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1.1. Choix du domaine thématique et questions de recherche

Dans ce travail, j’ai choisi de me centrer sur le domaine thématique de la musique, plus particulièrement du chant et de l’enseignement du chant dans les pratiques scolaires d’un enseignant généraliste.

Ce choix n’a pas été fait au hasard. Je me rappelle avoir toujours eu beaucoup de plaisir à assister aux cours de musique et de chorale durant ma scolarité. Je me souviens par ailleurs que nous chantions plus ou moins dans certaines classes, en fonction de l’aisance des enseignants et de l’intérêt qu’ils avaient pour la musique. De plus, depuis mon plus jeune âge, j’ai consacré beaucoup de temps à la pratique du piano et du solfège et depuis quelques années, à celle du chant. J’ai d’ailleurs eu la possibilité d’aborder différents répertoires, notamment le chant variété et le chant classique. De plus, j’ai toujours apprécié faire partie d’ensembles chorals d’abord à l’école, puis plus récemment dans un chœur d’adultes.

Mon intérêt pour la musique, et notamment pour le chant, m’a amenée à me questionner à propos des pratiques d’enseignement de cette discipline. Je sais que les élèves doivent recevoir une éducation musicale durant leur scolarité. Les établissements disposent de maîtres spécialistes de musique qui prennent en charge une partie de l’enseignement musical, notamment la chorale. Mais les enseignants sont censés donner également eux-mêmes des cours de musique. Durant mes différents stages, j’ai pu observer de nombreuses pratiques en matière d’enseignement de la musique. Bien souvent, les enseignants laissent le soin au maître spécialiste de se charger de cet enseignement.

J’ai donc fait le choix de centrer mon objet d’étude sur un domaine thématique bien ciblé qui est celui du chant. Il s’agit également de la pratique musicale la plus courante à l’école primaire. En effet, la pratique du chant figure au plan d’étude genevois et bientôt dans le plan d’étude romand. Mais très peu de chose sont décrites sur les domaines dans lesquels les élèves doivent progresser, et encore moins à propos de la façon dont l’enseignant peut enseigner le chant et faire progresser les élèves.

Cette recherche, inscrite dans le cadre d’un mémoire de licence, a pour titre:

« L’enseignement du chant à l’école primaire genevoise : analyse comparée de deux dispositifs didactiques d’enseignement choral, dans deux contextes scolaires différents. » Il s’agit donc ici de traiter de pratique d’enseignement musical en milieu ordinaire.

Comme le suggère ce titre, mon travail a pour but de comprendre, grâce à l’observation et à l’analyse de différents dispositifs didactiques, comment des enseignants font progresser des élèves dans le domaine choral et comment ils pilotent des séquences d’enseignement. Mon intérêt est d’obtenir un accès à des pratiques ordinaires d’enseignement du chant et de voir ce

qui se passe dans la classe dans la relation didactique entre l’enseignant généraliste, les élèves et le savoir.

Cette recherche devrait me permettre de répondre aux questions suivantes :

o Quelles intentions, actions et dispositifs didactiques sont mis en place par certains enseignants généralistes dans l’enseignement du chant ?

o Quelles sont les conditions et les gestes de l’enseignant qui permettent à l’élève une progression des apprentissages spécifiquement en chant ?

o Qu’est ce que l’élève apprend à travers les pratiques de chant et de chorale ? Quels sont les indicateurs attestant l’appropriation voire l’intégration des connaissances des élèves ?

Je souhaiterais parvenir à identifier quels sont les contenus d’enseignement dispensés mobilisés et parvenir à définir les différents gestes professionnels ainsi que les caractéristiques du contrat didactique dans un contexte donné, ceci dans le but de dégager certaines spécificités de ces situations très particulières d’apprentissage du chant à l’école primaire.

1.2. Justification de la recherche

Je m’intéresse donc ici à la pratique du chant dans les classes primaires et plus particulièrement aux intentions, actions et dispositifs mis en place par certains enseignants généralistes. Je cherche à comprendre quelles sont les pratiques ordinairement mises en place par ces enseignants. Pour cela, je vais tenter de cerner leurs attentes et leurs objectifs et de dégager les rôles joués durant les leçons. Ainsi, je pourrai observer les dispositifs et régulations mises en place afin de s’assurer de la bonne transmission des savoirs. Ce qui m’importe, c’est d’accorder de l’intérêt à la progression des connaissances des élèves pour parvenir à identifier le rapport entre cette évolution et l’action de l’enseignant.

À travers les différents stages effectués dans le cadre de la formation LME, j’ai observé peu de leçons de musique telles qu’elles pourraient être réalisées sur la base de ce que nous avons vu lors des cours universitaires de didactique de la musique. Le seul enseignement réalisé pratiquement dans tous les cas est l’enseignement du chant et surtout la chorale.

Grâce à mon expérience personnelle, j’ai pu acquérir un certain nombre de notions liées aux différents aspects de la technique vocale. Un grand nombre d’ouvrages traite d’ailleurs très largement du sujet et donne également des conseils sur la façon d’enseigner le chant.

Cependant, aucune étude didactique n’a encore été faite sur les pratiques effectives d’enseignement du chant à l’école primaire, permettant de comprendre et d’identifier le rôle et l’influence de l’action des enseignants sur la progression des apprentissages des élèves.

À l’école primaire, la pratique du chant et la chorale sont le plus souvent abordés comme étant un aspect « récréatif », ludique et plaisant de l’école. J’ai parfois l’impression que certains en oublient même que la musique (et le chant) sont inscrits au programme et soumis à des objectifs d’apprentissage dans les documents officiels et doivent faire l’objet d’un enseignement spécifique. Ce que je souhaite relever ici est que même dans ce domaine, les élèves peuvent et doivent apprendre et progresser pour autant qu’on leur enseigne et qu’on mette en place un (des) dispositif(s) adéquat(s).

Je souhaite effectuer une recherche dans ce domaine pour ma propre formation d’une part, et, d’autre part, pour mes confrères enseignants ou étudiants qui n’auraient pas encore les outils pour enseigner au mieux la musique et le chant et permettre à leurs (futurs) élèves de progresser. J’aimerais également redonner de la valeur à l’enseignement du chant, permettre aux enseignants d’être plus à l’aise avec cette pratique et de leur redonner confiance.

Très peu de recherches ont été réalisées dans le domaine de la didactique de la musique. De ce fait, j’espère que mon travail permettra de compléter le savoir scientifique et donnera quelques pistes de repères aux futurs enseignants. De plus, comme le dit Brousseau (1998) à propos des situations d’enseignement : « savoir ce qui est reproduit dans une situation d’enseignement est justement l’objet de la didactique, ce n’est pas le résultat d’observations, mais celui d’une analyse s’appuyant sur la connaissance des phénomènes qui définissent ce qu’ils laissent invariants » (p.57). Mon travail consistera donc en une analyse de pratiques effectives de chant choral afin de définir les différents phénomènes qui ne varient pas dans ces situations d’enseignement. L’étude des pratiques effectives en didactique permet d’orienter les recherches sur des aspects praxéologiques, c'est-à-dire « qui s’intéressent aux conditions même de la relation didactique ». Il s’agit d’une approche locale, au niveau « micro » (Venturini et al., 2002, p.7), à visée heuristique (explicative) dans laquelle je prendrai la posture de chercheur. Les didacticiens ont beaucoup travaillé sur des ingénieries, mais il y a très peu d’étude qui ont été basées sur la mise en place effective d’ingénieries musicales afin d’observer ce qu’elles génèrent et comment elles pourraient être améliorées. Ce genre de démarche permet d’effectuer une « migration des concepts » didactiques et de voir s’ils peuvent être utilisés dans d’autres champs disciplinaires. (Garcia-Debanc, 2002, p.229).

Lorsqu’on s’intéresse aux pratiques effectives, nous nous situons dans une approche de la didactique ordinaire. Celle-ci est définie par Schubauer-Leoni & Leutenegger (2002) comme

« ce qui se passe et se joue d’ordinaire dans les classes quelconques et situe l’entrée du côté d’une démarche dite descriptive ». Il s’agit donc d’une « […] façon de s’occuper de "ce qui peut être rencontré partout", en considérant toutes circonstances d’enseignement-apprentissage, tout objet de transmission culturelle et donc tout représentant de la situation (enseignant-élèves) comme légitime et pertinent » (p.228).