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La communication orale

3. La compétence de communication

La compétence, dans le dictionnaire de la langue française 171(1996), est définie ainsi :

1. Aptitude d’une autorité administrative ou judiciaire à procéder à certains actes dans des conditions déterminées par la loi.

2. Connaissance, expérience qu’une personne a acquise dans tel ou tel domaine et qui lui donne qualité pour en bien juger […].

Ces définitions mettent en avant deux concepts qui sont : aptitudes et connaissances. La compétence de communication est présente dans le domaine professionnel et le monde de l’entreprise. Elle est apparue vers la fin des années 60 où le monde a connu des changements économiques, sociologiques…. Période où la société prend conscience de « critères de l’autonomie et de la responsabilité172 ».

En didactique du FLE, l’objectif principal de l’enseignement apprentissage des langues est d’acquérir la compétence de communication. Noam Chomsky, fondateur de la grammaire

169 Pluskwa, D et Willis, J. (2009). L’approche actionnelle en pratique : la tâche d’abord, la grammaire

ensuite. In L’approche actionnelle dans l’enseignement des langues. Onze articles pour mieux comprendre

et faire le point. Paris: Ed. Maison des Langues. p 208. 170 Conseil de l’Europe. Op.cit. p18.

171 Dictionnaire de la langue française. Op.cit. p 276.

126 générative et transformationnelle, a été le premier à définir la compétence langagière, qui a placé, d’ailleurs, ce concept au centre des débats linguistiques pendant plusieurs décennies. J. Dolz, A. Pasquier et J.-P. Bronckart résument la conception chomskienne de compétence de la manière suivante :

a. la compétence est de nature biologique ; inscrite dans le potentiel génétique du sujet, elle échappe à tout déterminisme historique ou social ;

b. la compétence est une connaissance formelle (purement syntaxique), indépendante des connaissances d'ordre pragmatique et donc à l'abri de tout effet de contexte ;

c. la compétence ne fait l'objet d'aucun apprentissage ; elle " émerge " au gré de la maturation du système nerveux ; d. la compétence ne s'applique qu'aux phrases, et n'a a priori aucune pertinence pour ce qui concerne les aptitudes relatives aux textes et aux discours173.

Puisque la compétence orale est intimement liée aux compétences communicatives, il nous paraît utile d’expliquer ce concept qui a attiré l'attention de nombreux chercheurs tels que Daniel Coste (1978), Michael Canale et Merrill Swain (1980), Sophie Moirand (1982) et autres, et qui est à l'origine le fruit des critiques faites par Hymes (1972). À l'égard de la linguistique générale transformationnelle de Naom Chomsky (1965) qui considère la langue comme un moyen d'expression de la pensée et non pas comme un moyen de communication. Le concept de compétences de communication se réfère au besoin d'acquérir des compétences d'ordre linguistique, sociale, culturel et stratégique que l'apprenant doit maîtriser pour pouvoir maîtriser les quatre savoir-faire desquels la compétence orale fait partie. Les compétences de communication nécessitent la mobilisation des connaissances (savoir) et l'opérationnalisation de ces dernières (savoir-faire) en même temps. Alors, pour comprendre ou produire un discours oral, l'apprenant doit disposer au-delà de la compétence linguistique d'autre compétences qui influencent sur les performances de la compréhension orale, vu le rôle primordial qu'elles y jouent.

3.1 Les modèles de la compétence de communication

La compétence de communication est un concept essentiel dans le domaine de l’ethnographie de la communication. Ce concept a connu un nombre important et remarquable de modèles, et chaque modèle comprend des composantes propres à lui.

173Dolz Mester,J. Pasquier, A et Bronckart, J P. (1993). L’acquisition des discours : émergence d’une

127

3.1.1 La compétence de communication selon Canale et Swain174 1980

Le modèlede Canale et Swainest construit sur trois composantes :  La compétence grammaticale

Elle inclut la connaissance des items lexicaux, les règles de morphologie, de syntaxe, de grammaire, de sémantique et de phonologie.

La compétence sociolinguistique Elle contient deux ensembles de règles :

A/ Règles socioculturelles : c’est la connaissance des règles sociales dans un groupe donné. B/ Règles discursives : c’est la maîtrise des différentes formes de discours.

La compétence stratégique

Représente l’ensemble de stratégies communicatives verbales et non verbales qui permettent la compensation des échecs et les ratés de la communication. La compensation s’exerce sur les deux compétences soient : grammaticale ou sociolinguistique.

3.1.2 La compétence de communication selon Sophie Moirand175 1982-1990

Ce modèle comporte quatre composantes qui sont comme suit :  Une composante linguistique

C’est la connaissance et l’appropriation des modèles phonétiques, lexicaux, grammaticaux et les textuels du système de la langue

Une composante discursive

C’est-à-dire la connaissance et l’appropriation des différents types de discours et de leur organisation en fonction des paramètres de la situation de communication dans laquelle sont soit produits ou interprétés

Une composante référentielle

C'est-à-dire la connaissance des domaines d’expérience et des objets du monde et de leurs situations ou bien la connaissance des objets du monde

174 Canale, M. et Swain, M. (1980). Theorical bases of communicative approaches to second language

teaching and testing. Applied Linguistics vol. 1, n° 1, Oxford University Press. p28.

128  Une composante socio culturelle

C’est la connaissance et l’appropriation des règles sociales et des normes d’interaction entre les individus et les institutions et la connaissance de l’histoire culturelle et des relations entre les sujets sociaux.

3.1.3 La compétence de communication selon le cadre européen de référence

Le CECRE distingue trois composantes de la compétence de communication :  La composante linguistique

C'est la compétence la plus connue, elle faisait l'objet de l'enseignement des langues dans le modèle traditionnel. Cette compétence se décline en :

La compétence lexicale : il s’agit de connaître les éléments lexicaux et grammaticaux. Cette compétence consiste à savoir utiliser le vocabulaire : comme les expressions figées, les pronoms, les prépositions etc.

La compétence grammaticale : consiste à connaître les ressources grammaticales d’une langue et de la capacité à les utiliser. Selon le CECR : « la grammaire d’une langue peut être considérée comme l’ensemble des principes qui régissent la manière dont les éléments doivent être combinées en phrases176 ». En effet, il s’agit de la capacité de comprendre et d’exprimer des phrases formulées correctement.

La compétence sémantique : il s’agit de savoir organiser le sens : « la relation entre le mot et le contexte, de la connotation, des synonymes et les antonymes177 »

La compétence phonologique : désigne l'aptitude à percevoir et produire des sons et qui permet la discrimination de ces derniers. Cette compétence consiste également à connaitre les traits phonétiques distinctifs. Aussi, la compétence phonétique comprend la composition phonétique des mots ainsi que la prosodie. Dans cette optique Guimbretiere affirme que : « l'important n'est pas d'apprendre un mot ou un groupe de mots ou une structure syntaxique n'importe quel support écrit en charge- mais bien de distinguer, de s'approprier leur oralisation, la forme sonore dans laquelle se coulent ces groupes de mots178 ».

Donc, la maîtrise des règles de base est un élément prépondérant dans l'acquisition de la langue, car lorsqu'on connaît les règles articulatoires et on sait produire les mots et les phrases ; on peut les reconnaître aisément à l'oral.

176 CECR. Op.cit. p89. 177 Ibidem. p91.

129 La compétence orthographique qui consiste à connaitre et à produire des symboles qui forment les textes écrits alors que la compétence orthophonique désigne la capacité à prononcer correctement à partir de la forme écrite. Il s’agit alors, de lire à haute voix un texte écrit.

La composante sociolinguistique

Cette compétence qui ressemble beaucoup à la compétence socioculturelle, est ainsi définie :

Comprend les marqueurs des relations sociales (dans les salutations, les façons de s’adresser à quelqu’un en fonction du degré de familiarité que l’on a avec lui, le choix des exclamations que l’on utilise dans un discours oral) ; les règles de politesse (ou d’impolitesse) ; la connaissance et la capacité de produire « les expression de la sagesse populaire » (proverbes, expressions imagées), les différences de registre (officiel, formel, neutre, informel, familier, intime) ; les dialectes et les accents ainsi que le vocabulaire particulier aux différentes communautés linguistiques francophones 179 .

Cette composante consiste à tester le terrain pour pouvoir communiquer convenablement, c’est à dire, elle met en relief l’aspect relationnel, psychologique et culturel de l’interaction, ainsi que les caractéristiques des interlocuteurs (âge, statut, métier, niveau…) afin de choisir quelle forme donner à son discours et quel sens tirer des discours d’autrui. Outre le respect des codes sociaux qu’impose le contexte social, cette compétence implique aussi la connaissance du système de valeur de la culture cible auquel l’utilisateur doit adapter son comportement verbal et par lequel il va interpréter les messages de son interlocuteur.

La compétence pragmatique

Cette dernière englobe la compétence fonctionnelle et la compétence discursive qui est pour Moirand (1982) ; « la connaissance et l’appropriation des différents types de discours et de leur organisation en fonction des paramètres de la situation de la communication180 ».

La compétence discursive : il s’agit de la connaissance de la structure de la phrase, la

capacité à organiser, à structurer son discours, la cohérence, la cohésion, les tours de parole.

La compétence fonctionnelle : il s’agit de la capacité à utiliser un discours oral ou écrit en

termes de communication à des fins fonctionnelles, par exemple : décrire, commenter…etc.

La compétence interactionnelle : c’est la capacité à utiliser des schémas dans les échanges

verbaux.

La compétence pragmatique : représente les visées communicatives que l’apprenant ou le

sujet parlant veut attribuer à son message et qui nécessite la mise en œuvre des stratégies énonciatives destinées à produire un effet ou un impact chez le destinataire ; par exemple ; l’humour, le sarcasme, la conviction etc. Alors, l’évènement communicatif comme l’appelle

179Tagliante, C. (2005). L’évaluation et le Cadre européen commun. Paris, Clé International. p 50. 180 Moirand, S. (1982). Différentes composantes de la compétence communicative. Paris : Hachette. p20.

130 Hymes, respecte une forme donnée de cohésion et de cohérence sans la connaître, l’apprenant ne pourrait jamais comprendre un discours oral donné.