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2. CADRE THEORIQUE

2.2. Didactique du chant

2.2.7. Le chant choral, direction d’un chœur

Dans son mémoire de licence intitulé Apprendre à chanter, apprendre en chantant ? Essais sur l’activité chorale, Wagner (1988) a effectué un travail qui ne ressemble pas au mien, dans

la mesure où celui-ci ne portait pas sur l’observation de pratique chorale en contexte scolaire mais sur des pratiques effectives d’un chœur d’adultes. Toutefois, son approche relève quelques aspects qui, selon moi, se retrouvent aussi dans une situation de chant choral à l’école primaire, étant donné que nous parlons également de pratique de chant amateur. De plus son mémoire soulève bien la question de la transmission de savoirs dans une situation pédagogique. « Le chœur n’est de prime abord ni un cours de musique ni un cours de chant, il nous semble judicieux de recenser les éléments communs à toute situation pédagogique et retrouver leur place dans l’activité chorale telle qu’elle se déroule : trajet du général au particulier qui permet à l’étudiant d’étayer l’assertion selon laquelle un chœur est bel et bien un lieu pédagogique » (Wagner p.36). Dans une classe nous nous trouvons au sein d’une relation enseignant-élèves. Dans une chorale c’est la même distribution des rôles mais on parle de chef, ou de directeur, et de choristes. Toutefois, on retrouve cette même relation didactique. À l’école, dans une chorale « scolaire », il s’agit bien de situations pédagogiques et didactiques.

Cornut (1983) nous explique en quoi consiste l’éducation de la voix chantée dans un chœur car. En effet, le travail n’est pas tout à fait le même lorsqu’on travaille avec un chanteur soliste ou avec des choristes (p.115). Il est donc important de s’y intéresser étant donné que l’école n’a pas pour but de former des chanteurs solistes, mais préfère plutôt des dispositifs chorals. Les élèves sont formés avant tout comme des choristes. En ce qui concerne l’amélioration des performances vocales dans une situation de chant choral, Cornut préconise un travail par petit groupe, permettant d’améliorer les performances individuelles. Il est important également de développer une culture vocale collective, mais également de faire prendre conscience aux élèves de l’attitude corporelle qu’il faut adopter lorsque l’on chante et plus particulièrement lorsque l’on chante dans un groupe. À partir de là, il est tout à fait possible d’effectuer des exercices respiratoires collectifs et de transmettre au groupe la notion de résonance. Enfin, il est primordial que le chef obtienne de chacun une détente corporelle globale.

Dans son mémoire, Wagner (1988) explique que dans une pratique chorale, « la matière enseignée porte à la fois sur un contenu, sur une forme et sur une technique » (p.37). Dans ce sens, le contenu est l’empreinte du compositeur, la partition, l’image de l’œuvre, les notes, le rythme, le texte, etc. La forme, quant à elle, désigne l’interprétation, la compréhension qu’un chef a d’une œuvre. Enfin, la technique englobe l’utilisation du corps, la respiration et la pose de voix. Dans ce cas, le travail à effectuer est à la fois individuel et collectif. Elle utilise le thème d’« intellectuel individuel » par rapport au travail effectué sur la connaissance du texte, c'est-à-dire la compréhension que chaque individu a de l’œuvre. Il y a aussi un travail vocal individuel qui nécessite la justesse d’exécution, la connaissance des notes et de la mélodie.

Une part du travail vocal collectif consiste à intégrer la capacité d’adapter l’émission de sa voix à celle de ses voisins (p.37-38).

Fournier (1990) nous explique qu’un chœur « s’éduque ». Il insiste bien sur le fait que le chef a une grande influence sur la production des choristes. De plus, il précise qu’« il est préférable que le chef de chœur d’un ensemble amateur sache chanter avec une bonne technique pour montrer l’exemple et pour savoir ce qu’il est en mesure d’exiger de ses choristes étant donné

leur niveau » (p.196). Ainsi, Wagner (1988) note que les pratiques chorales disposent de caractéristique didactiques particulières. Lorsqu’il va introduire une œuvre (ou un chant dans le cas d’une chorale d’école), « le chef se forge son projet d’interprétation, dès lors il cherche à obtenir des effets chorals ». La question est alors de se demander par quel moyen il peut y parvenir. Selon elle, « il n’est pas possible en musique, pas plus que dans une autre discipline, d’obtenir des performances égales de personnes dont les connaissances et les capacités n’on en commun que leur disparité ». En effet, dans une chorale, les niveaux des individus sont forcément hétérogènes. Le chef doit alors composer avec cette hétérogénéité car « le travail choral est basé non sur la recherche d’identité de performance mais sur la manière de neutraliser les différences interindividuelles : l’art de la compensation » (p.44). Voilà pourquoi l’intérêt du chef de chœur est avant tout de créer des liens musicaux entre choristes pour former un chœur. Selon elle, l’enseignant doit adopter un comportement visuel observable et un langage spécifique car c’est par cela que les élèves captent ce qu’il veut qu’ils fassent. Une grande partie de la compréhension passe par l’écoute et le mimétisme. Ses propos confirment donc la présence de l’écoute en tant que déclinaison du schéma de la didactique du chant.

Selon Wagner, une chorale poursuit donc plusieurs objectifs pédagogiques concernant l’individu ou le collectif. Au niveau individuel ce qui est attendu principalement selon elle est de parvenir à se faire entendre, avoir de l’assurance, d’entrer sans l’intervention du chef, produire notes et rythmes justes, savoir respirer stratégiquement et réussir à adapter sa voix en fonction de celle des voisins. Au niveau collectif, les objectifs visés en vue d’obtenir une création de groupe seraient de toujours regarder le chef, de connaître par cœur les chants, de parvenir à rendre les nuances attendues, d’écouter les autres voix (dans le cas d’un chant polyphonique) et enfin de prononcer les paroles de façon intelligible quelle que soit la langue (p. 42).