• Aucun résultat trouvé

L’occupation byzantine dans l’histoire de la Syrie centrale

l’occupation byzantine

1. L’occupation byzantine dans l’histoire de la Syrie centrale

À la lecture des publications, le plus souvent anciennes310, resituer le peuplement byzantin dans un contexte historique plus général apparaît difficile. À l’exception des travaux de D. Schlumberger, qui reposent sur une analyse du matériel trouvé en fouilles, les autres études fondent les datations sur des indices épigraphiques. Lorsqu’ils font défaut, c’est-à-dire fréquemment, ce sont des considérations techniques discutables qui entrent en compte. Si les occupations romaine et/ou byzantine ont généralement été bien mises en évidence311, les périodes antérieures et postérieures paraissent n’avoir été que rarement

309 Sur ce point, voir ci-dessous TROISIÈME PARTIE : Le peuplement byzantin de la Syrie centrale, p. 761.

310

AAES 2 ; PAES 2B ; LASSUS 1935 ; MOUTERDE et POIDEBARD 1945 ; SCHLUMBERGER 1951.

311 Le principal problème est souvent de déterminer, en l’absence d’indications épigraphiques, si le site est romain ou byzantin, ou bien occupé au cours des deux périodes – particulièrement pour les prospections d’A. Poidebard et R. Mouterde.

180

décelées. Dans ces conditions, il est difficile de définir les fluctuations du peuplement entre les périodes romaine, byzantine et omeyyade.

Les travaux à partir desquels se dessinent les grandes tendances du peuplement sont peu nombreux. Parmi ceux-ci, il est essentiel de distinguer les prospections récentes, fondées sur une bonne connaissance du matériel céramique, des opérations anciennes. Ainsi, l’ancienneté de la publication de R. Maxwell Hyslop312 est compensée et complétée par les prospections récentes de G. Schwartz313 et de J.-B. Rigot314 dans le même secteur. De nombreuses datations établies par R. Maxwell Hyslop ont été revues et corrigées à cette occasion315. Le manque de fiabilité des datations anciennes me conduit donc à privilégier les résultats des prospections les plus récentes.

a) L’occupation du glacis d’Al-Bab

La prospection du glacis d’Al-Bab par G. Schwartz en 1996-1997 a permis de recenser 144 sites entre le Nahr al-Dahab à l’ouest et l’Euphrate à l’est, le piémont du Taurus au nord et la rive de la sabkha Al-Jabbul au sud. Parmi ces sites, 53 avaient été identifiés par R. Maxwell Hyslop. G. Schwartz distingue 10 périodes d’occupation qui s’échelonnent de la préhistoire au Xe siècle (tableau 2).

Les sites préhistoriques sont peu représentés. Le Chalcolithique final est marqué par une petite augmentation du nombre de sites, avec une répartition homogène dans l’ensemble du secteur316. La première période de peuplement important, qui correspond aussi à la fondation de ’Umm al-Mara, intervient au Bronze ancien317. Le Bronze moyen est marqué par une phase de repli et d’abandon : 25 sites du Bronze ancien sont abandonnés, 22 sont toujours occupés et 11 nouveaux établissements seulement apparaissent au cours de cette période. Le recul de l’occupation s’observe surtout sur la frange orientale de la région318. Au Bronze récent, cette tendance se confirme : le nombre de sites observés se réduit considérablement. Il est possible de l’expliquer par une augmentation importante du pastoralisme nomade. Ce repli ne touche guère ’Umm al-Mara qui continue probablement à fonctionner comme un centre régional319.

L’occupation de l’âge du Fer rompt complètement avec celle de l’âge du Bronze : les centres traditionnels sont abandonnés, y compris ’Umm al-Mara. La majorité de la population est regroupée dans de petits villages de superficie inférieure à 2 ha, avec seulement deux pôles (de 3 à 8 ha) qui semblent plus importants, dans la partie aval du Nahr al-Dahab. Le nombre de sites augmente à la période hellénistique (49) et plus encore à la

312 MAXWELL HYSLOP et al. 1942.

313 SCHWARTZ et al. 2000.

314 RIGOT 2003.

315 Dans la zone étudiée, seuls 5 sites ont été datés par R. Maxwell Hyslop de la période byzantine, contre près d’une trentaine par G. Schwartz. L’essentiel de l’occupation est à replacer à la période romaine pour R. Maxwell Hyslop alors que, pour G. Schwartz, le ratio sites romains/sites byzantins est équilibré.

316 SCHWARTZ et al. 2000, p. 449.

317 SCHWARTZ et al. 2000, p. 450.

318 SCHWARTZ et al. 2000, p. 451.

181

période romaine (60). G. Schwartz ne dissocie pas réellement dans son analyse les deux périodes : elles sont caractérisées par la prééminence des villages de 0,25 à 5 ha, à l’exception de ’Umm al-Mara, densément réoccupée pendant l’époque hellénistique (15-20 ha) et dont l’occupation semble beaucoup plus réduite pour la période romaine320.

Le nombre de sites occupés au cours de la période byzantine (53) reste quasiment identique à celui de la période romaine, mais les formes de peuplement sont sensiblement modifiées. L’émergence de Gabboula/Jabbul en tant que cité est soulignée par G. Schwartz, qui montre également une évolution de la morphologie des agglomérations. Ce sont des sites étendus et bas dont les plus importants (10-30 ha), qui ont dû fonctionner comme des centres régionaux, sont curieusement situés dans le secteur oriental, le plus aride de la région. G. Schwartz insiste également sur la fréquence de l’habitat isolé et des « domaines » (moins de 1 ha), déjà relevée par M. Van Loon dans le secteur immergé par le barrage de Tabqa dans les années 1970 321. G. Schwartz souligne aussi la prospérité agricole que connaît la région à la fin de l’Antiquité et au début de la période islamique : la plupart des qanats du secteur sont datées soit de la période byzantine soit de la période omeyyade322.

L’époque islamique semble s’inscrire dans la continuité de la période précédente : 52 sites y sont associés. Malheureusement, G. Schwartz n’évoque pas leur répartition et semble considérer comme une seule et même phase la période s’étendant du VIIe au Xe siècle.

b) L’occupation du secteur sud de la sabkha Al-Jabbul

Les travaux de terrain de J.-B. Rigot complètent ceux de G. Schwartz. Ils portent, en plus du glacis d’Al-Bab, sur la partie sud de la sabkha Al-Jabbul. Pour la partie nord de la région, J.-B. Rigot se fonde sur les résultats de G. Schwartz et de son équipe et, pour la partie nord-ouest de la sabkha Al-Jabbul, sur ceux de R. Maxwell Hyslop. Sa contribution personnelle concerne surtout la moitié sud de la sabkha.

Dans ce secteur, la première occupation date du Paléolithique supérieur (tableau 3). Elle reste très ponctuelle au Protonéolithique et au Néolithique. Les sites de l’âge du Bronze avec une périodisation certaine sont très peu nombreux mais la phase d’occupation principale pendant cette période semble intervenir, comme sur le glacis d’Al-Bab, au Bronze ancien, avec des sites sédentaires principalement orientés vers la culture pluviale sur les glacis de piémont des mesas, au nord-ouest de la sabkha et dans le couloir de Munbatah. Dans l’est et le sud-est du secteur, les implantations seraient davantage tournées vers l’élevage : J.-B. Rigot attribue à cette période plusieurs types d’enclos, surtout localisés sur les plateaux323. Au cours du Bronze moyen et du Bronze récent, le repli de l’occupation est manifeste.

320 SCHWARTZ et al. 2000, p. 452-453.

321 VAN LOON 1967, p. 5. Dans cette zone, l’auteur souligne que les 26 sites byzantins identifiés (sur 56 sites au total), caractérisés par la présence de tuiles, sont des sites ouverts, qui pourraient correspondre à de simples fermes ou à des domaines (estates).

322 SCHWARTZ et al. 2000, p. 453-454.

182

Les données de l’âge du Fer sont celles de R. Maxwell Hyslop. L’occupation au cours de cette période serait moins importante que sur le glacis d’Al-Bab. La période hellénistique semble marquer le début d’un mouvement de peuplement – comme au nord de la sabkha Al-Jabbul – qui atteint son maximum à la période byzantine. Les sites sédentaires sont surtout concentrés sur la rive ouest de la sabkha et au nord-ouest, mais le Jabal Shbayt n’en est pas entièrement dépourvu, même si l’essentiel de l’occupation semble reposer sur le nomadisme324.

Au cours de la période romaine, le nombre de sites augmente significativement et confirme la tendance qui se dessinait pour l’époque hellénistique. Des agglomérations importantes se développent (Anasartha/Khanasir et Gabboula/Jabbul), mais l’essentiel de l’occupation sédentaire consiste en petits habitats groupés et en fermes isolées à économie mixte325, surtout localisés sur le glacis d’Al-Bab et autour des plateaux. Dans les secteurs contraignants au sud et à l’est de la sabkha, le peuplement sédentaire semble se mettre en place un peu plus tardivement et procéderait d’une population nomade – J.-B. Rigot n’a cependant pas identifié de sites temporaires pour cette période326.

Le nombre de sites occupés à la période byzantine est pratiquement multiplié par trois par rapport à l’époque romaine. Un tiers des implantations byzantines seulement présente une continuité d’occupation avec la période précédente. Les deux tiers restants sont des nouveaux sites, surtout localisés dans le quart sud-est du secteur. Les sites sédentaires se situent de préférence nord et à l’ouest de la région et dans les vallées des plateaux. L’habitat isolé et les installations temporaires seraient plus nombreux qu’à la période romaine et surtout fréquents dans le sud et l’est. L’économie de la région repose sur une agriculture intensive, associée à l’élevage dans le quart sud-est du secteur327.

De manière générale, la période omeyyade semble marquer un repli de l’occupation sédentaire et témoigne d’activités préférentiellement orientées vers le pastoralisme nomade ou semi-nomade328. La plupart des sites sédentaires omeyyades témoignent d’une occupation continue depuis la période précédente : c’est surtout vrai pour les villages et pour la partie nord et nord-ouest de la région. Mais dans le sud et le sud-est, le nombre des implantations sédentaires diminue et des agglomérations byzantines sont parfois réoccupées par des installations temporaires. La permanence de l’occupation qui caractérise les secteurs nord et ouest indique la persistance d’activités agricoles importantes329.

Les sites sédentaires identifiés pour la période abbasside sont exceptionnels (4 sites identifiés), mais l’occupation temporaire reste difficile à quantifier. La période ayyoubide est

324 RIGOT 2003, 2, fig. 90, p. 74.

325 RIGOT 2003, 1, p. 308.

326 RIGOT 2003, 1, p. 308-309.

327 RIGOT 2003, 1, p. 312-317.

328 Cette hypothèse doit être nuancée : la prospection que j’ai effectuée sur le versant oriental du Jabal Shbayt montre que l’occupation omeyyade s’est traduite par des fondations qui concernent aussi bien l’habitat isolé (ferme, monastère) que l’habitat groupé (hameaux). Les aménagements agricoles associés ne traduisent pas a priori des activités d’élevage plus importantes qu’à l’époque byzantine.

183

un peu mieux représentée, avec une occupation sédentaire caractérisée par de petites agglomérations agricoles, surtout localisées à proximité d’Alep. L’insécurité n’aurait pas permis l’installation de sédentaires plus à l’est. Quant au peuplement nomade et semi-nomade, il se traduit surtout par des cercles de pierres330.

c) L’occupation des « Marges arides»

Dans la zone correspondant au programme « Marges arides de la Syrie du Nord », les fluctuations du peuplement sont au cœur des problématiques. On observer des localisations privilégiées pour les sites sédentaires selon les périodes et l’on peut analyser à l’échelle de la région la succession des périodes d’expansion et de repli des sédentaires (tableau 4 et figures 23a-24)331.

Les peuplements préhistoriques sont assez bien représentés mais, dans la quasi-totalité des cas, ce sont des installations temporaires (liées pour le Paléolithique au mode de subsistance particulier des chasseurs-cueilleurs). Les premières implantations sédentaires, peu nombreuses et localisées exclusivement dans les secteurs qui offrent un accès facile à l’eau, datent du Néolithique pré-céramique332.

Aucun site sédentaire n’a été identifié pour le Chalcolithique. C’est du Bronze ancien – et plus particulièrement du Bronze ancien IV – que date la première phase d’extension des sédentaires vers l’est. L’occupation adopte la plupart du temps la forme d’un habitat groupé étendu (jusqu’à 600 m de diamètre), au tissu dense, souvent enclos dans une fortification333. Ces agglomérations, généralement proches les une des autres (5 km)334, forment un front de peuplement homogène qui s’avance plus de 15 km à l’est de Shaikh Hilal vers le sud. Au nord, la limite de l’occupation s’infléchit légèrement vers l’ouest et traverse en diagonale la grande fayda centrale. La répartition des sites est calquée sur celle des micromilieux privilégiés : fonds d’oueds élargis et faydas favorisent l’ancrage des sites. Le choix d’implantation des sites répondrait donc à des impératifs de mise en valeur culturale, mais l’économie des agglomérations reposerait sur une imbrication de la culture et de l’élevage335. L’occupation révèle, dès le Bronze moyen, et plus encore au Bronze récent, les tendances déjà identifiées dans la région de la sabkha Al-Jabbul et sur le glacis d’Al-Bab. Les sites occupés au Bronze moyen sont deux fois moins nombreux qu’au cours de la période précédente et ceux du Bronze récent presque totalement absents.

Après cette phase de recul du peuplement, l’âge du Fer est caractérisé par une nouvelle augmentation du nombre de sites (sédentaires et temporaires). La limite de

330 RIGOT 2003, 1, p. 321-327.

331 Le tableau 3 récapitule l’ensemble des données saisies dans la base de données « Marges arides ». Il s’agit essentiellement d’un tableau quantitatif qui ne rend pas compte de la nature de l’implantation (sédentaire ou temporaire, habitat groupé ou isolé). Le fait qu’un site ait été occupé au cours de deux périodes consécutives ne témoigne pas nécessairement d’une occupation continue. Il a pu s’agir d’une réoccupation de nature complètement différente de la première.

332 GEYER, BESANÇON et ROUSSET 2006, p. 56.

333 GEYER, BESANÇON et ROUSSET 2006, p. 61.

334 GEYER et CALVET 2001, p. 64.

184

l’occupation sédentaire se situe en retrait de plus de 50 km par rapport à celle du Bronze ancien336. Au cours de la période hellénistique, la densité de sites s’accroît. L’occupation sédentaire ne progresse que d’une dizaine de kilomètres vers l’est, mais le nombre d’implantations double – un site sur deux est une fondation. Mais cette tendance ne doit pas masquer le fait que la moitié des sites connaît une occupation temporaire337.

C’est aussi le cas au cours de la période suivante. La limite de l’occupation sédentaire avance de plus de 35 km vers l’est, dépassant d’une dizaine de kilomètres l’agglomération de Shaikh Hilal. Cette limite correspond approximativement à la zone de fluctuation des isohyètes des 200 et 250 mm. À l’est de cette ligne, les implantations temporaires dominent. Les rares sites à occupation permanente se situent à proximité des axes de communication et devaient exercer un contrôle sur ces voies : ce sont surtout des postes militaires. Le développement de l’agglomération de ‘Itriya, notamment, est vraisemblablement lié au carrefour important que contrôlait l’agglomération338.

C’est entre le IVe et le VIIe siècle que l’occupation sédentaire atteint son maximum. Le nombre de sites sédentaires augmente considérablement entre la fin du IIIe siècle et la fin du

VIIe siècle et la limite de l’occupation sédentaire est repoussée très loin vers l’est, à près de 50 km de Shaikh Hilal et des isohyètes actuelles des 200 et 250 mm339. Le Jabal ‘Itriya et, plus au nord – dans une moindre mesure – le secteur des plateformes gypseuses appartiennent désormais au domaine sédentaire. Ce mouvement de peuplement s’accompagne d’une mise en valeur intensive de la région, que les populations ont su adapter aux exigences de chacun des milieux. La partie sud de la zone prospectée a été divisée en 5 zones qui correspondent à des conditions d’occupation et des modes de mise en valeur distincts (figure 23b)340. Ainsi, alors que, dans l’ouest de la région (zone 1), la culture pluviale domine, elle est complétée dans la partie centrale par des aménagements hydrauliques (qanats) de grande ampleur qui alimentent une agriculture irriguée (zone 2)341. Plus à l’est, autour du bastion de ‘Itriya, et au sud, sur les glacis méridionaux, l’économie des sites repose principalement sur l’élevage (zone 4)342. Dans la zone intermédiaire, en zone 3, il semble que ce soit une combinaison de la culture et de l’élevage qui prédomine. On observe également une répartition différenciée des implantations : si les villages et les hameaux sont toujours fréquents en zone 3, ils sont le plus souvent remplacés en zone 4 par des écarts. La zone 5, enfin, à l’est du bastion de ‘Itriya, était le domaine des éleveurs nomades343.

336 GEYER et ROUSSET 2001, fig. 2, p. 114.

337 RIGOT 2003, 1, p. 303, d’après une communication personnelle de B. Geyer.

338 GEYER et ROUSSET 2001, p. 112. Voir ci-dessous 3. Le réseau des routes romaines et les axes de circulation, p. 147.

339 GEYER et ROUSSET 2001, fig. 2, p. 114.

340 GEYER et ROUSSET 2001, p. 115-118.

341 GEYER, BESANÇON et ROUSSET 2006, p. 65 et 67.

342 GEYER, BESANÇON et ROUSSET 2006, p. 61.

343 À noter que la zone archéologique 1 correspond aux zones administratives agricoles 2 et 3. La zone archéologique 2 (figure 23b) correspond à la zone administrative 4 (figure 15), dans laquelle l’agriculture pluviale de blé est officiellement interdite. Les zones archéologiques 3 et 4, à l’est de Shaikh Hilal, correspondent

185

Au cours de la période islamique, la tendance semble s’inverser. L’occupation sédentaire omeyyade amorce un repli vers l’ouest de plus de 20 km et, à quelques exceptions près, laisse aux nomades la zone des glacis méridionaux et celle du Jabal ‘Itriya (figure 23a). Les sites sédentaires de cette période, surtout localisés dans les secteurs propices à l’agriculture, ont su tirer parti des aménagements hydrauliques mis en place au cours de la période byzantine. La densité des implantations omeyyades est particulièrement importante dans les secteurs des tertres de source, de la fayda centrale et plus au sud, dans la zone de

qanats aménagées sur le glacis de piémont des Palmyrénides344. Le recul du peuplement se confirme à la période abbasside : la limite de l’occupation sédentaire correspond approximativement à l’actuelle, au niveau de Shaikh Hilal. La densité des implantations est supérieure à l’ouest et dans le voisinage des aménagements hydrauliques antiques, surtout autour des qanats sud345.

Si le nombre de sites attestés à l’époque ayyoubide double par rapport à la période précédente, ils relèvent pour la plupart de l’occupation temporaire. La limite du peuplement sédentaire est à situer à proximité de Qal‘at Shmaymis, citadelle à quelques kilomètres au nord-ouest de Salamiya346. L’occupation mamelouke est insignifiante dans la région. Aux

XIIIe et XIVe siècles, les vagues d’invasions mongoles repoussent vers l’ouest les sédentaires et ce n’est qu’au cours des XIXe et XXe siècles que la zone steppique situé à l’est de la route actuelle Hama-Alep est progressivement réoccupée et mise en valeur.

d) Synthèse

Les résultats des prospections effectuées sur ces trois secteurs se recoupent et mettent en évidence plusieurs phases de peuplement successives. La première date du Bronze ancien, elle est suivie d’un recul dès le Bronze moyen, qui s’accentue au Bronze récent. L’âge du Fer paraît correspondre à une seconde phase de peuplement – même si son importance n’est pas comparable à celle de l’âge du Bronze – qui semble s’inscrire dans la durée car, à la période hellénistique, le nombre et la densité des sites augmentent. Il est difficile de se représenter les caractéristiques de l’habitat pour ces deux dernières périodes, mais, dans la plupart des cas, les sites sont associés à des cavités sous dalle347.

L’occupation de la période romaine s’inscrit dans la continuité : la plupart des établissements romains sont installés sur des sites occupés précédemment. L’habitat romain est souvent caractérisé par un bâti léger et fruste de plusieurs cellules accolées, généralement associé à des points d’eau et à des cavités, qui relèverait de l’occupation temporaire. Entre la période romaine et la période byzantine, un « front pionnier » qui se met progressivement en place d’ouest en est sous la forme de fermes isolées. Les plus anciennes, au sud

à la zone administrative 5, soumise à une interdiction totale de mise en culture (figures 15 et 23b). Voir ci-dessus

3. Potentiels agricoles, p. 111.

344 ROUSSET sous presse 2.

345 ROUSSET sous presse 2, fig. 2.

346 ROUSSET sous presse 2, fig. 4.

186

Andarin, semblent dater d’une phase antérieure à l’aménagement des qanats. Ces exploitations seraient donc antérieures à la mise en valeur sur une grande échelle. Les plus récentes (Ve et VIe siècles), situées sur le front oriental dans la région du Jabal ‘Itriya, sont tournées vers l’élevage348.

La période byzantine correspond également, lorsque les conditions de mise en valeur sont favorables, à la phase de développement principale des agglomérations (« bourgs » et villages). La densité d’agglomération la plus importante s’observe dans l’ouest de la région, sur et autour du Jabal al-‘Ala. Ensuite, succédant au front pionner, des villages importants mais plus clairsemés, se sont établis vers l’est en choisissant, dans la plupart des cas, les