• Aucun résultat trouvé

La formation des représentations d’un apprenant de langue

LES APPRENANTS

2.2 LES REPRESENTATIONS ET ATTITUDES DES APPRENANTS

2.2.2 La formation des représentations d’un apprenant de langue

Intéressons-nous à présent plus particulièrement aux représentations des apprenants de langue.

Les premières recherches sur les représentations et les attitudes des apprenants ont eu lieu dans les années 1970 avec les études sur la motivation de Gardner (1972). En effet, Gardner affirmait que les représentations que les apprenants ont sur une langue et sa culture affectent leur attitude envers cette langue, et leur motivation à apprendre cette langue.

Horwitz (1987) s’est penché sur la question et a essayé de normaliser les recherches en élaborant un inventaire des représentations sur l’apprentissage des

langues (BALLI : Beliefs About Language Learning Inventory). Il s’agit d’un

questionnaire de 34 items permettant d’explorer les représentations des apprenants.

Ci-dessous se trouve une sélection de représentations d’un apprenant de langue (Riley, 1989 : 69-70). Il s’agit de croyances que les élèves ont sur eux-mêmes, mais aussi sur les tâches et sur le contexte d’apprentissage :

- Pour apprendre une langue, il faut un enseignant. - Il faut suivre un cours dans une classe avec un manuel. - Plus on est jeune, plus il est facile d’apprendre une langue.

- La seule manière d’apprendre une langue est de partir longtemps à l’étranger. - La langue est difficile, surtout la prononciation.

- Je ne suis pas doué en langue.

- J’ai l’air stupide quand je parle dans une langue étrangère. - Il faut que je sois capable de parler comme un natif.

Page | 102 Ces représentations reflètent la propre vérité des apprenants. Ce sont des

« mythes personnels52 » sur l’apprentissage (Bernat & Gvozdenko, 2005 : 1) : « they

act as very strong filters of reality » (Arnold, 1999: 256). Or, ces croyances vont déterminer, soit positivement soit négativement, l’attitude des apprenants, et par la suite, leurs performances, en pré-conditionnant leur succès ou leur échec. Dans le cas où l’impact est positif, les représentations sont qualifiées de « fonctionnelles » ; lorsque l’impact est négatif, elles sont considérées comme « dysfonctionnelles » (Gabillon, 2005 : 249). Un cercle vertueux ou vicieux peut alors se mettre en place. En effet, une représentation positive permettra à l’apprenant de surmonter ses problèmes et soutiendra sa motivation, tandis qu’une représentation négative mènera à une baisse de la motivation, à de la frustration et à un sentiment d’angoisse (Bernat & Gvozdenko, 2005).

Pour Gabillon (2005), il existe trois phases dans la formation des représentations des apprenants de langue :

Figure 20 – Les 3 phases dans la formation des représentations de l’apprenant de langue (d’après Gabillon, 2005)

52 En anglais dans le texte d’origine : « personal myths ».

Le contexte d'apprenÄssage de la

langue étrangère Le contexte général

d'éducaÄon

Les représentaÄons socio-culturelles

Page | 103

- les représentations socio-culturelles : ce sont les valeurs, les stéréotypes, les

préjugés… ; ils préexistent à l’apprentissage et représentent la sous-structure de la hiérarchie des représentations :

Before starting learning a L2, s/he already possesses some of these (culturally / socially constructed or collectively created) ready-made beliefs about foreign languages and beliefs about how foreign languages should be learnt. (Gabillon, 2005 : 249)

- le contexte général d’éducation : il s’agit des représentations sur

l’apprentissage, des conceptions que les apprenants ont sur les rôles des apprenants / des enseignants.

- le contexte d’apprentissage de la langue étrangère, à savoir leur croyance

sur la manière d’apprendre et d’enseigner une langue étrangère. Celle-ci émane de leurs expériences passées et présentes dans l’apprentissage d’une langue étrangère.

Par conséquent, les représentations des apprenants de langue ne sont pas fixes et varient d’un apprenant à un autre. Elles sont réinterprétées au fur et à mesure des expériences vécues. Les attitudes des apprenants étant intrinsèquement liées à leurs représentations, elles peuvent donc évoluer elles-aussi.

S’intéresser aux représentations des apprenants est important car les idées qu’ils se forgent sur la langue étudiée et sa culture, sur la situation d’apprentissage, sur l’apprentissage d’une langue, sur leurs compétences en langue ont un impact immédiat sur leur dynamique attitudinale d’apprentissage. Ainsi, notre enquête ne se penchera pas seulement sur les représentations liées à l’introduction du baladeur MP3 en classe, mais sur d’autres représentations relatives tant au macro-contexte qu’au micro-contexte.

Le cadre théorique que nous avons fixé pour cette recherche (théories constructivistes ; modélisation dynamique) est en accord avec la malléabilité, l’interactivité et l’internalisation des représentations.

Page | 104

2.3 LA NATURE DES « APPRENANTS D’AUJOURD’HUI »

53

2.3.1 La génération Y

Les « apprenants d’aujourd’hui » appartiennent à la génération Y. Cette cohorte démographique succède à la génération X. Il s’agit d’enfants nés après 1982 et qui, selon Oblinger (2003 : 40), ont sept traits communs :

- ils apprécient les activités de groupe ;

- ils se sentent proches de leurs parents ainsi que de leurs valeurs ;

- ils passent plus de temps à faire le travail et le ménage qu’à regarder la

télévision ;

- ils considèrent qu’ « il est cool d’être intelligent » (en anglais dans le texte,

« it’s cool to be smart ») ;

- ils sont fascinés par les nouvelles technologies ;

- leurs origines, raciales et sociales, sont diverses ;

- ils ont souvent au moins un parent immigrant.

Quatre adjectifs les qualifient : interconnectés, inventifs, individualistes et impatients (Rollot, 2012).

L’origine de ce nom a plusieurs explications : le Y viendrait à la suite de la

génération précédente (la génération X) ; il représenterait le fil des écouteurs de leur baladeur (cela met en avant l’utilisation des technologies nomades) ; il serait

compris d’un point de vue phonétique en anglais, Y étant prononcé why et signifiant

pourquoi (Rollot, 2012).

Cette catégorie d’individus est également appelée les enfants du millénaire

(the millenials), GenY, Net Generation, Génération Google, Génération Mobile,

Génération couper/coller, Homo-zappiens… : « les vocables ne manquent pas pour désigner, séparer, opposer et segmenter les générations » (Wilkin, 2012).

Page | 105