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3. La méthodologie

3.3. La collecte de données

3.3.1. L’entrevue semi-dirigée

Pour investiguer le rapport au savoir (ou des concepts parents), les auteurs utilisent différents instruments de collecte de données, tels que le bilan de savoir, l’entrevue, l’entrevue semi-dirigée, le questionnaire, le journal de bord, l’observation en classe, les travaux scolaires produits sur consigne scolaire, ainsi que les notes de cours des élèves. Bien qu’on retrouve le plus souvent une combinaison de deux à cinq méthodes de collecte de données (Barrère, 1998 ; Beaucher, 2004, 2014 ; Charlot, 1999 ; Charlot et al., 1992 ; Jellab, 2001 ; Landry et al., 2002), certaines d’entre elles sont parfois utilisées seules, comme le bilan de savoir (Beaucher, 2010) et l’entrevue semi-dirigée (Pralong, 1999). Du reste, ces deux derniers outils sont ceux les plus fréquemment utilisés.

D’autre part, on ne peut identifier la nature du rapport au savoir des sujets qu’en privilégiant leur point de vue et en les laissant s’exprimer à partir de leur vécu actuel d’adultes en situation de formation. Nous avons donc choisi une approche leur permettant de s’exprimer le plus librement possible. Le recours aux entrevues se justifie donc par le fait que « l’expérience scolaire, posée comme expérience singulière, nécessite un "abord singulier" qui passe par la parole du sujet » (Jellab, 2001, p. 43).

L’entrevue semi-dirigée est une technique de collecte de données souvent utilisée dans la recherche associée au paradigme constructiviste, soit lorsque l’objectif est de comprendre le sens attribué à un phénomène par les sujets d’une recherche (Fortin, 2010 ; Savoie-Zajc, 2009). Cette technique permet en effet la mise en place d’une dynamique de co-construction de sens entre le chercheur et le participant. Or, comme cette recherche s’inscrit dans le paradigme constructiviste, l’entrevue semi-dirigée s’avère tout à fait appropriée.

Savoie-Zajc (2009) définit l’entrevue semi-dirigée comme une

interaction verbale animée de façon souple par le chercheur. Celui-ci se laissera guider par le rythme et le contenu unique de l’échange dans le but d’aborder, sur un mode qui ressemble à celui de la conversation, les thèmes généraux qu’il souhaite explorer avec le participant à la recherche. Grâce à cette interaction, une compréhension riche du phénomène à l’étude sera construite conjointement avec l’interviewé. (p. 340)

3.3.2. Le guide d’entrevue

Les entrevues menées dans le cadre de la recherche mère avaient comme objectif de relever les enjeux du processus de réorientation de carrière chez les jeunes adultes âgés de 25 et plus, qui entreprenaient une FP après avoir transité par le marché du travail. Les cinq parties du guide d’entrevue élaboré dans le cadre de la recherche mère abordaient d’abord des questions de nature socio- démographique, puis portant sur le parcours de vie des participants, les raisons de leur réorientation et de leur retour à l’école, les influences systémiques, le rapport au travail et l’identité professionnelle.

La sixième et dernière partie du guide d’entrevue (cf. Annexe B) comportait des questions spécifiques au rapport au savoir. Une première version de cette section du guide d’entrevue a été testée auprès de deux personnes volontaires au profil semblable à celui de la population cible. Ce test a permis d’éprouver la cohérence de l’enchaînement des questions, leur pertinence et leur intelligibilité. Des corrections ont ensuite été apportées à l’instrument afin d’assurer sa qualité et sa compréhension auprès des participants.

Les questions comprises dans la sixième partie du guide d’entrevue portaient essentiellement sur le rapport au savoir et visaient à répondre aux objectifs spécifiques initiaux formulés en référence aux dimensions retenues du rapport au savoir. Or, le modèle de catégories mixtes que nous avons utilisé (et qui sera décrit plus loin) présente l’avantage de laisser place à l’émergence de matériel non prévu. Il nous a donc autorisée à faire évoluer nos objectifs de recherche afin de mettre en valeur des thèmes importants émergeant des données. Des questions visant à analyser l’évolution du rapport au savoir des élèves de la FP ont été intégrées au guide d’entrevue. Cependant, cet objectif a été retranché – l’ampleur des données récoltées à cet effet pouvant donner lieu, à son tour, à un autre projet de recherche.

Les données utilisées dans le cadre de ce mémoire proviennent essentiellement de la dernière section du guide d’entrevue, portant spécifiquement sur le rapport au savoir. Ceci dit, quelques passages pertinents à l’objet de recherche ont été puisés dans les parties antérieures du guide d’entrevue, c’est-à-

dire celles propres à la recherche mère, et seront donc pris en considération dans l’analyse du rapport au savoir. Conformément à l’esprit de l’entrevue semi-dirigée, pour ne pas interrompre le discours des répondants et pour saisir les ouvertures qui se présentaient en cours d’entrevue, l’ordre prévu des questions n’a pas toujours été respecté. Nous avons cependant veillé à ce que tous les sous-thèmes correspondant aux dimensions retenues du rapport au savoir soient couverts, exception faite d’un participant qui ne s’est pas prononcé sur le sens de l’apprendre à l’école.

3.3.3. La conduite des entrevues

Les entrevues se sont déroulées dans un local de classe isolé de l’école fréquentée par le participant, en dehors des heures de cours, afin de ne pas affecter ses apprentissages. Les entrevues ont toutes été enregistrées sur magnétophone. Celles qui ont été retenues dans le cadre de la recherche ont duré en moyenne 2 h 13, la plus courte étant d’une durée de 1 h 06 et la plus longue, de 4 h 56. Seule cette dernière a été réalisée en deux parties, le temps alloué à la réalisation de l’entrevue s’étant révélé insuffisant pour couvrir la totalité des questions avec le participant.

Les participants ont été rencontrés par deux intervieweuses : l’auteure du présent mémoire ainsi qu’une auxiliaire de recherche de troisième cycle. Nous étions déjà formées à la conduite d’entrevue et connaissions les mécanismes propres à ce mode de collecte de données et assurant sa bonne conduite. Nous avions également déjà fait l’expérience d’entrevues semi-dirigées et avons alors eu l’occasion de développer les compétences affectives (p. ex. empathie, attention positive inconditionnelle, authenticité), professionnelles (p. ex. structurer l’entrevue, gérer le temps imparti, effectuer des transitions pendant le déroulement de l’entrevue) et techniques (p. ex. recourir au langage non verbal, reformuler, donner des rétroactions) favorisant leur réalisation (Boutin, 1997 ; Poisson, 1991 ; Savoie-Zajc, 2009).

Avant d’entamer l’entrevue à proprement parler, nous avons pris soin de parcourir le formulaire de consentement avec les participants (cf. Annexe C), que tous ont signé. Cette étape nous a permis de décrire la nature du projet de recherche et nos motifs d’intérêt, de susciter leur intérêt à partager leur expérience, mais aussi de créer un lien de confiance, celui-ci étant essentiel à l’échange entre le participant et le chercheur. Nous nous sommes assurées d’obtenir le consentement libre et éclairé des participants, et les avons informés de leur droit de retrait. Certains participants ont conservé une certaine réserve jusqu’à la fin de l’entrevue, mais plusieurs d’entre eux ont pris plaisir à se raconter tout au long de l’échange et ont manifesté leur satisfaction à l’égard de cette expérience.

Les entrevues ne comportaient pas de risque ou de préjudice particuliers pour les participants, d’autant plus que ceux-ci ne présentaient pas de vulnérabilités connues, que le sujet de recherche n’était pas sensible en soi et que la confidentialité des réponses était assurée. Cependant, il était possible que le fait de réfléchir à son expérience et à son avenir suscite des réflexions ou des sentiments inconfortables chez les répondants, des souvenirs émouvants ou désagréables. Les intervieweuses disposaient alors des compétences relationnelles leur permettant d’intervenir adéquatement en de telles circonstances. Au besoin, elles pouvaient mentionner le nom et les coordonnées de ressources susceptibles de venir en aide à la personne. De plus, les participants pouvaient choisir de ne pas répondre à certaines questions qui les mettaient mal à l’aise.

Toutes les mesures déontologiques exigées par l’Université Laval ont été respectées dans le cadre de la recherche. Le guide d’entrevue de la recherche mère et le formulaire de consentement adressé aux répondants ont été soumis au Comité d’éthique de recherche de l’Université Laval (CÉRUL), qui a délivré un certificat d’approbation de l’éthique (no d’approbation 2014-185 / 11-12-2014). Le projet de mémoire a bénéficié d’une exemption de l’obligation d’obtenir une approbation d’éthique, puisqu’il s’intègre dans un projet plus large ayant déjà été approuvé.

3.3.4. La gestion des données

Des précautions ont été prises pour protéger la vie privée des participants, ainsi que pour assurer l’anonymat et la confidentialité des données. Les personnes affectées à la réalisation et à la transcription verbatim des entrevues ont été formées au respect de la confidentialité et ont signé un formulaire d’engagement à la confidentialité (cf. Annexe D). Des numéros ont été attribués aux sujets afin de préserver leur identité. Les matériaux physiques (fiches d’information comportant le nom et les coordonnées des participants, formulaires de consentement et transcriptions des entrevues) ont été conservés dans un local fermé à clé auxquels seuls le chercheur principal et les auxiliaires de recherche travaillant sur le projet de recherche mère avaient accès. Les matériaux numériques (coordonnées des participants, enregistrements audio des entrevues, transcriptions des entrevues) ont été stockés dans un fichier informatique protégé du serveur facultaire. Les enregistrements audio seront détruits deux ans après la fin de la recherche mère, soit en juin 2019, et les transcriptions des entrevues, quatre ans après la fin de la recherche, soit en juin 2021. Enfin, les données de recherche du mémoire ont été décontextualisées afin d’éviter une identification indirecte des sujets.