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Chapitre 5 : entre représentations communes et divergentes du quartier chinois de

5.7 Les fonctions du quartier 129

5.7.1. La fonction résidentielle du quartier 129

les logements y étaient abordables, en bon état et à proximité du centre-ville. Une jeune avocate membre de YCPA va jusqu’à se demander si le zonage permet aux gens d’y habiter.

Mais je ne sais pas c'est quoi le zonage là-dedans, est-ce que les gens peuvent y habiter? Je sais qu'il y a des vieux édifices centenaires, ou il y a eu des maisons de chambre, puis je ne sais pas à quel point les gens habitent encore dans le quartier chinois. (Entrevue #8)

Si aucun étudiant ou jeune professionnel n’envisage habiter le quartier, il en va autrement pour deux répondants qui se sont intéressés à l’accessibilité au logement par le passé. L’un d’entre eux habite le Complexe Guy-Favreau et insiste sur la qualité de vie que l’on retrouve dans le quartier. Une femme nous dit également qu’il est encore abordable de vivre dans le quartier, en raison du parc de logement social qui s’y trouve. Cependant, l’accès au parc de logements sociaux nécessite l’inscription sur une liste d’attente qui peut s’étaler sur plusieurs années. Attiré par le faible coût du loyer, l’un des étudiants indique s’être informé au sujet des procédures pour y louer un logement. Or, le temps d’attente requis et l’incertitude quant à ses projets d’avenir font en sorte qu’il s’est rapidement tourné vers un autre logement au centre-ville. Notons aussi que ce qui l’avait d’abord attiré était surtout sa localisation au centre-ville, et non pas au quartier chinois, ainsi que la construction du bâtiment qu’il considère comme récente.

Le quartier ne compte cependant pas que des logements locatifs privés ou des logements sociaux. Les condominiums qui ont été construits récemment autour du quartier chinois pourraient attirer les jeunes travailleurs selon le participant qui habite le Complexe Guy-Favreau (Entrevue #10). On compte dans le secteur limité par les rues Viger, Bleury et les boulevards Saint-Laurent et René-Lévesque, 305 logements qui font partie d’un ensemble de logements en condominiums.

I think that they have better housing around Chinatown. Around the Chinatown, there are a lot of condos, a lot of social housing and I think that would keep those people here. But the only problem is that the people living in those housing are mostly seniors. That’s going to take time to transform into younger people living around here. Cause they are the people that spends. The seniors they are here on a fix income, they would not spend over to buy things. They only buy basic necessity for what they need. I think that’s going to change. I think that Chinatown has a lot to offer to seniors and to young people. It’s the center of downtown. So you cannot lose. Even if you invest money, buy a condo, live here, you have all conveniences of the city. (Entrevue #10)

L’intervenant rencontré au Service à la famille chinoise du Grand Montréal indiquait que très peu de nouveaux arrivants et de jeunes s’établissent dans le quartier chinois, car les appartements sont très vieux, en piteux état et très dispendieux. C’est toutefois différent pour les personnes âgées qui sont prêtes à payer des coûts plus élevés pour être à proximité des services offerts, notamment quatre cliniques médicales et des activités sociales. Aussi, le quartier conviendrait bien aux besoins des personnes âgées, car plusieurs groupes y font des rencontres, des activités de chant, d’opéra, de dance, etc.

En 2011, sur les 1305 personnes qui résidaient dans le secteur de recensement qui correspond au quartier chinois, mais qui compte en plus la rue Bleury, 670 personnes avaient le statut d’immigrant. Comme l’illustrait la figure 3.11 au chapitre 3, on retrouve une proportion plus grande de personnes âgées entre 45 et 59 ans, suivie de près par le groupe d’âge des 30 à 44 ans et des 60 à 74 ans. N’oublions pas qu’à proximité de ce secteur habite une population très âgée de par la présence de l’Hôpital Chinois. Le quartier compte donc une population retraitée qui côtoie des travailleurs dont le choix de résider à cet endroit pourrait avoir été déterminé par la proximité aux bassins d’emplois du centre-ville. Sur la rue Bleury, ainsi que sur une partie de la rue Viger, se dressent des condos récents qui attirent sans doute certains de ces travailleurs. Bien que nous ne puissions connaître les motifs à choisir un logement dans le quartier, nous pouvons émettre l’hypothèse que la proximité peut être un critère de sélection si l’on se fie à la proximité du centre des affaires et à la densité élevée de commerces et de restaurants. D’après les données de l’ENM de 2011, près de la moitié de la population qui occupe un emploi privilégient un transport actif pour se déplacer à leur lieu de travail. Quelque 28% se déplacent en voiture et 23 % des résidents utilisent le transport en commun. Nous pouvons présumer qu’une part importante des résidents travaille à proximité du lieu de résidence.

Les données sur le nombre de personnes par ménage sont cohérentes avec cette hypothèse puisqu’on compte un nombre élevé de ménages solo et de couples. Très peu de familles avec des enfants habitent le secteur. Sur les 775 logements qu’on retrouve dans ce secteur, 730 comptent un maximum de deux chambres à coucher. Il s’agit principalement de petits logements, qui ne peuvent accueillir de grandes familles. Les complexes résidentiels comprennent toutefois plusieurs logements plus grands qui peuvent bien accueillir ces familles. Par exemple, les Habitations du centre-ville, qui se trouvent sur le site du Complexe Guy- Favreau, offrent 26 logements de 3 chambres sur ses 319 logements disponibles.

Figure 5.6 : Nombre de personnes par ménage Source : Statistique Canada, ENM 2011.