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La mutation structurelle des flux d’investissements

2.3 Les revenus

B. L’évolution mondiale des flux d’investissement direct à l’étranger

4. La mutation structurelle des flux d’investissements

Il a été constaté ces dernières années un changement très important dans la structure des courants d’investissements. Il s’agit de la forte hausse des investissements dans le secteur des services. Selon l’OCDE, la part de ce secteur a continué d’augmenter et cette nouvelle situation pourrait signifier « un basculement se soldant par une

domination durable des services198 », dans les activités de

l’investissement direct étranger.

Toutefois, les activités de services évoluent en même temps que la nature d’investissements directs étrangers. Dans de nombreux pays, les privatisations ont transformé des activités auparavant assurées par le secteur public en services commerciaux, et un nombre croissant d’entreprises industrielles cessent d’assurer des services en interne pour les confier à de prestataires extérieurs199. Cette évolution a été

favorisée par l’avènement des technologies multimédia, qui ont permis à de très nombreuses entreprises de sous-traiter à des prestataires lointains leurs centres d’appels, leurs développements logistiques ou leurs services financiers.

La mutation ainsi constatée vers le secteur des services, correspond aux changements des motivations et des stratégies des entreprises, qui ciblent des nouveaux marchés afin de s’y installer et de produire localement. Bien que dans le passé l’investissement direct visait le commerce et l’intermédiation financière, depuis quelques années, notamment depuis 2003, la destination privilégiée pour les

198 OCDE – op.cit.p.10

investissements directs étrangers était devenue le secteur des services aux entreprises, avec une hausse des secteurs des transports et des communications, stimulée par les privatisations, la téléphonie mobile et l’avènement des technologies multimédia200.

Un autre changement dans la structure des flux d’investissements a été constaté en 2006, avec une baisse accentuée de la part du secteur manufacturier, compensée par l’accroissement des investissements dans le secteur primaire, notamment dans les ressources naturelles et l’industrie pétrolière.

Dans ce contexte de changement structurel des flux d’investissements directs, il ne faut pas perdre de vue que le profil des investisseurs change aussi. De plus en plus, parmi les entreprises multinationales on retrouve des entreprises de pays en développement. Selon la CNUCED, en 2005, sur les 100 premières sociétés transnationales au monde, 5 étaient originaires d’Asie, dont trois d’entre elles étaient des entreprises publiques. En outre, sur les 100 premières sociétés transnationales de pays en développement, 77 avaient leur siège en Asie, les autres se répartissant entre l’Afrique et l’Amérique latine201.

L’expansion à l’étranger des entreprises de pays en développement a été favorisée par les politiques de libéralisation d’investissements et, surtout par l’ouverture de ces pays à la concurrence internationale. En même temps, l’ampleur des investissements à l’étranger renforce les effets bénéfiques sur leurs économies nationales, par un effet d’entraînement important pour les secteurs nationaux.

Dans la plupart des cas les multinationales des pays en développement disposent des capitaux publics et investissent dans

200 OCDE – op.cit.p.13

d’autres pays moins avancés, en transition ou en développement. Ces investissements, essentiellement au niveau régional, ont stimulé les flux Sud-Sud, qui sont passés de 2 milliards $ en 1985 à 60 milliards en 2005, selon les estimations de la CNUCED202.

Les dimensions de ces entreprises étant relativement modestes, un nombre croisant des entreprises régionales nouvelles, et relativement petites, est maintenant en concurrence avec des multinationales de grandes tailles. Toutefois, les motivations et les avantages recherchés par les nouvelles multinationales des pays en développement diffèrent de ceux des pays développés. En outre, les similarités et la connaissance des pays voisins, facilitent les investissements entre les pays en développement.

Les investissements directs à l’étranger des pays en développement offrent des perspectives bénéfiques de coopération

économique entre pays en développement, et de ce fait « les

multinationales des pays en développement et des pays en transition

sont une réalité appelée à durer 203 ». Dans ce contexte, les

gouvernements ont intensifié leurs initiatives politiques en matière d’investissements, tant dans les pays d’origine que dans les pays d’accueil d’investissements étrangers. En reconnaissant les retombées des investissements sur l’économie nationale, les pays d’origine sont de plus en plus nombreux à démanteler les obstacles à la sortie d’IDE et à encourager leurs entreprises à investir à l’étranger, par le biais des mesures incitatives financières ou fiscales. Dans les pays d’accueil, puisque la compétition pour attirer les investissements étrangers est devenue plus intense, les pouvoirs publics utilisent, dans un contexte de libéralisation accentuée, des instruments d’attraction et de promotion des investissements, en facilitant « la création de liens entre les filiales étrangères et les entreprises locales204 ».

202 CNUCED(2006) – op.cit.p.25 203 CNUCED(2006) – op.cit.p.33 204 CNUCED(2006) – op.cit.p.42

Avec l’extension à l’étranger des activités des multinationales des pays en développement la question de la responsabilité sociale du secteur privé est devenue plus importante. Cependant, plusieurs pays en développement ont intégré déjà dans leurs stratégies opérationnelles des politiques appropriées en matière de responsabilité sociale.

Bien que la tendance générale observée ces dernières années se poursuive vers l’ouverture des marchés aux investisseurs étrangers, il faut mentionner l’apparition, en 2006, sur le plan réglementaire, des tendances protectionnistes dans certains secteurs d’activité. Il s’agit des changements de réglementation, en vue de protéger l’économie nationale contre la concurrence étrangère ou d’accroître l’influence de l’Etat dans certains secteurs économiques d’importance stratégique, tels que l’infrastructure et l’industrie du pétrole et du gaz naturel.

Ces approches nouvelles en matière d’investissements étrangers vont modifier le contenu des futurs accords et vont contribuer ainsi à créer un cadre international plus propice aux investissements étrangers.

SECTION II-

Les protagonistes du processus d’investissement: