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2. CADRE THEORIQUE : PANORAMA DES APPROCHES DE LA RELATION

2.2. D ES APPROCHES INDIVIDUALISTES OU L ’ HUMAIN EN TANT QU ’ EVALUATEUR ET

2.2.4. La théorie des comportements interpersonnels

Une dernière théorie, fréquemment utilisée en matière d’étude d’acceptation individuelle des nouvelles technologies, est la théorie des comportements interpersonnels (Theory of Interpersonal Behavior ou TIB) de Triandis (1980). Plus complète que le TAM de Davis (1989) et la théorie de la diffusion de l’innovation de Rogers (1995), elle présente un plus grand raffinement des construits proposés. Elle a également l’avantage d’envisager le comportement humain comme n’étant pas entièrement sous la volonté de la personne qui le réalise, notamment parce que les habitudes sont perçues comme étant indépendantes de l’intention. Son autre point fort est de prendre en compte également certaines données contextuelles en plus des Introduction de

l’habitude, des affects et du contexte.

facteurs sociaux. Par ailleurs, elle tient compte des émotions qui jouent un rôle équivalent à la décision rationnelle dans la naissance de l’intention. Ainsi, cette théorie paraît plus réaliste bien qu’elle ne s’intéresse pas spécifiquement aux comportements liés aux nouvelles technologies, critique que nous avons déjà formulée précédemment en regard à certaines théories.

Globalement, le modèle de Triandis (Figure 8), définit le comportement comme directement dépendant de deux antécédents : l’habitude, c'est-à-dire les automatismes enregistrés, mais aussi de la motivation via l’intention. Ces deux antécédents sont pondérés par le contexte au travers des conditions externes facilitant ou empêchant l’adoption du comportement. Il peut s’agir par exemple des ressources disponibles dans l’environnement de l’organisation qui peuvent rendre l’adoption de la technologie plus ou moins facile à réaliser. Les deux facteurs influençant le comportement ont un rôle variable selon la nouveauté du comportement étudié ; l’intention est très influente lorsque le comportement visé est nouveau, alors que l’habitude prend tout son sens dans le cas d’un comportement répété voire automatisé. Ainsi, ce modèle permet de comprendre une certaine évolutivité dans les raisons qui motivent l’usage de la technologie, malgré son fonctionnement plutôt linéaire. Selon Triandis (1980), l’habitude est le fruit d’un apprentissage et elle influence non seulement le comportement, mais aussi les affects.

Figure 8. Théorie des comportements interpersonnels (d’après Triandis, 1980)

Croyance normative personnelle Affect Conséquences perçues Normes sociales perçues Identité personnelle Habitude Conditions facilitatrices Comportement Intention comportementale Croyance normative personnelle Affect Conséquences perçues Normes sociales perçues Identité personnelle Habitude Conditions facilitatrices Comportement Intention comportementale

L’intention, qui est finalement la motivation associée au comportement d’usage, repose quant à elle sur quatre facteurs : les conséquences perçues, les affects, l’identité personnelle et les facteurs normatifs (croyances personnelles et normes sociales perçues). Reprenons à présent ces différents éléments. Les conséquences perçues et l’affect sont deux versants différents de l’attitude. Dans le premier cas, on se place du côté cognitif, en référence à l’évaluation subjective des avantages et des inconvénients résultant de l’adoption d’un comportement donné. Dans le second cas, il s’agit de l’affectif, de la réponse émotionnelle qu’un individu associe à l’idée de réaliser un comportement donné. L’aspect normatif comprend également deux versants respectivement social et individuel : normes sociales et normes personnelles. Les normes sociales perçues comprennent les croyances normatives et les croyances de rôles (De Vries, Tiberghien & Petitot, 1995). Les croyances normatives renvoient à la perception qu’a un individu du degré d’approbation des personnes significatives pour lui quant à l’adoption d’un comportement donné. La croyance de rôle représente la comparaison faite par la personne entre le comportement à réaliser et ce que doit faire un individu occupant une position sociale similaire à la sienne. La croyance personnelle représente l’évaluation par la personne de la congruence du comportement à adopter à ses valeurs et principes moraux. Enfin, le concept d’identité personnelle fait référence au degré de congruence entre la perception que l’individu a de lui-même et les caractéristiques qu’il associe à la réalisation du comportement.

Finalement, cette théorie est très proche des modèles originaux du TAM, le modèle de la TAR et de la TCP et il parait en être une bonne évolution. La théorie du comportement interpersonnel de Triandis dépasse de nombreuses critiques formulées aux théories basées sur la rationalité de l’action. Malheureusement, un nombre beaucoup plus faible de recherches ont utilisé les travaux de Triandis comparativement à ceux d’Ajzen et Fishbein. Aussi, il est assez difficile de conclure de manière formelle sur la pertinence de l’application de ce modèle à l’adoption des technologies. Cependant, lorsqu’il a été utilisé, il semble avoir une plus grande valeur explicative que le modèle d’Ajzen et Fishbein, en particulier, parce qu’il inclut les croyances et habitudes.

La théorie initiale a été utilisée dans différents contextes. Par exemple, Thompson, Higgins et Howell (1991) l’ont appliquée à l’introduction de l’ordinateur personnel dans une entreprise. Ils constatent une explicativité qui se limite à 24 % en raison de la non-prise en compte de l’ensemble des facteurs initialement présents dans la théorie. En ce qui concerne l’intention, seuls les facteurs sociaux et les conséquences perçues ont une influence sur le comportement d’usage. Le même résultat a été obtenu par Limayen, Bergeron et Richard (1997). Les premiers auteurs ont réitéré l’expérience peu de temps après (Thomson, Higgins & Howell, 1994) en y ajoutant l’habitude. Il semble que ce paramètre ait une influence considérable puisque l’explicativité atteint alors 40 %. L’habitude a à la fois une influence directe sur le comportement et indirecte au travers des deux paramètres précédents.

Contrairement aux auteurs précédents, Bergeron, Raymond, Rivard & Gara (1995) accréditent le modèle dans son ensemble. Une étude nous semble assez intéressante pour que l’on s’y arrête quelques instants. A partir de la théorie des comportements

interpersonnels, Paré et Elam (1995) ont étudié l’acceptation du PC. Ils ont conclus en affirmant que l’usage de celui-ci est influencé uniquement par des facteurs individuels. En effet, il s’agit d’un usage plutôt personnel et volontaire. Leur postulat est le suivant : en cas d’usage volontaire, les facteurs sociaux (facteurs sociaux et conditions facilitatrices) sont inefficaces, seuls les facteurs individuels sont à considérer.