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Chapitre III, L’homme, l’objet

VIII. L’objet quotidien :

Les objets font partie de l’environnement quotidien de tout être social, que ce soit son univers domestique, professionnel ou communautaire. Depuis le développement de ce qu’on appelle« la société de consommation », les objets se sont multipliés pour remplir les fonctions les plus diverses, assister toutes les tâches, décorer toutes les occasions. La rue est un espace de cette catégorie où les objets foisonnent offrant des usages très variés.

L’aménagement par des objets permettant de délimiter et d’identifier un espace fonctionnel précis. (Agnès Levitte, 190). Il est une évidence indéniable : les objets font partie de l’espace.

Selon Jézabelle Ekambi – Schmidt « l’objet est le lieu géométrique d’investissement notion de proximité d’ Edward T. Hall (en suite), l’existence d’une distance optimale entre les objets, distance équilibrant les forces perceptives d’attraction ou de répulsion s’exerçant entre ces derniers.

L'espace se définit par la place occupée par le corps et la relation qui se développe à partir de lui avec l'environnement immédiat. L'individu se définit dans l'espace à travers l'affirmation d'une place. L'espace personnel désigne les enveloppes dont s'entoure l'individu, enveloppes comparées à des zones ou bulles invisibles qui interviennent dans un ensemble de situations.

A la moitié du XXème siècle, l’espace, principal objet de la perception, est une figure géométrique stable .Il est : « une figure tridimensionnelle creuse, produit d’une certaine façon d’habiter et liée à un système de représentation et de symbolisation plus large. Le caractère de l’espace dépendrait,…, de la forme de ses contours que l’on peut décrire, décomposé, tronçonné, dénombrer.». (Amaldi, 2007, p : 71). L’approche architecturale est donc essentiellement plastique, on parle de forme spatiale, forme creuse, cohérence plastique, séquence, densité, pression, charge énergétique,… Deux mouvements apparaissent : l’un basé sur la théorie de la Gestalt, et l’autre sur une interprétation structurelle. Bien que différents, ils convergent dans le fait de considéré qu’un tout n’est pas égal à la somme de ses éléments et que la somme des éléments ne forme pas le tout.

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VIII.1. Voir les objets en marchant :

Lors de la marche, les surfaces et les angles visibles d’un objet disparaissent graduellement, alors que d’autres apparaissent, cachant les premiers. Cependant, le marcheur n’a aucun mal à identifier l’objet, ses angles et ses surfaces, comme appartenant à ce seul et même objet. Le phénomène d’invariance que nous avons étudié plus haut se produit également pendant la marche. Il n’est pas conscient pour le marcheur. Ainsi, un objet apparaîtra toujours le même, et sera reconnu comme identique, quel que soit l’angle de vue, l’intensité de l’éclairage qui l’illumine ou la distance qui le sépare de celui qui le regarde.

En effet, à tous les éléments qui varient et aux évolutions du corps du marcheur, il convient de superposer le mouvement de la lumière, et le déplacement des rayons du soleil qui altèrent la manière dont l’objet est éclairé, donc perçu.

VIII.2. La perception des objets d’un espace public :

L’objet quotidien est partout, il accompagne notre regard, nos gestes et nos actions. Il est parfois partagé avec l’autre, l’objet est considéré comme structurant la stabilité visuelle - individuelle et collective. La perception d’un objet se détachant sur un arrière-plan est une notion essentielle. Nous limiterons le terme d’objet à un volume où il est pratiquement impossible d’introduire.

Mettre un objet dans un espace vide, comme un désert, transforme l’espace environnant en ambiant négatif ; de plus, une direction se conçoit, un certain dynamisme apparait. Quand on prend d’autre disposition, nous plaçons un objet dans un espace fermé et clos, donc on détermine un espace positif, il va donc transformer son voisinage immédiat et le rendre négatif.

Enfin, il peut même arriver que les dimensions géantes de l’objet détruisent l’espace ambiant. Une sculpture placée dans un espace trop restreint détruit proprement cet espace et se détruit elle-même, car il n’est plus possible de l’apprécier pleinement. Voir un objet c’est aussi voir sa nature, ses qualités, ses dangers ou ses attributs. Il s’agit alors de traitements cognitifs contrôlés qui dépendent des schémas mentaux préexistants chez le sujet. (Voir la fig.

n°11).

Le regard sur un objet de l’espace public peut également mener à un apprentissage culturel.

Jean-Marie Schaeffer définit : « … replacée dans l’évolution des formes de vie, la culture apparaît d’abord comme un moyen non génétique pour faire circuler de l’information entre individus » (Schaeffer, 2007, p : 286).

Chapitre III L’homme, l’objet et l’espace.

Figure 11 : L’objet dans l’espace. Source : J .Cousin. (1980). Traiter par : Auteur.2014.

Bien entendu, ce ne sont pas seulement les dimensions qui sont en cause, d’autres facteurs comme la couleur, la texture, la complexité, etc., peuvent plus ou moins modifier les relations entre l’objet et son espace… En bref, pour être mise en valeur, une forme positive a besoin d’un espace suffisant approprié. (Cousin. J, 1980).

Selon (Lynch. K, 1969). La qualité grâce à laquelle un objet physique a de grandes chances de provoquer une forte image chez n’importe quel observateur est « l’imagibilité ».

C’est cette forme, cette couleur ou cette disposition, qui facilite la création d’images mentales de l’environnement vivement identifiées, puissamment structurées et d’une grande utilité ; pour lui cette image devrait inciter l’œil et l’oreille à augmenter leur attention et leur participation. Un tel environnement sera appréhendé par les sens d’une manière non seulement plus simple, mais aussi plus étendue et plus approfondie.

VIII.3. Organisation individuelle :

Mais les objets environnants participent aussi à la structuration du regard et à la reconnaissance des lieux. La familiarité des objets, qu’ils soient ou non choisis par le sujet lui-même, l’assistent pour l’aisance qu’il trouvera à vivre et à traverser de tels espaces. Il se produit un phénomène similaire pour celui qui vit à la campagne et qui s’appuie sur le paysage et ses différents éléments - arbres, vallées et montagnes, rivières et bosquets - pour identifier la nature environnante et s’y orienter. (Agnès Levitte, p190).L’objet a alors un rôle social : « c’est comme une société silencieuse et immobile, étrangère à notre agitation et à nos changements d’humeur, qui nous donne un sentiment d’ordre et de quiétude. » (Halbwachs, 1997, p 193).Les objets constituent ainsi un univers sociologique.

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