus d’affaires que je pensais… quoique je ne m’en suis jamais servi. Les fractions, puis les intégrales, puis les dérivés. Avant, je te comptais ça en 30 secondes. Aujourd’hui, il faut que je sorte mes papiers, puis je cherche en « crime ». Tandis qu’avant, c’était tout du inné. Je ne pense pas que je vais la prendre [la vitesse] non plus. Plus je l’essaye, plus je me dis que ça ne m’a pas servi avant, ça ne me servira sûrement pas encore ! Je pousse moins pour essayer de me remettre à niveau. Ce n’est vraiment pas nécessaire ici, dans ce métier-là.

Les apprentissages qui sont désirables de par leur transférabilité dans la sphère professionnelle sont parfois ceux qui ont une utilité professionnelle potentielle (trois répondants). Bien que les sujets n’aient pas la certitude d’utiliser tel savoir particulier dans leur vie professionnelle, l’idée seule qu’il pourrait être utile suffit à le rendre désirable. Les apprentissages constituent alors un coffre à outils, un réservoir de savoirs que les élèves auront à leur disposition.

S’il y en a d’autres qui écoutent moins parce qu’ils pensent que ce n’est pas important, bien… Je sais qu’il n’y a jamais rien de pas important. Des fois, ça ne te servira pas, mais si la journée où ça te sert, tu pensais que ce n’était pas important, puis que tu n’as pas écouté… c’est déplaisant. […] Au pire, ça ne sera pas [utile], mais au moins je ne serai pas mal pris à avoir été l’entêté qui n’a même pas écouté. (Felipe, 32 ans, Construction)

Enfin, les apprentissages qui méritent d’être faits sont aussi ceux qui sont transférables dans la sphère extra-professionnelle (cinq répondants). Ces savoirs sont utiles au-delà de la sphère professionnelle, ou comme les répondants le disent, « dans la vie » : dans leurs loisirs, leur vie familiale, leur vie de tous les jours.

Ça ne veut pas dire que ça va m’intéresser, puis que je vais m’en servir dans le milieu tant que ça. Mais de savoir, quand je me promène dans le bois, j’ai du fun à me promener puis « checker » les champignons ! Des apprentissages qui me servent dans la vie. Quand je me promène dans le bois, je reconnais mes essences d’arbres pas mal plus qu’avant, je savais un sapin, une épinette… mais là, tu as tes variétés. C’est vraiment intéressant de les savoir. Puis c’est quasiment divertissant d’aller se promener dans le bois à c’t’heure ! (Tristan, 31 ans, Agriculture)

4.3.2. Nature du contenu d’apprentissage

La nature du contenu d’apprentissage est un autre aspect qui teinte le désir d’apprendre (17 répondants). Ce qui donne le goût d’apprendre, aux yeux des élèves, dépend de l’articulation du caractère théorique et pratique des apprentissages, la discipline à l’étude, ainsi que le caractère nouveau de l’objet d’apprentissage.

L’articulation entre le caractère théorique et pratique des apprentissages est soulevée par plusieurs élèves qui évoquent ce qui retient leur intérêt lorsqu’ils apprennent (dix répondants). Parmi eux, la plupart des élèves expriment leur intérêt pour le caractère pratique des apprentissages, alors que d’autres soulignent le juste équilibre entre la théorie et la pratique et, plus rarement, leur caractère théorique.

D’aucuns font l’apologie du caractère pratique des apprentissages (sept répondants). Ce qui est intéressant pour ces élèves, c’est quand le corps est impliqué dans le processus d’apprentissage, qu’ils sont en action et expérimentent le métier qu’ils exerceront plus tard.

C’est génial… la formation professionnelle te plonge dans quelque chose ; te plonge dans un univers, t’invite, t’accompagne là-dedans. Tu fais quelque chose. Tu touches à quelque chose. […] Les centres de formation professionnelle t’invitent à venir faire de quoi qui existe. De le toucher. De le faire. De te mettre dans des situations, de faire de quoi. Rendu là, c’est difficile de ne pas avoir de l’intérêt ou de ne pas être captivé par ce qui se passe. Tu viens automatiquement intéressé, d’une manière ou d’une autre. Parce que tu le fais, tu le touches, tu le bouges, tu fais quelque chose dans le fond. (Alex, 31 ans, Construction)

Parmi les élèves qui encensent le caractère pratique des apprentissages, trois d’entre eux abordent aussi la question par la négative : ce qui freine leur désir d’apprendre, ce sont les contenus théoriques, qui s’acquièrent en écoutant le professeur, en lisant un livre, en révisant le contenu du cours.

Assis, théorie, à lire dans un livre, à écouter un professeur qui discute, qui explique, c’est long ! C’est long ! « Hey », vas-tu finir par arriver au bout de ta phrase ! (Maxine, 36 ans, Santé)

C’est parfois l’équilibre entre les caractères pratique et théorique des apprentissages qui suscite l’intérêt en classe (quatre répondants). Ces deux types d’apprentissage se complètent et la présence de l’un renforce l’intérêt porté à l’autre.

C’est pour ça que j’aime ce cours-là, c’est de la pensée logique, mais c’est aussi du travail manuel. J’aime un peu le mix des deux plutôt que juste sur papier, devant un ordi, toute la journée, je pense que je trouverais le temps long. (Émerik, 26 ans, Construction)

Bien que rejoignant moins de répondants, le caractère théorique des apprentissages, se rattachant exclusivement à la dimension cognitive de l’activité, suscite aussi l’intérêt (un répondant).

Le côté intellectuel et théorique, j’adore ça, j’ai vraiment trippé à recommencer les cours et à me rendre compte que ça s’imprégnait full bien dans ma tête, et avec moindrement d’études, je pète des scores, je suis vraiment contente de ça. (Cécile, 32 ans, Santé)

Des élèves estiment que la discipline à l’étude constitue en elle-même un attrait (neuf répondants). Ils disent avoir le goût d’apprendre lorsqu’ils aiment le champ d’étude, le domaine, la matière, le sujet. C’est l’objet d’apprentissage, l’essence même de ce qui est enseigné, qui est fascinant, plaisant, agréable, « le fun » à apprendre.

J’aime ça venir à l’école. Ce matin, je me suis levée puis on a appris les solutés. C’est tellement trippant ! Wow ! J’ai appris de quoi de vraiment le fun aujourd’hui ! C’est ça que j’aime. (Alicia, 25 ans, Santé)

Plusieurs élèves spécifient avoir choisi ce programme d’études et justifient ce choix par l’intérêt pour son contenu spécifique.

Les autres programmes, je trouve que c’est moins par choix. On sait qu’on n’aura pas un gros salaire. Mais c’est vraiment par passion qu’on vient étudier en [agriculture]. Parce qu’on sait que c’est quelque chose qu’on trippe là-dedans. Ça se sent aussi dans le groupe. On est vraiment hyperactifs, puis on trippe sur les plantes. Fait que c’est vraiment par choix. (Camie, 30 ans, Agriculture)

Le caractère nouveau des apprentissages rend ces derniers désirables (huit répondants). Ce que les élèves estiment plaisant, c’est le fait d’apprendre des choses nouvelles, de repousser l’inconnu, d’aborder une matière pour la première fois et qu’ils ne connaissent pas.

[Je suis] passionnée, par la matière, par les choses que j’apprends, parce que c’est tout nouveau ! (Camie, 30 ans, Agriculture)

Par ailleurs, cinq des élèves pour qui le caractère nouveau des apprentissages suscite leur désir d’apprendre l’expriment par la négative. Ils jugent que c’est « long » de passer trop de temps sur une notion déjà comprise, que c’est « plate » de ne pas voir assez de contenu, que c’est « tannant » lorsque le rythme d’apprentissage du groupe est adapté à celui de l’élève le plus lent. Le fait de ne pas se sentir suffisamment stimulé intellectuellement les ennuie.

Le cours, le groupe va à la vitesse du plus lent. […] On est trois, quatre, qui en prendraient tout le temps plus, puis les autres qui sont bien comme ça. […] Je respecte leur choix [aux enseignants] à 100 pourcent, c’est rien que… des fois c’est long apprendre la même affaire une semaine de temps, quand tu as compris dans les premières trois heures. C’est vraiment long. (Felipe, 32 ans, Construction)

4.3.3. Développement de soi

Les apprentissages menant au développement de soi sont aussi valorisés par plusieurs élèves (13 répondants). Ces apprentissages sont ceux qui permettent d’assouvir sa soif de savoir, de comprendre le fonctionnement des choses, de devenir autonome, de se dépasser, ou qui favorisent l’émulation.

Certains élèves désirent apprendre pour assouvir leur soif de savoir (huit répondants). Ils disent avoir toujours aimé apprendre, vouloir tout connaître, tout savoir, et valorisent l’acte d’apprentissage en lui-même. Le désir d’apprendre ne réside pas tant dans l’objet de savoir que dans le fait même d’apprendre ; c’est le sujet désirant qui est central, ici, alors que l’objet désiré occupe une place secondaire. Les apprentissages réalisés à l’école sont désirables en ce qu’ils assouvissent une soif d’apprendre, celle-ci dépassant largement la sphère scolaire.

J’écoute vraiment ce que le prof dit, puis je suis intéressée à apprendre, puis je pratique mes techniques. Je ne niaise pas en classe. […] On dirait que je ne voudrais jamais arrêter d’apprendre dans ma vie. J’aime ça, continuellement, toujours continuer mes connaissances. Toujours accroître mes connaissances, je trouve ça tellement le fun ! Il me semble qu’il y a tellement de choses dans la vie qu’on ne sait pas. Si je le pouvais, j’apprendrais tout le temps. J’étudierais tout le temps. Je serais infirmière auxiliaire, mais je pense que je continuerais d’étudier. [J’ai une] soif d’apprendre, puis une curiosité, beaucoup. (Alicia, 25 ans, Santé)

Ceux pour qui l’intérêt réside dans le fait de comprendre le fonctionnement des choses estiment qu’il est stimulant de faire des liens, de comprendre la logique de l’action, quitte à remettre en question des certitudes jusqu’alors tenues pour acquises (sept répondants).

C’est le fun à apprendre, puis comment ça marche. Tu apprends la base vraiment, c’est « con », mais juste admettons l’eau, quand elle est vapeur ou liquide, des fois tu t’en rends pas compte, mais c’est comment ça marche vraiment, c’est le fun à savoir. Parce qu’on a quand même ici des bases de

physique un peu. Mais c’est le fun. Tu apprends ça, tu sais comment ça marche. Tu te rends compte que c’est bien fait. Quand tu le sais pas, tu n’y penses pas vraiment. C’est le fun apprendre ça. (Ioan, 25 ans, Construction)

Les savoirs sont désirables lorsqu’ils permettent à l’élève de devenir autonome (quatre répondants). Le fait de savoir leur procure une certaine indépendance, leur permet de faire des choses par eux-mêmes, sans l’intermédiaire des autres, tant dans leur vie personnelle que dans l’exercice de leur future profession.

Si tu es agriculteur, c’est bien beau appeler un mécanicien, appeler un agronome, mais en bout de ligne, si tu es capable de tout faire toi-même [c’est mieux]. Ça te prend de la débrouillardise. Le DEP, [les enseignants] t’apprennent à faire pousser des légumes : faire germer les graines c’est telle condition, les transplanter, c’est telle condition ! Ça, tu pourrais l’apprendre en un mois, mais pourquoi le DEP dure plus que ça, bien c’est tout ce que… comment analyser un sol, comment l’enrichir, comment utiliser des pesticides en dernier recours. […] Je veux devenir producteur horticole, oui, mais aussi j’aime l’indépendance, puis l’autosuffisance, puis justement la « largesse » de ce DEP-là, ça clique [avec moi]. (Liam, 26 ans, Agriculture)

Ce qui est agréable à apprendre, c’est aussi ce qui permet de se dépasser, physiquement ou intellectuellement (quatre répondants). Pour conserver l’intérêt des élèves, ce qui est appris doit être suffisamment exigeant, les mettre au défi, leur donner le sentiment d’évoluer, de se perfectionner.

L’école, moi je trouve, plus tu vas connaître de choses, meilleure personne tu vas être. La journée où je ne voudrai plus apprendre, c’est fini ! C’est la journée où je vais dire : « bon, bien… » Non, ce n’est pas moi. Ce n’est pas dans mes valeurs. […] Il faut toujours que tu apprennes. La journée où tu ne vas pas apprendre, c’est… tu es viré fou. Je ne sais pas. Crampe au cerveau. (Joakim, 33 ans, Construction)

Les élèves évoluent lorsqu’ils se rendent capables de « faire » et de repousser leurs limites dans le monde matériel. Cela se produit lorsqu’ils arrivent à maîtriser leur corps, à manipuler adéquatement, à mettre en œuvre certains procédés.

Je me considère zéro manuel, mais […] je me découvre certains talents, versus j’en développe certains aussi. C’est d’autant plus intéressant. […] Je développe des aptitudes, puis c’est vraiment encourageant, ça m’amène justement à continuer puis à me forcer plus. (Christian, 28 ans, Construction)

D’autres estiment que ce qui favorise l’émulation est désirable (trois répondants). Ces apprentissages permettent aux élèves de se démarquer, de sortir du lot, d’être le meilleur, d’entrer en compétition avec les autres, tant à l’école que sur le marché du travail, où lesdits apprentissages garantissent l’employabilité.

Je me disais qu’un DEP, – c’est un préjugé –, c’est pas trop intelligent, ça ne prend pas… Mais en [construction], il y a beaucoup de pression, de gaz, et si tu es bon, tu vas te démarquer du peloton, puis moi j’ai toujours eu de l’ambition. Quand j’ai vu que quand tu pouvais être bon, tu te démarquais, ça commençait à me motiver, puis j’aime ça, puis j’ai appris à aimer ça justement parce que tu peux être bon. Les profs le savent et les entreprises te veulent. (Boris, 25 ans, Construction)

4.3.4. Relations interpersonnelles harmonieuses

Ce sont parfois les relations interpersonnelles harmonieuses entretenues avec les personnes impliquées dans les apprentissages qui confèrent à ces derniers leur valeur (dix répondants). Trois catégories émergent à cet effet : la compétence des enseignants, la dynamique du groupe et les échanges informels.

Le désir d’apprendre découle notamment de la compétence des enseignants (neuf répondants). Sont mises de l’avant tant leurs compétences relationnelles, professionnelles que pédagogiques. Les élèves apprécient que les enseignants aient de la considération pour eux, qu’ils aient leur réussite à cœur, soient drôles, sachent prendre le pouls de leur auditoire et s’y ajuster, soient compétents dans leur domaine de savoir, partagent leurs expériences professionnelles et, surtout, partagent leur passion pour le métier.

Le vulgarisateur en avant a une grosse part de responsabilités. C’est lui qui va te faire allumer ton centre d’intérêt versus non à d’autres points. [C’est] une des forces des profs ici habituellement. Les profs sont tous dans le milieu, ils travaillent tous là-dedans. Tu vois que les gars vivent de ça l’été ! Les profs trippent là-dedans, ils n’arrêtent pas de travailler là-dedans parce qu’ils sont profs. Justement, s’ils sont là, c’est parce qu’ils trippent vraiment, puis ils veulent le montrer aux autres. (Tristan, 31 ans, Agriculture)

La dynamique du groupe participe aussi du plaisir à apprendre (quatre répondants). Les élèves qui sont de cet avis évoquent le climat et l’énergie qui règnent dans la classe, la cohésion qui se crée entre les membres du groupe. Ce sont le contexte, l’environnement, les personnes avec qui les élèves réalisent leurs apprentissages qui rendent ces derniers agréables à réaliser.

On est tellement un bon groupe. Ah oui, on est une belle classe, les profs n’arrêtent pas de nous dire qu’ils n’ont jamais vu un groupe comme le nôtre. C'est le fun, parce que les profs parlent, tout le monde écoute, le monde est intéressé. C'est vraiment le fun. (Alicia, 25 ans, Santé)

Certains sont d’avis que les échanges informels avec les autres nourrissent leur désir d’apprendre (trois répondants). Ils jugent plaisant d’échanger autour d’un sujet qui les intéresse, avec leurs collègues de classe ou avec les membres de leur famille et de partager avec eux un langage commun.

Depuis que j’ai commencé mon cours, des fois j’arrive à la maison, puis je suis découragée ou déprimée. Puis mes parents sont supers ! Ils sont motivants, ils m’aident à étudier, puis ma mère trippe. Ma mère était infirmière auxiliaire voilà 30 ans. Elle trippe, elle ! Elle aime ça regarder mes livres avec moi, puis quand elle me fait étudier, elle aime ça ! Mes parents aiment ça, puis ils m’encouragent beaucoup. Ils sont vraiment nice là-dessus. (Alicia, 25 ans, Santé)

En somme, quatre thèmes relatifs au désir d’apprendre se dégagent du discours des participants. Ces derniers évoquent, d’abord et avant tout, le caractère transférable des apprentissages et la nature du contenu enseigné. Certains d’entre eux estiment aussi que ce qui leur donne le goût d’apprendre, ce sont