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2. CADRE THEORIQUE

2.2. Didactique du chant

2.2.1. La voix

L’action de chanter entretient le lien étroit du corps et de l’esprit. Chanter est quelque part à la limite de l’acte langagier. Il est important de bien différencier lorsque la voix est « chantée » (avec ou sans son), je parlerais alors de l’acte de « chanter », et les interactions verbales dans lesquelles la voix est « parlée » et est utilisée à des fins communicationnelles entre l’enseignant et les élèves.

Gillie-Guilbert et Fritsch (2001) commencent tout d’abord par présenter l’importance de connaître et reconnaître les types de voix. Il en existe deux : les voix naturelles ou les voix travaillées. Il est important de travailler sa voix pas seulement pour devenir un chanteur professionnel mais aussi dès que l’on souhaite l’utiliser comme un outil de travail (comme l’enseignement par exemple). Il faut donc apprendre à placer et poser sa voix parlée et chantée (p.12).

Dans son livre Trouver sa voix, Rondeleux (1977) nous explique que « la voix est d’abord un phénomène sonore, quelque chose qui se passe, ou semble passer, de bouche à oreille » (p.155). En ce sens, on peut classer les sons dans deux catégories : les sons « musicaux » et les bruits. En ce qui concerne la voix, on reconnaît trois types de sons : les sons harmoniques purs (voyelles), les bruits purs (consonnes) et le mélange des deux (les consonnes voisées comme z, j, b, v,…). De son point de vue, nous pouvons les analyser selon quatre dimensions : la hauteur, le timbre l’intensité et la dimension du temps.

La hauteur : dépend de la rapidité vibratoire des cordes vocales (plus elles vibrent rapidement, plus le son émis sera aigu, et inversement) ;

Le timbre : les sons produits par la voix sont des sons complexes (par opposition aux sons purs). C’est ce qu’on appelle les harmoniques graves ou aiguës. Les harmoniques apparaissent lorsqu’on fait osciller d’autres sons sur d’autres fréquences. Le timbre dépend du nombre d’harmoniques qui composent un son émis.

L’intensité : la logique veut que nous croyons que, plus on fournit de l’énergie musculaire, plus on chante fort. Or cela ne se passe pas comme ça. Ce qui donne la puissance vocale, c’est un renforcement entre les harmoniques graves et aigus.

Le temps : le son n’est pas un objet statique, il est situé dans une durée, il évolue dans le temps. On ne perçoit pas un son au départ comme à la fin. Chaque perception d’un son dépend du précédent. De plus, l’intensité et la couleur du son dépendent de sa durée.

Les individus ne peuvent pas aisément chanter à toutes les hauteurs. Chaque personne pourra émettre des sons plus ou moins graves et plus ou moins aigus. Dans chacun des extrêmes, nous sommes limités. Le travail vocal permet d’augmenter le registre possible. Le panel total de son que l’on peut émettre s’appelle la tessiture. Les voix sont classées en fonction de leur hauteur (donc en fonction des tessitures). On trouve des voix de soprano, de mezzo et d’alto.

On dit que les enfants ont uniquement des voix « naturelles ». Ainsi, l’enseignant doit pouvoir choisir un registre de chants qui corresponde aux possibilités vocales des enfants. Pour cela, il faut connaître les différentes tessitures (homme, femme). Cornut (1983) nous explique qu’il est important de prendre en compte les registres : « on a donné le nom de registre à l’étendue vocale sur laquelle le timbre reste à peu près identique […]. Un même sujet peut avoir plusieurs registres » (p.59). Les propos de Rondeleux nous permettent de comprendre ce que sont les registres. On parle de changement de registre lorsque l’on a l’impression qu’il faut

« changer de voix » lorsqu’on passe des aigus aux graves et inversement. C’est pour cela qu’on dit qu’il y a les registres graves : les voix de poitrines, et les registres aigus : les voix de tête. Travailler sa voix c’est en fait apprendre à utiliser ces deux registres, à les tisser pour en faire un registre médium qui unifie la totalité vocale (1977, p.155). Le schéma suivant indique comment vibrent les cordes vocales en fonction du registre dans lequel on chante (voix de tête ou voix de poitrine).

Figure 1. Schéma vibratoire des cordes vocales. Tiré de Fournier (1990, p.104)

Une fois que l’on a appris à reconnaître les voix en général, il est important de connaître SA voix, c'est-à-dire sa voix parlée ou sa voix chantée. La voix parlée « est l’image de notre

"moi", le baromètre de notre sensibilité » (Gillie-Guilbert et Fritsch, 2001, p.15). A travers la voix, on peut transmettre toutes nos humeurs et nos émotions. La voix chantée est parfois plus difficile à dévoiler. Beaucoup d’entre nous ont tendance à dire qu’ils chantent faux. Tout dépend de notre tessiture et de notre oreille. En effet, c’est elle qui peut parfois altérer le véritable son que l’on émet. On peut également parfois chanter juste dans un certain registre mais devenir moins à l’aise lorsque l’on en sort.

La voix parlée n’est pas ce qui m’intéresse dans ce travail. C’est pourquoi je me concentrerai sur la voix chantée. Cornut (1983) consacre d’ailleurs un chapitre à ce type de voix. Il nous explique tout d’abord les problèmes physiologiques particuliers posés par le chant. En effet, la voix chantée ne poursuit résolument pas les mêmes buts que la voix parlée. De même

physiologiquement, elle n’est pas tout à fait produite de la même façon. La voix chantée pose tout d’abord le problème de la justesse : « chanter juste consiste à reproduire avec exactitude les intervalles correspondant au code musical qu’on utilise » (p. 57). Cela dépend premièrement de l’aptitude auditive qui va permettre la mémorisation exacte ou non des intervalles, et deuxièmement de la transformation du « son mental » en « son réel » de manière fidèle par l’appareil vocal. Cependant, « la justesse dans le chant reste quelque chose d’extrêmement fragile » car elle peut être altérée par différents facteurs externes (environnement acoustique) ou internes (techniques).

Le chant peut également prendre diverses formes. On trouve la voix chantée « naturelle », la voix du choriste, la voix « cultivée » du chanteur classique mais ce qui m’intéresse plus particulièrement est la voix chantée de l’enfant. Ce dernier utilise le même mécanisme pour chanter que pour parler, une partie des enfants est pratiquement toujours dans un registre de voix de tête et a un timbre léger. Les enfants qui ont la voix plus grave chantent avec une voix de poitrine et ont parfois du mal à monter et forcent leur voix. Il s’agit souvent des enfants que l’on appelle « bourdons » qui chantent faux et bas. Toutefois, l’auteur précise que

« lorsqu’un enfant participe régulièrement à une chorale ou une chanterie, ses qualités vocales s’améliorent et l’ambitus devient beaucoup plus étendu » (p.68).

Rondeleux (1977) explique que notre corps fonctionne comme un instrument extrêmement perfectionné. La mécanique vocale ressemble un peu à un instrument à vent qui se compose de trois parties : le soufflet (appareil respiratoire) qui produit de l’air, un générateur sonore (cordes vocales et lèvres, dents…pour les consonnes) qui transforme l’énergie aérienne en énergie sonore et les résonateurs (pharynx, bouche) qui amplifient le son (p.158). Dans le chapitre suivant, nous allons nous focaliser sur le fonctionnement de l’appareil vocal.