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2.CADRE THEORIQUE

PARTICIPATION Source : De la motivation à la formation (2005)

2.6.3. L’impact du handicap sur l’emploi

L’exclusion sociale résulte la plupart du temps de la perte d’emploi. D’aucuns s’accordent pour reconnaître l’activité professionnelle comme vecteur du lien et de la cohésion sociale qui permet de disposer d’objets stables, certains, valorisants, satisfaisants qui constituent un référentiel identitaire. Le travail procure un environnement, un cadre avec des règles et des contraintes. C’est aussi un objet et un lieu d’investissement de construction de projets, de centres d’intérêt, de compétences qui génèrent un processus de construction identitaire professionnelle forte et consolide l’identité dans sa globalité. Selon LIMOGES (1987), le

14 Robert, F. Murphy, éminent anthropologue américain, auteur de l’ouvrage « Vivre à corps perdu », atteint d'un mal incurable qui le conduit progressivement à une paralysie totale.

travail permet à l'individu d'assurer sa subsistance ainsi que celle de son entourage, de se réaliser en étant productif, de donner un sens à sa vie et de conserver sa santé tant physique que psychologique. Le travail devient le moteur et le reflet de notre développement psychologique.

Dans une étude de synthèse réalisée par MOIZAN15 (1997) avec le Conseil Supérieur de l’Education du QUEBEC concernant les conséquences psychologiques du chômage, l’auteur du document estime que le fait d’avoir un emploi confère le droit d’apporter sa participation au fonctionnement d’une organisation dans un cadre institutionnel en adhérent aux règles et en assumant les contraintes. En retour, les membres bénéficient d’un mode de vie qui leur permet d’acquérir une expérience et de construire leur identité. Les activités réalisées dans le cadre du travail procurent généralement une satisfaction mais aussi un revenu. Travailler et recevoir une rémunération, c’est être rétribué pour le rôle que l’on joue et pour la contribution que l’on apporte à la collectivité. Le travail constitue le moteur principal de l’action. C’est aussi la base de la reconnaissance sociale et la rémunération est un moyen de surmonter certaines difficultés sociales. Par ailleurs, disposer d’un revenu c’est d’abord être capable de subvenir à ses besoins de base tout en disposant aussi d’un niveau de ressources qui permet d’assurer son indépendance et de poursuivre des projets personnels de diverses natures. Etre en emploi, c’est un moyen pour se réaliser, pour entrer en relation avec d’autres personnes, pour être actif; c’est donc une façon de répondre a un ensemble de besoins primaires, personnels et psycho-sociaux. Lorsqu’il y a perte d’emploi, il y a un effet direct sur le niveau de revenu, mais il y a aussi des répercussions profondes sur l’individu, la famille et la collectivité.

La perte d’un emploi est une expérience qui peut s’avérer particulièrement difficile. Perdre son emploi signifie perdre sa source de revenus, et donc compromettre une certaine vision de l’avenir, mais selon ce qu’on trouvait à son travail, cela peut aussi signifier une perte de statut social et d’estime de soi, de son identité. S’ouvrent alors les portes d’un futur incertain et un présent préoccupant. On peut facilement deviner la force de l’impact de la perte de l’emploi lorsqu’il s’agit notamment d’une personne âgée de plus de 50 ans, de surcroit frappée d’un handicap. « Le handicap est une situation difficile à assumer pour une personne qui ne saurait se réduire à ses déficiences organiques et garde, malgré celles-ci, une personnalité

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Gilbert MOISAN : Etudes et recherches — novembre 1997 Publication: décembre 1997 Etude réalisée dans le cadre du rapport annuel 1996-1997 sur l’état et les besoins de l’éducation intitule L’insertion sociale et professionnelle, « une responsabilité à partager ». Conseil supérieur de l’éducation du Québec.www.cse.gouv.qc.ca/fichiers/documents/publications/.../50-2085.pdf

originale. De plus, sans qu’il soit le seul responsable du handicap, l’environnement joue un rôle capital et son changement peut quelques fois atténuer ou même supprimer totalement le handicap ».RABISCHONG (2007, p. 76).

SIMARD16 (1991) explique, qu’en plus de devoir apprendre à vivre avec une déficience physique, la personne est amenée à gérer sa vie de chômeur. Débutera alors une longue adaptation. Il lui faudra d’abord se préoccuper davantage de son état physique plutôt que de sa condition psychosociale. Toutefois, lorsque l'intensité des interventions médicales diminue, les préoccupations convergent vers le travail. La prise de conscience de ces pertes entraîne la suppression du sentiment d'identité, une difficulté de donner un sens à sa vie et un désenchantement en ce qui concerne l'avenir. Elle se sent inutile, confuse et inquiète face à sa nouvelle situation.

En fonction de l'importance que la personne accordait au travail avant l'apparition du handicap se déterminera l'ampleur de ses réactions face à la perte de son emploi. L’individu passera par quatre étapes successives, selon MOISAN qui cite KAUFMARI, de GRACE et JOSHI (1986), qui se traduisent par les effets suivants :

Une période de choc et de soulagement : il y a une réaction de choc à l’annonce de la perte d’emploi, mais aussi une diminution de l’anxiété due à l’incertitude face à l’avenir.

Une période définie au cours de laquelle la personne s’investit avec optimisme dans la recherche d’emploi, cette période durerait quelques mois.

Une période de doute et d’agressivité au cours de laquelle la personne au chômage remet en question ses habiletés de recherche d’emploi et réduit ses efforts. C’est une période critique durant laquelle l’estime de soi baisse, les sentiments dépressifs se manifestent et des difficultés apparaissent dans les relations interpersonnelles.

Une période de résignation et de retrait suit. A cette étape, la personne cherche peu à retourner sur le marché du travail. Elle se retire de la vie sociale, son estime de soi est faible, mais les sentiments dépressifs sont moins aigus. Cette période apparaitrait après neuf à douze mois de chômage.