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Chapitre III, L’homme, l’objet

V. L’espace, le corps et le temps :

V.1. Le contexte des relations individu-espace :

Le corps est l’une des données constitutives et évidentes de l’existence humaine : c’est dans et avec son corps que chacun de nous est né, vit, meurt ; c’est dans et par son corps qu’on s’inscrit dans le monde et qu’on rencontre autrui. Le terme "corps" fait immédiatement appel à un objet plutôt qu’à un être animé et animant. Le corps humain est tout d’abord un « objet matériel »occupe de l’espace. En revanche, lorsque nous utilisons les termes « homme » et « monde », nous ne pensons pas braiment à l’homme en tant qu’objet dans le monde, occupant une petite partie de l’espace mais plutôt à l’homme habitant le monde, le dirigeant et le créant. En fait, le simple mot world (monde) contient et unit l’homme et son environnement puisque sa racine étymologique wer signifie l’homme. L’homme et le monde indiquent des idées complexes. « Le corps est « le corps vivant » et l’espace est l’espace construit par l’homme. L’espace s’ouvre devant lui et il se différencie immédiatement dans les axes

« avant-…. »En suivant la structure de son corps. La verticale et l’horizontale, le haut et le bas, l’avant et l’arrière, le droit et la gauche sont des positions et des coordonnés du corps extrapolées à l’espace » (Yi-Fu Tuan, 2006, p38-39).

Des théories décrites ci-dessus, il ressort une implication importante : le corps est à la fois centré et orienté. Ainsi, l’homme possède trois axes d’orientation (voir la fig. n°10) : un axe vertical, du bas vers le haut et deux axes horizontaux : l’axe avant – arrière et l’axe gauche – droite. « Le corps humain est couché ou débout. Être debout implique un haut et un bas, un devant et un arrière, une droite et une gauche ». (Yi-Fu Tuan, 2006, p10).

Chapitre III L’homme, l’objet et l’espace.

D’après Rudolf Arnheim, l’homme conçoit d’abord l’espace verticalement de même, pour Jean Cousin, « notre sensibilité à la gravité nous donne immédiatement conscience de l’axe vertical – conscience d’un haut et d’un bas – et nous voyons clairement que nous vivons, sur terre, dans un espace orienté verticalement.» (Cousin, 1980, p 36). Selon ce même auteur, l’axe vertical est asymétrique, entraînant une dynamique du regard vers le haut.

L’axe avant – arrière est l’axe de la marche, du déplacement de l’homme dans l’espace, conduisant par conséquent vers une dynamique arrière – avant, dynamique renforcée par la position des yeux, orienté vers l’avant. Le troisième, l’axe transversal, est l’axe de l’équilibre et de la stabilité. Contrairement aux précédents, il ne concentre par le regard, excepté en son centre : le corps humain. Chaque personne est au centre de son monde, et l’espace environnant est classé en accord avec les schémas de son corps. « Lorsqu’il se déplace et qu’il tourne, les régions avant- arrière et gauche-droite autour de lui font de même. Mais l’espace objectif porte aussi ses valeurs aussi ses valeurs somatiques. Les pièces à un bout de l’échelle et les villes ont souvent un avant et un arrière. Dans les sociétés vastes et stratifiées, les hiérarchies spatiales peuvent être articulées de manière énergique par des moyens architecturaux tels que le plan, le modèle, le style de décoration. » (Yi-Fu Tuan, 2006, p44). Si on se situe par rapport au corps, alors il faut distinguer trois types d’espace :

 Espace physique extérieur à moi.

 Espace perçu, espace construit par le cerveau. C'est un espace qui nous permet d'agir dans l'espace physique.

 Espace vécu (espace du corps propre).

On ne peut pas séparer ces trois espaces. « L’espace n'est pas un concept extérieur au cerveau de l'homme, il est perçu et il est vécu ». (Berthoz, 2002).

Figure 10 : Axe dynamique chez le corps .source : (Cousin, 1980, P39) ; traiter par : Auteur. 2014

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V.2. La dynamique de l’espace :

« L’espace saisi par l’imagination ne peut rester l’espace indiffèrent livré à la mesure et à la réflexion du géomètre. Il est vécu. Et il est vécu, non pas dans sa positivité mais avec toutes les partialités de l’imagination.» (Gaston Bachelard, 1961). Notre perception de l'espace est dynamique. Elle est liée à l'action. Plutôt qu'une vue contemplative à partir d'un point fixe, notre perception est cinématique, ce qui faisait dire à Le Corbusier : "l'architecture est jugée par les yeux qui voient, par la tête qui tourne, par les jambes qui marchent. L'architecture n'est pas un phénomène synchronique, mais successif, fait de spectacles s'ajoutant les uns aux autres et se suivant dans l'espace et dans le temps, comme d'ailleurs le fait la musique."

(Robert Auzelle, Réflexions sur l'architecture). V.3. L’espace visuel :

Le sens de la vue, le dernier qui soit apparu chez l’homme, est aussi de beaucoup le plus complexe. Les yeux fournissent au système nerveux une beaucoup plus grande quantité d’information que le toucher ou l’ouïe et selon un débit beaucoup plus rapide. L’homme qui voit ne commence à avoir besoin d’être aidé pour éviter les obstacles qu’après avoir dépassé la vitesse du son. L’œil remplit beaucoup de fonctions chez l’homme. Il lui permet entre autres :

1. D’identifier à distance des aliments, des personnes amies, la nature de nombreux matériaux.

2. De se déplacer sur toutes sortes de terrains en évitant les obstacles et les dangers.

3. De fabriquer des outils, de soigner son corps et celui des autres, de se renseigner sur l’état affectif d’autrui.

V.4. L’espace et le temps :

Tous les organismes vivants ont une structure temporelle qui les régit. Toute relation à l'espace se définit également en termes de réseau de relations à des espaces-temps. L'usage d'un lieu dépend souvent du temps d'occupation qui lui est en quelque sorte affecté en raison du découpage du temps dans nos sociétés. Beaucoup de personnes qui habitent loin de leur travail savent d'expérience qu'à cause de cet éloignement et de la durée de transport, leur logement est le lieu qu'ils occupent et utilisent le moins, alors que c'est l'endroit qui peut être le plus important pour eux. La relation à un lieu ne peut donc être déterminée sans référence à tous les autres dans lesquels un individu passe une part de son temps. Cette approche peut donner lieu à une carte de l’espace-temps, dans lesquels un individu, compte tenu de sa condition sociale, évolue habituellement. Le temps est un organisateur de toutes les actions,

Chapitre III L’homme, l’objet et l’espace.

dans nos environnements. Le cops, l’espace et le temps sont indissociables, ils évaluent en même temps et influent l’un sur l’autre.