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La rythmique Jaques-Dalcroze devient une discipline scolaire

Première étape : vers la rythmique proposée dans les écoles hors des horaires scolaires

Suite à la conférence de Soleure, Emile Jaques-Dalcroze partit pour plusieurs années de lutte afin de faire accepter la rythmique. En 1914, le Conseiller d’Etat M. Rosier (chargé du Département de l’Instruction publique), reçoit ainsi une lettre, rédigée par Marcelle Chéridjian-Charrey (professeur au Conservatoire de Genève) et signée par deux-cent six personnes. Cette lettre demande l’essai pendant un an, à titre gracieux et en dehors des heures de classe, de la rythmique dans une seule école primaire de Genève. (Annexe 4A) :

Il est indéniable que la Gymnastique Rythmique exerce une action pédagogique d’une portée générale : elle n’est pas seulement un exercice d’attention et de coordination des mouvements, pas seulement un entraînement admirable au sens de la mesure et du rythme, mais elle développe le goût naturel du beau

33 Paul Boepple (1867-1918) avait désigné Jaques-Dalcroze comme « le Pestalozzi de la musique » (Mayor, 1996 : 95) et l’accompagnait au début de l’expérience d’Hellerau. Il a fondé Le Rythme en 1909. Son fils, aussi prénommé Paul (1896-1970) était professeur à l’Institut Jaques-Dalcroze de 1919-1926. Chef d’orchestre bâlois, il a dirigé des chœurs romands, y compris pour la création du Roi David d’Arthur Honegger en 1921. En 1926 Paul fils a émigré aux Etats-Unis où il enseignait à l’Institut Jaques-Dalcroze de New York, au Collège de musique à Chicago, à l’école chorale de Westminster à Princeton et au Collège de Bennington dans le Vermont (http ://www.notrehistoire.ch/photo/view/779/ ; http://www.bach-cantatas.com/Bio/Boepple-Paul.htm).

par les moyens les plus simples qui sont le geste et l’action. Du reste, la plupart d’entre les signataires ne fondent pas leur conviction seulement sur les magnifiques résultats du Festival34, où l’enthousiasme de l’heure aurait pu influencer leur jugement, ils la fondent aussi sur leurs observations personnelles, sur les expériences faites dans leur entourage et sur les faits acquis à l’étranger et en Suisse (Archives de l’Etat, 1985 va 5.3.92).

Selon cette lettre, la rythmique serait déjà enseignée dans des écoles primaires en Allemagne, en France, en Russie, en Angleterre et ailleurs en Europe, mais pas encore à Genève. C’est un argument que les auteurs de cette lettre ont sans doute pensé être efficace, dans une Suisse qui connaissait alors de nombreuses innovations philosophiques, pédagogiques et artistiques, pour en appeler à la fierté des responsables des normes d’éducation à Genève. Cependant, la réponse ne fut pas encourageante :

L’expérience que vous proposez de faire serait mieux à sa place, semble-t-il, au Conservatoire que dans une école primaire. Les leçons de chant qui sont données dans ces dernières, ont en effet comme but principal de fournir aux élèves la possibilité d’exécuter des chœurs, des chants populaires et patriotiques, mais non pas de leur inculquer une connaissance complète de la musique et il serait actuellement impossible, en raison des nombreuses branches qui figurent déjà au programme, d’introduire un nouvel enseignement (1985 va 5. 3. 92).

La lettre propose toutefois un compromis, à savoir la mise à disposition de trois écoles pour les cours de gymnastique rythmique (payants ou gratuits) (Annexe 4B).

En novembre 1914, l’autorisation est accordée dans ces termes :

Le Département vous autorise à utiliser, durant l’année scolaire courante, les locaux suivants, pour des cours de gymnastique rythmique que vous comptez organiser :

a) Ecole secondaire de la rue d’Italie (salle de gymnastique) mardi et vendredi de 4 à 5 heures.

mercredi de 5 à 6 h.

samedi de 2 à 3 h.

b) Salle de gymnastique du Collège

mardi et vendredi de 5 à 6 h.

b) Salle de gymnastique de l’Ecole primaire des Casemates,

Mardi et vendredi de 11h à midi » (Archives de l’Etat, 1985 va 5.3.92).

Ceci est la première mention des cours de gymnastique rythmique dans les locaux des écoles genevoises. L’année scolaire est celle de 1914-1915. Les cours sont organisés en dehors des horaires scolaires.

Malgré ce premier accueil dans les écoles, la rythmique est loin d’être acceptée à Genève. Elle continue à faire face à des critiques, désormais dans le contexte scolaire, dont nous citons une, assez virulente mais anonyme, datant de 1916 :

Monsieur,

Malgré la presse il est à espérer que le Département de l’Instruction Publique n’admettra jamais dans l’instruction de nos enfants la rythmique Jaques-Dalcroze qui est une école de dévergondage scandaleux et de pur cabotinage et qui au point de vue rythme dans l’art musical, est absolument faux.

Des pères de famille (Archives de l’Etat, 1985 va 5.3.92).

On ne sait pas à qui cette lettre était adressée, mais nous suggérons que c’était probablement soit au Conseil de l’Etat, soit au DIP, ou bien aux deux.

34 Elle parle de la Fête de juin, 1914, dont la composition avait été confiée à Jaques-Dalcroze par le Conseil d’Etat genevois en 1912, pendant qu’il était encore à Hellerau.

A de nombreuses occasions Jaques-Dalcroze est appelé à fournir des attestations au Conseil de l’Etat de personnalités reconnues (médecins, psychologues, enseignants) pour défendre la rythmique. Les médecins attestent qu’elle n’a pas d’effet négatif sur le corps ; les psychologues, qu’elle est un bon agent de développement de l’enfant et les enseignants soulignent les heureux effets de la rythmique sur le comportement des élèves. Voici une de ces attestations (Annexe 4C), datée de 1917 (Archives de l’Etat, 1985 va 5.3.92) :

Monsieur le Conseiller d’Etat,

Afin de vous renseigner sur la valeur hygiénique de la méthode, nous nous permettons de vous envoyer une attestation de 13 médecins de notre ville choisis parmi ceux auxquels la méthode est familière et nous vous serions reconnaissants de bien vouloir en prendre note afin de pouvoir juger la question en toute connaissance de cause.

Veuillez agréer, très honoré Monsieur, l’expression de nos sentiments les plus distinguées.

INSTITUT de RYTHMIQUE JAQUES-DALCROZE Attestions

Grâce à ses nombreux exercices d’innervation et de désinnervation musculaire, de respiration, d’harmonisation des forces synergiques et antagonistes et d’alternance d’automatisation et de volonté spontanée, - la méthode de M. Jaques-Dalcroze est bonne éducatrice du système nerveux. Bien enseignée selon les principes de son auteur, elle ne peut avoir qu’une bonne influence sur la santé d’enfants ou d’adultes normaux.

Dr. De Senarclens, Dr. Alec Cramer, Dr. Pallard, Dr. Ed. Kummer, Dr. Papadaki, Dr. H. Mallet, Dr. Z.

Chéridjian, Dr. Ed. Claparède, Dr. Roethlisberger, Dr. Besse, Dr. G. Müller, Dr. Marg. Champendal, Dr.

L. Grounauer.

Quelques-uns de messieurs les médecins sus signés pratiquent ou ont pratiqué eux-mêmes la Rythmique ; d’autres enfin ont leurs enfants inscrits aux cours de l’Institut.

Les signatures originales se trouvent au Secrétariat de l’Institut.

Cette attestation a été demandée en 1917, mais dix ans après, au seuil de son introduction officielle dans les écoles primaires, la méthode est toujours remise en question – souvent par des gens qui ne la connaissent pas. Ainsi, en 1927, l’Institut Jaques-Dalcroze est appelé à répondre au Conseiller d’Etat Rochaix, chef du Département de l’intérieur et de l’agriculture :

A la suite des observations que vous avez faites au sujet de la rythmique, je vous communique, ci-jointe, une brochure publiée par l’Institut Jaques-Dalcroze.

Je pense que cela vous intéressera de prendre connaissance des attestations médicales ou pédagogiques qui figurent aux pages 82-88 de cette brochure35 (Archives de l’Etat, 1985 va 5.3.196).

Deuxième étape : vers la rythmique dans les écoles de manière facultative mais pendant les horaires scolaires

Les premières tentatives

Au début de l’année 1917, on assiste à des tentatives importantes pour introduire la rythmique dans les écoles primaires (et aussi dans l’Ecole secondaire et supérieure des jeunes filles, rue Voltaire) pendant les horaires scolaires. Le nouvel Institut Jaques-Dalcroze (qui a ouvert ses portes en 1915) écrit une lettre au DIP à cet effet :

Le Président de l’Institut Jaques-Dalcroze et ses collègues Messieurs Guillermin et Jacques Chenevière ont eu le grand plaisir de se rencontrer le 13 oct. à votre Département avec MM. Malsch, Pesson et Mercier pour un entretien officieux relatif à un essai d’enseignement musical et rythmique de la méthode Dalcroze dans les écoles primaires de l’Etat. […], nous avons noté de prier Monsieur Jaques-Dalcroze d’établir un programme de cet enseignement tel qu’il se proposerait de le donner dans les classes qui lui seraient confiées (Archives de l’Etat, 1985 va 5.3.92).

35 La brochure en question est disparue des Archives de l’Etat.

Cette lettre est suivie d’une autre, signée Albert Malche36 et adressée à M. Rosier, président du DIP (Annexe 4D). En sa personne, Jaques-Dalcroze avait la chance de bénéficier du soutien de quelqu’un dont la position était idéale pour influencer à la fois le Département de l’Instruction publique et le Conseil d’Etat.

M. Jaques-Dalcroze, comme vous savez, convaincu que, par sa méthode, on peut améliorer l’enseignement du chant dans les écoles publiques, développer le sens musical et concourir par là à la formation générale des élèves, désire faire un essai afin de prouver par l’expérience ce qu’il affirme. Cet essai se ferait aux heures où le chant est donné dans nos écoles primaires et sans nuire à l’exécution du programme.

Dans ces conditions, considérant qu’il est de notre devoir de rechercher sans cesse les moyens d’améliorer nos méthodes, considérant en outre que la méthode Dalcroze est issue de Genève et mérite qu’on s’y intéresse à Genève surtout, constatant enfin qu’il ne résultera de l’expérience aucun trouble pour l’enseignement, nous préavisons en faveur d’un essai d’une année.

A partir de la rentrée d’automne, nous autoriserions M. Jaques-Dalcroze à faire donner, par deux de ses élèves que le Département agréerait, les leçons de chant dans six classes (années inférieures, garçons et filles), soit 12 leçons par semaine.

Il ajoute néanmoins une réserve, qu’on pourrait qualifier de ‘réserve politique’ : « Bien entendu, un essai de ce genre ne saurait constituer en aucune manière un engagement pour l’avenir » (Archives de l’Etat, 1985 va 5.3.57).

Malche réitère son appui dans une lettre à Rosier en mars 1917, sur l’enseignement du chant par la méthode rythmique dans les écoles primaires :

L’essai aura lieu en première année, dans trois classes de garçons et trois classes de filles à l’Ecole des Cropettes, à celle de Malagnou et à celle des Eaux-Vives, où les salles de gymnastique se prêtent mieux à ces exercices et où on pourra mettre un piano. Nous ne savons à qui incomberont les frais de location de ce piano. L’enseignement débutera en septembre avec l’année scolaire et aura lieu à raison d’une heure prise sur le chant et d’une heure prise sur la gymnastique.

Les personnes chargées de cet enseignement seront proposées par la Direction de l’Institut Jaques-Dalcroze et désignées par le Département de l’Instruction publique.

Le programme officiel de chant de chaque classe devra être exécuté dans l’année…A la fin de la première année, un rapport d’inspection sera adressé au Département sur les résultats de cet essai aussi bien au point de vue de l’éducation générale que des aptitudes et des connaissances acquises par les élèves en matière de rythme, d’intonation, de solfège, etc. (Archives de l’Etat, 1985 va 5.3.81).

Cette lettre révèle en quelque sorte le fait que, depuis le début, la rythmique dans les écoles primaires a été comprise par les Autorités comme une discipline qui touche à la fois au domaine de l’éducation musicale et à celui de l’éducation physique (la gymnastique). En même temps, le DIP semble comprendre que la rythmique pourrait avoir une influence sur

« l’éducation générale », sans préciser les moyens à utiliser pour rendre compte de cette influence.

En mai de cette même année, l’Institut Jaques-Dalcroze écrit au Chef du Département de l’Instruction publique pour demander que la rythmique soit enseignée dans un nombre suffisant de classes afin de pouvoir être en mesure de rendre un avis sur les résultats de cet enseignement. L’Institut fait alors la proposition suivante (Annexe 4E) :

36 Albert Malche (1876-1956) (parfois autographié Malsch dans les Archives) devient le secrétaire général au DIP en 1909, ayant déjà obtenu une licence en lettres. En 1912, il est nommé directeur de l’enseignement primaire et professeur ordinaire de pédagogie dans la Faculté des Lettres. En 1927, il est chargé du DIP et élu au Conseil d’Etat de Genève. En 1930 il initie des Etudes pédagogiques de l’enseignement primaire, et reconduit la collaboration avec l’Institut Jean-Jacques Rousseau, devenu Institut des sciences de l’éducation. En 1914, il collabore avec Daniel Baud-Bovy pour l’écriture du livret pour la Fête de juin, dont Emile-Jaques-Dalcroze compose la musique (http// : unige.ch/fapse/centenaire/personnes.html).

Nous référant à notre lettre du 16 février, nous venons vous confirmer aujourd’hui que Monsieur Jaques-Dalcroze est prêt à organiser l’enseignement de sa méthode (Rythmique et Solfège) dans 6 classes d’école primaire conformément au préavis de Messieurs les inspecteurs scolaires avec lesquels nous avons eu l’honneur de discuter cette affaire. Nous sommes prêts également, si vous le désirez, à faire porter cet enseignement par exemple sur 4 classes primaires et deux secondaires, dans le cas où votre désir serait que nous procédions ainsi.

Monsieur Jaques-Dalcroze a remis à Monsieur le Directeur de l’Instruction primaire le programme de cet enseignement et nous sommes à votre disposition pour l’examiner en détail avec vous et à l’adapter au besoin à 2 classes de l’école secondaire.

Il est en tous cas important pour que le Département puisse se rendre compte de la valeur de la méthode, que l’essai porte sur un nombre suffisant de classes primaires.

Il propose un programme qui s’étale sur six ans (Annexe 4E), mais la correspondance entre l’Institut et le DIP ne détaille que la 1ère et la 6ème année :

1ère année : enfants de 7 à 8 ans Intonation :

Etude de la gamme de do, par degrés conjoints et degrés disjoints, - et des gammes de fa et de sol par degrés conjoints. Reconnaissance des notes de ces 3 gammes, et étude de leurs rapports et de leurs intervalles.

Mesure :

Mesures à 2, 3, 4, 5 et 6 temps. Les rondes, les blanches, les noires et les croches. Les triolets. Les silences.

Dictée :

Notation de thèmes rythmiques et de notes circonscrites entre ut 3 et mi 4.

Solfège :

Lecture de petits airs, canons, chants à une voix.

6ème année : enfants de 12 à 13 ans Intonation :

Toutes les gammes majeures et leurs intervalles. Modulations. Vocalisation. Mémorisation.

Improvisation.

Mesure :

Toutes les mesures simples et composées. Les syncopes. Les doubles vitesses et lenteurs du système.

Dictée :

Intonation et mesure.

Chant :

Etude de chants à 2 et 3 voix (Archives de l’Etat, 1985 va 5.3.81).

Ce document est intéressant pour plusieurs raisons : premièrement, il concerne exclusivement l’étude du solfège qu’évidemment Jaques-Dalcroze aurait prévu d’enseigner par la rythmique.

Le lecteur est tenté de supposer que le vocabulaire ‘solfégique’ utilisé l’est délibérément, pour que le Conseil d’Etat soit disposé à prendre au sérieux la proposition. Est-ce que Jaques-Dalcroze a repris son programme de l’Institut ?

Depuis le début, la rythmique est conçue par Jaques-Dalcroze comme moyen d’éducation musicale, et non pas comme but pédagogique, quel qu’il soit. Ici, il ne parle que du contenu du cours, et il ne mentionne pas la rythmique en tant que moyen. Il est possible aussi qu’il se soit contenté de formuler sa proposition dans les termes déjà bien connus du DIP pour ne pas défavoriser sa demande, tout en sachant qu’il allait enseigner ces notions autrement.

En outre, la correspondance entre l’Institut Jaques-Dalcroze, le DIP et le Conseil d’Etat fait état de « l’enseignement du chant par la méthode rythmique » : ici, Jaques-Dalcroze propose un programme dont le chant n’occupe qu’une partie discrète. Il est assez curieux que ni le DIP ni le Conseil d’ Etat n’ont réalisé que, tout à coup, Jaques-Dalcroze avait changé l’orientation de l’éducation musicale. Le chant serait probablement présent dans tous les domaines, mais

peut-être pas selon les paramètres habituels. De manière intéressante, la proposition de Jaques-Dalcroze ne présente pas le chant, mais l’acquisition des notions de solfège comme but de l’éducation musicale, en quoi il reprend les rubriques en usage dans les plans d’études de 1902, 1905 et 1912.

Mais revenons à l’histoire : une lettre de Malche au Conseiller d’Etat chargé de l’instruction publique en juin 1917 officialise l’essai de la rythmique pour un an, et rappelle les termes, agréés lors de la conférence des Inspecteurs suite à la réception de la proposition de Jaques-Dalcroze en mai :

La Conférence maintient son préavis pour l’essai dans 4 classes de 1ère année (2 de filles, 2 de garçons).

L’an prochain, l’essai sera poursuivi avec les mêmes élèves en 2ème année, et ainsi de suite jusqu’en 4ème année. Toutefois, le Département consentira à mettre 6 classes de 1ère année à la disposition de l’Institut (Archives de l’Etat 1985 va. 5.3.81).

Cette organisation n’a été confirmée qu’en novembre 1917 (les cours de rythmique avaient déjà commencé) par une lettre du Conseiller d’Etat chargé de l’instruction publique :

Monsieur,

Nous avons l’honneur de vous confirmer que, conformément au préavis favorable de la Conférence des Inspecteurs, le Département de l’Instruction publique se déclare d’accord pour que l’enseignement de la rythmique soit introduit à titre d’essai, pendant l’année scolaire 1917-1918, dans 6 classes de l’école primaire, et qu’il soit confié durant l’année scolaire courante à Mme Porta, Mlles Kummer et Naef.

Elles recevront pour ces leçons un traitement calculé à raison de 3 francs par heure.

Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de notre considération distinguée (Archives de l’Etat 1985 va 5.3.92).

Malgré la limite d’une année imposée, il semble que la conférence des inspecteurs a quand-même prévu un essai d’au moins 4 ans, afin de suivre le progrès des premiers élèves de la 1ère à la 4ème année primaire. Pour cette première tentative, les écoliers reçoivent deux cours (deux heures) de rythmique par semaine pendant quatre ans. En outre, la rythmique est enseignée à l’école secondaire, rue de l’Italie, et à l’école secondaire et supérieure des jeunes filles, car

« le Département est d’accord pour prendre à sa charge les deux cours » (1985 va 5.3.92). La rythmique n’entre pas alors que dans les écoles primaires mais aussi dans au moins deux écoles secondaires.

La rythmique se heurte à sa transposition dans les écoles – les premières années : 1917-1927 Comment cet essai de la rythmique - matière enseignée pour la première fois pendant l’horaire scolaire - évolue-t-il ? Un rapport, écrit de la main de F. Mathil (qui deviendra inspecteur de chant), daté du 17 juin 1918, fournit ces premières informations, après une année d’essai :

Je tiens d’emblée à vous déclarer que pour moi j’ai foi en l’excellence de cette discipline, dont les heureux effets me paraissent devoir dépasser largement les limites de l’enseignement musical.

Ceci dit, je me sens plus à l’aise pour poser cette question sans oser la résoudre ! L’introduction de la rythmique est-elle opportune ?

Quant aux expériences faites cette année, il me semble qu’on est mal parti. La méthode Jaques-Dalcroze est trop différente de celle que nous utilisons dans nos classes pour qu’on puisse suivre avec l’une et avec l’autre le même programme annuel. On aurait dû, à mon avis, convenir d’un certain point à atteindre au bout des 4 ans d’expérience et laisser à Monsieur Jaques le soin d’établir le programme de chaque année (Archives de l’Etat, 1985 va 5.3.115).

Après trois ans de rythmique pendant les horaires scolaires, l’Inspecteur du chant M. Pesson donne son avis quant à sa perception de l’effet de l’enseignement de la rythmique sur l’apprentissage du solfège :

D’une façon générale, on peut dire que l’enseignement de la rythmique proprement dite a donné partout de bons résultats – très bons même dans les deux classes de filles dirigées par Mlle Naef. Celle-ci est une ancienne élève de nos écoles primaires ; elle était donc mieux placée que ses collègues pour savoir ce qui convient à nos classes.

Malheureusement je ne puis répéter de l’enseignement du solfège ce que j’ai dit de celui de la rythmique.

[…] Les résultats sont inférieurs à ceux qu’on obtient généralement dans nos classes ordinaires. J’ai

[…] Les résultats sont inférieurs à ceux qu’on obtient généralement dans nos classes ordinaires. J’ai